Dimensiunea internațională a dosarului Răpirea din Irak
Universul contrabandistului Viktor Bout și dosarul Armamentul
Vă prezentăm una dintre cele mai complexe documentații referitoare la crimă organizată și
terorism, derulate de celebrul traficant de armament Viktor Bout și complicii săi. Informațiile au fost furnizate de către Secret Service USA autorităților române în 2008, după arestarea celebrului traficant de armament Viktor Bout, partenerul de afaceri cu teroriștii Omar Hayssam, Mohammad Munaf & Co. Reamintim că celebrul Viktor Bout a fost prins de autoritățile americane, judecat și condamnat la 25 de ani închisoare de abia după ce serviciile secrete române (partenere de trafic cu armament ale lui Viktor Bout) l-au trădat. Parchetul General și serviciile secrete române au deschis cu această ocazie dosarul strict secret de importanță deosebită 628/D/P/2005, secretizat abuziv de Palatul Cotroceni și ținut la sertar . Dosarul “Armamentul”, cum este acesta cunoscut, a fost disjuns în 4 iulie 2005, din dosarul “Răpirea din Irak” – 540/D/P/2005 și conține date importante din dosarul Țigareta 2 – Anexa S207. Acesta este motivul pentru care ofițerii DEA USA (specializați în războiul anti-drog din Columbia) s-au deplasat în ianuarie 2008 tocmai la București, la colaborare cu procurorii DIICOT pentru prinderea traficantului de armament Viktor Bout ! Iată ce ascunde dosarul “Răpirea din Irak” în partea sa secretizată abuziv de Traian Băsescu și mai ales, de ce au fost maziliți procurorii șefi adjuncți ai DIICOT, Angela Ciurea și Ciprian Nastasiu. Motivele pentru care teroristul american Mohamad Munaf a fost predat autorităților americane. Ce mai ascund complicii români ai lui Viktor Bout de la Cotroceni și din Ministerul Public ? Veți afla în continuare. Din păcate, informațiile ne-au fost furnizate în limba franceză, neavând timpul necesar traducerii.
Eduard Ovidiu Ohanesian
La fausse surprise
Victor Bout enfin extradé apprend-on au début de cet été (à l’heure actuelle, ce n’est pas encore tout à fait le cas ) ! Voilà une nouvelle intéressante : s’il y a procès, on va apprendre des choses passionnantes, se dit-on (*). C’est compter sans les spécialistes de l’édification à la truelle de véritables barrages médiatiques. Un petit cochon qui construit vite une maison, face au loup qu’on vient de relâcher. Au premier rang de ses maçons-express d’un autre type, quelqu’un qui vient candidement de faire l’étonné en “découvrant”, selon lui, les livraisons des avions de Victor Bout à l’armée américaine pendant le conflit Irakien : or, n’importe quel pékin moyen est aujourd’hui au courant de tout cela. Pourtant, celui qui affirme être “surpris” n’est pas n’importe qui…. il s’appelle Lee Wolosky. Ce nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant… il en a des choses à nous dire ! Retour sur la carrière mémorable de Victor Bout, et révélations dérangeantes obligatoires à la clé. Et comme cela fait un petit bout de temps qu’on ne vous en a pas parlé, on va lui consacrer une bonne paire d’épisodes… le (très) vaste sujet méritant une étude approfondie… et quelques mises au point.
L’homme qui fait semblant de tomber de haut et qui vient nous jouer le coup du “je ne connais pas cet individu” n’est autre en effet que Lee Scott Wolosky, ancien membre du contre-terrorisme sous Clinton et Bush (père), responsable des “menaces trans-nationales” du “National Security Staff”. Un organisme qui se charge depuis toujours, justement, de pister les marchands d’armes, jusqu’en dans leurs dépôt bancaires, et en ce sens… s’occupait activement du dossier Victor Bout ! L’homme qui vient nous faire croire à la surprise de découvrir les activités de Victor Bout est celui qui connaissait le mieux son dossier ! Cet homme, devenu avocat, ment, obligatoirement et nécessairement. Avec lui, les Etats-Unis s’enferment dans le déni. Et ressortent le vieux tiroir de la “dénégation plausible”, une vieille recette de la CIA inventée par Allen Dulles, lorsque ça sentait trop fort le roussi dans un de ses dossiers. En fait de roussi, l’incendie que pourrait déclencher Victor Bout, en révélant toutes ces activités, n’est rien à côté de celui qui vient d’enflammer la Russie… il va falloir trouver une autre image que celle du petit cochon en ce cas pour venir le défendre…. chez Walt Disney, toujours, s’entend bien.
La déclaration est tout simplement scandaleuse, elle a été imprimée par le New-York Times du 29 août dernier : “M. Wolosky dit que lui et ses collègues ont été surpris d’apprendre dans les derniers bulletins d’informations que les sociétés de M. Bout ont été utilisées comme sous-traitants par l’armée américaine pour livrer des fourniture à l’Iraq en 2003 et 2004, y gagnant 60 millions de dollars, selon l’estimation de M. Farah. “J’ai lu ces rapports en état de choc”, a déclaré M. Wolosky. “Personnellement, je l’attribue au désordre de l’ effort de guerre en Irak” ajoute-t-il. Il y a longtemps qu’un responsable américain n’avait pas menti autant, c’est clair ! Cette fameuse sous-traitance, tout le monde en a parlé, tout le monde la connait, tout le monde l’a vue, et tout le monde en a vu les effets. Sauf Lee Scott Wolosky ! “Choqué” se dit-il ? Mais c’est nous qui le sommes devant pareille dénégation ! Cet homme était obligatoirement au courant : cela fait plus de vingt ans qu’il s’occupe personnellement de Victor Bout !
Il devrait ne pas l’être, il ne peut pas l’être, en effet car il connaît parfaitement le sujet : “en 1999, Witney Schneidman, du département d’Etat, effectue la collecte d’informations sur les nombreuses guerres civiles et les conflits qui font rage en Afrique. Il remarque que le nom de Victor Bout, un Russie marchand d’armes, ne cesse d’apparaître dans de nombreux conflits. Parfois, Bout fournit même des deux côtés d’une guerre civile. Au début de l’été 1999, un fonctionnaire de la NSA fait à Schneidman un exposé sur Bout, du type “avis définitif” fondé principalement sur les communications interceptées par la NSA sur son cas. Les photos montrent des douzaines d’avions stationnés dans un aéroport de Sharjah, aux Emirats Arabes Unis, tous appartiennent à Bout. Schneidman commence alors à mobiliser d’autres fonctionnaires. Au début de 2000, lui et le conseiller Lee Wolosky du Conseil National de Sécurité créent une équipe chargée d’appréhender Bout. Tandis que Bout reste peu connu du grand public, pour de nombreux Etats-Unis fonctionnaires, il devient le plus criminel recherché dans le monde, en dehors d’Oussama Ben Laden et de ses proches collaborateurs” notent Farah et Brown dans leur livre “Marchands de mort”. Dès 1999, donc, Wolosky est parfaitement au courant de ce qui se trame à Sharjah. C’est lui qui monte une équipe pour le capturer ! Et quant à le chercher comme Ben Laden… on sait ce que ça signifie d’emblée : “Laissons-le courir”, plutôt…. un de plus !
L’année précédente déjà, pourtant, la CIA avait “découvert”, paraît-il, l’activité illicite de Victor Bout, au même endroit, nous dit une presse complaisante. A Sharjah ! “En 1998, les analystes de la CIA se rendre compte que les équipes au sol du trafiquant d’armes clandestines Victor Bout effectuent des tâches de maintenance sur les avions d’ Ariana Airlines, pour des vols à destination et en provenance de l’Afghanistan. la flotte aérienne de Bout est basée à Sharjah, aux Émirats arabes unis (EAU), où en fait Bout travaille avec les Talibans depuis 1996 environ. La CIA a également collecté des renseignements selon lesquels les agents d’Al-Qaïda se déplacent fréquemment entre l’Afghanistan et les Émirats Arabes Unis. Ariana, la compagnie aérienne officielle de l’Afghanistan, est la seule compagnie aérienne qui effectue des vols entre le Moyen-Orient et en Afghanistan. Par conséquent, Michael Scheuer, a la tête de l”unité de Ben Laden à la CIA, conclut qu’ Ariana est utilisé comme un service de “taxis terroristes.” Et Scheuer conclut que Bout aide al-Qaïda”. Fin limier, le Scheuer !!!
Très bien, voilà clairement exposé les faits, indéniables. La thèse tout ce qu’il y a de plus officielle, qu’on s’empresse de croire. Le Los Angeles Times en rajoute 2001 une couche au trafic. Selon lui, “en 1996, Al-Qaïda prend le contrôle de la compagnie aérienne Ariana, compagnie aérienne nationale de l’Afghanistan, pour une utilisation dans son réseau de commerce illégal. Les vols passagers sont rares et irréguliers, car les avions sont utilisés pour faire voler des drogues, des armes, de l’or, et le personnel, surtout entre l’Afghanistan, les Emirats arabes unis (EAU), et le Pakistan. L’Emirat de Sharjah, aux Émirats arabes unis, devient une plaque tournante pour la drogue d’Al-Qaïda et la contrebande d’armes. En règle générale, “grandes quantités de drogues “sont emportées à partir de Kandahar, en Afghanistan, vers Sharjah, et de grandes quantités d’armes sont rapatriées en Afghanistan”. La drogue en plus donc. Bien mais toujours pas d’implication américaine dans l’affaire… la thèse sert des intérêts uniques.
A part que la réalité est quelque peu différente, selon l’un des auteurs de l’ouvrage déjà cité : cela a démarré il y a plus longtemps que cela, mais les américains ne le diront jamais, car cela revient à accepter de reconnaître le rôle de Victor Bout chez eux bien avant, nous explique-t-il : “Bout, d’abord, a fait des livraisons d’armes pour l’Afghanistan et l’Alliance du Nord en 1992. Trois ans plus tard, un chasseur Mig, piloté par les talibans, a intercepté un avion cargo loué par Bout pour la livraison de plusieurs millions de munitions destiné au gouvernement de Kaboul. Les talibans se sont emparés de l’avion cargo et son équipage a été emprisonné. Bout a négocié avec les mollahs pendant des mois. Enfin, après un an, l’équipage a réussi ce qui semblait être une évasion miraculeuse, déjouant leurs ravisseurs et volant l’Ilyushin resté à l’extérieur de Kandahar (Ils seront restés détenus 368 jours). Mais les services de renseignement occidentaux et les rivaux de Bout sont restés sceptiques, et ont suggéré plus tard que la libération de l’équipage était liée à un contrat secret avec les mollahs. Juste après, en 1995, Sharjah a établi une zone de libre-échange qui est rapidement devenue réputée pour ses contrôles laxistes et des liens étroits avec des islamistes radicaux. Parce que les Emirats Arabes Unis ont été l’un des trois seuls pays (avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite) à reconnaître le gouvernement des Talibans en Afghanistan, Sharjah est devenu le principal centre commercial du régime, où il a pu acheter tout ce qu’il désirait, des armes et aux téléphones par satellite aussi bien que les réfrigérateurs et les générateurs”. Toute l’affaire a bien commencé avec des livraisons pour l’Alliance du Nord, payées alors par les USA ! Wolosky a vraiment la mémoire courte ! Et ça a même commencé avant encore, comme nous allons le découvrir… Viktor Bout n’est pas né d’une génération spontanée ! Loin de là !
L’avion intercepté par un MIG-21 taliban, je vous l’ai retrouvé, en Russie, dans un article paru cet été. C’est l’IL-76TD RA-76842. Dans un hangar, en train d’être remis à neuf et de devenir, repeint au pinceau (!) l’Aviacon Zitotrans RA-76842. Photographié ici en 2009 à… Cayenne. Mais aussi ici à l’atterrissage sur la base de Verona Villafranca, une base américaine. Ou à l’arrêt à Eindhoven Welschap, autre base US. L’avion a semble-t-il été restauré dès son échappée, et a depuis été repeint (au pinceau ?) plusieurs fois ; en 2006, on pouvait le voir immaculé à Vatry, en France. Alors qu’en 2001, déjà…. il se baladait à Ostende, le fief européen de Victor Bout, sous le nom d’Airstan Heavy Lift..(retenons ce nom !). au moment même où l’équipage et son leader, le “Captain Vladimir Sharpatov, échappés des mains des talibans” racontaient leur fable dans la presse mondiale, voilà qui tombait pile…. on l’avait pourtant déjà aperçu à Palma de Majorque, en 1998… à peine deux ans après avoir échappé aux talibans… En 2005, le revoilà chargeant des choses qui ne désiraient visiblement pas trop être vues, en Estonie. A ce moment là, Victor Bout est à peine soupçonné et ses avions font des norias journalières en Irak pour l’US Army. Ou interviennent au nom de l’ONU qui les loue lors des catastrophes comme les inondations ou les tremblements de terre. Si bien que parfois, certains appareils siglés ONU ont un tout autre chargement à bord…
Des livraisons d’armes dès 1992 de la part de Victor Bout, avec des avions déguisés au nom de l’ONU ? Oui, comme le confirment Farah et Brown dans leur livre ; mais pas uniquement vers l’Afghanistan. Dans les Balkans, d’abord : “Un véritable pipeline à armes secrètes en Bosnie, en violation de l’embargo de l’ONU sur les armes est découvert. De gros avions de transport arrivent une fois par semaine pendant quatre semaines, du Soudan à Maribor, en Slovénie. La cargaison est marqué comme l’aide humanitaire, mais en fait les avions transportent des tonnes d’armes, principalement de l’excédent les stocks de vieux armes soviétiques. Les avions sont gérés par une société appartenant à Victor Bout, un marchand notoire d’armes illégales qui plus tard travaillera en étroite collaboration avec les talibans en Afghanistan.” Dès 1992, le système est donc en place : les avions portent les marques de l’ONU (parfois même pas, mais ils sont immatriculés UN, ce qui prête à confusion car c’est le symbole du Kazakhstan, là où Victor Bout enregistre ses avions !) et alimentent le conflit via un circuit assez sophistiqué (ici via le Soudan, où Bout fait effectivement dans l’humanitaire à l’aller et ramène des armes au retour !) et font à la fois dans l’humanitaire (à l’aller) et dans l’armement (au retour, ou l’inverse, c’est selon !).
Viktor Bout, avait effectivement commencé son activité non pas en Afghanistan, à apporter des armes aux Moudjahidines que soutenaient les Etats-Unis ; mais ailleurs en Europe, en plein milieu des Balkans. Il est en effet venu en livrer d’autres auparavant, eux aussi soutenus par les Etats-Unis… mais cela, nous le verrons plus tard si vous le voulez bien.
Des Balkans aux banlieues
La “surprise” feinte de l’ancien responsable de l’anti-terrorisme, on l’avait déjà eue en septembre 1996, date à laquelle un journal américain avait montré, exemples à l’appui, le soutien du gouvernement à la mouvance islamiste d’europe centrale. A l’époque personne n’en n’avait mesuré les conséquences. Les russes étaient partis de l’Afghanistan, et les talibans commençaient leur règne de terreur. Dans les Balkans, il est déjà grand temps de s’apercevoir des dégâts et de la méprise. Les américains ont déversé des millions de dollars pour soutenir des groupes d’extrémistes dangereux. Il n’empêche : en Afghanistan, on était déjà en train de refaire pareil dès la mi-90. L’Alliance du Nord défaite en 1996 par les Talibans a bénéficié d’un chef charismatiique qui cachait la forêt des autres dirigeants, qui n’étaient que des chefs de guerre locaux que seul l’argent intéressait. Même le propre frère de Massoud tournera mal (en acceptant toute la corruption de son pays et en y participant largement). Un homme a manigancé tout ça et s’est trompé sur toute la ligne, “le protégé” de Zginew Brzezinski. Ses erreurs manifestes favorisent sur place l’arrivée de mercenaires de tous poils et les trafics en tous genre. Une circulation folle d’armes légères va alors envahir le monde : la Russie effondrée avait fait des stocks faramineux, ses satellites pire encore (par crainte d”une invasion on a avait disséminé partout en Yougoslavie comme en Albanie) : il faut bien les retrouver quelque part. Les américains, en puisant dedans, équipent donc à moindre frais leurs nouveaux alliés des vestiges de l’armée russe. La kalachnikov devient l’arme la plus répandue. Un homme fait voler tout ça et en sème partout : Victor Bout. Le logisticien de l’horreur, qui va en disséminer partout, en Afrique et au Moyen et Proche Orient. Quinze années plus tard, on les retrouvent disséminées dans les banlieues des grandes villes européennes.
Le système instauré par Viktor Bout est particulièrement au point. “Ces avions transportent des armes à travers la Croatie pour les musulmans en Bosnie, mais en raison de la détérioration des relations entre la Croatie et Bosnie musulmane, le gouvernement croate suspend les vols et et stocke sous surveilllance 120 tonnes d’armes. Dans le même temps, des hélicoptères lourds russes loués apportent plus directement des armes à la Bosnie musulmane. Des agents du gouvernement autrichien découvrent que la Third World Relief Agency (TWRA) est à l’origine du financement de l’ensemble de ces expéditions. Elle travaille avec Hasan Cengic, un imam radical qui est aussi un fonctionnaire du gouvernement de Bosnie. La TWRA et Cengic vont alors passer par d’autres voies. L’année suivante, le gouvernement allemand tombe sur un projet d’armes illégales en cours de négociation en Allemagne par les musulmans bosniaques et des marchands d’armes turcs, et arrête environ 30 personnes. TWRA a été l’intermédiaire financier de la transaction. Mais en dépit de l’exposition des TWRA comme un fontd de charité, pas un gouvernement ne prend des mesures contre elle, et elle continuera à être le principal véhicule par lequel la Bosnie musulmane se fournit en armes illégales”. En somme, on se doute du procédé, mais on ne fait rien pour l’empêcher… cette inertie va provoquer des ravages.
Le 22 septembre 1996, un journal américain plutôt conservateur, le Washington Post, expose toute l’affaire, en citant les 350 millions de dollars qui ont servi aux transferts, et explique qu’à la tête du réseau figure un ex-diplomate indonésien, Elfatih Hassanein (ici à droite), qui a créé en 1987 l’agence qui détourne les aides. Malaise diplomatique évident à Washington. Car la filière remonte plus haut et atteint directement le gouvernement bosniaque : “un banquier de l’Ouest en Autriche affirme qu’Hassanein n’est que le “grand argentier” du président bosniaque Alija Izetbegovic. “Si la gouvernement de Bosnie dit “nous avons besoin de la farine”, “il court après la farine”. “Si il dit nous avons besoin d’armes, il court après les armes”. A la tête de la TWRA on trouve Hasan Cengic, Irfan Ljevakovic, Husein Zivalj et Dervis Djurdjevic, tous membres du SDA, le pari présidentiel ! Parmi les donateurs : l’Iran, le Soudan, et la (très) généreuse Arabie Saoudite, mais aussi un homme riche, dénommé Ben Laden, note le Washington Post. Or, au même moment, ce dernier commence à s’en prendre aux intérêts américains en tuant deux touristes au Yemen. A l’été 1991, il a été briévement arrêté puis relâché par l’Arabie Saoudite pour avoir dénoncé la présence de soldats US sur le territoire : bref, l’ancien allié des américains se forge (ou on lui forge !) une nouvelle vie… et s’expatrie au Soudan, où il pose au milieu des dirigeants du pays.
L’argent américain coule à flots cependant pour approvisionner la Bosnie, sans aucun contrôle de son utilisation : “une étude ultérieure du gouvernement bosniaque, avec l’aide de l’Ouest et des agences de renseignement permettra de déterminer qu’au moins 2,5 milliards de dollars ont été versés à la TWRA en Bosnie entre 1992 et 1995”. Que ne ferait-on pas pour freiner le communisme, cette grande peur restée très vive aux USA. On est prêt à tout pour ça ,et comme en Afghanistan, à s’allier aux musulmans les plus extrêmes. L’étrange noria des avions de Victor Bout s’explique d’autant plus. Selon le Post également, l’administration Clinton aurait fermé les yeux sur les agissements d’Hassanein…. “Un diplomate occidental de haut rang de la région a dit que l’administration Clinton était au courant à partir de 1993 des activités de la Third World Relief Agency. Pourtant, les États-Unis n’ont pas pris de mesures pour arrêter ses achats de collecte de fonds, en grande partie en raison de la sympathie de l’administration pour les gouvernements musulmans et de l’ambivalence sur le maintien de l’embargo sur les armes”.
En résumé, Clinton, en 1993, soutient (sans trop le montrer bien sûr) l’extrémisme islamique et… Ben Laden en Europe Centrale ! Les Etats-Unis, via les avions de Victor Bout, détournent ouvertement l’embargo de l’ONU sur les armes à la Bosnie ! Et leur faculté à ne pas afficher de références américaines sur leurs fuselages aide bien les Etats-Unis. Tout ce fait discrètement, vu que dans les ambassades tout le monde est au courant mais que personne ne dénonce les faits. “On nous a dit [par Washington] d’y regarder, mais que ça ne les gênait pas”, a déclaré un diplomate. “La Bosnie tentait d’obtenir des armes de tout le monde, et nous ne l’aidions pas beaucoup. Le moins qu’on puisse faire était de faire marche arrière. Nous avons donc fait marche arrière.” Un diplomate bien amer sur la suite des événements : “Il a reconnu que l’administration Clinton, maintenant qu’elle essaye de ramener la paix en Bosnie, est troublée par l’influence acquise par les musulmans jusqu’à-boutistes de Bosnie dans leur travail avec leur agence. “C’est un inconvénient majeur, a -t-il dit”… Les Etats-Unis, boutefeux et après pompiers des Balkans… et la diplomatie européenne qui fermait les yeux ! Clinton, dans les Balkans, a joué aux échecs en ne prenant pas les bons pions.
En Europe, donc, mais aussi ailleurs, en retour, car le phénomène va essaimer. Les fêlés islamistes des Balkans vont eux aussi aller combattre le communisme….en Afghanistan ! Le 11 décembre 1995 encore, le journal anglais London Times montre une photo sidérante de brigade islamiste armée en uniforme blanc (?), la Brigade d’Al Muwafaq, des “mudjahidines” bosniaques, dans lequel un auteur d’article reconnaît la touche de Zalmay Khalilzad, “le protégé” de Zginew Brzezinski, l’homme alors qui décide de tout à la place de Carter… Zalmay Khalilzad deviendra plus tard le stratège en chef de la guerre… en Afghanistan, bien à l’aise au milieu du nid de faucons autour de Cheney ! Conseiller de l’Unocal, rongé par les extrémistes islamistes et signataire du Project for the New American Century (PNAC) ! Il avait conseillé avec ses amis à Clinton, déjà, d’enlever Saddam de son poste ! Sous sa houlette, va se dessiner le profil catastrophique des années à venir. Gag ultime de ces “investissements” clintoniens dans le djihadisme : un membre de la brigade d’Al Muwafaq, qui n’est autre qu’Ahmed Ressam, sera retrouvé en 1999 arrêté en train d’élaborer un complot contre l’aéroport de Los Angeles sous le nom de Beni Antoine Noris… et sera jugé en 2005, il sera rejugé en 2007 et condamné à nouveau à 22 ans de prison. “Membre du réseau d’Oussama ben Laden, Ahmed Ressam avait commencé, après son arrestation, par devenir une importante source d’informations pour les policiers américains, britanniques, canadiens et allemands dans leur traque de terroristes” dit la presse canadienne, en ne citant rien de son origine “d’algérien bosniaque” : rien ne doit être rappelé du soutien américain à Al Muwafaq… l’homme était très certainement un informateur depuis toujours, mais paie une décision arbitraire pour des tas de raisons. A nous rappeler fortement un autre, venu en Inde faire des repérages photographiques à Mumbaï pour la CIA et jeté depuis en prison, à vie : David Headley.
Burr et Collins, dans leur excellent “Alms for Jihad,”(Cambridge University Press, 2006) résument ainsi le procédé mis en place et le trafic d’armes : au milieu, il y a aussi des banques. “La TWRA est basée à Vienne, en Autriche et Izetbegovic apportait des garanties personnellement là-bas pour Hassanein auprès des banques .Très vite, des mitrailleuses, des missiles et autres armes vont être expédiés dans des conteneurs en Bosnie siglés comme “aide humanitaire. ” Hassanein est membre du parti du gouvernement du Soudan et un disciple du haut chef soudanais Hassan al-Turabi. Tout comme al-Turabi, il travaille avec Ben Laden et le “Cheikh aveugle », le Sheikh Omar Abdel-Rahman. Il devient le principal agent en Europe pour la commercialisation et la vente de cassettes vidéo et audio des sermons d’Abdul-Rahman. En Mars 1992, le gouvernement soudanais lui donne un passeport diplomatique, et il l’utilise de manière illégale pour le transport de grandes quantités de trésorerie provenant de l’Autriche en Bosnie sans être fouillé”. Or, parmi les containers, figuraient ceux en bonne place ceux de l’USAID, dont on a eu de cesse ici d’expliquer la nature… pour le moins dérangeante, sinon embarrassante.
Tout le système fonctionne parfaitement, les banques lavent consciencieusement l’argent sale du trafic qui mêle armes et drogue. Et ne pensez pas que la filière se soit subitement arrêtée après 2001… le 5 octobre 2005, nouveau coup de tonnerre dans le ciel des Balkans en effet : on apprend ce jour-là la disparition de 200 000 AK47, soit 99 tonnes d’armement, qui étaient partis de Bosnie dans 4 avions de l’inévitable Victor Bout… les avions ont chargé les armes, sur une base US de Bosnie, se sont envolés et ne sont jamais atterris en Irak où ils étaient attendus… par les gens du Pentagone. Les avions étaient bien ceux d’Aerocom, l’une des sociétés de Viktor Bout. Selon le Daily Mirror”les chefs de la défense américaine ont engagé une firme américaine pour transporter les armes, dans les années 90 de Bosnie, vers l’ Irak. Mais les contrôleurs du trafic aérien à Bagdad n’ont pas retrouvé d’antécédents de vols, qui aurait eu lieu cette fois entre juillet 2004 et juillet 2005. Le porte-parole des forces de coalition a confirmé qu’ils n’avaient pas reçu “toutes les armes de Bosnie » et a ajouté qu’ils n’étaient « pas au courant de tous les achats pour l’Irak à partir de la Bosnie ». L’OTAN et des responsables américains ont déjà exprimé la crainte que les armes vendues par États-Unis, les entreprises britanniques et la suisse – soient passées aux insurgés”. Incroyable aveu d’une gestion pifométrique de leurs stocks et de leurs transports ! On a réussi à égarer en plein conflit 200 000 kalachnikovs ! Egarées dans la nature ! On note aussitôt que cela correspond aussi à une rupture nette entre le marchand d’armes et ses protecteurs américains. A t-il voulu jouer trop gros ?Toujours est-il qu’après ce fameux 5 octobre 2005, le discours des américains vis à vis de Viktor Bout va changer du tout au tout. Les cent tonnes de trop, celles qui restent en travers d”un Pentagone berné sont une partie de l’explication du revirement…. Ici, en France, quand on ouvre son journal télévisé, en 2010 et qu’on y apprend que pour une attaque de Banque on a sorti ce genre d’arsenal et tiré sur la Police avec ou sur la population, il y a de quoi se poser quelques questions sur l’incompétence ou l’irresponsabilité américaine sur la question !
J’avais déjà tiré la sonnette d’Alarme en novembre 2007 ici-même : “Au marché noir de Baghdad, un fusil d’assaut AK 47 est vendu 25 dollars, un fusil léger américain modèle M-16, 84 dollars, un lance-roquette RPG-7, 350 dollars, et une mitrailleuse lourde anglaise Tommy à cylindre 42 dollars. On est loin, très loin, des tarifs annoncés aux contribuables américains. En France, on trouve des RPG-7 et 54 Kalachnikovs quand les policiers dénichent une cache de grand banditisme dans le Var. L’engin idéal pour s’attaquer aux convoyeurs de fond. L’essaimage irakien a des retombées jusque chez nous, contrairement à certains lecteurs d’Agoravox qui voudraient circonscrire le conflit à ses simples frontières. Un article récent assez effrayant du Monde indique que l’armement des banlieues françaises est loin d’avoir cessé. À la base, on retrouve les fuites d’armes du Kosovo. À la tête du trafic, un Croate, Radomic Micic, 42 ans, surnommé “Mitza” et deux Bosniaques, toujours en fuite. Leur stock d’armes impressionnant était planqué à Buverchy, un petit village discret de la Somme. Des armes et des “complets croates”, ce qui signifie des faux papiers. Extrêmement inquiétant pour la politique intérieure française.” On note l’origine du trafic : c’est bien des Balkans, et le système est le même que pour les cent tonnes envolées : des gens fabriquent des faux papiers d’exportation, ceux avec lesquels l’Europe a réussi à alimenter les deux belligérants durant la monstrueuse guerre Irak-Iran.
Le Monde découvre avec effroi l’affaire lors du procès de Micic le 21 novembre : “Il faut décrypter un sabir codé, et le président de la 13e chambre du tribunal de grande instance de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Jean-Dominique Launay, s’y attache, ce 13 novembre, avec une infinie patience. – “Votre interlocuteur vous dit : “Elle est grande, très belle, cinq têtes.” Ça veut dire quoi cinq têtes ?” – “Cinq têtes, c’est 500 euros.” – “La lettre K désigne un kalachnikov ?” – “Oui, mais parfois ça peut être calibre.” – “Il dit aussi : “Les 6.35 et les 7.65, c’est des beaux trucs, il y en a la quantité que tu veux.” Vous, vous lui réclamez deux complets croates. C’est quoi des complets croates ?” – “Des faux papiers”, soupire à la barre Ramiz Tursunovic. Quatre jours durant, M. Launay passe en revue les pages et les pages d’écoutes téléphoniques qui ont permis l’arrestation en France, en trois vagues, de 2003 à 2005, de quinze hommes et une femme originaires des Balkans, soupçonnés d’avoir alimenté un trafic d’armes en banlieue parisienne. Un procès exemplaire a estimé la substitut du procureur, Camille Palluel. Car rare. “Pour une fois, quasi unique, vous avez à connaître des réseaux d’approvisionnement et d’écoulement de ces armes”, a-t-elle souligné aux juges. Des armes de guerre que l’on trouve dans le milieu du grand banditisme mais aussi, de plus en plus fréquemment, dans les banlieues. Et l’ancienne Yougoslavie est aujourd’hui devenue l’une des principales filières d’approvisionnement. ” Le 25 juin 2010, trois ans après, le Figaro retrouve enfin la filière… en France, ces dernières semaines, les “fameuses” Kalachnikov ont “parlé”, et enlevé la vie à une jeune maman policière, Aurélie Fouquet, que beaucoup ont déjà oublié.
Dans leur thèse de III eme cycle sur les “Zones de non droit dans la République Française, mythes et réalités”, sortie en 2002, Xavier Raufer (Christian de Bongain) et François Haut avaient déjà reconnus et la dissémination et les modèles utilisés. “A Béziers, le 2 Septembre 2001, après une perquisition chez Salir Bghioua, le criminel qui avait attaqué un fourgon de police au lance-roquette et tué au fusil d’assaut le directeur de cabinet du maire de Béziers, on trouvait un vrai équipement de mercenaire : fusils d’assaut, fusils à pompe, lance-roquette en provenance des balkans. Le 11 octobre, un AK 47, trois chargeurs et une lunette de visée pour fusil étaient retrouvés dans la cité des 4000 à la Courneuve. Début novembre, la police découvrait dans les parties communes d’une cité d’Epinay-sur-Seine une grenade défensive, un pistolet mitrailleur et plusieurs chargeurs. Ces armes de guerre proviennent le plus souvent de Yougoslavie. Elles prolifèrent de façon très inquiétante et nourrissent le grand banditisme qui les utilise notamment pour attaquer les transporteur de fonds. Le 23 mai 2002, le braquage manqué d’un fourgon de la Brink’s à Emerainville (Seine-et-Marne) permettait à la police de mettre la main sur un arsenal impressionnant lance-roquettes, fusils d’assaut de type Kalachnikov (AK 47), pistolets automatiques, munitions de gros calibres à profusion. Les attaques de fourgon, comme un grand nombre de hold-up se font désormais avec armes et parfois uniformes de guerre”. Les deux auteurs sont connus pour leurs sympathies pour l’extrême droite : le premier a été en 1971 membre du Conseil national d’Ordre nouveau, et le second est un ancien d’Occident et du Front national. Le premier a édité plusieurs ouvrages avec Alain Bauer, conseiller présidentiel et gérant d’une société de sécurité. Tous a dénoncer les trafics, mais certains à vivre sur la crainte que cela inspire… A la télévision française, “Envoyé Spécial” avait évoqué le problème des armes en banlieue….
Pour ajouter à la facilité actuelle à trouver des armes, l’annonce le 8 septembre dernier de la découverte d’un arsenal en Angleterre chez un particulier, Graham Lane, de Worcester, un électricien responsable d’un club de tir, comportant roquettes, canon et obus est plus qu’inquiétant en effet : “tous achetés sur Internet”, déclare à la presse le “hobbyste” des armes… Pire encore en septembre 2010 avec la lecture d’un très inquiétant rapport en provenance du Mexique cette fois, où se passe une véritable guerre entre les cartels et le pouvoir. “Un nouveau rapport détaille l’abondance des armes américaines livrées aux cartels – et l’insuffisance des efforts américains visant à mettre fin à ce trafic illicite. Selon les auteurs, Colby Goodman et Michel Marizco, au moins 62 800 et au plus 80 000 armes à feu confisquées par les autorités mexicaines à partir de décembre 2006 jusque Février 2010 provenaient des États-Unis. Les armes passent en contrebande à travers la frontière à un taux pouvant aller jusqu’à 5 000 par an. Les deux variétés les plus utilisées sont des fusils d’assaut : l’AK-47 fabriqué en Roumanie et des clones de Bushmaster AR-15 (…) Plus de 2.000 policiers et des agents fédéraux sont parmi les 28.000 tués liés à la drogue et à la violence dans ces quatre dernières années. Selon Goodman et Marizco, dont le travail a été commandité par le Centre Woodrow Wilson et l’Université de San Diego, une seule armurerie de Houston a fourni en 15 mois 339 armes d’assaut, des fusils et des pistolets pour des acheteurs qui ont été responsables de la mort de 18 mexicains, policiers et civils. Quelque 7 000 magasins vendent des armes le long de la frontière américano-mexicaine. Ils ne sont pas tenus d’informer les autorités, même si une personne achète des dizaines d’armes d’assaut dans une courte période. pour l’exercice 2009, les agents des États-Unis ont révoqué les licences de 11 magasins seulement pour violation de la législation. Une fois les armes achetées – généralement par des hommes de paille, des acheteurs agissant au nom d’ intermédiaires des cartels – elles sont facilement écoulés dans le trafic à travers le frontière”.
Le rapport accablant pousse loin son investigation. “Connu comme le “cuerno de chivo”, ou “la “corne de bouc”, pour son chargeur en forme de banane, les autorités mexicaines disent aussi que divers types d’AK-47 sont fréquemment saisis par les militaires mexicains et les forces de police. Jesse, un ancien trafiquant du cartel de Sinaloa a déclaré aux auteurs que des AK-47 sont très appréciés, en particulier ceux qui sont équipés avec un “underfolder ” (crosse repliable), au lieu du montage avec crosse normale, ce qui rend les plus courts, plus dissimulables, et sont très demandés par les trafiquants. “La plupart des AK-47 roumains qui ont trouvé leur chemin vers le Mexique ont été importés aux USA via l’Europe, déclarés comme une arme à feu complète ou en partie, ou sous forme de kit, malgré l’interdiction américaine sur l’importation de fusils d’ assaut semi-automatiques. D’autres types de fusils AK-47 ont également été récupérés en 2009. Par exemple, le Mexique a saisi 281 AK-47 chinoises de Norincodu 1er janvier au 30 juin 2009 (…) En plus les trafiquants essaient d’obtenir des chargeurs de calibre 7.62x39mm à tambour et des magazins de 50, 75 ou 100 munitions pour AK-47 à partir des États-Unis, beaucoup de dces chargeurs étant associés à des poursuites judiciaires à Tijuana”. C’est bien tout un système laxiste sur les armes qui permet cette effroyable dissémination ! On trouve en effet là-bas une Norinco AK-47 84S pour 1200-1700 dollars ; facilement… sur le net.
Récemment, la découverte d’une cache en Belgique contenant des Kalachnikovs mais surtout des quantités importantes de Semtex ont ravivé les craintes d’un attentat majeur en Europe : selon les paroles du procureur de Liège, décrivant le poids des explosifs supposés dans la nature, elles peuvent être justifiées, en effet.
Phoenix et la Mena !
L’Afrique, avant l’Afghanistan ou le Kosovo, donc, mais encore avant un petit aéroport perdu au fond de l’Arkansas, patrie de Bill Clinton. Car cet endroit, dans les années 80-90, où les USA soutiennent les mouvements islamistes par haine du communisme est vite devenu une plaque tournante incontournable de différents trafics : celui des armes, bien sûr, mais en même temps celui de vastes quantités de drogue, de la cocaïne, surtout, en provenance de Colombie et chargée d’inonder le marché américain et européen. Sur ce tout petit aéroport de campagne vont donc se poser des engins inattendus. D’antiques Fairchild C-123 Providerde la guerre du Viet-Nam, des Hercules HC-130 et autres avions de transports, et même des Boeing 727 Afghans ! Pour cela, toute un myriade de fausses sociétés commerciales d’aviation vont être inventées, toutes reproduisant le syndrome d’Air America. A savoir des avions au look civils, mais pilotés par des militaires ou des mercenaires en mission gouvernementale. Ces sociétés, nous les retrouverons durant l’ère Bush, car ce sont les mêmes qui effectueront les fameux vols de “renditions”, pour que les prisonniers de Guantanamo aillent se faire torturer ailleurs qu’aux USA… Parmi celles-ci, une entreprise de Viktor Bout.
Des Kalachnikovs des Balkans apparues on ne sait comment en Afghanistan, où Al-Qaida “prend le contrôle” disait-on précédémment “officiellement” ? Sauf… que des photos vont démonter le bel édifice. Une seule, pour commencer. Celle-ci. Un des fameux Boeing d’Ariana Airlines, (ici un exemplaire de 1973 à Orly !) en train d’être remis à neuf au beau milieu… de l’Arkansas. Le fief des Clinton, en un endroit très spécial : la base “secrète” de la Mena, celle qui relie le pays aux trafics de l’Iran-Gate d’un côté et des opérations douteuses de la CIA en… Afghanistan. Le même, repeint et photographié ici à Athènes, en 2008. Je reviendrais bientôt plus en détail sur le rôle de cette base qui a fait la une des journaux à scandale aux temps de Clinton (une manœuvre des républicains pour l’abattre politiquement qui sera arrêtée quand ceux-di redécouvriront que la Mena avait également beaucoup servi à Reagan !). L’avion était un ancien d’Air France (ici à Roissy en 1993, déjà repeint aux couleurs d’Ariana et photographié ici en 1988 sous les couleurs d’Air France) ! La Mena, décrite ainsi en 1991 : “Quoi qu’il en soit Mena possède un aéroport et il ressemble de l’extérieur à un aéroport ordinaire, normal. La seule chose qui différencie Mena Aéroport de tout autre est le fait qu’il y a des rangées et des rangées de hangars pour entretiens d’avions Aujourd’hui, le réaménagement d’avion est une industrie qui est fort demandé par deux principaux clients payants. L’un d’eux est la CIA, et l’autre sont des trafiquants de drogue”… indique Mark Swaney, interviewé en sur la radio WBAI, qui continue un tableau assez affolant de l’endroit : “aujourd’hui, la Mena a le plus grand deuxième ou troisième – je ne sais pas exactement, en tout cas l’une des plus grosses installations de réaménagement d’avion des États-Unis. Et comme telle, elle a été – bien avant l’épisode des événements au Nicaragua – une base des opérations secrètes de la CIA- et reste à ce moment encore une base de la CIA”. En somme, les avions d’Ariana affrêtés par Victor Bout étaient entretenus par la CIA… voilà qui est aussi très clair, et même indéniable ! La fable de la découverte de 1998 de “techniciens” d’Al-Qaida réparant les avions d’Ariana ne tient pas la route deux minutes : c’était bien ceux de la CIA ! Les “équipes au sol du trafiquant d’armes clandestines Victor Bout” qui “effectuaient des tâches de maintenance sur les avions d’ Ariana Airlines ” n’étaient autres en réalité que des gens de Dodson International Parts, société installée à la Mena, comme nous allons le voir.
Un deuxième cliché plus récent encore ruine la maison de briques du petit cochon effarouché Wolosky. La fable s’effondre. Celui d’un bus, fourré comme il se peut dans la soute d’un Illyushin-76, sur une base américaine le 30 décembre 2009. Poussé par les hommes du 380th Expeditionary Logistics Readiness Squadron stationnés pour l’occasion à l’Andrews Air Force Base. Deux bus, exactement, de 44 places, note le site. Direction l’Afghanistan. Dans le reportage, on ne parle que du modèle “russe” de l’avion. Or, sur sa queue, son code, EK-76787, indique qu’il s’agit d’un avion de …. Phoenix Aviation. Un bloggeur note que ce transport n’a au fond aucun sens :“on dirait une part de l’argent pour le programme Clunkers (la reprise des vieilles voitures aux USA). Prenez un bus à 75 000 dollars et dépensez 60 000 dollars le faire voler à l’autre bout du monde. Alors qu’un bus chinois coûte ….35 000 dollars et largement moins à transporter…” un autre ajoute, hilare : “plan impressionnant, mais lorsque vous calculez le coût du fret, ce doit être l’autobus scolaire le plus cher au monde”. Mais transporté à grands frais par Phoenix Aviation… société de Victor Bout ! L’avion est l’ancien RA-76787, de chez “Magadan Avia” Leasing et “A400”. La même société qui volait en 2004 en ill-18. Avec son RA-76464 photographié ici à Sharjah en mars 2010. Un transport de deux bus de cette manière n’a en effet aucun sens. Mais c’est fout ce qu’on peut aussi caser, dans un bus, comme sait si bien le faire l’ISI en Afghanistan… rappelez-vous donc ! Le but du jeu n’est pas de se rendre utile : le car on ne sait pas ce qu’on va en faire à Kaboul (à moins qu’il ne serve de transport à autre chose !) : le but du jeu est de facturer à Phoenix Aviation une prestation qui lui fait empocher un bénéfice conséquent. Evidemment, dans le contrat, il ne faut pas chercher non plus l’appel d’offres et la mise en concurrence : c’est encore un de ces fameux “no bid contract”, à savoir un choix sans aucune concurrence. Le système est parfait : les bus ne servent strictement à rien dans cette histoire !
Phoenix, déjà décrit sur Agoravox en mars 2008 : “en 2003 encore, en effet, les fameux Antonov de Bout ont effectué 190 rotations en Irak. A partir bel et bien d’aéroports contrôlés par l’armée américaine. Tout est consigné dans un document, disponible ici. On y apprend que la société Phoenix Aviation se chargeait des transports d’armes à bord d’Ilyushin 18 et de quelques Boeing 737, immatriculés cette fois aux Emirats Arabes Unis. Une autre firme, Mega Airlines, immatriculée au Kazakhstan et dotée de 3 Boeing 727 et de 4 Ilyushin IL-18 a également servi aux transferts. Mega Airlines provient de la société Trans Aviation Global Group et de Air Bas, deux anciennes compagnies de Bout, appelée aussi parfois Irbis, qui détient un vieil Antonov 12 qui a pas mal sillonné le monde pour un avion cargo. Enregistré sous le nom de Trans Air Congo à Kinshasa, il provenait de Dolphin, encore une autre société écran de Viktor Bout. Immatriculé A6-ZYB, il est devenu 9L-LEC chez une firme nommée Skylink/Aerolink… on le retrouvera en Irak également, avant qu’il ne se crashe au Congo. Les avions de Viktor changent régulièrement d’affectation et d’immatriculation, meilleur moyen de brouiller les pistes pour ceux qui veulent prouver leur utilisation délictueuse“.Bref, le système est en place et fonctionne : au gré des coups de pinceaux, Viktor Bout jongle avec ses appareils et brouille les pistes. Chez lui, un appareil reste rarement trois mois avec la même décoration. Voire le même enregistrement.
Phoenix Aviation, créé avec un “ami” américain assez particulier,, un cas “passionnant : “en 1993, Richard Chichakli se lie d’amitié et d’affaires partenaires avec But. En 1995, l’aéroport de Sharjah embauche Chichakli comme directeur commercial d’une zone de libre-échange aujourd’hui très utilisée par Bout. Chichakli, un Syrien de naissance, a un aspect intéressant. Il prétend avoir été ami avec Oussama ben Laden alors qu’il étudiait en Arabie saoudite au début des années années 1980 (…) En 1986, il a déménagé au Texas, est devenu un citoyen américain, et a servi dans l’armée des États-Unis jusqu’en 1993, se spécialisant dans l’aviation, l’interrogatoire, et les services secrets. Il affirmera plus tard que non seulement il a servi dans l’armée américaine, mais aussi qu’il passé environ 18 années à travailler dans les services secrets (qui, si c’est vrai voudrait dire aussi qu’il était un agent de renseignement quand il était ami avec Ben Laden). La encore, on sait donc qu’il est, mais on laisse faire… Chichakli est un homme-clé des opérations : c’est le point d’ancrage sur le sol américaine de Viktor Bout.
Comme le dit un grand spécialiste de Bout, relevé encore par Farah… : “Il avait un réseau logistique, le meilleur dans le monde”, dit (notre fameux) Lee S. Wolosky, un ancien membre du personnel au Conseil de sécurité nationale (NSC), qui a dirigé les efforts inter-institutions des États-Unis pour suivre Bout à la fin des années 1990. “Il ya beaucoup de personnes qui peuvent livrer des armes à l’Afrique ou l’Afghanistan, mais vous pouvez compter sur une main ceux qui peuvent fournir les principaux systèmes d’armes rapidement. Viktor Bout est au sommet de cette liste.”Question logistique, s’est en effet rôdé : ce qui va enrichir Bout, c’est de faire des vols retours qui rapportent eux aussi :“l’argent est venu en quantité quand il a réalisé qu’il pouvait voler lucrativement avec une cargaison commerciale sur les vols de retour des armes. Son plus beau coup il le fera avec des glaïeuls achetés 2 dollars à Johannesburg et revendus 100 dollars à Dubaï”. Lee S. Wolosky peut après ça toujours venir parler en 2010 de sa “grande surprise” de découvrir le Pentagone utilisant les avions de Victor Bout : c’est lui qui organisait son trafic dans les Balkans ; vingt ans auparavant !
A la Mena, au beau milieu des Etats-Unis, il se passait donc de bien étranges choses. Au fond de l’Arkansas, pays des Clinton mais pas uniquement : la Mena relie également Bill Clinton à Bush père : “Beaucoup de gens ne savent pas que l’Arkansas a été très fortement et très profondément impliqué dans l’affaire Iran-Contra tout le temps où le gouverneur s’appelait Clinton ???? Le Gouverneur de l’État ! Et il y a eu de nombreuses histoires écrites à ce sujet dans la presse. Eh bien l’histoire, c’est que Mena Mena est une ville très petite au milieu des montagnes du sud-ouest de Ouachita, au sud-ouest de l’Arkansas et ce n’est pas un hasard, car c’est aussi situé dans le disctrict du congressiste John Paul Hammerschmidt, le troisième de l’Etat. Or il s’avère que John Paul Hammerschmidt est aussi l’un des très proches amis de George Bush (père) : il a été le Presidential Campaign Manager pour sa campagne de 76 et à nouveau en 1980. Les deux personnes sont très proches”. Hammerschmidt, pilote émérite décoré de la Distinguished Flying Cross. Hammerschmidt, qui avait battu Clinton de quelques voix, lors de l’élection de 1974, en pleines suites du Watergate, où a été abondamment utilisé la “dénégation plausible”. Hammerschmidt, proche des milieux d’extrême droite US, resté fort intéressé par les questions d’aviation et resté aussi visiblement très proche des services spéciaux : il fut en effet membre en 1989 de la Commission on Aviation Security and Terrorism (PCAST) après l’explosion du Boeing de la Pan Am de l’accident de Lockerbie, (Flight 103) survenu le 21 décembre 1988. La Mena a donc bien deux mentors ! Un républicain tendance dure, et un démocrate tendance molle. Mais à la Mena, on ne fait pas que fourbir les avions pour les Contras au Nicaragua.
A la Mena, les avions d’Ariana ont été clairement vus, notamment chez Dodson International Parts, une société de pièces détachées d’avion de l’Arkansas, installée sur place à Rantoul.En septembre 2009, elle vendait toujours un vieux B-727 d”Ariana qui a donc depuis trouvé preneur…. “Une autre révélation intéressante qui se répercute au travers des échos des opérations secrètes de renseignement américains est la confirmation que Dodson exploite une entreprise distincte dans l’Arkansas appelé Mena Aerospace Inc, situé à l’Intermountain Mena Aéroport municipal. En fait, un site Web de spotters a même espionné un avion appartenant à Dodson International sur la piste de la Mena l’aéroport en 2006. Cet aéronef est actuellement inscrit chez Dodson International, selon les registres de la FAA, mais il était la propriété dans le début des années 1990 d’Ariana Afghan Airlines”. A la Mena, il y a deux entreprises spécialisées dans la peinture d’aéronefs de grande taille : dans un si petit aéroport, c’est plus qu’étonnant. La encore, nous y reviendrons bientôt… Or, à partir de Dodson, on retombe sur ce qu’on déjà croisé ici à de multiples exemplaires : le trafic de drogue incluant des jets, dont le fameux DC-9 capturé à Mexico avec 4,5 tonnes de cocaïne à bord le 21 avril 2006 et particulièrement bien repeint, avec des symboles calquant très pour trait une organisation gouvernementale. L’appareil appartient à O’Connor’s Core Investments, une firme créée par le pilote du Gulfstream II crashé au Yucatan bourré de plus de 120 sacs de coke (pour 4,5 tonnes à nouveau !), qui avait été rachetée par Dodson ,juste avant le crash. Armes, drogue, la Mena a servi a beaucoup de choses… on retombe sur du sulfureux ! On saura peut-être un jour ce qui s’est passé la-bas (j’y reviendrai bientôt), et pour l’instant ne retenons qu’un nom : celui de Barry Seal, ami de Peter Goss(patron de la CIA sous G.W.Bush) et mercenaire des Contras, roi du pilotage de C-123 Provider et mort assassiné à Bâton Rouge, en Lousiane, le 19 février 1986 alors qu’il venait juste de commencer à parler. Dans le milieu, on ne fait pas de vieux os avec une langue bien pendue. Ses tueurs ? Des membres du Cartel de Medellin, retrouvés et envoyés en prison pour la vie en 1987.
Tout un système, donc, avec des pistes d’atterrissages semi-clandestines au cœur même des Etats-Unis, où atterrissent des “avions gris”, le surnom que l’on donne à ceux qui n’ont pas de marquage visible. Ou, qui, lorsqu’ils en ont un, est le même qu’un tout autre appareil existant : ce qui signifie que l’Agence Fédérale Américaine de l’Aviation couvre elle aussi les opérations ! La Mena, ou Base Camp , minuscule aéroport du Nevada en plein milieu d’un ancien site d’essais nucléaires (idéal pour dissuader les visiteurs, les panneaux dissuasifs “attention aux radiations” ça aide ! – ça ou les rumeurs sur les martiens !-) où avaient été vus de petits avions, un Pilatus blanc (V20A/PC-6), un CASA militaire, CN-235 immatriculé 66049, et deux Cessna Caravan 208 (N208NN et N403VP) de la base de Pope, du 427th Special Ops Squadron, spécialisé dans les opérations “hors normes officielles”. Un bien étrange “campement” muni de caméras et de gros radars. Qui reçoit régulièrement la visite de son Beechcraft N20RA attitré, celui de Janett Airlines, les avions liés aux activités les plus secrètes. Pas loin de la base de Nellis. Des avions tous retrouvés à Bagram, en 2003, aux côtés d’un Hercules, le C-130 N923SJ, assez spécial, lui aussi, car doté d’une décoration civile de Southern Air Transport, nommé aussi Air Foyle, qui sera vu lui aussi au retour sur le terrain de Base Camp . Et deux ans plus tard déjà repeint aux couleurs de Prescott Support Compagny( alors N3755P), puis devenu le N° 382-4673 chez Safair, censée travailler pour la firme de pétrole Oil Spill Response Ltd, OSRL. Bref, un avion changeant souvent de look. Un C-130 régulièrement vu en même temps que les gros Ilyushin IL-76 de…Victor Bout, qui a partagé Air Foyle Charter, via un des paravents de Bout appellé Norse Air Charter… A l’occasion Bruce Bird, le porte-parole d’Air Foyle, avait avoué que “Victor se présente à nous tous comme une personne et une entreprise dignes de confiance J’ai eu une longue conversation avec lui en Afrique du Sud et il semblait avoir un bon sens pratique qui comprenait l’entreprise. Nous ne savions pas que Bout était soupçonné jusqu’à ce que les journaux le rapportent. “
C’est fou, en effet, avec Victor Bout le nombre de gens qui ne savaient pas ce qu’il faisait exactement…
PS : en attendant d’en savoir davantage, on peut regarder l’excellent reportage de CBS de mars 1994 sur le sujet de la Mena. La mise en cause de Rich Moutain Aviation y est nette et affirmée. De même que les manœuvres judiciaires pour cacher tout le trafic. On en reparlera bientôt en détail. Le documentaire de 1987 avec le logo “war on drugs” (à mettre aux côtés de ’War on Terror”) est tout aussi affligeant pour le régime de Clinton. La cocaïne est bien citée comme le moteur financier de la fourniture d’armes aux Contras. C’est le début d’une histoire qui se continue aujourd’hui… en Afghanistan. L’avion civil utilisé sur les bases US de l’armée était déjà déguisé en appareil humanitaire… l’avion était un DC-6 du Honduras. “Dans son témoignageen date du 9 août 1985, Oliver North résume dans une réunion avec Robert Owen (“Rob”), sa liaison avec les contras. Ils discute d’un avion utilisé par Mario Calero, le frère d’Adolfo Calero, chef de la FDN, pour le transport de fournitures aux contras de la Nouvelle- Orléans au Honduras. North, écrit : “Le DC-6 du Honduras qui est utilisée pour les vols de la Nouvelle-Orléans est probablement être utilisé pour le transport de drogue aux Etats-Unis”. Très tôt, on trouve des Ill-76 dans l’histoire : n avril 1983 trois avions Libyens (LARAF) Il-76TDs et un C-130 atterrissent à l’aéroport de Manaus, au Brésil, après qu’un des l’IL-76 ait annoncé avoir certains problèmes techniques. Les appareils ont ensuite été fouillés par les autorités brésiliennes : au lieu de fournitures médicales – comme cités dans les documents de transport – il y avait 17 caisses avec dedans des avions Aero L-39 démontés à destination du Nicaragua. La cargaison a été mis en fourrière, tandis que les transports ont été autorisés à retourner en Libye d’où ils venaient. Les avions étaient siglés des Jamahiriya Air Transport. A Tripoli, on peut en voir encore, toujours actifs, avec en fond d’aéroport les avions de l”époque, abandonnés.
Le rôle de la Roumanie et celui… d’Air France !
Dans les pays cités parmi ceux qu’ont le plus visité Viktor Bout et ses avions, figure un pays européen central : la Roumanie, ex satellite de l’URSS libéré de son joug dictatorial Ceaucescien, à la chute de l’emprise russe. Comme tous les pays périphériques d’une machine de guerre devenue folle et démesurée, c’est un grand fournisseur en armements. Un pays membre désormais de l’union européenne, mais qui a continué à produire des armes, notamment légères, en quantités astronomiques : c’est sa façon d’entrer dans “l’économie de marché” sans doute. Avec la Slovaquie, la Moldavie et son croupion de Transnitrie, nous avons là les principaux lieux de production d’armes dans le monde européen. Logique d’y voir passer régulièrement les avions d’approvisionnements de Viktor Bout. La plupart des armes ayant servi lors lors du conflit Rwandais provenaient de cette région du monde. Apportées par les Antonov ou les Tupolev de Bout, en même temps que les miliaires français dépêchés sur place…
La Roumanie, donc et son industrie de matériel de guerre. Sur les forums des obnubilés par les armes (“un public averti” !), on vante les copies de “Dragunov à vendre”,déniché sur Internet ! La Dacia Logan et Sandero, mais pas que cela donc : la Roumanie est le onzième producteur d’armes dans le monde. Regia Arsenalul Armatei et RATMIL, La Compania Nationala Romarm, S. C. Metrom Sa, S.C. Avioane Craiova S.A., S.C. Uzina Mecanica Cugir S.A.et stimpex s.a. SPECTRUM Ltd. Aerostar S.A sontles usines principales. Devant une telle pléthore de firmes et de produits, il existe bien une “filière roumaine” de Viktor Bout pour les écouler : “Les avions de Victor Bout ont opéré non seulement de la Roumanie, mais aussi de pays voisin, comme la République de Moldavie. Un de ces avions immatriculés en Moldavie, l’ER-75929 (un Il-18 photographié ici à Chisinau) a effectué 73 vols, dans le trafic d’armes de la Roumanie pour l’Afrique, via le tarmac de l’aéroport militaire de Bucarest Otopeni-sous le nom d’Air Acvila (code RRM), une société détenue par le ministère roumain de la Défense”. Pour donner le change, le même avion transportait l’équipe nationale de foot de Moldavie en 1999. Et était photographié aussi à …Ostende.
Tous ces vols sont suivis de près par… la CIA.”Un journaliste de la télévision polonaise, M. Witold Gadowski, a rapporté dans son article, publié en Mars 2008, que de seulement juillet 1997 à octobre 1998, des officiers de la CIA ont répertorié 37 vols d’avions de Victor Bout de la Mer Noire, à l’aérodrome de Burgas vers les pays africains. Seulement pour l’Angola, les compagnies aériennes de Victor Bout ont livré pour 15 millions de dollars de dollars d’obus d’artillerie, 20 milles obus de mortier ainsi que 20 lanceurs de missiles et 6 300 missiles. En Afrique, Bout a coopéré avec un autre fameux marchand d’armes, Ranjivan Ruprah, du Kenya. “Burgas était le nœud central du trafic de cigarettes organisé au profit de Milosevic, auquel a aussi amplement participé Victor Bout. La Roumanie n’a pas arrêté de vendre depuis, loin de là. Au 1er septembre 2010, un rapport indiquait que la Roumanie avait accordé 432 permis en 2009 pour des ventes d’armes, dont 294 “d’importation et de transfert”pour une liste de clients dont la tête était tenue par l’Algérie, l’Afghanistan, les USA et l’Iraq pour 145 millions de dollars au total. Les importations représentant 72 millions de dollars, notamment de de France (!), des USA et d’Iraq (?). le 19 juin 2010, Amnesty dénonçait ce trafic en termes très nets. “Le rapport cite en tant que vendeur bulgare provenant de Sofia les armes livrées par Armico Ltd, qui avait l’autorisation du gouvernement bulgare de les exporter au Rwanda. La Bulgarie, les gouvernements français et kenyans qui ont permis l’exportation et le transit de la cargaison d’armes à travers leurs territoires ont omis d’arrêter ces transferts, selon le rapport”.
En 1989, l’effondrement de l’URSS ruine littéralement l’industrie d’armement roumaine, qui perd alors 90% de ses commandes : il faut trouver de nouveaux débouchés, et c’est ce dont vont se charger les militaires eux-mêmes. “Au sommet de l”organisation du trafic roumain, des personnes du sérail militaire. En fait, la gestion du réseau d’entreprises sous-traitantes appartient au colonel George Dumitrescu, un officier de haut rang de la brigade anti-terroriste du SRI (le Service roumain de renseignements intérieure), qui a coordonné les activités des citoyens arabes et de leurs frères musulmans en Roumanie. Son cousin, l’ex- responsable du personnel de l’Académie du renseignement dans leannées 1990, a été nommé procureur de l’armée à la Cour suprême. Toutes les opérations de contrebande de cigarettes de ce réseau ont été soutenues par un général et le chef de la Division économique du contre-espionnage de la SRI.” La SRI joue un rôle extrêmement important dans la fabrication des faux papiers nécessaires au exportations clandestines d”armes. “Du personnel de la SIE (Foreign Intelligence Agency de la Roumanie) basés dans les ambassades roumaines a été chargé de préparer les faux documents nécessaires pour les opérations commerciales des trafiquants d’armes du réseau”. La section des commentaires à cet article du Times Online mentionne un lien entre Bout et le gouvernement roumain dans la période allant de 1996 à 1999 en la personne du colonel Gigel Bratiloveanu. Ce colonel travaille actuellement comme conseiller économique pour l’Ambassade de Roumanie à Moscou, de sorte que le gouvernement roumain ne doit pas être très loin de ses activités. Après tout, l’ambassade se trouve à Moscou, pas en Sibérie.”` L’homme cité aurait eu un rôle dans les événements qui ont conduit Bout en prison : “Maintenant, M. Bratiloveanuest chargé en tant que représentant commercial de l’ambassade de Roumanie à Moscou. C’est lui qui a donné la clé USB à Viktor Bout avec dedans le prix roumain des systèmes de missiles sol-air pour la guérilla des FARC”.
Roumanie, Moldavie mais aussi Slovaquie. Parfois, les avions de Bout font le relais pour les autres : en janvier 1999, le Sunday Times, de Londres, a également indiqué que Sky Air Cargo, de Londres, et la Airlines Occidental, d’Ostende appartenant à un commerçant belge d’armes, Ronald Rossignol et ont utilisé de vieux Boeing 707 chargés de fusils d’assaut AK47 et des mortiers portatifs de 60 mm vers Bratislava, la capitale slovaque. Soi-disant destinés à l’Ouganda, les armes, 40 tonnes à la fois, sont allées au Libéria et la Gambie, où ils ont été ensuite transférées sur les vols à partir d’un aérodrome de brousse à Kenema en Sierra Leone, par les services de Victor Bout. Finalement, les armes ont été apportées à des rebelles dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). On le voit, quand ce ne sont pas les avions que l’on déguise, ce sont les trajets que l’on rend complexes.
La Roumanie donne également à Viktor Bout l’occasion d’ouvrir d’autres portes. Parmi les russes expatriés, beaucoup deviennent citoyens israéliens. “Dans ces nébuleuses, les membres des mafias de l’ex-URSS, devenus ressortissants israéliens, sont de plus en plus nombreux. Shimon Naor est ainsi suspecté par la Roumanie, son pays d’origine, d’avoir frauduleusement alimenté en armes le Burkina Faso et le Togo entre 1996 et 1999” note Fanny Pigeaud de RFI. Israël, fort demandeur en armes de toutes sortes, a en effet déjà un pied dans la place : Un exemple en est l’activité de la société israélienne Romania Emtam, qui a tenté d’exporter en Israël plus de 3 000 lance-flammes adaptables sur armes automatiques qui avait été illégalement fabriqués en Roumanie. Afin d’obtenir la licence d’exportation, les lance-flammes avait été étiquetés comme “pièces de tour industriel”. Viktor Bout est évidemment à l’affut. “Son partenaire israélien en Roumanie, l’amiral Shimon Naor, un ami de l’ex-président roumain Emil Constantinescu, le fait entrer dans l’arsenal de Romtehnica, et les entreprises roumaines de Defense. Les cigarettes embarquées selon les papiers à bord de l’avion d’Air Sofia, seront en fait, des fusils et des munitions chargés à Bucarest-Otopeni pour une destination sous embargo en 1998 (la Sierra Leone). Qui est Naor Shimon ? Ou plutôt, qui est le lieutenant-colonel Shimon-Hershkovitz ? C’est Ha’aretz qui l’explique, dans le contexte des scandales de corruption au ministère de la Défense israeilien (…). A après sa sortie des Forces de défense israéliennes, Naor Shimon est devenu un marchand d’armes pour plusieurs entreprises israéliennes. Il sera arrêté en Roumanie au mois d’août 1999sur la suspicion de vendre des armes roumaines, au moyen de faux documents (ceux des certificats de l’utilisateur final, qui indiquent que les armes étaient à destination auTogo) à la guérilla deJonas Savimbi, violant ainsi les sanctions de l’ONU sur les ventes d’armes à l’Angola”. Naor, arrêté en Jordanie en 2004 et condamné en 2006 à 11 ans de prison recevra six années de plus pour activités criminelles. Mais il avait réussi à s’enfuir, grâce à l’imbroglio de la justice roumaine. Fuyard, la France l’a retrouvé en mai dernier : “Bucarest a demandé samedi aux autorités françaises le transfert d’un ressortissant roumano-israélien condamné à onze ans de prison pour trafic d’armes et arrêté en France. Selon les autorités roumaines, Shimon Naor, âgé de 60 ans et recherché depuis 2006, “a falsifié plusieurs documents de transport” obtenant “une licence d’exportation d’armement et de munition dans des pays soumis à un embargo”. Selon l’agence de presse Mediafax, les armes auraient été transportées au Nigeria et en Érythrée. M. Naor qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, avait été arrêté en août 1999 et libéré pour des raisons procédurales. Il avait aussitôt fui la Roumanie mais a été jugé par contumace (ROMÂNIA LIBERĂ)” nous apprend l’ambassade de France en Roumanie”. Dans la presse, rien sur le personnage. En mars 2007, Air Sofia avait été interdite de vol et s’était aussitôt mue en United International Airlines, une compagnie…serbe, disposant de 5 vieux Antonov 12 (YU-UIA. YU-UIB, YU-UIC, YU-UID, YU-UIE).
Devant la forte demande du Libéria, ou émanant du conflit Rwandais, Bout va être obligé de se disperser, et de confier des transferts à d’autres associés tels que Leonid Minin, trafiquant arrêté en Italie dans des conditions rocambolesques évoquées ici.Dans son rapport de juin 2010, Amnesty revient sur son jugement. “Les documents de la Cour semblent montrer comment Minin aurait fourni non seulement les armes, mais aussi un avion qui a servi à les transporter au Libéria. Avec l’aide d’une société immatriculée à Gibraltar, aurait Minin pris des dispositions pour la livraison d’armes à transporter de l’Ukraine à Burkina Faso à l’aide d’un Antonov-124 un aéronef exploité par une société du Royaume-Uni et a fourni un certificat d’utilisateur final indiquant ostensiblement que les armes étaient destinées au gouvernement du Burkina Faso. Les documents de vol et les photographies révèlent que les armes ont ensuite été envoyées sur Ouagadougou, et de Bobo Dioulasso au Burkina Faso vers le Liberia, en utilisant un jet privé BAC-111 appartenant à Minin, enregistré aux ïles Caïman.”
Cela n’a pas de fin, semble-t-il en effet. “Le lien entre l’aéroport d’Ostendeavec des entreprises de trafic d’armes semble être une histoire sans fin. Selon le Sunday Times de Londres du 3 juillet 2005, et un rapport d’Amnesty International du 5 Juillet, 2005, African International Airways a fait un total de six vols en provenance de l’Albanie vers capitale rwandaise de Kigali à la fin 2002, et début 2003 en pleine violation des sanctions de l’ONU, transportant plus de 250 tonnes d’armes dans des DC-8 acargos. La cargaison d’armes, composée de mitrailleuses et de munitions de pistolets, des grenades et des lance-roquettes, a fini dans les mains de groupes rebelles soutenus par le Rwanda basé dans la province du Congo en proie aux conflits de l’Ituri et reconnus coupables d’actes de torture, de viol et assassinat. African Airways est depuis de nombreuses années un visiteur très régulier à l’aéroport d’Ostende. Ainsi, ont également été enregistrés à la fois des appareils du Swaziland en AIA, des DC8 responsables de vols d’armes et il en reste encore trois autres en Afrique du Sud enregistré AIA également. L’organisateur du transport d’armes était un courtier en location du Royaume-Uni, Platinum Air Cargo, qui a également une branche à Ostende enregistrée dans un siège adjacent à l’aéroport.”
Le procédé d’envoi par faux documents d’export passe toujours par l’émission de faux documents d’exportation, en provenance soit de la Roumanie, ou de la Bulgarie, nous dit Amnesty : “Le 16 Janvier 2007, le gouvernement rwandais a publié un “certificat d’ utilisation finale” (EUC) pour l’acquisition de 49 kits de pièces et outils pour canons de 14,5 mm KPVT. Selon l’EUC, les armes devaient être achetés par une société de courtage d’armes enregistrée au Royaume-Uni, System Use Contract Ltd, qui ne semble pas avoir obtenu de licence de courtage du gouvernement britannique pour la transaction. Les documents de transport indiquent que les pièces de mitrailleuses ont été fournies par une firme basé à Sofia, Armico Ltd, agréée pour l’exportation au Rwanda par le gouvernement bulgare. Les armes ont été finalement exportées de Sofia le 19 Septembre 2008″…. via les avions de Viktor Bout !
Mais il n’y a pas que la filière Bout : dans un étonnant document, Amnesty démontre dans le même rapport que des armes ont été encoyées à Kigali via des avions… d’Air France, et même pas via des avions cargos : les passagers étaient donc assis au dessus des armes, disposées en soute ! “Les documents de transport montrent que l’expédition a été réalisée sur une base régulière du vol régulier de passagers d’Air France (numéro de vol AF2687 ) à partir de Sofia vers Charles de Gaulle, à Paris. Il s’était ensuite rendu à Nairobi sur le vol KQ 8002 le 24 Septembre 2008. Sa destination finale, dans les documents de transport, était Kigali. Le document d’expédition énumère également une société sud-africaine comme étant en charge de la manipulation du cargo.” Amnesty, très amer, conclut : “les entreprises françaises, bulgares et d’Afrique du Sud semblent avoir agi en toute légalité. Les gouvernements de la Bulgarie, de la France et ldu Kenya qui ont permis l’exportation et le transit de l’envoi à travers leurs territoires n’ont rien fait dans ce cas pour arrêter les transferts d’armes irresponsables. Dans le cas de la France, les mécanismes institutionnels pour le faire correctement ne sont pas en place.La France, aux côtés de la Belgique, a été à la pointe pourtant des efforts multilatéraux visant à intégrer les transporteurs dans les transferts d’armes et les mécanismes d’octroi de licences”. Notre bon ministre Morin, futur démissionnaire, devra bien s’expliquer un jour sur le vol AF2687… où des passagers français sont partis assis sur des bombes volantes… Viktor Bout a toujours bénéficié d’un laxisme généralisé ! Celui des Etats, tous heureux de se trouver une couverture.
D’autant plus que la circulation de ses avions au Rwanda a bien été répertoriée. “Pendant dix semaines environ pour l’entretien et la rénovation. Inscrit comme 9XR-SC (ici à Zaventem), l’avion est de propriété rwandaise, appartient à Silverback Cargo Freighters, fondée en 2002. Selon le rapport d’Amnesty du 5 Juillet, 2005, deux avions DC8 de Silverback, le 9XR-SC ’-(ici à Ostende en décembre 2004) et le 9XR-SD (ici à Adis-Abbeba) ont effectué une autre série de livraisons de munitions de l’Albanie à Kigali, d’avril à Juin 2003. Entre Mars et Septembre 2004, l’avion de Silverback-9XR-SC a été loué à des services aériens internationaux pour le transport de quantités supplémentaires d’armes en provenance d’Europe orientale vers le Rwanda. (…) La société du Libéria est la dernière création de marchand d’armes Duane Egli. Lorsqu’en 2003 Egli, avec Ducor World Airlines s’est déclaré en faillite Il restait deux autres Lockheed Tristar au Kyrgyzstan ! le N°1201, ex-Tradewinds et ancien 5X-AAL d’Almidon Aviation est alors devenu EX-102, (stocké ici à Sabiha Gokcen en Turquie), sera scrappé à Ras al-Khaimah en mai 2007. En février de la même année, sous les couleurs de Reem Air, il balladait encore les pélerins vers la Mecque…. chez Bout, tout était bon pour se faire de l’argent !
Un Viktor Bout aidant les français au Rwanda ? Pas qu’un peu ! Voilà ce qu’en dit Laurent Léger dans “trafics d’armes” :”Ah, ces ingrats de Français. Les diplomates du Quai d’Orsay ont plaidé pour que l’empereur du trafic d’armes soit inscrit sur la liste noire des Nations Unies. Et pourtant : l’une des opérations militaires françaises les plus importantes de ces dernières années s’est en partie déroulée grâce à lui. Peu de spécialistes le savent mais c’est Victor Bout qui a fait démarrer Turquoise, l’intervention française au Rwanda, sur les chapeaux de roue.(…)” Et pourtant… Lors des auditions de la mission d’information sur le Rwanda, une étrange amnésie française va frapper : on ne trouve nulle part le nom de Viktor Bout. Interrogé, le ministère de la défense français affirmera bien que “pour la mise en place des forces de Turquoise, il a été fait appel à une centaine de rotations d’Antonov qui, à partir de cinq plates-formes en France, notamment Roissy, Nantes, Istres et Lyon, ont amené les personnels, les matériels et les ressources” sans en citer le propriétaire : ce bon Viktor.
Et pourtant : “c’est grâce à Michel Victor-Thomas que celui à qui un ministre britannique a un jour collé l’étiquette de « Bill Gates du trafic », a transporté les troupes françaises en 1994. « Le 21 juin, j’ai reçu un coup de fil d’un commissionnaire de transport mandaté par l’Etat-major des armées », raconte-t-il. « On a des urgences sur Turquoise. Est-ce que tu peux passer nous voir », me dit-on. J’y vais, et on me donne carte blanche. Après cela, j’ai travaillé en ligne directe avec l’Etat-major pour toutes les questions logistiques. » Patron de la société Spairops, une entreprise d’affrètement d’avions, Victor-Thomas se charge de trouver les Antonov, les énormes avions-cargos qui transportent les matériels les plus gros qui soient. La « faiblesse » et l’« état de délabrement du transport aérien militaire français », selon un expert, sont tels que l’armée, avec ses Transall et ses C-160 insuffisants, doit sous-traiter au privé le transport de ses troupes et de ses équipements. Dans l’urgence, il faut se débrouiller”. Le système débrouille, grande spécialité française. Car il est vrai qu’en face, c’est du lourd : Bout a étoffé son offre dans de sérieuses proportions.”Quand on demande à Bout un avion en urgence, il répond « OK, à quelle heure ? » et accepte de faire décoller ses appareils sans paiement d’avance, ce qui est rarissime dans le métier, se souvient Michel Victor-Thomas. Il ne faut pas perdre de vue que l’armée française paie au mieux à échéance de 90 jours…” La meilleure sans doute celle-là : Viktor Bout accordant un CREDIT à l’armée française qui saute aussitôt sur l’occasion…. “Au plus fort du transport – de la « projection » sur le terrain, disent les militaires -, douze avions voleront en même temps” énonce Laurent.
“Deux de ces trois avions transportaient du personnel. Et le troisième transportait des munitions (…) pour l’armée rwandaise (.. )cils restèrent quelques minutes à l’aérodrome et aussitôt après (les munitions) étaient chargées sur des véhicules qu’ils dirigèrent vers le camp de Kanombé”écrit un officier belge sur l’attitude de la France lors du génocide rwandais dans Le Monde du 23 juillet 1995. Pour d’autres, dont un président en exercice, l’opinion est différente il semble.
Si Viktor Bout est en procès un jour (prochain) à Washington, les français iront-ils le défendre pour le remercier de les avoir autant aidés, dans une opération présentée par le président actuel comme exemplaire ? Certainement pas. Dans ce genre de milieu, vous n’y pensez pas !
Un petit détour par Lille
Et puis, dans mes recherches sur Viktor Bout, au détour d’un livre hélas bien trop méconnu, je suis tombé sur un épisode nordiste de la saga du vendeur d’armes. Un épisode qui s’est passé à l’aéroport de Lille-Lesquin, en 1985, au plus fort du conflit Iran-Irak, qui, par bien des côtés va ressembler à la guerre 1914-1918, les deux armées, assez dépourvues de moyens aériens se retrouvant à se faire une guerre de tranchées effroyable ; ou tout a été essayé, ou réutilisé, tel le “fameux” gaz moutarde ! Pour approvisionner les deux belligérants, tout un système quasi-mafieux de vente d’armes va se mettre en place avec ce qu’on va appeler “le Cartel des Poudres”, la réunion des plus grands producteurs européens de poudre à canon, dans lequel la France va avoir une part prépondérante. C’est ainsi qu’un jour un vieux Boeing va faire son apparition à Lesquin. Un avion de Santa Lucia, société où la CIA est plus que présente et qui bénéficie du soutien de de bon Viktor… ce transport incongru, en prime, n’aurait pas eu lieu si en Europe les mois de juillet et août n’avaient pas été des mois de congés payés : c’est l’autre aberration de cet épisode.
Le conflit est un gouffre financier pour les deux pays comme notent si justement Walter de Bock et Jean Charles Deniau dans leur formidable livre “Des armes pour l’Iran”. Ils vont s’y ruiner tous deux. Une vraie mine, ce livre, un des rares ouvrages sur la question des livraisons européennes d’armes pendant le conflit dévastateur Iran-Irak. Une mine de révélations, aussi. Car c’est un conflit qui nous concerne, au premier chef, car la France, via la SNPE fera partie du “cartel des poudres” unissant divers pays créé par Karl-Eric Schmitz pour vendre au mieux de la poudre noire aux deux bélligérants. Cette poudre et des armes sont passées par Zaventem, Ostende mais aussi par Lille, comme le décrivent les deux auteurs.. Enorme révélation ! Nous allons emprunter de larges pans à l’ouvrage, tant il décrit avec brio le système que l’on vous explique depuis cinq épisodes déjà : tout d’abord la scène hallucinante du conflit.
“Lorsqu’en 1983, les experts occidentaux parlent d’enlisement de la guerre, ils ne croient pas si bien dire. Trois ans après le déclenchement des hostilités, à quelques modifications territoriales près, le conflit Iran-Irak stagne (…) Malgré ses efforts Rouollah Khomeyni ne pourra reconquérir les lieux saints de l’islam chiite que sont Nadjaf et Kerbala en Irak. Les attaques « Aurore » se déroulent selon un scénario immuable. L’artillerie lourde lance un tir de barrage en préparation pendant que les avant-postes cisaillent les barbelés et font sauter les mines pour faciliter la progression des fantassins qui arrivent ensuite. Peu de blindés, pas d’aviation, des cohortes d’hommes à pied montant à l’assaut de citadelles de sable en traversant des champs de mines. Les Irakiens, enterrés, attendent et repoussent la plupart du temps l’attaque. Les deux armées utilisent du matériel des années 80 pour mener une guerre qui ne dépayserait pas les poilus de la Somme (…) Petit à petit la tactique des « vagues d’assaut humaines », aussi meurtrières que vaines, va faire place à des « opérations ponctuelles limitées ». Cela veut dire que l’Iran renonce aux grandes offensives qui devaient abattre le régime de Saddam Hussein « comme un château de cartes ».
Face à cet enfer, les deux bélligérants achètent des quantités astronomiques de poudre et d’obus. “Le rapport du SiPRI suédois (institut international de recherches sur la paix) fait état pour les années 1983 et 1984 d’un accroissement considérable du nombre des pays fournisseurs d’armes et de munitions aux deux belligérants. L’Irak a reçu en 1984 ses approvisionnements de dix-huit pays différents contre trois en 1979 et l’Iran est alimenté par dix-sept pays contre cinq auparavant. Les experts du SiPRI remarquent que l’Iran reçoit ses armes aussi bien d’Israël que de Libye, de Syrie et de Corée du Nord. Ce qu’ils ignorent sans doute, c’est que ces trois pays ne servent que de transitaires, moyennant finance, à de l’armement occidental, principalement européen.”A noter les livraisons israéliennes, notamment en missiles sophistiqués et en roquettes Grad… les mêmes, datant du même âge, montrées récemment sur un port israélien (nous y reviendrons également).
On va même aller plus loin : “Il a été montré que la Grande-Bretagne avait exporté du thiodiglycol, le précurseur du gaz moutarde et du chlorure de thionyle, le précurseur des gaz neurotoxiques, qui ont été tous deux utilisés dans une attaque chimique à grande échelle contre l’Iran pendant la guerre Iran-Irak par le régime de Saddam Hussein (…) Le 21 Mars 1986, le Conseil de sécurité des Nations Unies a reconnu que “des Armes chimiques ont été utilisées à de nombreuses reprises par les forces irakiennes contre les forces iraniennes, mais le Royaume-Uni est resté inébranlable et s’est abstenu de voter ou de condamner les d’armes chimiques du programme Irakien. Ironiquement, en 2003, le Royaume-Uni a utilisé cette excuse pour envahir l’Irak”.
“En 1985, ce conflit est devenu le plus long conflit conventionnel depuis la Seconde Guerre mondiale. Bloquées à terre, les deux armées déclenchent l’escalade dans les airs, c’est la”guerre des villes”, ou sur mer en essayant à tout prix d’internationaliser le conflit d’où la “guerre des pétroliers “au cours de laquelle trente-huit navires seront détruits ou endommagés en 1985. Enfin durant l’été 1985, l’Irak va attaquer le terminal pétrolier de Kharg, par où transite 90 % des exportations de pétrole iranien. L’objectif, qui est d’asphyxier économiquement l’ennemi, ne se réalisera pas, bien que les dégâts causés soient importants. Le SIPRI note pour cette année 1985 l’apparition massive de nouveaux fournisseurs sur le marché lucratif du conflit Iran-Irak : le Brésil, l’Argentine, Taiwan. Ces pays, déjà remarqués les années précédentes, se taillent cette fois une place de choix au box office des marchands d’armes officiels. Ils sont moins chers, acceptent des conditions commerciales moins rigides et ne posent pas de questions. Les pays industrialisés ont-ils joué les apprentis sorciers en transférant leurs technologies dans ces pays qui produisentmaintenant à moindre prix les mêmes produits qu’eux ?”…
Et les stocks, il faut bien les acheminer. Bizarrement, c’est en Europe du Nord que ça va se passer :)-à Ostende, on l’a vu, mais aussi à… Lille. “Dans l’après-midi du 24 juillet 1985, un Boeing 707 décolle de l’aéroport de Lesquin près de Lille, dans le Nord de la France. Quelques heures plus tard, en pleine nuit, il touche la piste de l’aéroport iranien de Chahbahar près de Téhéran. Les services de sécurité y sont aux aguets. Cela fait plusieurs jours qu’ils attendent l’atterrissage de cet avion et ses numéros, NI4AZ et 9G-ACX, leur sont connus depuis une semaine grâce au ministère iranien de la défense. A peine arrêté en bout de piste, l’appareil est entouré par des militaires. Près de 25 tonnes de poudre sortent du Boeing qui est loué par la société Santa Lucia Airways. Les Iraniens recensent notamment près de 11 tonnes de poudre-propulseur pour munitions de calibre 35 mm. Il y a aussi près de 7 tonnes de poudre pour balles et quelques autres composants pour la fabrication de munitions diverses.Au même moment, à Anvers en Belgique, André Bract, l’administrateur-délégué de la sdciété Transammo, spécialisée dans le transport de munitions et d’explosifs, établit la facture de l’opération. C’est lui qui a organisé l’acheminement vers Lille, en camions, de la poudre, depuis les usines PRB, en Belgique, et Muiden-Chemie aux Pays-Bas. Cette facture doit être envoyée à une société suédoise du nom de Scanco appartenant à Karl-Eric Schmitz, un homme d’affaires qu’il connaît fort bien. André Bract sait parfaitement que la poudre était destinée à l’Iran. Et il n’a pas été troublé non plus quand il a jeté un coup d’oeil aux documents qui l’accompagnaient”.
Le numéro cité par les auteurs prêtera aussi à confusion : le 9G-AXC (et non 9G-ACX !) est un DC8, mais on le trouvait cet été 2010 encore à Ostende, aux couleurs de Meridian Airways, et juste aux côtés d’un Boeing en cours de démontage final. Meridian Airways, une firme ghanéenne sise à Ostende et qui ne trompe personne… c’est l’ancienne Air Charter Express, (ACE) fondée en 2005 (vu ici à Ostende en 2008 et en vol ici) avec ses deux DC-8 employés par le British Ministry of Defence sur la base de RAF Lyneham.. pour ravitailler l’Irak ! Les deux DC-8, depuis cet été, sont blacklistés et interdits de vol en Belgique pour défauts de maintenance répétés ! Or, à bien regarder, les fameux “Meridian” (bien entretenus pourtant !) ne sont autres que les non moins fameux “Ace Cargos” ceux d’une firme dont le siège est dans l’Arkansas… sur le Little Rock Municipal Airport. En fait, on trouve pourtant bien un 707 au même indicatif donné par les auteurs : l’ancien de la “West Africa Airline”, photographié ici à Mulhouse. C’est bien un cargo. Que l’on retrouvera sous les noms de Seagreen en 1994, et d’une firme “inconnue” des Caraïbes en 1987… on ne lui avait repeint alors que la queue : c’est pour y couvrir le logo de Santa Lucia Airways ! A Bruxelles, en 1986, sous on numéro de NI4AZ, il arborait le bon encore de Santa Lucia… Seagreen, la firme de David Paul Tokoph et son frère Gary ! Que tout cela est bien imbriqué ! Jonglages de numéros et de logos, avions dont on ne repeint que la queue ou dont on efface le sigle sur le fuselage : du grand Bout !
Selon beaucoup, Rossignol est un trafiquant bien protégé, comme je vous le disait déjà il y a deux ans : “ex-avocat et pilote issu des milieux d’extrême-droite – mais dire de mercenaires et de trafiquants d’armes qu’ils sont issus de l’extrême droite, c’est souvent un pléonasme”. Ronald Rossignol a été arrêté en France en 1984, accusé d’une banqueroute frauduleuse de quelque 130 millions de FF. Il était en affaires avec Mobutu. Et pourtant il disposait du plus vaste hangar de l’aéroport d’Ostende, à côté de la tour de contrôle ; sa cause était ardemment défendue par un haut respon sable de l’aéroport, Paul Waterlot. Son père était un proche collaborateur du ministre de la Défense belge, Paul Van den Boeynants ». » Une commission d’enquête du Sénat belge avait expliqué la difficulté de l’enquête sur les trafics de Rossignol par l’opacité des diverses contributions : le Boeing était loué par la branche ostendaise de la firme britannique ACS, soit Air Charter Service. L’avion, parti à vide d’Ostende, était piloté par un Américain et un Britannique et la transaction fut organisée par la compagnie Trans Balkan Cargo Service, basée à Amsterdam et utilisant les locaux ostendais d’ACS. ACS déclara avoir été trompée par la firme néerlandaise et, selon des experts militaires, le matériel exporté pourrait être un système bulgare de missiles portables Igla”.Nous allons les retrouver, ces fameux missiles…
Le système est rodé et c’est tout un montage sophistiqué, et cela passe par la fabrication de fausses commandes, nécessaires pour leurrer les douanes : “sur ces papiers il a. vu que la poudre venue de PRB était prétendument envoyée à une société près d’Athènes du nom d’Elviemek. Et que la marchandise qu’il est allé chercher chez Muiden-Chemie aux Pays-Bas était, apparemment, destinée au ministère de la défense de Belgrade. Curieuses cargaisons pour un• avion qui part de l’Iran ? Certainement pas pour André Braet qui jouit en Belgique, depuis de longues années, d’une sorte de monopole pour le transport de munitions. Le Belge est un homme-fige du Cartel dont les membres, aussi bien en Belgique, en Grande-Bretagne qu’aux Pays-Bas, apprécient la discrétion. Chaque fois que leur marchandise passe par la Belgique, à Zeebrugge, à Anvers et vers Lille ou Cherbourg, ils font appel à la Transammo. Ce qu’il fait aujourd’hui avec l’Iran, André Braet le faisait déjà dans les années 70 pour l’Afrique du Sud : remplir des docu-ments, régler les formalités douanières, puis envoyer la acture et, surtout, se taire. Avec lui, au moins, Karl-Eric Schmitz n’a pas besoin de faire semblant. Dans leur correspondance, ils parlent ouvertement de l’Iran, ce que les membres du Cartel évitent soigneusement. Ce rapport de confiance entre les deux hommes repose sur un petit secret : André Bract fabrique aussi, sous les ordres du Suédois, des faux en écriture pour duper les autorités belges, françaiseset espagnoles sur la destination réelle des fournitures du Cartel.”
Karl-Eric Schmitz ne l’a pas inventée, la poudre, mais il en a été le roi ! Comme le raconte ici ean-Philippe Miginiac : “Les Douanes suédoises ont très bien expliqué le fonctionnement du Cartel. Y participaient les plus grands fabricants européens de ” poudre “, Nobel en Suède, PRB en Belgique, SNPE en France, Nobel Explosives en Ecosse, Muiden Chemie en Hollande, Forcit et Kemira en Finlande, Rio Tinto et Snia Bdp en Italie, Vinnis en Suisse, Vass en Allemagne… qui, durant leurs repas d’affaire à Paris, Madrid, Genève ou Brugges, se partageaient les marchés. Au centre était Karl Erich Schmitz, l’organisateur, dont la tâche consistait à assurer les paiements et la logistique des livraisons afin de ne pas attirer l’attention des autorités. Comme l’expliqua lui-même Karl Erich Schmitz aux Douaniers suédois, la compagnie d’Etat Yougoslave, FDSP, acheta par exemple les quantité non-livrées par l’Afrique du Sud à des membres du cartel pour les livrer elle même à l’Iran… et pour ne pas attirer l’attention des autorités égyptiennes lors du passage du Canal de Suez, les cargaisons étaient sensées avoir pour destination le Kenya grâce à des faux certificats fournis par Karl Erich Schmitz. Les affaires étaient florissantes car Iran et Irak consommaient chacun à peu près, d’après les experts, dix fois la consommation des principales armées européennes en munitions d’artillerie lourde”.
Dans ce livre étonnant encore, on découvre que le transport de poudre, un produit lourd, est passé aux avions après les containers pour une raison très étonnante : la subite pénurie de containers due aux… congés d”été des fournisseurs habituels ! “C’est la première fois que Karl-Eric Schmitz fait appel à une compagnie aérienne pour ses livraisons à l’Iran. En raison des congés annuels dans le secteur maritime, il a pris cette décision, à la demande insistante de Téhéran qui veut à tout prix éviter l’interruption des livraisons. La guerre, elle, ne prend pas de congés. Au cours de l’été 1985, il y aura en tout, à partir de la France, deux vols pour assurerla continuité du trafic avec le régime de l’imam Khomeyni. personnes qui l’ont fréquenté en Belgique. Entre mars et mai 1986, la Santa Lucia a transporté des armes, pour le compte de la CIA, jusqu’à la base militaire de Kamina au Zaire. Elles étaient, selon le New York Times, destinées aux rebelles angolais de 1’UNITA. Le 23 mai 1986, un Boeing de cette même compagnie a emmené Robert McFarlane, l’un des hommes clé de l’Irangate, au Proche-Orient. Un autre Boeing de la Santa Lucia a servi, en novembre 1985, puis deux fois en février 1987, à des transports d’armes vers l’Iran à partir de bases militaires américaines.” Robert Mac Farlane, alors déjà en retraite, à bord d’un avion de la nébuleuse Victor Bout ? Les américains auraient donc déjà il y a 23 ans été complices, pour l’oublier 23 ans plus tard ?
Oui, et sans beaucoup de surprise, car les activités de ce dernier sont elles aussi au cœur du scandale des Contras. “McFarlane servait en qualité d’assistant au secrétaire d’État Alexander Haig, en 1981, comme il l’a écrit lui-même dans son livre “Taking the War to Nicaragua” et a dirigé la Restreint Inter-Agency Group (RIG) qui a formulé et exécuté les ordres de l’administration centrale de la politique américaine. Plus tard, en tant que National Security Adviser, McFarlane a exhorté Reagan à négocier un contrat d’armement avec des intermédiaires iraniens contre l’avis du secrétaire à la Défense Caspar Weinberger et le secrétaire d’État George Shultz. En mai 1986, après sa retraite, il a agi comme responsable de l’envoi de deux avions remplis de pièces d’armes livrées aux Iraniens. Lorsque le premier plan a échoué à gagner la coopération iranienne pour relâcher tous les otages, McFarlane a refusé d’effectuer le second plan et est retourné à les États-Unis où il a conseillé au président d’arrêter les livraisons. Quand les nouvelles de la mission secrète échouée a été publiée au Liban dans l’hebdomadaire Shiraa Al, avec des détails peu flatteurs et la confirmation de hauts responsables iraniens, le chef d’état-major de Donald Regan a tenté de raconter des histoires. McFarlane refusé de parler à la presse, mais a été secoué par l’accusation Reagan comme quoi il avait été l’agent unique derrière les transferts d’armes. McFarlane a rapidement envoyé un courriel à Poindexter le menaçant d’une poursuite en diffamation et avertissant qu’il “ne tolérerait pas les menaces de Don Reagan”. Mac Farlane, lâché par Reagan aura une triste fin de carrière : Découragé, et plutôt lâché et injurié par ses anciens collègues, McFarlane a tenté de se suicider avec une surdose de Valium le 9 Février 1987, disant qu’il avait failli à son pays. En 1988, il a plaidé coupable à quatre chefs d’accusation, dont celui de délit d’avoir caché des sources au Congrès pour son rôle dans le cover-up de l’Iran-Contra. Il a été condamné à deux ans de probation et une amende de 20 000 dollars, mais a été gracié par le président George H.W. Bush la veille de Noël 1992 avec les autres acteurs clés dans le scandale, au cours de la période “tordue” de la présidence de Bush (père). Ah, grâcier les vieux amis, le privilège présidentiel préféré semble-t-il…
Pour transporter, ce sera donc parfois aussi des avions : Mais Karl Erich Schmitz était surtout un organisateur génial qui savait résoudre au mieux tous les problèmes de transport. Ainsi c’est le Wall Street Journal qui révélait en 1987 que pour assurer deux transports d’explosifs vers l’Iran en 1985, Karl Erich Schmitz avait utilisé les services de la compagnie aérienne ” Santa Lucia Airways “. Le premier vol eut lieu le 24 Juillet 1985,transportant des explosifs de Muiden Chemie et PRB avec de faux certificats yougoslaves et grecs. Le second vol eut lieu le 14 Août de la même année, d’Israël vers Lille et de Lille vers l’Iran. Une commission d’enquête parlementaire belge confirmera en 1989 que Santa Lucia Airways, sous-traitant de la compagnie Belge Sabena, était bien connectée à des transports illégaux d’armes vers l’Iran et l’Angola.Santa Lucia Airways, aujourd’hui disparue, est une des compagnies aérienne connue pour ses liens étroits avec la CIA. Trois mois après Karl Erich Schmitz, d’ailleurs, Olivier North, le célèbre officier américain organisateur de l’affaire Iran-Contra avait en effet utilisé le même Boeing 707 de Santa Lucia Airways, immatriculé J6-SLF, pour livrer des missiles américains à l’Iran”.C’est celui-là qui décollera de Lille-Lesquin ! Ici photographié à Ostende en avril 85,et à Bruxelles en mars 1987… avec sa peinture queue de Tradewinds, son propriétaire précédent en train de ressortir. A noter déjà la technique consistant à ne faire que reprendre une déco existante : ici, seule la queue avait été repeinte ! Viktor Bout n’a rien inventé et a appliqué les techniques de masquage de la CIA !
L’avion lillois utilisait le procédé de dissimulation en fausse facture décrit : son trajet indiqué n’est pas celui de la réalité. Et cela donne des choses rocambolesques devant les pandores de la République : “Selon les documents officiels, les deux appareils partis de Lille auraient atterri à Athènes. Mais le prix de la facture correspond exactement à celui d’un vol Lille-Téhéran, le quintuple du prix habituel pour la capitale grecque. Ces deux expéditions ont d’ailleurs causé des soucis à André Bract. Le 24 juillet, quand ses camions ont voulu franchir la frontière franco-belge à Ménin-Est, les douaniers français ont bien laissé passer les trois premiers véhicules, chargés de poudre, mais ils en ont stoppé un quatrième qui transportait quelques centaines de milliers de détonateurs destinés, eux aussi, à l’Iran. André. Bract a eu beau plaider qu’un avion attendait, les braves fonctionnaires sont restés sur leur position : en France des détonateurs ne peuvent être transportés que par train. Et comme il n’y a pas de liaison ferroviaire entre la frontière belge et l’aéroport de Lille-Lesquin..” Des douaniers qui participent aux transferts d’armes on aura tout vu dans cette affaire, comme le précisent un peu plus loin les auteurs…
Mais continuons ce savoureux récit :”le premier Boeing de la Santa Lucia est finalement parti avec la poudre du Cartel mais sans les détonateurs. Lors du second voyage vers Lille, les camions de la Transammo auraient été escortés par cinq gendarmes français, de la frontière à l’aéroport de Lesquin. André Bract mentionne ce fait sur la facture destinée à la Scanco. Le coût, explique-t-il, est de près de 100 dollars par gendarme. Ces serviteurs de la loi ne se sont certainement pas rendu compte qu’ils couvraient, ce jour-là, une opération de contrebande. Qui a fait appel à eux et pourquoi ? André Bract ment-il ? Mystère.La direction nationale des enquêtes douanières à Paris pourrait sans doute dire d’où venaient et où partaient réellement la poudre et les accessoires pour munitions qui ont été chargés dans ces avions mais elle s’est toujours montrée évasive, malgré les demandes officielles, des douanes belges en particulier. Et pourtant des conventions obligent les pays européens à coopérer dans de tels cas.” Des avions de trafiquants escortés par la police nationale, avouez que c’est un comble !
Dans les deux Boeing de Lesquin il y a bien tout ce qu’il faut au final.”Une première partie des deux cargaisons a été officiellement fournie, comme on l’a dit, par la société belge PRB. Ils’agit, essentiellement, en dehors d’une tonne de poudre CBI, d’accessoires pour la fabrication de munitions, des détonateurs en particulier. Ce matériel a notamment pour origine un sous-traitant ouest-allemand, la Dynamit Nobel. La plus grande part des deux cargaisons était cependant composée de 28 tonnes de poudre venant de la société néerlandaise affiliée au Cartel, la Muiden-Chemie. Selon les factures de cette firme, il y avait dans’ le premier avion 6,9 tonnes de poudre Ml 155 mm et 11,9 tonnes de poudre 105 mm. Le solde a été transporté dans le second Boeing. Comme on l’a vu, ces 28 tonnes de poudre étaient prétendument destinées au ministère yougoslave de la défense à Belgrade qui a fourni, une fois de plus, un certificat de destination finale fictif. Cette filière yougoslave risque cependant d’être découverte à tout moment. Le 16 août 1985, Karl-Eric Schmitz s’en inquiète auprès de ses amis de Belgrade : “Les autorités belges ont demandé une confirmation que les marchandises, citées dans nos contrats, sont bien destinées à vous. Puisque nous venons de solliciter une licence d’exportation, il est important que vous apportiez cette confirmation. Sinon, on donnerait l’impression d’avoir, dès le début, préparé une opération de réexportation. Faites-nous savoir si vous pouvez nous fournir une déclaration dans ce sens”. Le trafiquant s’affole. L’ingénieux système, celui d’un cartel des fournisseurs de poudre européens est éventé… quant à Karl Erich Schmitz, il ne sera pas perdu pour tout le monde, et surtout pas pour Jean-Louis Gergorin (? ??)… KES, et sa fameuse “European Association for the Study of Safety Problems in the Production of Propellant Powder” (EASSP)…”
Dans l’affaire de Lesquin, Bout, via la société écran Santa Lucia Airways de son ami Roy Reagan n’a joué qu’au transporteur : c’est Karl-Eric Schmitz le vendeur d’armes. Les profits faramineux qu’il engrange donnent envie à Victor Bout de faire de même : dès 1987, il est déjà tenté de ne plus être simple transporteur : il devient comme Karl-Eric Schmitz vendeur et livreur. L’occasion de faire davantage de profits encore : ce qu’il apporte est une solution clés en mains. A l’époque, une fois Schmitz grillé, il devient le seul à pouvoir le faire. Et comme Schmitz…”Santa Lucia Airways, aujourd’hui disparue, est une des compagnies aérienne connue pour ses liens étroits avec la CIA. Trois mois après Karl Erich Schmitz, d’ailleurs, Olivier North, le célèbre officier américain organisateur de l’affaire Iran-Contra avait en effet utilisé le même Boeing 707 de Santa Lucia Airways, immatriculé J6-SLF, pour livrer des missiles américains à l’Iran”.
Claude Moniquet ne dit rien d’autre en définitive, même s’il se trompe sur l’Artic Sea : “les iraniens ont cherché à diversifier leurs approvisionnements dès 1984 : Le recours au trafic et aux achats illicites est né durant la guerre avec l’Irak et a été pratiqué de manière récurrente par Téhéran depuis les années 80 ainsi qu’en témoignent les quelques dossiers suivants … 1984 : le Suédois Karl-Erik Schmitz organise un vaste réseau d’approvisionnement de l’Iran, en passant notamment par l’Italie et la France” ..suit la liste des fournisseurs, dans laquelle on retrouve des gens tels que Jacques Monsieur, arrêté aussi depuis aux USA. La France, citée dans le conflit, nous ramène au Rwanda, où les avions de Bout font des rotations pour l’armée française…. Avec les profits réalisés, Bout peut songer à moderniser sa flotte… mais cela nous le verrons plus tard…
L’incroyable saga des Stinger, offerts, puis rachetés !
Dans toute la saga de Viktor Bout, il existe un autre chargement qui est très représentatif de l’ineptie qui a prévalu à une époque (et encore maintenant) au sein du Pentagone. C’est à l’époque des soviétiques que ça se passe, et les avions de Viktot Bout sont réquisitionnés pour apporter discrètement aux chefs de guerre afghans des armes pour abattre les hélicoptères russes. L’arme ultime : un lance-missile tout nouveau capable de toucher au but à coup sûr. Le Stinger, il s’appelle. Pourquoi charge-t-on Viktor Bout de ce genre de basse besogne ? Car officiellement, ce ne sont pas les Etats-Unis qui les ont fournis pardi… mais tout ne va pas se passer comme prévu… les russes partis en 1989, il en restait énormément sur place, de ses missiles. Et avant d’intervenir en Afghanistan, ce que les américains rêvaient de faire, il fallait songer à les… ramasser, de peur qu’ils ne servent contre les hélicoptères américains. Alors, le Pentagone va décider cette chose incroyable : après les avoir offerts, il va proposer de les… racheter. Au prix fort. Sans que le pays ne le sache…
En Irak, les activités de Bout sont pourtant clairement établies. 190 atterrissages (au moins) de ses appareils ont été répertoriés à Bagdad, au service de la coalition. Le gouvernement anglais étant le signataire des contrats : “Jet Line International, la société utilisée par le DFID (Department for International Development, lié au ministère des affaires étrangères) en Irak, est un transporteur de fret aérien avec des bureaux en Ukraine. L’aviation civile Les notices d’autorité montrent que Jet Line a transporté des véhicules blindés à Bagdad pour le DFID. Le lot a quitté Manston, l’aérodrome du Kent en mars sur un cargo Ilyushin ill-76 ne portant aucun marquage d’entreprise. La compagnie aérienne est censée avoir été identifié comme une entreprise de Victor Bout dans une lettre d’avertissement distribué aux postes diplomatiques par le Département d’Etat américain en juin de cette année. (…)Trois semaines avant le vol Bagdad, le 27 février de cette année, le DFID a engagé un deuxième société, Aerocom,pour amener des tentes au Maroc après un tremblement de terre. Aerocom, basée dans l’ex-République soviétique de Moldavie, a également décollé à partir de Manston. L’entreprise, qui est également connue pour avoir travaillé avec plusieurs opérateurs, y compris Jet Line, a été nommée dans un rapport de sécurité de l’ONU d’avril 2003 comme étant impliquée dans les activités illégales, la contrebande ou le trafic de lanceurs de missiles, de grenades, de fusils automatiques de la Serbie au Libéria”. Les deux entreprises ont été embauchés pour le DfID par Air Charter Service (ACS), basé à Kingston, dans le Surrey. Des Illyushin sans marquage extérieur, voilà qui n’est pas sans nous en rappeler d’autres…
Côté américain aussi Bout est de la fête : “L’armée américaine et les milliers d’entrepreneurs privés engagés pour restaurer les infrastructures en ruine de l’Irak ont besoin des fournitures nécessaires pour leur mission. À l’été, les Antonov sont en train de rugirur l’aéroport couvert de de cratères de Bagdad, transportant de tout, des tentes aux lecteurs vidéos en passant par les véhicules blindés et des kalachnikovs rénovées. Mais dans un embarras visible, les responsables américains ont appris plus tard que de nombreux avions russes ont été exploités par des sociétés travaillant pour Viktor Bout. Ses avions volaient pour des expéditions express pour l’US Air Force, des tentes pour l’Armée de terre, et l’équipement de terrain pour le pétrole et de personnel de KBR, une filiale d’Halliburton. Dans les mois qui ont suivi, l’entreprise phare de Bout a effectué des centaines de sorties dans et hors de Bagdad, en gagnant des millions de dollars sur le dos des contribuables américains”. Farah parle d’un embarras découvert plus tard : cela semble difficile à croire ; les américains ont travaillé avec lui pendant plus de dix années déjà… et savent très bien comment il maquille ses appareils en en changeant régulièrement l’enregistrement : c’est comme ça qu’ils livraient Massoud sans laisser de traces de leur implication directe : Victor Bout, ce n’était rien d’autre qu’un Air America d’une dimension supérieure !
Mais Lee Scott Wolosky a perdu la mémoire. Il ne sait plus qu’en 2005, pourtant, un de ses supérieurs au sein du gouvernement de G.W.Bush, et pas des moindres, avait pourtant reconnu l’implication de Bout dans ses transports pour l’armée, en y mettant les précautions dont on se doute. “Dans une lettre de janvier 2005 au Congrès, l’adjoint au secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz, avait admis que le ministère de la Défense a faire des affaires avec des entreprises qui, à leur tour, on confié en sous-traitance des travaux à des fournisseurs de second rang qui ont loué des appareils appartenant à des entreprises associées à M. Bout. Les responsables de la défense se sont occupés depuis à faire en sorte que les avions de Viktor Bout ne volent plus pour les États-Unis”, écrivait-il. “Neuf jours après la lettre de Wolfowitz lettre, un appareil que contrôlait Viktor Bout se posait à Mossoul, en Irak, selon les auteurs du livre”.
Quatre ans avant le 11 septembre, Viktor Bout est partout et transporte de tout avec sa flotte d’une cinquantaine d’avions déjà . il quitte sa base d’Ostende à la même époque et commence à se créer un empire véritable, profitant de toutes les occasions pour empocher de l’argent : “toujours en 1997, Bout monte une base dans un camp d’aviation abandonné à Pieterburg, en Afrique du Sud. Il construit une usine réfrigérante pour surgeler des poulets : un poulet surgelé coûte un dollar au kilo en Afrique du Sud et 10 dollars au Nigeria. Et c’est tout un tourbillon de compagnies : en août 1997 est créée Air Cess Swaziland qui fusionne avec un consortium local, Air Pass. En 1998 est enregistrée en Guinée Equatoriale Cessavia, pendant que naît en République Centrafricaine Central African Airways. Toujours en 1998 apparaît à Alma Ata, au Kazakhstan la Irbis, une compagnie cargo qui n’a pas d’avions mais utilise seulement des transporteurs de Air Cess. Il y a ensuite Transavia Travel Cargo, Santa Cruz Imperial, Flying Dolphin, San Air General Trading ( la plus grande partie des informations sur cette compagnie sont tirées du rapport de l’ONU sur le rôle des transports dans la violation des sanctions contre l’Unità en Angola, rapport du 21 décembre 2001). Selon la Komsomolskaya Pravda( du 2 février 2002), la flotte de Bout comprendrait une soixantaine d’avions cargo. En 1997, c’est Bout qui évacue au Maroc le dictateur déchu du Zaïre, Mobutu Sese Seko. En 1999, en plus des glaïeuls à Dubaï et des poulets congelés au Nigeria, il transporte aussi des troupes du contingent de paix de l’ONU au Timor”.
Difficile en ce cas d’ignorer ce qu’a fait Bout, et c’est aussi ne pas savoir comment USAID a acheminé pendant des années des vivres (et des espions !) comme je vous l’avais déjà dit, preuves photographiques à l’appui : “Sur un aéroport des émirats, on trouve donc logiquement des cartons d’USAID, manipulés par des soldats américains, pour être chargés à bord d’un drôle d’avion : un Ilyushin 76 d’Air Almaty, du nom de la capitale du Kazakhstan. Un avion conçu spécialement pour transporter… des chars. Sous son autre nom d’Irbis Air, on trouvait des avions d’Air Almaty, en réalité des avions de Victor Bout, dont les hangars (à Almaty !) jouxtent ceux de la firme nationale. Lui se promenait alors en Ouganda sous le nom d’Air Cess avec ses Ilyushin Il-18Gr, souvent aperçus à Djibouti. Bout faisait aussi souvent voler des vieux 727 Cargos, comme le UN-B2702, discrètement ciglé “cargo-cargo” et souvent aperçu à Sharjah, sa base de départ. C’était bel et bien un cargo appartenant à Victor Bout. Dont les avions ont donc aussi souvent véhiculé de l’USAID”. Parmi ces avions, le “célèbre” Antonov 12B, immatriculé 11007, d’East Wing, autre société écran de Victor Bout, employée régulièrement par… l’ONU.
“Il avait donc certaines qualités. Au moment où le Mur de Berlin tombait, il a acquis ces gros porteurs de l’armée soviétique, qui se vendaient pour peu cher à un moment. Et il a eu ce coup de génie d’aller en Angola pour une opération des Nations unies. Et il a donc fait voler ses gros porteurs, car l’Angola était alors le seul pays qui enregistrait ces avions comme appartenant à l’aviation civile. Et c’est comme ça qu’il a fait ses premiers millions” dit Stephen Smith. De vrais caméléons, ses appareils, tel celui-là : vu à Sharjah en 1999, et devenu 3C-OOZ deux ans plus tard. Repeint en Air Cess sous le numéro RA-12975 (et devenu Bulgare !), qui a fini sa carrière au Mukalla Airport, au Yemen (tiens tiens !), le 31 mars 2005, fortement endommagé et devenu irréparable. Sept tonnes de poisson fichus. Le poisson, moyen idéal de dissimuler…. de la drogue ! Des Antonov repeints, démontés, remontés, cannibalisés, devenu de vrais Frankenstein volants, faits de pièces détachées éparses remontées à la va-vite. Résultat, au bout des crashs mémorables, invariablement, tant les engins sont dans un piteux état. “En résumé, la Compagnie russe East Wing a fait voler pendant un an au moins un avion sous un faux numéro. Et tout le monde, y compris les Nations Unies, s’en doutait. L’avion avait aussi volé en prime pour la Lybie, sous le registre de Buraq Air Services. GST Aero étant l’une des dernières compagnies à faire voler des BAC-111, comme celui dans lequel on avait harnaché sur chaque siège des caisses de Kalachnikovs”.
Oublier USAID, et oublier aussi…. Massoud ! Qui avait livré et ravitaillé en armes le chef de la des moudjahidines du Nord ? Victor Bout ! Des voyages obligatoirement payés par… les Etats-Unis ! Car les fameuses caisses de missiles Stinger reçues par Massoud et ses acolytes chefs de guerre locaux comme Abdul Rachid Dostum, c’était lui qui les avaient transportées ! Dans l’ouvrage Ghost War, Steve Coll, prix Pulitzer, évoque la gestion catastrophique de ces Stingers amenés par les Antonovs de Bout. Une énorme gabegie et un autre détournement de fonds publics, encore une fois… Les américains ont tout d’abord donné les missiles aux afghans, pour les racheter plus tard, et bien plus cher ! “La CIA a fourni aux rebelles afghans des centaines de Stingers pour abattre les hélicoptères soviétiques et les avions de transport, entre 1986 et 1989 (…) Leur puissance a semé la peur au sein de milliers de piloteset de troupes russes. Après que les troupes soviétiques aient quitté le pays la CIA a craint que les Stingers soient achetés en masse par des groupes terroristes ou des gouvernements hostiles tels que l’Iran, pour en faire usage contre les avions américains transportant des passagers civils ou militaires” indique Coll.
Il fallait donc faire quelque chose. D’abord les rechercher … ces fameuses boîtes, et ensuite les racheter, via l’intercession de l’ISI pakistanaise, c’est ça la révélation étonnante : “entre 2 000 et 2 500 missiles avaient été donnés par la CIA aux rebelles d’Afghanistan pendant la guerre. Beaucoup étaient allés aux chefs de guerre associés aux dirigeants islamistes radicaux anti-americains .Quelques missiles avaient déjà été acquis par l’Iran. Le président George H. Bush et plus tard président Bill Clinton ont donc autorisé un programme hautement classifié autorisant la CIA à en racheter le plus possible, car disséminés un peu partout. le Congrès l’a approuvé en secret et a offert des dizaines de millions de dollars pour soutenir ces achats. Le programme a été piloté par le Near East Division of the CIR’s Directorate of Operations, qui a supervisé le tout via la station d’Islamabad. La tenue de dossiers détaillés fondée sur les numéros de série des missiles a permis à la CIA de rester assez proche du nombre de Stingers remis au départ. Mais une fois que les armes ont atteint l’Afghanistan, on en a perdu la trace. En 1996, la CIA estimait qu’environ six cent Stingers étaient alors en fuite…” quand on entend ça, on se dit que rien n’a changé depuis 1996 : quand le général Petraeus décide d’armer les milices sunnites, en 2007, il leur donne des armes sans numéros… “un pari risqué” note la presse. Aucune comptabilité sérieuse ne sera faite de ces distributions d’armes. Le 6 août, au même moment, on apprenait justement que le Pentagone avait perdu la trace de 190 000 armes destinées à être distribuées à la police irakienne, de 2004 à 2005. Ce qui avait fait dire à Rachel Stohl, une analyste du Center for Defense Information que “cela signifieprobablement que les États-Unis ont involontairement fourni des armes aux mauvais acteurs… mais qui arme qui, dans ce fichu pays ?
A la fin des années 90 les Stingers ont été quand même récupérés, en définitive, mais à quel prix ! “Ce programme de rachats est allé plus loin encore”, nous précise en effet Coll : “le programme a évolué ensuite en une sorte de suite de Guerre Froide avec enchères financières pour les seigneurs de guerre afghans. Le taux de rachat par missile variait entre 80 000 et 150 000 dollars pièces. Le service de renseignement du Pakistan (l’ISI) a traité la plupart des achats sur une base de sous-traitance pour la CIA, en profitant au passage pour prendre une commission sur chaque missile collecté. En partie parce que la puissance aérienne ne figurait pas beaucoup dans la guerre civile qu’a connue alors l’Afghanistan (en 1996), les chefs de guerre se sont révélés prêts à vendre leurs missiles. Le total des dépenses en espèces par la CIA sur les rachats des Stinger au milieu des années 1990, rivalise avec la totalité des liquidités des dons du gouvernement américain pour des raisons humanitaires d’assistance en Afghanistan au cours de ces dernières années. Les rachats des Stinger peuvent avoir amélioré la sécurité aérienne, mais ils ont aussi donné des liasses d’argent aux chefs de guerre qui ont détruit les villes d’Afghanistan”. Incroyable gabegie ! Inadmissible gestion ! On a enrichi les chefs de guerre en leur rachetant ce qu’on leur avait offert ! Inepte !
Mieux encore, en mai 2006,l’ineffable Lieutenant General retraité et manipulateur Hameed Gul enfonçait le clou en rappelant sournoisement aux USA que “le Pakistan n’avait pas fourni à l’Iran des missiles Stinger et que seulement 35 s’y étaient retrouvés, mais par erreur”… jouant sur le rôle qu’avait tenu le Pakistan et ses services spéciaux dans le retour des missiles égarés, ou laissant entendre que l’ISI aurait pu s’en garder. Juste assez, en quelque sorte, pour en démonter un bon tiers et les examiner à la loupe pour en faire des copies… une sortie qui revenait en écho le 28 juillet dernier avec les documents de Wikileaks qui montraient qu’effectivement des talibans avaient tiré soit des Stingers soit des SA-7s russes, des HN-5 chinois, (tous classés dans la catégorie des MANPADS ou “Man-portable air-defense systems”) en tout cas des missiles qui ont bel et bien abattu des hélicoptères, notamment un Chinook. Des “manpads” qui peuvent se retourner contre les propres avions de Victor Bout : il est fort probable que l’Ilyushin Il-76 (EW-78849) de TransAVIAexport Airlines qui s’est écrasé à Mogadiscio, en, Somalie, le 23 mars 2007, ait été atteint par un de ces engins. En fait, Gul ressortait un texte imprimé dans le numéro du 17 octobre 1987 du New-York Times. Celui indiquant à peu près les mêmes chiffres de Stingers “perdus” : une trentaine. Survenue en juin 87, avec une patrouille de mudjahidines conduite par Yunus Khalis(du Hezb-i-Islami) , qui, pour se rendre dans la province de Nimruz ont fait un détour… par l’Iran où ils sont tombés en panne d’essence. Et ont été faits prisonniers et leurs engins saisis. Les USA “amis”les avaient alors réclamés diplomatiquement… sans les obtenir en définitive semble-t-il… les Stingers n’avaient pas été “envoyés” à l’Iran, ils y étaient arrivés par mégarde. Khalis, après avoir versé taliban, serait mort au Pakistan le 19 juillet 2006. En 2009, épilogue de l’affaire des Stingers (du moins on l’espère !) un “complot” est déjoué aux Etats-Unis : un américain a réussi à acheter un des ces Stinger, qui se révèle être inopérant, el FBI a tout pisté depuis le début (a-t-il rendu l’engin inopérant avant sa livraison, on ne peut le dire). On craint en tout cas pour une attaque civile… mais on se rappelle de ce qui a dû se passer en Afghanistan, et que la censure militaire a refusé de reconnaître, ce que Wikileaks a révélé : des missiles du type Stinger ont bien été tirés contre des hélicoptères US ou de la coalition. “Une autre explication possibleest tout simplement que les Stingers et les autres missiles tirés à l’épaule ont été utilisés par des militants islamistes, mais contre des cibles militaires américains plutôt que des civiles. En Afghanistan et en Irak, les rapports sur les causes exactes d’accidents d’hélicoptère ou en jet sont difficiles à trouver. Dans une récente note sur le blog du Washington Post, le colonel Lawrence Wilkerson, qui a été chef de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat Colin Powell, a suggéré que 200 000 soldats américains en Irak et en Afghanistan “présentent un bien plus grande cible pour Al-Qaïda que la patrie des États-Unis. “Il est certainement possible que des missiles tirés à l’épaule ont fait quelques-uns des près de 5 000 morts américains dans cette guerre”, reconnaît enfin le New-York Times le 22 mai 2009. Combien y-a-t-il encore de Stingers dans la nature, et sont-ils encore opérants, on n’en sait strictement rien !
Le camouflage humanitaire
ViktorBout n’a pas tout inventé, mais presque. Il a su copier aussi : à observer la CIA arriver dans les cartons d’USAID, l’idée lui est venue de proposer ses talents à…L’ONU. Qui, comme bien des organisations, ne possède pas de flotte de transport privée. Aussi, quand l’organisme va lancer des appels d’offre pour ravitailler le Soudan ou le Congo, il sera le premier sur les listes. En bon gestionnaire, Bout saura même revenir à plein ; avec du poisson de grands lacs africains, qui feront un malheur sur les étals de supermarché européens. Voire des fleurs, des glaïeuls, pour les tables européennes. Bref, les avions de Viktor Bout vont se rendre indispensable dans un grand nombre d’opérations humanitaires, et ce sont les mêmes appareils qui livreront les armes. Parfois en même temps, sans que chacun ne révèle la mèche. En fait, les avions déguisés avec une croix rouge ou un énorme logo UN (United Nations) ce sont les français qui les ont inventé… au temps de Foccart.
Le camouflage humanitaire, encore une fois, inauguré par Viktor Bout au Rwanda puis au Soudan.” Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) dans un rapport indique que 90% des compagnies de fret aérien identifiés dans les rapports liés au commerce des armes ont été utilisés par les organismes des Nations Unies, l’Union européenne et des membres de l’OTAN ainsi que d’importantes organisations d’aide non gouvernementales. Par exemple, les missions de maintien de la paix des Nations unies au Soudan ont continué à utiliser un aéronef exploité par Badr Airlines, même après que le Conseil de Sécurité de l’ONU ait recommandé une interdiction du transporteur, en raison de ces violations de l’embargo sur les armes”, indique le rapport SIPRI. “Le rapport a également noté d’autres transporteurs africains comme Astral Aviation, African International Airlines et la Soudanaise enregistrées Trans Attico comme étant nommées dans les rapports de trafic d’armes”. Un appareil resté célèbre, celui de Trans Attico : “le 9 décembre 2003, un Ilyushin 76-TD (ST-AQY) effectuant un vol non autorisé Johannesburg-Kigali pour « Volga Atlantic Airlines » transportait du matériel dont les autorités sud-africaines n’ont pas pu établir l’identité exacte. L’oiseau aurait été de la volée Trans Attico. Il était aussi apparu dans celle de GST Aero, de Victor Bout.” nous précisait Arnaud Labrousse en juillet 2006.
Des avions humanitaires utilisés par des transporteurs d’armes ? Mais qui aurait bien pu inventer pareille vilenie ? La CIA, ça, on s’en doute, mais pas seulement… plusieurs pays ont fait de même. Dont la France, en Afrique, avec le maître des lieux du moment. “À la fin des années 1960, la grande affaire de Foccart devient le Biafra. Derrière, il y a la volonté de la compagnie Elf La compagnie nationale voudrait rafler une partie du pétrole nigérian guigné par les trusts anglo-saxons qui sont comme chez eux dans cette ancienne colonie britannique. En outre, il ne déplaît pas au général de Gaulle de planter quelques banderilles dans le pré carré britannique. En outre, pour le président français, il y a le symbole : un petit pays, le Biafra, qui résiste à un Nigeria beaucoup plus grand que lui et se bat pour son indépendance. Par conséquent, le général prend sans hésiter fait et cause pour les Biafrais. En principe, l’aide apportée par la France est humanitaire. Mais très vite, au milieu des caisses de médicaments ou des colis alimentaires, se trouvent des armes et des munitions. Autant de matériels militaires qui transitent parfois dans les avions de la Croix-Rouge. Un peu plus tard, un véritable réseau de transport clandestin se met en place avec l’aide de quelques mercenaires et d’agents du SDECE, tous liés à Foccart. Certains pays africains amis accordent un soutien logistique. À commencer par la Côte d’Ivoire dont le président, Houphouet Boigny, a sans doute été le chef d’État africain le plus proche de Foccart. L’aide aux sécessionnistes est aussi matériellement encouragée par l’Afrique du Sud”.
La France de DeGaulle et l’apartheid ?”Paradoxalement, Foccart, le grand ami de l’Afrique noire, a toujours soutenu les dirigeants du pays de l’apartheid ou encore le régime rhodésien de Ian Smith à qui il enverra des mercenaires. Bref, ce qu’on a appelé alors « le pouvoir blanc ». De façon encore plus étonnante, ses meilleurs amis africains ne lui en ont jamais tenu rigueur, parce qu’ils y trouvaient leurs intérêts. Sous Foccart, assurés de la confiance paternelle du général de Gaulle, ils vivaient paisiblement. L’aide française au Biafra cesse avec la disparition du général et l’élection de Pompidou, au moment même où tout indique que les Biafrais ont irrémédiablement perdu. Et malgré un odieux chantage à la faim, des milliers d’enfants mourront à cause de cette guerre du pétrole où la France sera également vaincue”nous dit Monsieur X et Patrick Pesnot dans “Morts suspectes sous la Ve République” (éditions du Nouveau Monde, 2008).
L’étude et l’analyse du crash d’Entebbe est un excellent résumé de ce qui s’est fait en Afrique ces dernières années, comme avait pu faire la France de Foccart. “Le Monitoring Group, a fourni des informations détaillées concernant un avion IL-76 cargo transportant des armes et des combattants de l’Érythrée à Mogadiscio. Lorsqu’on lui a présenté les renseignements (…) le Gouvernement érythréen a nié que les vols avaient eu lieu … Au cours de son mandat actuel, le Monitoring Group a obtenu une copie du contrat de vente de l’IL-76 à une société érythréenne. Une personne intimement familière avec l’opération a confirmé l’information contenue dans le précédent rapport du Monitoring Group a ajouté que la compagnie qui avait acheté l’avion était en fait une couverture pour le gouvernement érythréen. La personne a également indiqué qu’un acompte de 200 000 dollars avaient été versés par des diplomates érythréens basé dans un pays du Golfe au vendeur de l’avion … “Le groupe n’a jamais identifie la personne qui est censée connaître la dite transaction”. L’avion, ex-GST devenu Aerolift aurait cette fois carrément été acheté…. on retombe bien sur le procédé consistant à utiliser des intermédiaires pour ne pas remonter au donneur d’ordre : le procédé est par essence… mafieux.
En effet : “le Monitoring Group avait annexé au rapport sur Somalie, un contrat de vente d’un avion IL-76 à Eriko Enterprise (Érythrée). Selon le « contrat », l’acheteur est un certain Kelati Haile pour l’Érythrée et le vendeur est Evgueny Zakharov (de la Société Aerolift). Selon le Monitoring Group, Eriko Enterprise était une « couverture » pour le gouvernement de l’Érythrée et cette copie du contrat était censée prouver à certains quelle était l’implication érythréenne dans le transport d’armes à la Somalie. Pourquoi le gouvernement de l’Érythrée aurait eu besoin d’une entreprise “de couverture” s’il voulait acheter un avion ? De tous les avions disponibles à la vente, comment donc le groupe d’experts saisi pour choisir l’appareil a-t-il fait pour tomber sur le seul avion utilisé par Viktor Bout, celui de GST Aero que l’Union Africaine et DynaCorp ont utilisé jusqu’en mars 2009, avant qu’il ne s’écrase ?” On retombe sur les liens gênants…. et sur les contacts savamment entretenus par Viktor Bout.
Le gérant d’Aerolift évidemment ne proposant pas la même version. “Il a déclaré qu’au début de Juillet 2006, Aerolift été approché par un officier de haut rang de l’Eritrean Peoples’ Defence Force, qui a offert de payer 1,5 million de dollars pour l’IL- 76TD, l’enregistrement de l’UN-76496, qui, à cette date, était exploité par Aerolift. Puisque la valeur réelle de l’avion était dans la région de 1 million de dolllars, Aerolift accepté l’offre, même si l’avion n’était pas sa propriété, et a alors contacté le propriétaire réel GST Aero à Tachkent. Aerolift accepté de payer à GST Aero 1,2 million millions, laissant ainsi Aerolift avec un bénéfice théorique de 300.000 dollars … “
Sur le vol, voici l’opinion de Douglas Farah le 29 juillet 2006 : “deux fois en une semaine l’aéroport de Mogadiscio, en Somalie, a été le théâtre de quelque chose de presque jamais vu dans la décennie passée, l’atterrissage de deux avions gros de l’ère soviétique des IL-76 cargo … Lors du premier vol, l’avion était peint avec le marquage UN (celui de GST Aero donc !), un marquage indiquant enregistrement au Kazakhstan, sans autres identificateurs. Le deuxième vol a pu être le même avion (devenu S9-SAB par magie !), et si non, est un des appareils similaires de type Il-76 … Hmm, donc, un avion banalisé de construction soviétique probablement porteur grandes quantités d’armes, avec des vols à destination de pistes d’atterrissage éloignées … et un enregistrement au Kazakhstan … Cela correspond à une certain façon de faire connue. Il n’y a pas beaucoup de gens dans le monde de l’armement qui peuvent fournir à la fois les armes et le transport, qui connaissent le terrain et les dirigeants des milices locales … Bout a enregistré son Reem Air au Kazakhstan, y compris un IL-76 (celui-ci, le EX-054), et a piloté des avions plus petits régulièrement en Somalie ces derniers temps, à partir de Sharjah, UAE … Personne d’autre n’a ce genre d’antériorité. Les responsables du renseignement ont tenté désespérément de trouver des marqueurs supplémentaires sur l’avion. Mais si il vole comme un canard et cancane comme un canard, ça pourrait être un canard … ” Bref, on ne veut pas le savoir les autres avions “plus petit sont les An-32 de Viktor Bout.
Pour gérer l’avion, une équipe sophistiquée. “Des observateurs de la sécurité ont déclaré que les pirates somaliens travaillent avec des groupes sophistiqués faisant intervenir une cellule d’agents du KGB qui ont fait partie du réseau de Viktor Anatolievitch Bout. Bout a été arrêté tôt l’année dernière, mais certains de ses réseaux régionaux basée dans la ville portuaire de Kisamyo, avec des bases satellites dans Marka traitant des armes légères et de la drogue ont continué à fonctionner. Le même réseau est mis en cause pour le commerce des armes dans la capitale kényane Nairobi avec des armes fournies par Bircao et dans la ville du sud-ouest de Kalem.”
Si l’on comprend bien, cela signifie aussi dans ce cas que les Etats-Unis fournissent également les deux camps. Un homme clé est aux manettes : Richars Orth, et son lourd passé… d’entremetteur du Pentagone. “L’armement par les États-Unis à la fois des Ethiopiens et des Somaliens en préparation à la guerre n’a rien de nouveau. En fait, Wayne Madsen Report et son éditeur ont rendu compte en détail de renseignements secrets passés et actuels sur les activités de l’attaché américain à la Défense à Addis-Abeba, le colonel Richard Orth. Il était présent au Rwanda au lendemain où les États-Unis ont fourni des missiles surface-air qui ont frappé l’avion de la présidence rwandaise le 6 avril 1994, l’assassinat des présidents hutus du Rwanda et du Burundi et le déclenchement de la guerre civile entre rwandais et zaïrois / congolais qui a coûté la vie de plus de 5 millions d’Africains. Orth, attaché à la Défense à Kigali et au Rwanda, régnait sur la transformation de ces pays de langue française vers un État client des États-Unis avec les réfugiés de langue anglaise de l’Ouganda a mis en accusation. Orth, a tenté ensuite d’un faire plus en tant qu’attaché de Défense en Ouganda, où il cimenté la présence militaire américaine dans ce pays. Il est ensuite passé à Addis-Abeba où, comme attaché de Défense encore, il a aidé, Meles Zenawi, et a contribué à préparer l’incursion de l’Ethiopie en Somalie, et renforcé les positions de l’armée américaine à Djibouti et en Somalile, inclinant la politique américaine en faveur de l’Éthiopie dans sa guerre frontalière avec l’Érythrée, et coordonné les activités de renseignement de la Corne de l’Afrique”. Orth, venu ramasser l’influence française en Afrique : la “Françafrique” s’était dégotté un sacré concurrent avec lui !
Orth est omniprésent en Afrique apprend-t-on : dans le même temps, Kabila a bénéficié du soutien de l’ intérêt que lui portaient des militaires occidentaux. Kabila a été en contact fréquent avec Richard Orth, ancien adjoint de l’ U.S. Defense Intelligence Agency for Africa. L’agence, qui fonctionne comme un bras du Pentagone, fournit des services de renseignements aux combattants et des armes dans le monde entier. Pendant l’administration Clinton, Orth a été nommé attaché de l’armée américaine à Kigali la capitale rwandaise, peu avant que Kabila ne commence sa marche vers la RDC. En outre, d’anciens responsables du Pentagone ont agi comme conseillers militaires de Kabila à Goma, autrement dit ont produit un mélange dangereux d’affaires, de politique et de puissance militaire…. “
Résultat, on ne voit pas toujours ces circonvolutions cachées. Pour ça, il faut un accident, un crash, qui révèle d’étranges choses au grand jour. Cette fois une surprise de taille : Viktor Bout a amené sur place des missiles anti-avions, on le sait. C’est un de ceux-là qui vont abattre un des ces appareils : un autre paradoxe criant. “On pense que l’lIlyushin-76,l’ avion qui s’est écrasé à l’aéroport d’Entebbe il y a quinze jours, aurait été touché par un missile d’Al-Qaida. Les villageois qui ont vu l’avion descendre confirmé à la presse sur les lieux de l’accident que l’avion était en effet en en descendant. M. Yevgeniy Zakharov, le propriétaire de l’avion a dit à une agence de nouvelles de Russie après avoir passé cinq jours en Ouganda sur la scène de l’accident avoir montré clairement que l’avion cargo géré par l’homme d’affaires ougandais Sam Engola, vivant à Entebbe, en route vers la Somalie, a été soit touché par une roquette à partir d’un lance-grenade, ou par un missile Stinger pendant le décollage, lorsque ses réservoirs sont pratiquement à plein avec des tonnes de carburant à bord. Il appuie son argumentation en affirmant qu’il n’y avait plus rien de visible, et que tous les débris récupérés par les plongeurs couvraient moins de six mètres sur six région au sol … ” Cette version est corroborée par le rapport du Monitoring group sur le crash du 23 mars 2007, où un IL-76 cargo appartenant à Transaviaexport, une firme Biélorusse compana été abattu par des combattants du Shabaab utilisant un missile SA-18 (MANPAD, Man Portable Air Defence System). Un des six SA-18 donnés par l’Eritrée au mouvement Shabaab. Deux missiles avaient été tirés. The Monitoring Group montrait une photo immédiatement prise après le tir… impressionnant.
Le 13 décembre 2009 encore, un Ill-76 blanc aux réacteurs bleus se posait contraint et forcé à l’aéroport Don Muang de Bangkok, plein à ras bord d’armes. C’était encore un avion appartenant à Viktor Bout, via le serbe Tomislav Damnjanovic, (avec Misko Djordjevic) qui nous ramenait aux débuts de 1992 des aventures de Viktor Bout dans les Balkans (*). Bout est alors en prison depuis un an et demipourtant : la relève a déjà été prise. C’était un de des avions qu’on avait saisi : “c’est un Iliouchine IL-76, avec le numéro de série du fabricant MSN-3426765. Il s’est trouvé successivement en possession des sociétés suivantes, toutes liées à des allégations de trafics d’armes ou à des trafiquants : Air Cess, Air Pass, Centrafrican AL, GST Aero, East Wing, Beibars – liées au trafiquant serbe Tomislav Damjanovic – et maintenant “Air West Georgia”. Il a été utilisé par Viktor Bout à partir de 1997, pour transporter des armes vers l’Afrique pendant au moins dix ans. À cette époque, les Nations unies l’ont loué à GST Aero (elle-même impliquée dans les trafics d’armes) de 2003 à 2004. L’ONU s’en servait pour livrer de l’aide humanitaire” précise Hugh Griffiths. Mais nous n’en n’avons pas fini avec Viktor, qui a bien des choses encore à nous apprendre…
Les dépôts soviétiques à vider
Viktor Bout est né à Douchanbé au Tadjikistan, paraît-il (dans une interview il avait lui-même affirmé que c’est à Ashgabat, Turkmenistan…). Formé au GRU, le renseignement militaire soviétique, l’homme a installé sa première compagnie aérienne au Kazakhstan, puis d’autres en Moldavie (Aerocom et Jet Line, notamment installées à Chisinau) et en Europe (à Ostende, mais ça vous le savez déjà). Ce n’est pas à négliger dans son cursus : à Ribnita (ou est installée la “Moldova Steel Works” qui rapporte 60% du budget du pays !) et Tiraspol, en Moldavie, ont été installés les deux plus grands arsenaux de l’ex-URSS, avec le dépôt de Colbasna, qui occupe pas moins de 132 hectares dans le pays. Il y en a pour 56 000 tonnes au total ! Dans cet amoncellement d’armes en tout genres, Bout avait de quoi puiser pour alimenter des guerres pendant des années. Il ne s’en est pas privé, comme d’autres ne se sont pas privés de le faire en Albanie, autre pays transformé entièrement en dépôt de munitions, dictature paranoïaque oblige.La guerre froide et la crainte d’une invasion américaine terrestre ont fabriqué ces amoncellements incroyables d’armes légères qui ont fini par ruiner l’économie soviétique toute entière (et ses satellites). Pour évacuer dans le reste du monde, il fallait des moyens discrets : les trains étant contrôlés aux frontières et les containers sur les quais (bien que les exportations par bateau aient été florissantes), il restait les vols nocturnes, avec des avions démunis de tout marquage ou en arborant de faux. C’est là où va exceller pendant plusieurs décennies Viktor Bout. L’homme qui a transporté la poudre à canon par quadriréacteurs (voir cet épisode) va se faire un malin plaisir de vider (en partie seulement) les dépôts faramineux des soviétiques et de la Guerre Froide.
Les armes, les pilotes et les avions, et cela, c’est un officier de gendarmerie assez visionnaire et très pédagogue, Jean-Charles Antoine, qui l’a très bien décrit dans son rapport du 24 octobre 2009, intitulé “Le trafic d’armes légères à partir de l’Europe centrale et orientale et des Balkans”. Un texte clair, résumant la situation de manière limpide. Tout d’abord en chiffrant l’amoncellement d’armes dans la région : “Les arsenaux militaires de Ribnita et de Tiraspol en Moldavie comptaient environ 56 millions de tonnes d’armes légères et de petit calibre, laissées sur place par les troupes de la 14eme armée russe du général Lebed lors de son départ. Ces armes sont alors devenues une source d’approvisionnement pour tous les trafiquants du monde alors que la corruption était déjà la base de la vie économique moldave”. La Moldavie, donc, comme requin, et son remora la Transnitrie et d’autres pays accolés : “Dans la continuité de cet arc balkanique, en pleine sphère d’influence russe, l’Ukraine et la Biélorussie ont vu quant à elles leurs économies s’effondrer. L’Ukraine, qui possédait aussi de nombreuses usines de fabrication d’armement léger, a servi de plaque tournante pour l’approvisionnement des filières. Des dizaines de tonnes d’AK-47 (les fusils d’assaut kalachnikov) ou d’armes de poing ont été sorties des usines nationales ou des arsenaux militaires délaissés. Peu regardants et nettement moins onéreux que leurs concurrents, de nombreux pilotes d’avions ukrainiens et biélorusses au chômage ont offert leurs services sur le marché informel du trafic d’armement.”Des armes et des aviateurs, à disposition, sans oublier les avions militaires de transport russes, ukrainiens, biélorusses ou moldaves, désormais au chômage technique. Tous reconvertis dans le civil… avec leurs pilotes. Une véritable mine, dans tous les domaines… pour notre ami Viktor.
Une mine véritable, toute prête à servir à une économie souterraine. Le déclencheur sera l’exploitation des stocks colossaux de l’Albanie, ou la folie paranoïaque du dirigeant avait rempli le pays de poudre et de munitions. Ici, nous le savons bien, ayant consacré un bon nombre d’articles à la saga de la famille Diveroli, responsable de la dissémination de ces stocks. Le père du jeune homme vendeur d’armes, ainsi que l’oncle de ce dernier n’ont, rappelons-le, jamais été inquiétés par la justice américaine et proposent toujours en ligne la vente d’armements les plus divers. “Une seconde étape est apparue au moment des événements d’Albanie en 1997 durant lesquels les arsenaux nationaux ont été littéralement pillés. Les armes et munitions ont été récupérées par les groupes criminels albanais, et une partie a servi à armer la rébellion albanophone au Kosovo. Ces centaines de milliers d’armes ont aussi contribué à renforcer l’assise territoriale d’une nouvelle économie parallèle fondée sur le trafic de drogue en provenance de l’Asie centrale à destination de l’Europe occidentale après avoir transité par la Turquie – selon un même schéma que les filières d’immigration clandestine” note justement Jean-Charles Antoine. Question armement, à 14 kilomètres à peine de la capitale albanaise, un dépôt colossal : celui de Gerdec ; près de la piste deRinas, citée par notre gendarme ou le port de Durrës (“Dès le début des années 1990, les trafiquants ont utilisé les autoroutes Zagreb-Belgrade, le train Zagreb-Paris et, plus tard, les ports de Vlora et Durrës en Albanie, ou celui de Bar au Monténégro, pour acheminer les armes par bateau rapide vers les côtes italiennes. Les groupes criminels de la Sacra Corona dans les Pouilles ou de la ‘Ndrangheta en Calabre les récupéraient ensuite pour les revendre aux organisations du grand banditisme européen ou pour mener leurs propres activités criminelles”). Gerdec, le dépôt qui se volatilisera dans d’obscures conditions le 15 mars 2008, dans une explosion titanesque. Selon l’ex-ministre de la Defense démissionnaire, Fatmir Mediu ; l’Albanie, après Guerec l’Albanie disposaerait toujours de 100 000 tonnes de munitions diverses : la folie stalinienne d’Enver Hoxhaqui va durer de 1946 à 1985 (et même jusqu’à la chute du communisme) n’avait pas de limites. Bizarrement, le 3 juillet de la même année un autre dépôt en Bulgarie sautait également, à Chelopechene, à 10 km de la capitale Sofia. Ce jour-là, 1 494 tonnes de munitions exploseront. Là encore, l’origine de l’explosion était douteuse. On y parlait de projets immobiliers.
Le montage du trafic décrit est bien celui derrière lequel se cache Viktor Bout : “Des trafiquants ont été contactés par des chefs d’État, des chefs rebelles ou des seigneurs de guerre locaux pour mettre en place un trafic en recrutant tous les intermédiaires et en bâtissant le montage financier via des paradis fiscaux. L’opération passe par la corruption d’un responsable sous-payé d’un arsenal national dans un pays de l’Europe centrale et orientale ou des Balkans, puis par le recrutement de trafiquants appartenant à la mafia turque ou italienne ou à des groupes bulgares officiant sur les marges de l’Union européenne. Les armes légères ou de petit calibre et les munitions sont mises en caisses et conduites vers des ports ou des aéroports où des douaniers sont achetés pour ne procéder à aucun contrôle. Grâce à l’utilisation illégale de tampons officiels, les armes arrivent ensuite dans des zones de transit où elles sont récupérées et acheminées à destination des zones réelles d’utilisation, par avion ou par camion”, explique notre talentueux pandore. Le gendarme a bien tout compris ! Mieux encore : il désigne nommément le nœud du problème : le terminal de Sharjah, dont je vous avais déjà pointé l’importance : cette zone où le droit est inexistant, protégé par l’émir du crû, est bien la plaque tournante du trafic mondial. Et personne ne s’en offusque, personne ne le dénonce : trop de pays en profitent !
Sharjah, plaque tournante du trafic d’armes, selon notre pandore. “Le trafic mondial d’armes légères et de petit calibre en provenance des zones de conflits ou de l’Europe centrale, orientale et balkanique s’est développé grâce à la libéralisation des moyens de transport internationaux. La multiplication des compagnies aériennes a permis de faciliter l’existence de « refuges protecteurs » dans des hubs aéroportuaires peu regardants sur les règles du droit international. Ainsi, le hub de Sharjah aux Émirats arabes unis a longtemps servi à Viktor Bout pour abriter ses trafics sous plusieurs noms d’emprunt et plusieurs passeports de différentes nationalités. Louant et sous-louant des aéronefs, il créait des compagnies aériennes pour des durées limitées, ce qui lui permettait de conserver en permanence un temps d’avance sur les autorités policières et les services de sécurité. C’est un dispositif concerté de surveillance et de renseignement qui a permis d’interpeller Viktor Bout en Thaïlande en 2006 alors qu’il préparait une transaction au profit des FARC. Néanmoins, lorsqu’un trafiquant d’armes est interpellé, le marché est immédiatement récupéré par un remplaçant, tant la demande est importante et l’offre abondante”.
Le seul moment où notre zélé gendarme se trompe, c’est dans son interprétation de l’arrestation de Viktor Bout, où seule l’Amérique a compté, la Thaïlande se chargeant uniquement de négocier avec elle d’autres tarifs préférentiels d’armes en échange de l’arrestation du trafiquant. On ne peut parler de véritable “collaboration” : elle y a bien été forcée. En revanche, le successeur et ancien collaborateur de Bout sur des trafics bulgares a en effet bien vite repris la main une fois “le maître de guerre” arrêté.
Pour ce qui est de la Transnitrie, c’est clair au moins. Pour ce pays si… spécial, disons. Vestige du monde soviétique, figé depuis l’après guerre, une véritable erreur de l’espace-temps. Un pays à part, en tout, même son ciel est différent ! “L’espace aérien deTransnistrie n’est pas surveillé en effet, personne ne veut savoir ce que sont ces avions, dans ce sens, et combien de fois ils passent. Les fonctionnaires moldaves affirment que des avions de contrebande volent à basse altitude dans l’espace aérien de la Transnistrie, de sorte qu’ils ne peuvent pas être détectés par le radar”.Ça c’est la version officielle. De radars, il n’y en a pas, où ils ne fonctionnent que lorsqu’on a décidé de les allumer. C’est à dire rarement. “Officiellement, aucun vol ne peut être fait vers Tiraspol. L’agent du MGB Dmitri Soin déclare, en effet détendu : “Cette piste n’a pas été utilisée depuis cinq ans”. Or cela a été contredit par les informations que nous avons recueillies sur le terrain et par tous les preuves que nous avons reçu. Quand on regarde de loin, l’aéroport de Tiraspol semble être abandonné. Mais quand vous passez près d’un hangar, vous pouvez voir des gens commencer à être en mouvement et vous pouvez constater une disposition très bien organisée, militaire. En outre, personne n’a accès au hangar dix”. “J’ai entendu dire qu’ils ont cessé la modernisation de l’aéroport à cause de quelques malentendus financiers qu’ils ont eus avec l’Ukraine, en ce qui concerne la surveillance de l’espace aérien”, a déclaré le commissaire Prudnikov. Il a confirmé que certains vols avaient lieu de temps en temps. La même chose est confirmée par Leahu, qui a comme sources d’information le radar et de l’information “sur le terrain”. En Transnitrie, pays dirigé par un ancien membre du KGB devenu président. Et ancien directeur de la principale usine d’armement du pays, Elektromash, censée être une entreprise électrique ou de fabrication de pompes ! L’homme qui dirige également la distribution d’essence dans le pays sous le nom de Sheriff, mais aussi les casinos ou les supermarchés ! Bref, une belle dictature post-stalinienne, avec des gens très dangereux comme Soin à la tête du pays. Comme entreprises d’armements,là-bas, on n’à que l’embarras du choix : on trouve Metallorukav, Litmash Kirov, Electroaparataj, Electromash,Zavod Metalo – izdeli, et Moldavizolit à Tiraspol, Pribor Factory (Saliut, d’ex-URSS), Vehicle Construction Unit, Avtoremontni et Moldavcabel à Bender, ainsi que la Mechanical Factory à Dubasari, Pumps factory et MMZ Metallurgic Factory à Rabnita et Selihoztehnica Camenca (à Camenca). De quoi fabriquer chaque jour un arsenal complet !
Dimitri Soin, chef de la milice locale jouant au ministre de l’armement dans le pays et prenant en charge les transferts, d’une main, du dépôt géant de Colbasna. Tout en s’occupant de l’autre main (plutôt ferme) de la jeunesse : “avec la création de son mouvement de jeunesse, la Transnistrie veut prendre une assurance contre une éventuelle « révolution orange ». C’est ainsi qu’au début de 2005, ce mouvement de jeunesse est créé par des forces radicales transnistriennes. L’un des organisateurs est Dimitri Soin, un officier du ministère de la sécurité d’Etat de Transnistrie”. Le gag sinistre cette fois étant la découverte fortuite de rencontres et de liens entre Soin et Jean-Michel Fauve, d’EDF, grand représentant du lobby nucléaire et envoyé de… Dominique Strauss Khan, lors d’un entretien le 21 octobre 2005 entre Dimitri Soin et des représentants de “l’Association Réalités et Relations Internationales (ARRI)”, structure censée rassembler “des diplomates et des experts en relations internationales”. Réunion où le logo de ПРОРЫВ, PRORIV ou “Breakthrough” le mouvement de jeunesse fascisant de Soin était abondamment présenté sans que cela n’émeuve personne, visiblement. Que cherchait-on à a faire avec cet individu ? Que venait donc faire Fauve là-dedans ? Que vient y faire indirectement Strauss-Kahn ? “Le dirigeant d’EDF saisit immédiatement l’intérêt qu’il peut trouver à s’attacher les services de Dominique Strauss-Kahn Fauve a pu constater que l’ancien ministre est l’un des rares à l’époque à penser que les entreprises publiques françaises doivent conquérir des positions à l’étranger, contre l’avis de la direction du Trésor à Bercy et les tenants d’un secteur public exclusivement tourné vers des intérêts nationaux. Dans l’esprit de Jean-Michel Fauve, l’ancien ministre n’est pas seulement un excellent conseiller stratégique, il sera aussi un avocat solide et légitime pour vaincre les réticences des autorités de tutelle de l’État français”. Que vient donc faire un responsable du nucléaire français avec ce prétendu marchand d’armes à la sinistre réputation ?
La Tansnitrie ou la Bulgarie, toujours : “Au cours des 10 dernières années, il y a eu de nombreuses nouvelles concernant des sociétés bulgares vendant des armes aux républiques du Caucase. Le nom le plus souvent mentionné est celui de V. Podolean. Grâce à une société enregistrée en Dobrich, en Bulgarie, il a fait de la contrebande d’armes avec les séparatistes. Parmi les personnes l’accusant de cela, il y a le général Alexandre Lebed, ancien chef de l’armée 14 et l’un des fondateurs de la Transnistrie, Vasile Iakovlev”. Dobrich, et son ancien aérodrome militaire abandonné, avec ses vieux spectresdécrépis. Un endroit idéal pour que s’y posent des avions de contrebande… dans lequel Lebed est aussi mouillé…
Car, fait plus qu’inquiétant, dans le documentaire de Xavier Deleu de 2006 (*) , dont je vous ai déjà parlé (**), Soin s’était vu taxé d’avoir tenté d’acheter une arme… nucléaire : “Plus inquiétant, Deleu croise la route d’un expert pour l’ONU et pigiste occasionnel pour le Sunday Times. Brian Johnson Thomas se fait passer pour l’intermédiaire d’un groupe islamiste à la recherche de bombes radioactives, susceptibles de semer la « peur dans les capitales européennes ». Côté transnistrien, un certain Dimitri Soin mord à l’hameçon : il réclame 500 000 dollars pour trois spécimens et 5 000 dollars pour les voir. Le Sunday Times n’ira pas au bout du marché, par refus de « verser de l’argent à un trafiquant d’armes », écrit Johnson Thomas. Deleu ne fournit donc pas les preuves de ce trafic, pas plus que celles sur la disparition des 100 valises nucléaires soviétiques. Mais le faisceau d’indices et de documents, la multiplicité des interlocuteurs éclairent la réalité de ce trafic qui gagne les zones de conflit. Et illustre un terrible paradoxe : de cette « terre qui est, fut et restera russe », selon l’un des « patriotes » interviewés, partent des armes russes qui tuent des… Russes”.
Cela, je vous l’avait déjà dit en mai 2008 :”Une “Dirty bomb”, de tout petit format, annoncée pour 200 000 dollars. Avec leur vecteur de dispersion, puisqu’il reçoit en même temps une offre pour quelques missiles Alazan radioactifs, parmi les 38 du stock existant… avec comme interlocuteur exclusif… Dimitri Soin. Le tout vendu avec la signature sur des papiers officiels du ministre de l’Environnement local, Y. B. Cheban ! Interrogé, le général Bernard Aussedat, expert militaire à l’OSCE ne remet pas en cause la véracité des documents que lui remettent les journalistes : selon lui, la Transnistrie trafique clairement dans l’armement. Et même dans le nucléaire ! Johnson, spécialiste des trafics d’armes, n’en est pas à son coup d’essai : il a récidivé en 2007 en Somalie, en se faisant passer cette fois pour un représentant de l’Union of Islamic Courts (UIC), organisation liée à Al-Quaïda, auprès d’Alexander Radionov, un Russe, qui voulait lui vendre 8 tonnes d’armes, à bord d’un Antonov 12 BK N° 8345805 de Victor Bout, et son entreprise Air Cess. Le fax reçu à Guernesey indiquait “Nous aimerions recevoir à l’avance le montant total $ 200,000 (£ 98,000) pour le positionnement des aéronefs. Le coût de chaque vol sera de 50.000 $ plus les dépenses sur le terrain et le carburant exigé. Attendons votre réponse, Cordialement, Alexander Radionov “. Un Antonov, ou un Boeing 707, ce vieil engin numéroté 9G-OAL, numéro 19350, d’une compagnie Kyrgyze basée à Sharjah, aux Émirats arabes unis, qui aurait aussi pu servir au transfert envisagé. L’avion était démuni de tout marquage extérieur, et croisait régulièrement à Sharjah les Illyiushin 18 bien connus d’Air Cess.” L’ancien général Lebed n’avait rien dit d’autre, en fait. Il le savait, car lui aussi y participait.
“Les rapports établis par les Nations unies et Amnesty International apportent une preuve claire en ce qui concerne l’implication de deux sociétés moldaves dans le transport transfrontalier d’armes aux frontières, dans les zones de conflits en Afrique. Les deux compagnies, Aerocom et Jet Line, sont enregistrées à Chisinau depuis 1997, respectivement, et elles sont contrôlées par Victor Bout. Les compagnies aériennes ont des locaux à proximité de l’aéroport international de Chisinau. Les rapports internationaux mentionnent que les armes des régions où de ces deux sociétés sont expédiés vers l’espace africain, et qu’ils comprennent également l’Irak et l’Afghanistan. Comme mentionné dans le registre du commerce Chisinau, les deux sociétés possèdent également une compagnie d’assurance de l’air, “Voyage AFES M” et travaillent avec deux banques : Victoriabank et Investprivatbank. (le T signifie que Victoriabank est également lié à Moldinkombank, également basée à Chisinau, où la centrale Cuciurgan est également actionnaire) L’un des propriétaires de AFES M est la plus ancienne société de Renan, contrôlée par les frères tchétchènes Moutaliev, anciens compagnons d’armes de Victor Bout”.
Or, ce sont bien les avions de Bout qui ont été vus à plusieurs reprises à Tiraspol. “Selon la presse internationale, les services secrets britanniques recherchent Bout au fond de la Transnistrie. De toutes les informations collectées sur lui, il ressort que des avions appartenant aux deux sociétés Aerocom et Jet Line se sont arrêté à Tiraspol et dans la région d’Odessa pour des raisons techniques. Les escales ont toujours été utilisées comme un prétexte pour le chargement ou le déchargement des armes dans les zones sous embargo”. Ce qui n’empêchera pas ses avions de visiter toute l’Europe… L’Antonov ER-AXK vu à Chisinau était vu à Marseille le 1er février 2006, bien fatigué. En juillet 2007, la société JetLine était interdite de vol par les autorités moldaves, sur recommandations de la commission européenne de sécurité aérienne. Il sera néanmoins repeint à neuf en 2008 à Chisinau. L’ill-76 de Jet Line visitera entre autres Ostende (le 28 décembre 2004 avec décollage de nuit ; venu d’Ivano-Frankov – en Ukraine- pour apporter de l’aide aux victimes du tsunami) et toute l’europe : Eindhoven, Maastricht, Dusseldorf, Zurich, Prague, Bratislava (avec un décollage à vide à l’arraché !), Budapest, Genêve, faisant admirer sa soute d’embarquement (et son plateau articulé), mais aussi Zaventem(le 21 juin 2003), et à Varsovie (de nuit, le 8 décembre 2004), pour le retrouver à Sharjah le 27 novembre 2004. Pour un marchand d’armes soupçonné au moins dès 1996, il a bien l’atterrissage facile partout… la liste des avions en 2004 de Jet Line comprenait de tout : des IL-76T : immatriculés ER-IBE. Avec ça, Viktor Bout pouvait répondre à toutes les demandes… Bref, le parc de Viktor Bout s’est considérablement étoffé à partir de 2001…. et va se renforcer en 2003, année où on fait appel à lui pour dépanner une armée américaine en mal de transporteurs…
Gerdec et la “Diveroli connection”
Et puis dans la saga Viktor Bout vient s’en insérer une autre : celle de la famille Diveroli, marchands d’armes américains issus d’une famille juive plutôt orthodoxe, qui va envoyer leur plus jeune de ses représentants négocier un improbable contrat avec le Pentagone. Un contrat mirobolant de 300 millions de dollars pour amener en Irak des munitions de Kalachnikov aux policiers irakiens. Le jeune garçon (il a 19 ans au moment de la signature du contrat !) va écrire sans le savoir un des plus beaux épisodes de la duplicité américaine en matière de ventes d’armes, en réussissant à refourguer des balles chinoises de plus de cinquante années extraites d’un dépôt albanais que les contribuables américains payaient pour le voir disparaître, ses munitions devant être vidées, la poudre d’un côté, les douilles de l’autre. Le tout se terminera en apothéose avec l’explosion massive du dépôt qui déclenchera même des sismographes, et un Viktor Bout ravi de faire la navette entre Rinas (près de Tirana) ou de Burgas (en Bulgarie) vers Bagdad, en passant par l’inévitable Sharjah. Mais la terrible explosion de Gerdec marque aussi la fin d’une histoire : huit jours avant, Viktor Bout était arrêté et emprisonné, par ceux qu’il n’avait pas cessé de servir, pourtant. L’explosion de Gerdec est bien le point d’orgue de cette histoire.
Ce sont bien les avions de Bout qui vont être réquisitionnés par le jeune entrepreneur sponsorisé par son père et son oncle. Les deux vendeurs d’armes, certainement “grillés” dans des contrats précédents qui s’étaient mal passés (l’oncle ayant une fort mauvaise réputation dans la vente) se sont servis du fils et neveu comme prête-nom. La première livraison du contrat de 300 millions de dollars signé avec le Pentagone a eu lieue le 16 mars 2007, effectuée par un avion cargo de Victor Bout parti de Bourgas, en Bulgarie. Avec à bord 110 000 grenades. “L’après-midi du 16 mai 2007, un avion cargo Ilyouchine Il-76 grondait sur le tarmac de l’aéroport de Burgas (ou Bourgas) en Bulgarie orientale, sa soute pleine de 110 000 grenades emballées à destination de Kaboul, en Afghanistan. L’ avion a décollé, a grimpé au-dessus des vallons de l’ouest et la mer Noire à l’est, et s’est dirigé vers la guerre “… A 10H30, le jeune Diverol avertit par fax le Pentagone du départ de l’avion. L’avion était parti directement direction Kaboul : “ce ne fut que vers minuit que l’Iliouchine a débarqué et un membre important de l’armée américaine à Kaboul a signé le certificat de conformité du chargement”. Avec ça, allez tenter de faire croire comme au début de cet article que les USA ignoraient avec qui ils travaillaient…. est de l’ordre du mensonge éhonté.
L’aérodrome de Bourgas et Bout sont deux vieilles connaissances, comme on a déjà pu le voir : à la fin des années 90, c’était son point de départ vers l’Afrique favori : “des enquêteurs de l’ONU ont découvert une petite tranche de ses activités en Angola. De juillet 1997 à octobre 1998, les avions de Bout ont effectué 37 vols à partir de Burgas, en Bulgarie jusque, à Lomé, au Togo, avec des armes destinées aux rebelles de l’UNITA en Angola. Le fret comprenait notamment 20 000 obus de mortier de 82 mm , 6300 roquettes antichars , 790 AK-47, 1 000 lance-roquettes, et 15 millions de balles comme munitions. La valeur totale des envois était estimé à 14 millions de dollars.” Avec une telle somme, il est évident que le tarif requis par Bout pour le transport a dû être également astronomique. Vendre des armes c’est comme vendre de la drogue : ça rend riche. “Un seul contrat avec l’Unità en Angola valait plus de 15 millions de dollars : pour ce prix l’Unità reçut de l’artillerie anti-aérienne, de l’artillerie de terre, des missiles anti-chars, des systèmes de missiles, des projectiles de mortiers, et 20 000 mines. On connaît au moins 38 transactions où Bout a violé des sanctions de l’ONU ” nous dit MARCO D’ERAMO dans l’éditorial du mardi 9 septembre 2003, d’Il Manifesto.
Riche, il l’est effectivement devenu : “Il possède (ou possédait, jusqu’à l’année dernière) un domaine agricole en Ouganda, une villa luxueuse au Sharjha, une maison à Kigali, capitale du Rwanda (où il hébergeait tellement de pilotes russophones que les gens avaient baptisé la maison « le Kremlin »). L’équation armes = diamants trouve sa meilleure application en Bout qui a transporté aussi bien les unes que les autres et a vendu au Congo les équipements pour creuser des nouvelles mines de diamant. Et d’ailleurs, les diamants interviennent tout le temps dans les relations entre Bout, Taylor et le Liberia, comme l’a révélé en 2002 aux autorités belges, le marchand d’armes de nationalité kenyane (mais au nom tout à fait indien) Sanjivan Ruprah, associé de Bout et jusqu’à présent le meilleur informateur sur les affaires de ce dernier : Ruprah -qui a un passeport diplomatique libérien- possédait plusieurs mines dans ce pays.” Ruprah, l’homme qui a fini par le trahir semble-t-il, ce que nous verrons plus loin dans cette (longue) enquête.
Tout a donc été supervisé par l’armée américaine, signataire du contrat de Diveroli, dans ce transfert : impossible d’ignorer le rôle de Victor Bout, et notre responsable “découvrant” en 2010 seulement les vols de Viktor Bout et soit un farceur, soit un fieffé menteur… Le contrat du jeune vendeur a bien été passé par le Pentagone ! Lee Scott Wolosky, l’ancien membre du contre-terrorisme sous Clinton a la mémoire bien trop courte ! Moins d’une semaine plus tard après sa première livraison réussie, en effet, l’équipe de Diveroli va à nouveau sabrer le champagne : “5 jours plus tard AEY (la société aux initiales des trois fils Diveroli), a décollé de Rinas, en Albanie (l’aéroport de Tirana), pour son nouvel envoi de cartouches de 7,62 mm pour AK-47 et de nouveau le champagne coulait à flots “. A Gerdec, en effet, il y en avait du stock ; on y recensait la bagatelle de 104 millions de cartouches de 7,62 mm un des calibres parmi les plus employés, car aussi celui de la Kalachnikov d’origine.
A Gerdec, il y avait aussi des responsables. Il n’étaient pas qu’Albanais : le dépôt avait été cédé à une firme locale liée à sa société mère… américaine. “Le 28 Décembre 2006, Mihal Delijorgji – un jeune, homme d’affaires talentueux et efficace, enregistre son entreprise, “Albdemil”, dont l’objectif principal est le « Démantèlement et l’exportation de toutes sortes de munitions”. Le siège de la société est déclaré à Gerdec. Patrick Henry Cornelious III, un représentant de la société américaine SAC (“Société des Munitions du Sud”), est un co-partenaire de la société Albdemil. Jusqu’à cette époque, il n’y avait pas de législation en Albanie qui aurait permis à une entreprise privée de faire une entreprise de commerce ou des munitions” note un document sur la corruption du pays. Le dépôt de Gerdec est géré par une firme américaine privée ! Et ce sont les avions de Vikt)or Bout qui vont le déménager !
Les appareils de Viktor Bout, je les avais déjà retrouvés en juin 2009 : “le premier avion était l’EW-76734 de Transavia Export, encore un prête-nom pour Victor Bout, un avion Biélorusse qui sera retiré du service le 31 mai 2009, vu à Burgas et à GellenKirchen en Allemagne, à Kaboul bien entendu, au Congo, à Kindu, à Larnaka, à Chypre, mais aussi à Vatry (à Châlons) à proximité d’un Boeing de Kalitta Air…dont les appareils sont aussi impliqués dans le même trafic (et ont tendance aussi à se crasher facile). A Kaboul, l’auteur de la photo de l’llyushin 76 de Bout note en 2006 un avion “Apportant de la nourriture et autres fournitures dans le camp de la FIAS à Kaboul sur une base hebdomadaire”… un vol hebdomadaire ???… Bout fournissait bien régulièrement l’armée US à Kaboul même ! En deux ans à peine, Efraïm est devenu riche avec près de 150 contrats signés : “D’ici la fin de l’année 2006, AEY avait gagné 149 contrats d’une valeur estimée à 10,5 millions de dollars. Diveroli louait un noir Audi A6 et avait trouvé un bel appartement, mais autrement, il vivait plutôt chichement. Il préférait un bar local à la scène somptueuse du South Beach club”. Il n’y a pas, l’éducation orthodoxe ça laisse quelques traces…” Issu d’une famille juive pratiquante, le jeune Efraïm Diveroli avait gardé ce mode de vie, malgré des frasques liées à l’alcool qui l’avaient déjà amené au poste de police à 17ans.
Ignorer le rôle de Bout, alors que ses avions ont été vus sur toutes les bases de l’Otan en train de croiser leurs avions, comme ce Boeing 707 de 1969 de transport de VIPs ou de soldats devient en effet impossible. Ce Boeing un avion cargo, lui aussi ancien de la Sabena et de Jet Charter Services, relève du mensonge. Ou, comme on l’a vu, croisant des avions de Kalitta Airways, paravent connu de la CIA et transporteur de drogue colombienne à leurs heures… ou à Sharjah, derrière des réacteurs de 707 démontés. Personne n’ignore, à ce moment comme maintenant, que Transavia appartient bien à Viktor Bout. Et tout le monde y fait allusion : “Son influence en Afrique était telle que par le biais de l’une de ces compagnies, la TransAvia Export Cargo Cie, il a permis l’acheminement sur le terrain d’humanitaires et d’agents de l’ONU en Somalie en 1993 ou encore de soldats français au Rwanda en 1994. Selon le journaliste Jean-Michel Vernochet, Viktor Bout a encore acheminé les négociateurs aux Philippines pour la libération des otages du groupe Abou Sayyaf en 2000 et participé aux transports de l’aide humanitaire au Sri Lanka après le Tsunami” note le 5 octobre dernier Yannick Vely dans Paris-Match.
Ignorer Bout via Transavia est donc impossible, car Diveroli appuyait ses commandes à partir du site de Gerdec, via un contrat signé par le Pentagone. Une fameuse histoire en fait, que ce contrat : ce dépôt avait touché 10 millions de dollars de la communauté internationale, dont 500 000 offerts par les Etats-Unis pour être nettoyé de ses munitions : la poudre devait y être récupérée séparément du cuivre des douilles. Au lieu de le faire, les albanais vont revendre les cartouches telles quelles…. à savoir des munitions parfois âgées de plus de 50 ans, aux douilles verdâtres, en mauvais état parfois, provenant surtout de Chine, revendues aux américains, dans un montage ahurissant ou tout le monde va se servir au passage. L’ancien premier ministre Sali Berisha, en premier, mais aussi Ylli Pinari, le directeur de la Meico (pour Military Export Import Company), la société chargée de superviser le démantèlement, effectué sur place par Alba Demil, une société dirigée par Mihal Delijorgji. Difficile à l’administration américaine d’ignorer ce qui se passait à Gerdec pour une deuxième raison : Alba Demil n’est autre que la société albanaise sous-traitante de Southern Ammunitions Company (SAC), une société… américaine véritable maîtresse d’œuvre de l’opération !
La corruption, dans le dossier d’attribution de la gestion du dépôt de Gerdec est évidente : le contrat est un de ces “no bid contract”, c’est à dire sans concurrence. “La société américaine SAC, a été choisie (on ne sait pas s’il y avait d’autres sociétés) dans la salle d’attente du Secrétaire Général du Ministère de la Défense, sur la base d’une présentation fournie avec un ordinateur portable présenté par le Colonel Ndreu. Mais ce qui est du SAC ? Southern Ammunition Compagny a été créé en 1975 et son activité principale est de vendre des bicyclettes et des équipements pour les armes sportives, et des munitions. La société est connue pour avoir eu beaucoup de problèmes avec les impôts aux États-Unis et a été 9 fois poursuivie par les autorités fiscales pour ne pas se conformer aux règles. Les journaux albanais prétendent qu’ Ammunition Compagny et Patrick Henry III C, est juste une société fantôme qui a vendu son nom américain afin de bénéficier d’armes et du trafic de munitions en Albanie. Baze Mero, un commentateur bien connu de la politique de droite et des partis, fait valoir qu’il existe de bonnes raisons de croire qu’il s’agit d’une pure histoire de corruption venue de haut.” Une société qui vendait des vélos et des pistolets à air comprimé (et de vrais également) est choisie pur démanteler l’un des plus gros dépôts de munition existants au monde : on croit rêver ! En fait de démantèlement, ce sera du trafic et de la revente, via la famille Diveroli-Botach. Et ses “spécialités”. Et ses fournisseurs attitrés comme “Grace-Ammo”.
J’ai expliqué ici la méthode : c’est pourtant simple : la plupart de celles annoncées comme neutralisées ou détruites ne l’ont jamais été… L’Etat albanais, corrompu au dernier degré, sinon au plus haut, a empoché l’aide de l’Otan, et s’est empressé de revendre les cartouches sur les marchés parallèles. Via sa mafia locale, une des plus violentes et des plus sordides de l’Europe. L’Etat albanais a lâché les cartouches de Kalachnikov pour 22 dollars les 1 000, tarif que se sont empressés de multiplier les intermédiaires, en n’oubliant pas d’arroser en retour ceux qui leur avaient offert un si juteux marché. Et donc en priorité Ylli Pinari, étroitement lié à un tout jeune surveillant de transaction : le propre fils du Premier ministre albanais, Shkelzen Berisha. Un garçon parfois comparé à d’autres peu recommandables. Les deux sous la responsabilité de Fatmir Mediu, le ministre de la Défense lui-même. Un Mediu qui déclare pourtant, le 12 décembre 2007, vouloir “donner” ces munitions à la coalition pour donner le change à la communauté internationale : “Le gouvernement albanais seraient prêt à donner l’excès de munitions pour qu’il puisse être utilisé efficacement dans des pays commel’ Irak et l’Afghanistan pour essayer de construire leurs forces armées pour la paix et la stabilité”. Donner ce qui a déjà été payé, la belle idée généreuse ! On n’entendra plus jamais cette proposition, faite pour appuyer la demande pressante d’intégration à l’Otan…Bref, une vente sordide, qui n’a pu avoir lieu qu’avec toute une série d’échelons corrompus.
Pour arriver à vendre ses cartouches albanaises, le jeune marchand d’armes de Floride qui manque visiblement d’expérience va en effet contacter Henri Thomet, un trafiquant suisse réputé qui dirige une société chypriote de vente d’armes, Evdin Limited, puis un deuxième individu qui lui sert d’intermédiaire sur place. Thomet possède deux sociétés de vente d’armes : Brugger & Thomet AG et BT International Ltd. Chypre, on le sait, par son statut spécial de pays n’existant pas aux yeux des autres nations, héberge un bon nombre de personnes douteuses. Le chapelet de contacts du jeune vendeur est en fait le même que celui de Viktor Bout. Et cela, le département d’Etat US le sait pertinemment : en 2005, quand les américains décideront de tout bloquer avec lui, ils éditent une très longue liste d’adresses le concernant : on y trouve AIR ZORI ou AIR ZORI LTD ou encore AIR ZORY LTD, qui possède deux adresses de sièges : l’une en Bulgarie, 54 G.M. Dimitrov Blvd, Sofia BG-1125, l’autre à Chypre : 6 Zenas Kanther Str, Nicosia 1065, Cyprus…
Heinrich Thomet travaille lui avec Shmuel Avivi, de Telon (“an arms-brokering company “based in Tel Aviv, Israel”), qui livre régulièrement l’ US SOCOM business”. Via Taos, une société installée à Madison, Alabama, mais qui est aussi présente à Belgrade, pour fournir le Socom. Autrement dit le célèbre U.S. Army Special Operations Command, les petits malins de Fort Bragg ! Créé en 1989, et dont le but est d’effectuer la logistique des Special Operations Forces. Bref, l’opération Diveroli de fournitures de vieilles munitions avariées est une “black op”, à savoir une opération liée au secret des opérations à part, cachées au Congrès. Le Pentagone achète ses propres munitions à des trafiquants reconnus, quand il s’agît de ne pas laisser de traces officielles ! Achète, mais ne gère pas précisément le stock : c’est ainsi qu’en 2007 on va constater la disparition d’une centaine de tonnes d’armes, deux ans après les faits. “De grandes quantités de petites armes légères de la Bosnie-Herzégovine, des stocks de guerre et des dizaines de millions de munitions ont été exportées et soi-disant envoyés en Irak par une chaîne de courtiers privés, et leurs entrepreneurs de transport, sous l’égide des États-Unis et le Department of Defense (DoD) entre le 31 juillet 2004 et le 31 juin 2005, selon des sources au sein de l’UE dirigée par les forces de paix (EUFOR) l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et le Bureau du Haut Représentant (OHR). Cependant, de savoir si une série d’expéditions de fusils d’assaut AK47 documentés comme pesant 99 tonnes au total on atteint ou non l’Irak est impossible à déterniner” dit un excellent rapport implacable d’Amnesty International. Cent tonnes d’armement, dont on a perdu toute trace… Viktor Bout aurait-il joué avec le feu en 2005 en détournant ses 100 tonnes, soit au bas mot le contenu de deux Il-76 ? Force est de constater que les poursuites contre lui coïncident pile avec cette étrange disparition…
Les armes délivrées par Taos ont été transportées, elles, par Aerocom, l’une des deux sociétés Moldaves de… Victor Bout , et ont bien été commandités par le Department of Defense américain nous dit également Amnesty, qui dénonce la gabegie et le manque de sérieux des opérations : “Le DoD américain et son sous-traitant principal des États-Unis, Taos, ne semblent pas avoir un système efficace pour veiller à ce que leurs sous-traitants et sous-traitants n’utilisent pas les entreprises qui violent les embargos des Nations Unies, ni également de ne pas utiliser les entreprises de fret aérien pour les livraisons d’armes qui n’ont pas de certificat valable d’opérer, malgré les clauses relatives à la conduite illégale, par les entrepreneurs et sous-traitant dans les accords d’approvisionnement du DoD, dans la fourniture à l’Irak.”Je trouve choquant qu’elle (une entreprise de courtage bulgares) a utilisé une entreprise (une compagnie sans licence moldave de fret aérien, Aerocom, qui avait violé un embargo sur les armes) impliquée dans la contrebande ” note un militaire US, rapporté par Amnesty. En résumé, les avions utilisés étaient illégaux et département d’Etat US avait fermé les yeux !
En 2007 encore, les avions de Viktor Bout achemineront à l’armée US d’autres ventes d’Efraïm Diveroli, dont des gilets pare-balles, des lampes à forte intensité et des viseurs à amplification de lumière. “En février 2007, le Département d’Etat a signé un ordre d’achat de 70 330 $ pour la fourniture par AEY de gilets pare-balle. Également en février 2007, le Département d’Etat a signé un ordre d’achat de 166 357 $ pour AEY pour 340 systèmes d’armes Halographic et 400 RICO Alpha 9 Systèmes. En juin 2007, le Département d’Etat a signé un ordre d’achat 34 878 $ pour davantage de gilets pare-balles.” Des ventes toutes droit sorties du catalogue de son oncle Botach !! Catalogue dans lequel elles sont présentées comme des “BlackWater I-O Hard Armor Plate Carrier Vests” ou des “BlackHawk”, vendues de 25 à 120 dollars pièce. Le contrat de l’armée est clairement défini. Le 19 mars 2007, l’armée US le publie officiellement : “AEY Inc, Miami Beach, en Floride, a reçu le 13 mars 2007, un montant de 48 717 553 dollars, dans le cadre d’un contrat total de 298 004 398 dollars pour des munitions diverses destinées aux Forces de sécurité en Afghanistan. Le travail sera effectué à Miami, en Floride, et devrait être achevé d’ici le 30 décembre 2008. Les versements des fonds du contrat n’expireront pas à la fin de l’année fiscale. Un nombre important d’appels d’offres avaient été lancés par l’intermédiaire du World Wide Web le 28 Juillet 2007, et dix offres avaient été reçues. L’US Army Sustainment Command, Rock Island, Illinois, est chargé de la réalisation du contrat (N° W52P1J-07-D-0004). ” Or cette année là, c’est le plus gros contrat de l’armée américaine, et de loin. Le second est remis à General Dynamics, et il est de 114 millions “seulement” pour développer un “Expeditionary Fighting Vehicle” amphibie… une énième “danseuse” au Pentagone. L’engin est en effet toujours en développement… sur le contrat de Diveroli, nulle indication du transporteur recommandé ou à utiliser… ce sera Viktor Bout.
Et ce n’est pas fini encore, comme je l’avais déjà précisé : “Efraïm vend toujours en 2007 et 2008, alors que dès 2006 déjà, des gens, au sein de l’armée s’étaient posés de sérieuses questions à son encontre, révèle l’enquête du Congrès. “AEY et son président, EfraimDiveroli, étaient sur la liste d’alerte dès avril 2006 sous la surveillance de l’ US Immigration and Customs Enforcement (ICE) qui avait ouvert une enquête de la société en 2005 pour “de nombreuses violations de la Loi sur les exportations d’armes et des contrats frauduleux”, selon le Comité de Surveillance de la Chambre “. Néanmoins, l’état fédéral lui passe encore commande pour plus de 100 000 dollars d’armes : “pourtant, selon un site Web du gouvernement qui suit les activités relatives aux marchés du gouvernement fédéral, le Département d’Etat au 1 décembre 2006, a signé un ordre d’achat de 113 967 dollars avec AEY pour fournir un lot de mitrailleuses légères K3”. Le 12 décembre 2006, pourtant, une enquête du Département d’Etat avait conclu à de nombreuses inquiétudes (“suspicions”) à l’encontre d’AEY : “Il semble y avoir plusieurs caractéristiques suspectes chez cette société, y compris le fait que Diveroli est seulement âgé de 21 ans et a négocié ou a concouru pour plusieurs millions de dollars impliquant des fusils d’assaut semi-automatiques. Les futures demandes de licence impliquant Diveroli et / ou son entreprise doiventt être soigneusement examinées. “.. . note le vérificateur. Et pourtant rien de tout cela ne va se faire. Ce qui ne peut s’expliquer que par des protections en haut lieu… en échange sans doute de part de gâteau (des responsables militaires américains ?). Ceci jusqu’en mars 2008, où sa licence de vente lui sera enfin retirée. Durant toute la période, vendeur comme transporteur ont agi en toute impunité, pour des montants de contrats assez faramineux.
La licence de vente est jetée au panier alors que le mois précédent Gerdec a sauté, emmenant tous ses secrets dans une explosion qui sera ressentie par les sismographes européens (ou même l’émission de TV Big Brother locale. A-t-on décidé de s’en séparer ? Le dossier de Diveroli n’était-il pas une patate chaude que personne ne voulait plus assumer ? Etrange, fort étrange coïncidence comme enchaînement. Gerdec saute le 15 mars 2008, les contrats de Diveroli sont rompus à la même date… Quelqu’un a-t-il cherché à volatiliser la manne de Diveroli ? Le gouvernement albanais a t—il cherché à supprimer ce qui pouvait être un scandale énorme ? Un concurrent évincé de la SAC s’est-il vengé ? Toutes les options sont possibles ! Huit jours auparavant, le 6 mars 2008, vingt jours avant la parution de l’article du NYT sur les découvertes des munitions de Gerdec chez les… talibans, Victor Bout, dont les avions remplis de munitions faisaient encore des rotations à Rinas… était arrêté et emprisonné en Thaïlande. Les américains venaient de retrouver une partie des 99 tonnes de munitions disparues ? Ou plutôt : le New-York Times avait trouvé ce qu’il n’aurait jamais dû trouver… ???
Les américains avaient acheté en effet en une seule année près de 80 millions de cartouches et 100 000 roquettes pour bazookas RPG-7, soit, comme le dit le journal anglais Daily Telegraph : soit 15 fois les besoins de l’armée anglaise !!! L’armée afghane avait-elle besoin de 100 000 roquettes ? Les talibans ne disposent en face d’aucun char ! A qui d’autre pouvait être destiné cette incroyable commande ? Là est bien la question : Bout aurait-il servà l’impensable ? Questionné, le gouvernement de G.W.Bush avait eu cette incroyable répartie : “l’administration Bush a dit vouloir la traiter en raison des inquiétudes que le prochain président pourrait être un démocrate, éventuellement Hillary Clinton, qui pourrait abandonner l’Afghanistan “. C’était grotesque comme réponse, et renforçait surtout l’idée d’un armement… d’en face, pour faire durer la guerre plutôt que de chercher à l’arrêter faute de munitions ! “Abandonner l’Afghanistan”, ou y faire perdurer une guerre rémunératrice pour certains ? Viktor Bout n’aurait été qu’un maillon, certes, mais qui savait à qui était destiné véritablement ses millions de balles transportées : il savait d’où elle venaient (de Gerdec) et à qui elles étaient destinées… (en défintiive… aux Talibans !) !
Que ce soit avec Aerocom ou Transavia Export, le Pentagone a donc bien signé des contrats de transport avec des sociétés dont les américains ne pouvaient ignorer le propriétaire : en 2005 quand on commence enfin à s’attaquer à Viktor Bout, dans la liste des société désormais interdites, les deux figurent en bonne place. Or le contrat de 300 millions de dollars du jeune broker en armement a commencé à être effectif le 16 mars 2007 alors qu’un mandat belge vise Viktor Bout depuis 2002 ! Pire encore : placé en difficulté par un sous-traitant local, Kosta Trebicka, et sa société Xhoi Ltd, Efraïm Diveroli fera appel à l’aide de… l’ambassadeur américain en Albanie, John L. Withers II, qui allait l’aider à se dépêtrer à la fois des paperasseries et des pressions du fils de l’ancien président, Shkelzen Berisha. Pour ce qui est de son intermédiaire sur place, Kosta Trebicka, on le retrouvera raide mort, éjecté de son 4×4 à plus de 45 mètres de sa voiture en pleine rase campagne, sur une piste où il n’y avait aucun obstacle. La police locale conclura à une faute de pilotage… dans le milieu des vendeurs d’armes, on a le volant difficile, sans doute. Surtout quand on envoie à la presse une cassette dénonçant le fils du premier ministre albanais comme responsable d’un gigantesque trafic d’armes !
PS : cet été, alors qu’on le pensait réfugié en Israël depuis 2008 car placé sous la menace d’un mandat d’arrêt du FBI, sur plainte du Pentagone pour fournitures de munitions défectueuses (des balles de mauvaise qualité avaient explosé ou fait long feu dans les Kalachnokovs !), Efraïm Diveroli a resurgi (passablement grossi)….tranquillement, en Floride ! Logiquement, il aurait dû recevoir la sentence de son jugement, ici, en novembre prochain. Il s’est fait arrêter une deuxième fois ce 25 aout 2010… en train de tenter de vendre… devinez quoi ? “De larges quantités de munitions” (des lots de chargeurs de 100 balles pour Kalachnikovs en fait) à des agents déguisés du FBI ! Il n’avait rien trouvé de mieux que de leur raconter qu’il importait des munitions de Corée du Sud, maintenant. Plus surprenant encore : l’homme, qui attendait son jugement, avait recommencé avec le même nom de société qu’en 2007, AmmoWorks ! Mais avait aussi créé depuis Advanced Munitions Distribution (qui dispose d’un site Web), Inc et Pinnacle Minerals Corporation (cette dernière société ayant curieusement son site dispo en arabe !). Parmi ses nouveaux associés, un dénommé Dejan Djuric, 29 ans, possédant une société appelée Balkan Export LLC (*). On croit rêver, mais non. Il vendait des armes sur le net avec le même nom de société avec laquelle il était recherché depuis deux années… Et le FBI l’ignorait ? Impossible à penser ! Et deux ans auparavant, le croirez-vous, le nom de Djuric était déjà apparu…. lors de l’explosion du dépôt de Gerdec ! Rideau là !
Advanced Munitions Distribution, Inc.”, “2228 Park Avenue”, “Unit 2”, “Miami Beach”, , FL, , “33139”, “(Also AEY, Inc. (Primary Record) ; Balkan Export, Inc. ; Diveroli, Efraim ; Djuric, Dejan, Mr. ; LOW, LLC ; Monahan, Aaron L., Mr. ; Pinnacle Minerals Corporation ; Shprecher, Jacob Franklin, Mr. ; aka Shprecher, Jake, Mr.)”, “B”, “ARMY”, “28-Sep-2010”, “Indef.
“Balkan Export, Inc.”, “2228 Park Avenue”, , “Unit 2”, , FL, , “33139”, “(Also AEY, Inc. (Primary Record) ; Advanced Munitions Distribution, Inc. ; Diveroli, Efraim ; Djuric, Dejan, Mr. ; LOW, LLC ; Monahan, Aaron L., Mr. ; Pinnacle Minerals Corporation ; Shprecher, Jacob Franklin, Mr. ; aka Shprecher, Jake, Mr.)”, “B”, “ARMY”, “28-Sep-2010”, “Indef.”
“Djuric, Dejan, Mr.”, , “Miami Beach”, , FL, , “33139”, “(Also AEY, Inc. (Primary Record) ; Advanced Munitions Distribution, Inc. ; Balkan Export, Inc. ; Diveroli, Efraim ; LOW, LLC ; Monahan, Aaron L., Mr. ; Pinnacle Minerals Corporation ; Shprecher, Jacob Franklin, Mr. ; aka Shprecher, Jake, Mr.)”, “B”, “ARMY”, “28-Sep-2010”, “Indef.”
Le gag de la liste étant Jacob Franklin Shprecher, lié à la firme JBI, une firme privée de recouvrement d’emprunts fédéraux….
La filière israélienne
Le rôle de la famille Diveroli-Botach avait été et l’histoire tellement étonnante (le Pentagone avait signé un contrat d’armement de 300 millions de dollars avec un gamin de 19 ans !) que la question s’est vite posée d’une possible filière israélienne de ventes d’armes illégales, tant le pays en regorge et tant il en produit. Vérification faite, il s’avère qu’elle existe bien et est même largement encouragée par le gouvernement du pays, qui utilise visiblement des moyens détournés pour vendre ses surplus. En prenant comme VIPs des anciens des services secrets, rompus aux déguisements les plus divers. Résultat, fin septembre 2010 on dénombrait pas moins de sept agents israéliens en prison pour tentative de vente d’armes illicites. Etat des lieux des preneurs d’ordre pour les avions de Viktor Bout…
L’armement, tout le monde s’y intéresse, et davantage les pays qui consacrent une grande partie de leur budget à en fabriquer. Les excédents créés ont tendance chez eux à se retrouver sur des marchés parallèles. Et paradoxalement aussi, ceux qui produisent le plus sont aussi ceux qui achètent le plus… voyez de qui je veux parler, là, à savoir, par exemple d’israël, qui n’a pas raté le coche dans ses transferts douteux, ou cette circulation illicite. Je vous en avait déjà parlé lors du conflit irako-iranien, où Israël et les Etats-Unis se sont entendus pour fournir le plus discrètement possible le grand ennemi du jour, à savoir l’Iran. Les Etats-Unis en pensant recevoir de l’argent “discret” pour alimenter un autre conflit, en pensant aussi nuire à Saddam Hussein et à se placer comme fournisseurs en armement de l’Iran, ce qu’ils vont aussi s’empresser de faire en fournissant à l’Iran leur grande spécialité, la roquette Grad. Celle des katiouchas russes que les israéliens ont constamment amélioré depuis 1967, date de son usage intensif pendant la guerre des six jours (des deux côtés comme ici avec ce modèle russo-égyptien et ici en Syrie). Ici, photographié à Bakou, un engin israélien de ce type, le terrifiant LYNX de 160mm, vendu à l’Azerbaïdjan, quel hasard ! (et ici un GRAD 21 de 120 mm à Yerevan). Ces longues boîtes de bois contenant ses longues roquettes, nous les avions retrouvées lors de l”affaire du Francop, manifestement un montage éhonté des israéliens réalisé avec leurs propres stocks notamment ces fameuses roquettes destinées à l’Iran et non livrées après 1985. Les numéros des containers masqués avec précaution par les israéliens (ici sur le rebord droit de la porte du container) ou les feuilles d’envoi collées au nom d’un ministère n’existant plus (comme ici) révélaient la supercherie : nous y reviendrons également plus en détail un jour où l’autre, tant les faits étaient probants. Les services secrets israéliens, en masquant informatiquement les numéros des containers avaient révélé leur traficotage… et leurs manipulations.
Lors du conflit iranien, les israéliens ont fourni leur stock de missiles Hughes Aircraft BGM-81 Tow et Raytheon MIM-23 Hawk, à la demande des USA, et ce sont les avions de Viktor Bout qui ont été affrétés pour ce faire, avec de faux papiers parlant de “chariots élévateurs” dans les caisses. Les personnes concernées par cet affaire iran-contras furent Michael Ledeen côté USA, l’envoyé de Robert Mac Farlane, et le marchand d’armes iranien Manucher Ghorbanifar côté iranien, avec entre deux Yitzhak Rabin, alors ministre de la défense israélien. L’argent iranien servant à alimenter la lutte anti-guerilla au Nicaragua, via Olivier North et sa base de la Mena dont nous avons déjà parlé et dont nous reparlerons bientôt ailleurs. Le saoudien Adnan Khashoggi (aujourd’hui à Marbella) alimentant le premier la pompe à versement. Un total de 2008 missiles Tow furent vendus aux iraniens ainsi que 235 kits de mises à jour pour missiles Hawk. Chez les iraniens, ces engins ont été depuis abondamment copiés et sont proposés aujourd’hui comme modèles natifs, exportables, notamment pour la copie du TOW sous le nom de Toophan (typhon), construits par AIOI (“Aerospace Industries Organization of Iran”). Le missile a évolué depuis en Toofan 5 et en Quaem, qui disposent du même lanceur simple et facilement déployable.
Comme appareil, c’est le Boeing 707-351C, numéro de série 18689, enregistré J6-SLF (ancien G-WIND de Tradewinds, et ancien American Airlines N7555A) qui avait servi pour ces transferts discrets. Des négociations, on retrouvera ces documents étonnants signés Oliver North : “Comme discuté avec vous hier, j’ai demandé à la CIA, au Département de la Défense et au Département de l’Etat de proposer une assistance pratique que les Israéliens pourraient offrir au Guatemala et au Salvador.” Un autre document de la même année, un fax adressé par Frederic Chapin, ambassadeur US au Guatemala, à Washington, explique qu’à un moment où les USA ne veulent pas apparaître comme fournissant une assistance directe au Guatemala, “nous avons des raisons de penser que nos bons amis les Israéliens s’apprêtent à offrir, ou ont déjà offert, des quantités substantielles d’équipement militaire au gouvernement du Guatemala à des conditions de crédit sur 20 ans”. Ah, les fameux ambassadeurs US, et leurs liens avec les services secrets…
Dés les années 80, Israël concurrence donc déjà les USA, pourtant, où s’arrange pour dévorer ensemble une part du gigantesque gâteau. “En 1981, Yaacov Meridor, membre du gouvernement israélien chargé de la coordination économique, s’exprima de la façon suivante : “Nous allons dire aux Américains : “Ne nous faites pas concurrence en Afrique du Sud, ne nous faites pas concurrence dans les Caraïbes ou dans tout autre pays où vous ne pouvez pas opérer ouvertement.” Laissez-nous faire. J’utilise même l’expression : “Vous vendez les munitions et les équipements par procuration. Israël sera votre mandataire.” Et cela serait concrétisé sous forme d’un certain arrangement avec les USA où nous aurions certains marchés … qui serait laissés pour nous.” Et le directeur du marketing de la société de Yair Klein (cf. Colombie) explique : “Les Américains ont le problème de l’opinion publique, de l’image internationale. Nous n’avons pas ce problème.” En Amérique du Sud, le lobbying israélien d’armements se fera sentir en Colombie notamment avec la livraison de fusils Galils, qu’on retrouvera autant chez les forces de l’ordre que chez les narcos-trafiquants. Un général israélien résumera la situation ainsi : le général Peled Mattityahu déclarera en effet qu’”en Amérique centrale, Israël fait le« sale boulot » d’entrepreneur pour l’administration américaine. Israël agit en tant que complice et le bras droit des États-Unis. ”
Il exporteront leurs Galils avant de les produire sur place : “En Colombie on peut voir les fusils d’assaut noirs partout. Tant l’armée, appuyée par les Etats-Unis, que la police nationale, les utilisent. Ce ne sont pas, comme on pourrait se l’imaginer, des fusils M16 mais bien les fameux fusils d’assaut israéliens Galil, une imitation des séries russes Kalashnikov, mais commercialisées en Amérique latine avec un calibre plus petit et plus rapide (et destructeur) .223, le même que celui du M16. Le Galil est fabriqué par les usines militaires israéliennes depuis 1972 et est considéré comme un succès. Cependant, les israéliens n’utilisent pas beaucoup le Galil lors de leurs opérations internes (et externes) car ils obtiennent des M16 gratuitement des Etats-Unis. En Colombie cependant, les industries israéliennes n’installèrent pas une usine de munitions mais bien une usine complète de fabrication des fusils d’assaut Galil à Bogota. Dans la version colombienne de l’arme, seul le canon est importé d’Israël. Qui paie cela ? La Colombie ? Cela mérite réflexion. Les fusils d’assaut sont payés par l’aide militaire américaine tant à Israël qu’à la Colombie. Ainsi, c’est une fois de plus l’inconscient contribuable américain qui assure la bain de sang en Colombie”.
Les israéliens, pour écouler leurs stocks d’invendus du conflit iranien, ont eux aussi leurs mafieux de service : quand l’Iran ne représente plus un marché mais un ennemi, ils scrutent les marchés possibles : et tombent comme tout le monde sur le Soudan, un conflit terrible dénoncé par tous, mais ou tous se sont précipités en douce pour fournir les belligérants. Les faux papiers d’envoi, l’âme même de tout bon transfert illicite d’arme, le césame nécessaire pour tromper les douanes ou la police des frontières doivent être fabriqués et ils le seront par un… israélien sans scrupules. En décembre 2004, la Jordanie arrête deux israéliens soupçonnés de trafic d’armes aux rebelles soudanais : Amos Golan (directeur de “Corner Shot Holdings, LLC”) et d’une société de sécurité, “Silver Shadow” souvent vue en Ouganda, et Shimon Naor, qui sortait juste de prison de Roumanie après avoir été incarcéré pour vente d’armes illicite au Dr. Jonas Savimbi, le chef nationaliste angolais anticommuniste, le leader de l’UNITA de sinistre mémoire. Les faits remontant à 1999. Les avions qui ont servi plus tard (en 2007) étaient ciglés Goliaf Air ou Dallex Trade, notamment l’Antonov-28 S9-PSV (ex ER-AKO). “Le Sunday Times au vu des rapports de renseignements occidentaux a conclu que la société Dallex Trade enregistrée à São Tomé et son partenaire Goliaf Air sont en relation avec le marchand d’armes Victor Anatolievitch Bout.” Goliaf Air, ou Valan International Cargo Charter, Aeronord Group (souvents vus à Ostende), Grixona, Jet Line International, Jet Stream, Pecotox Air, Aeroportul International Marculesti, et Tiramavia ” serviront aux transferts vers l’Ouganda. Toutes liées à Viktor Bout. Goliaf Air faisant voler un Il-76 en Irak, immatriculé S9-DAE sous le logo de Skylink. L’avion a été récemment scrappé à Fujairah.
Les deux individus arrêtés sont liés étroitement au Mossad ou à l’armée israélienne : Golan est un ancien de l’école de lutte urbaine de l’Israel Defense Forces et un ancien membre du groupe “fantôme” d’élite de Duvdevan, alors placée sous la direction de de Meir Dagan, l’actuel dirigeant du Mossad. Naor (de son vrai nom Shimon Naor-Hershkovitz), alias Simen Herscovici, est un ancien amiral, qui est relié au Mossad par un troisième larron arrêté en même temps : le fils de Danny Yatom, général et député à la Knesset surnommé “le Prussien” (pour sa rigidité), mais aussi un ancien responsable du Mossad (pendant 21 mois seulement : Yatom avait quitté le Mossad après toute une série d’opérations fiascos qui lui avaient valu la réputation d’homme de “fashlas” (bourdes).). Le fils étant evenu dirigeant d’une entreprise de sécurité israélienne. Or son père avait choisi une voie bien particulière pour arrondir sa retraite d’espion : il s’était associé à Lev Levaev (né Lév Avnerovich Leviev), un milliardaire juif originaire de Tachkent (en Ouzbékistan), qui a beaucoup collaboré avec le KGB/ FSB, pour s’occuper tous deux de diamants, ceux des mines de l’Angola. Levaev, un homme réputé pour son extrémisme de droite, devenu en 2003 propriétaire de la Minerais Corporation (Namco) namibienne, autre entreprise de diamants. Depuis, Yatom continue à crier tous les jours à la Knesset au bombardement de l’Iran…
Quant aux autres anciens du Mossad, il est vrai aussi que leur recyclage tourne souvent à de bien étranges comportements, très souvent en relations avec les milieux de la drogue : l’ancien du Mossad Mike Harari deviendra le bras droit du général Noriega, à qui il facilitera la prise de pouvoir au Panama, Yaacov Ramon, au Mossad de 1978 à 1984, sera arrêté à Caracas en 1992 avec 74 kilos de cocaïne cachés dans la valise diplomatique israélienne… et Yaïr Klein, ancien des commandos spéciaux Harub, est allé entraîner les mercenaires pro-Uribe à à Tolemaïda, au nord de Bogota… Un Klein noyé jusqu’au coup dans l’affaire des Contras, lui aussi ! Sans oublier : Israel Ziv, l’homme qui avait manigancé la libération de Bétancourt avec une équipe de la CIA et les équipements US mis à sa disposition. On peut ajouter à la liste Shmuel Avivi, de Telon, entreprise de Tel Aviv, Israel en liaison avec l’US SOCOM, via Taos, une société installée à Madison, Alabama, et son bureau de Belgrade. Le “sionisme comme prestataire de services guerriers” note fort justement le site “histmove”. Exactement.
C’est en effet un phénomène historique indéniable : “Vers la fin des années 1970, l’industrie militaire israélienne satisfaisait 40 % des besoins militaires du pays. Cependant, dans le but d’élargir les débouchés, le gouvernement initia une campagne de promotion au niveau international. Le chiffre d’affaires s’accrût considérablement en passant de quelques 50 millions de dollars en 1972 à environ 1 milliard en 1980. A partir de 1982 Israël se trouve parmi les dix plus grands producteurs d’armes du monde. La part de l’armement dans les exportations du secteur industriel passa de 14 % en 1967 à 31 % en 1975 et se situait par la suite entre 30 et 40 %. Selon des chiffres concernant 1984, en Israël 14 % des salariés de l’industrie travaillaient dans le domaine militaire. Israël se situait alors au cinquième rang dans la liste des plus gros exportateurs d’armes du monde (septième en 1980). Il était à cette époque le principal fournisseur pour l’Afrique sub-saharienne et l’Amérique latine. En 2000, les exportations dans le secteur militaire s’élevaient à 2,5 milliards de dollars ; en 2001, selon le ministère israélien de la Défense, Israël fournissait 10 % des exportations militaires mondiales, en exportant 75 % de la production totale d’armement du pays”…
Il existe donc bien depuis une filière israélienne de vendeurs illicites d’armes dans le monde. Au Guatemala, ce sont trois israéliens, Uri Zoller, Uzi Kislevitz-Shapira vivant au Guatemala,( et son associé Uzi Kisslevich, de la société “Grupo de Representaciones Internacionales Sociedad Anónima” -GIR S.A.-) et Shimon Yelnick, habitant au Panama, qui ont été arrêtés en 2003. Tous trois vendeurs d’armes, pris dans un scénario très proche de celui de notre ami Efraïm Diveroli. Des centaines de Kalachnikovs pour une valeur totale de 5 millions de dollars devaient transiter du Nicaragua pour atterrir dans la police… mais elles avaient atterri dans les mains des Farcs, en Colombie ! Or Zoller et Kislevitz-Shapira étaient aussi des représentants officiels de l’Israel Military Industries (IMI)… tous disposaient de permis du Sibat, le papier estampillé du Foreign Defense Assistance and Defense Export Organization qui autorise les ventes d’armes à l’étranger. En Israël, le service du Malmab, les relations extérieures des ventes d’armement sera dirigé en 2004 par le Major General Amos Gilad, qui deviendra plus tard “Mr Sécurité” d’Israël… Zoller, lui aussi, avait été introduit en haut lieu… et était proche des banquiers. “Par la suite, Zoller et Yelinek s’accusèrent mutuellement. On peut relever que le rapport mentionné, de l’OEA, publié début 2003, relève le fait que Zoller est un ami personnel du général Calderón. Zoller est en outre gendre du propriétaire de la Banco Granai & Townson, la banque la plus importante du Guatemala. Il fut ex-membre des forces spéciales de l’armée israélienne et du Mossad. L’avocat de Yelinek affirma qu’après que l’affaire fut connue, Zoller continuait à séjourner fréquemment au Panama, en étant reçu chaque fois à l’aéroport par Arthur Ventura, le délégué du service anti-drogue US pour l’Amérique centrale et le Panama.”
En 2002, Israël découvrait encore qu’ Avichai Weinstein de Netanya, le directeur de la société PIAD, avait vendu à l’Iran des chenilles pour bulldozers et des pneus pour transporteurs blindés, retrouvés en Allemagne et censés avoir été vendus à la Tahïlande et à la Malaisie. Les chenilles étaient à bord du cargo Zim Antwerp I, et devaient partir pour Bandar e Abbas. Dans la famille Weinstein, ce n’était pas la première tentative : le beau-frère de Weinstein, Eli Cohen, en 1999 avait vendu des armes via la Belgique à l’Iran. Enfin, en 1989, en pleine guerre Iran-Irak, Charles Caplan, un autre vendeur d’armes israélien associé à un Sud-Coréen, Juwhan Yun, avait essayé de vendre du gaz sarin aux iraniens et avait été arrêté juste avant la livraison. Yun avait proposé aux agents fédéraux déguisés des missiles TOW missiles, des Stingers, de la technologie sur les missiles et les radars.. Yun avait également proposé de livrer 500 bombes de 250 kgs remplies de gaz sarin pour la somme de 50 000 dollars seulement comme dépôt de garantie… Ici même, nous avons évoqué le rôle de la famille Diveroli et de son oncle Bar Kochba Botach, le fondateur d’une véritable dynastie de vendeurs d’armes juifs américains (voir le site Botach Tactical, qui vend des chargeurs transparents très “tendance” pour M-16 ou H&K 416 !). Le propriétaire de Botach Tactical et de KleyZion comme entreprises de ventes d’armes. Toute la famille s’y est mis.”En Mars 2006, l’État d’Israël a accusé le frère de botach et partenaire d’affaires à Los Angeles, Shlomo botach, de “se faire aider par des blanchisseurs professionnels “pour transférer 860 000 dollars des États-Unis via la Suisse et les banques uruguayennes sur un compte en Israël, au nom de code « Ezra 26.” Le procès (en divorce du patriarche avec sa femme une maquilleuse d’Hollywood), se montant à des transferts totalisant 331 000 dollars”. Le père d’Efraïm dirigeant lui Worldwide Tactical, LLC. Les munitions de Diveroli ont volé grâce aux avions de Viktor Bout.
L’Afrique est particulièrement visée par les vendeurs d’armes. “En 1985, en Sierra Leone, lorsque le général Joseph Saidu Momoh assuma la présidence, un certain Shabtai Kalmanovitch avait ouvert à Freetown une branche de sa société LIAT Finance and Construction. Né en Russie, Kalmanovitch avait émigré en Israël et il est considéré comme avoir été au service autant du Mossad que du KGB. La société LIAT s’était enrichie auparavant sur la base de contrats de construction au Bophuthatswana et Kalmanovitch joua le rôle de conseiller auprès du président du Bantoustan, Kgosi Lucas Manyane Mangope. Il devint un partenaire finançant Joseph Saidu Momoh et obtint des concessions portant sur la majorité des régions de mines de diamant. En échange, LIAT s’engagea à évincer les négociants illicites et d’instaurer un monopole privé lié directement au président”. On le voit, le commerce des armes est toujours lié à des bakchichs, et JSM a été président de 1985 à 1992… avant d’être renversé par Valentine Strasser, qui se liera avec les mercenaires d’Afrique du Sud d’ Executive Outcomes. En Afrique du Sud, où Israël à négocié d’autres contrats d’armement dont nous avons parlé ici et ici.
Et il y en a encore d’autres encore : Gidon Sarig, par exemple, condamné à sept ans de prison en Angleterre pour vente d’armes illégales au Vénézuela, au Pérou, au Senegal, au Nigeria, au Gabon et surtout au Sri Lanka. Sarig avait promis 1 000 bombes venant d’Ukraine à l’armée Sri Lankaise en 2005 et avait livré 3 900 obus de 30 mm provenant des stocks de Serbie et du Montenegro entre février 2005 et mai 2006, toujours au Sri Lanka. Les armes étaient au nom de MIA Trading et de l’associé anglais de Sarig, Freckleton, dirigeant Lyon Brandfield. 1 000 pistolets semi-automatiques devaient aussi être transférés de Turquie tau Vénézuela.
En Afrique toujours, le commerce des armes fait fonction de géopolitique, et le secteur des mines est particulièrement prisé. “Au Zaïre, en 1997 le président Mobutu Sese Seko fut renversé par l’Alliance des Forces Démocratiques de Libération (AFDL) coordonnée par Laurent Désiré Kabila ; le pays se nomme depuis République démocratique du Congo. L’AFDL avait été créée en 1996 dans la région du Sud Kivu (située à l’Est du pays, face au Rwanda). Sur ce territoire est installée la société minière Russell Resources Group, à laquelle ont été attribuées des concessions de mines d’or qu’elle exploite en association avec le général Salim Saleh (demi-frère du président ougandais Museveni). Russell Resources Group, constitué en 1997, est dirigé par David Agmon, général israélien à la retraite, qui était intervenu dans le pays à la fin des années 1980 au titre de la coopération militaire israélienne à Kinshasa et avait été plus tard directeur de cabinet du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (novembre 1996-janvier 1997)”. Cela sert, d’avoir été dans un cabinet ministériel pour vendre des armes (ce n’est pas Jean-Charles Marchiani qui me contredira).
Ou encore Ofer Pazaf, président d’une compagnie de Kfar Saba (en Israël), arrêté aux Etats-Unis à Las Vegas avec deux autres israéliens, et Yohanan Cohen de San Francisco, ou Haim Gary, de Miami, arrêtés en même temps que Pazaf. Ou encore Hanoch Miller, ingénieur en aéronautique israélien, et sa firme Radom Aviation qui avait magouillé avec un retraité de l’Air Force, Joseph O’Toole, pour vendre 2 000 Kalashnikovs à des militants somaliens. Des armes qui auraient dû être envoyées par avion via le Panama et la Bosnie. Pour vendre ses Kalachnikovs, Miller avait produit des faux documents indiquant que les armes étaient destinées au Tchad. Des avions loués en Bosnie devaient servir à l’acheminement. Sans nul doute ceux de la sphère de Viktor Bout. En 2001, ce sont ces avions qui avaient fait le trajet de Maribor en Slovénie vers le Soudan. Farah et Brown notent que qu’un rapport des services secrets bosniaques affirmait que “Victor Bout en collaboration avec Hasan Cengic transportait des armes vers la Tchétchénie” via une firme écran de Viktor Bout. En 1989, In 1989 déjà, Joseph O’Toole, un collègue américain, Richard St. Francis et un ex-agent du Mossad, Ari Ben-Menashe, avaient tenté d’envoyer plusieurs C-130 au gouvernement Iranien. On retrouvera Menashe en 2008 en espion avec sa firme Dickens and Madson chez Mugabe au Zimbabwe, qu’il projetait d’assassiner au profit de Morgan Tsvangirai !
Or, le fameux Cengic en a à raconter, selon Wikipedia : c’est “l’ancien vice-premier ministre et ministre de la Défense de la Fédération de Bosnie-Herzégovine. Un musulman. Il a été condamné ainsi que le futur président Alija Izetbegovic par le régime communiste de Yougoslavie en 1983 et a fait 5 ans d’une peine de 10 années de prison. Il est membre d’un puissant clan dirigé par son père, Halid Čengić, expert en logistique dans l’armée bosniaque et un haut fonctionnaire, ses fils faisant partie de l’agence de renseignement (Agencija za Informacije je Dokumentaciju (AID)-. Hasan Čengić a voyagé fréquemment à Téhéran depuis 1983 et a été profondément impliqué dans les expéditions d’armes iraniennes vers la Bosnie. Pendant la guerre de Bosnie, il a vécu entreTéhéran et Istanbul. Selon la police autrichienne, Čengić était au conseil de surveillance de Third World Relief Agency (TWRA) une, une fausse organisation humanitaire basée au Soudan et une organisation liée à Oussama ben Laden et au réseau terroriste d’à Al-Qaïda. La participation de Čengić a été confirmée par le directeur de TWRA, Elfatih Hassanein”.
Sans oublier l’odyssée du cargo Faina rançonné et ses chars, “attendu sur le quai à Mombasa le 12 février 2009. Côte à côte, par Vadim Alperin, alias Vadim Oltrena, un ukraino-israélien représentant la société Tomax Team Inc et le chef des services secrets ukrainien, Mykola Malomuzh. A bord du petit cargo de 13 870 tonnes “on dénombrait en effet également dans des containers 150 lance-roquettes RPG-7, des batteries anti-aériennes, des lance-roquettes multiples et 14.000 munitions de calibres divers. En tout pour 2 320 tonnes de matériel de guerre, dont près de 1400 tonnes rien que pour les chars ! S’ ajoutent à cela 6 ZPU, des canons anti-aériens sur roues et 6 camions “BM-21 sur camion Ural “, à savoir de redoutables lanceurs de roquettes dévastatrices” avais-je écrit en juillet 2009. Des bloggueurs malins, Lauren Gelfand et Allison Puccioni, de JDW Middle East et de Jane, avaient retrouvé les chars transportés, sagement rangés après avoir été débarqués. Au sud-soudan ! Une image de DigitalGlobe de mars 2009 montrait les 33 tanks rangés près de la caserne de Kahawa Barracks au nord de Nairobi !
Au total, ce sont donc sept agents israéliens qui étaient sous les verrous en septembre 2010, tous liés à l’industrie nationale… ce qui questionne quand même certains : “Même si il est impossible que ceux en prison connaissent les autres, ils ont beaucoup en commun. Tous sont des hommes dans la cinquantaine ou la soixantaine. Tous l’ont fait après avoir fait la plupart de leur carrière dans les ventes d’armes internationales, ou à l’exportation de services de sécurité et d’équipements en provenance d’Israël. Ils ont servi dans le Forces de défense israéliennes et a atteint les rangs de niveau intermédiaire (de capitaine à lieutenant-colonel), et quand ils ont été arrêtés, ils ont nié les accusations. Les amis qui sont leur sont venus en aide les ont décrits, naturellement, comme « le sel de la terre. Tous les sept sont des visages familiers dans les couloirs des établissements de défense, et en même temps ont reçu des permis d’exportation d’armes du ministère de la Défense. Tous ont cherché à “accélérer les procédures” en violation des locaux ou lois internationales”, et l’ont fait par pure cupidité. En raison de cette convoitise, ils ont également tombés dans des pièges et peuvent s’attendre à faire face à de nombreuses années en prison”.
Il n’empêche, grâce notamment à ses amitiés gouvernentales, Shimon Naor a pu agir longtemps en toute impunité. Et a bénéficié d’une certaine chance à vrai dire et d’un excellent avocat. “Naor a bénéficié à plusieurs reprises de protections haut placées : Eh bien, en 1999, Naor a été arrêté et condamné à sept ans de prison par les tribunaux roumains pour son rôle dans le commerce illégal des armes. Le vice-ministre israélien de la défense de l’époque, Ephraïm Sneh, a bien essayé d’aider Naor, mais les roumains ont refusé de le libérer. En fin de compte, Naor a réussi à obtenir une libération sous caution et a alors fui en Israël. En Roumanie il a été condamné à sept ans de prison par contumace, et est toujours considéré comme un fugitif par la justice. Et devinez quoi ? Naor est encore considéré comme étant dans la vente d’armes.” Naor, condamné en fait à 11 ans de prison (plus un rajout de 6 ans en 2008 pour d’autres faits délictueux) et ayant réussi à s’échapper grâce à un artifice juridique découvert par sa défense… s’est fait à nouveau arrêter le 9 mai 2010. Mais en France, à Paris, ecette fois, et fort récemment donc. Depuis, impossible de trouver des infos sur son extradition supposée vers la Roumanie, réclamée depuis par les autorités roumaines. En novembre 2004, la France avait exprimé son vif désaccord avec les ventes d’armes d’Israël à la Côte d’Ivoire, qui mettaient en danger les troupes françaises là-bas. De Naor, on a aucune trace à ce jour dans la presse française… et personne n’avait relevé une chose à son sujet : en décembre 2004, Naor avait été arrêté en Jordanie, avait-on dit, pour trafic d’armes : que faisait-il donc libre, en France, en 2010 ?
Retour sur la filière roumaine
Et puis parfois, pendant la rédaction d’une enquête, quelqu’un nous contacte pour apporter des documents supplémentaires. Vous l’avez vécu en direct la semaine dernière avec Valentin Vasilescu que j’avais cité et qui depuis nous a donné d’excellents documents sur le rôle de Viktor Bout en Roumanie et ses liens avec les représentants gouvernementaux, au point d’affiner notre recherche justement sur cette fameuse plaque tournante roumaine. Place aux précisions supplémentaires apportées par celui qui a fait de la prison pour avoir été accusé d’avoir participé à ce trafic de cigarettes derrière lequel se cachait le trafic d’armes de Viktor Bout.
Et Viktor, dans tout ça ? Et bien il s’est trouvé pendant ce temps un adversaire : Valentin Vasilescu, que vous connaissez bien depuis quelque temps ici-même en forum. L’ancien commandant adjoint de l’aéroport Otopeni lors du scandale du trafic de cigarettes, Valentin Vasilescu, n’a cessé depuis d’affirmer que Traian Basescu savait alors qu’il était ministre des Transports que l’aéroport d’Otopeni était la plaque tournante de la contrebande d’armes mais n’a pris aucune mesure pour l’en empêcher. Un journaliste connu, David Dastych, avait fait paraître un article passionnant sur notre nouveau et surprenant correspondant, jamais avare ici de copies de documents sur les livraisons d’armes de Viktor Bout : “Dastych, dans sa correspondance avec un ancien membre du Parlement roumain Valentin Vasilescu et dans un article du journal polonais Gazeta Polska, fournissait d’autres informations sur le commerce illicite d’armes et les contacts de Bout avec l’armée roumaine et polonaise, et leurs services secrets. Vasilescu écrivait ainsi qu’en 1998, les autorités Roumaines avaient monté une fausse affaire de cigarettes de contrebande contre lui. En fait, il n’y avait pas de cigarettes à bord de l’avion IL-76 d’Air Sofia, exploité par Viktor Bout qui a été déchargé à l’aéroport de Bucarest-Otopeni. Mais une opération de nuit était alors nécessaire aux services secrets roumains pour charger des missiles anti-aériens à destination de pays sous embargo des Nations Unies. Le Quotidien Ziua écrivait que les armes, sous le couvert de cigarettes, avaient été exportées apparemment par une société détenue par Viktor Bout et Shimon Naor (voir épisode précédent), parce qu’ils avaient le monopole pour ces opérations secrètes à l’époque. Les connexions des Bout et d’autres vendeurs d’armes des services secrets roumains semble évidentes.” Sur l’aéroport, il y a donc bien un gigantesque trafic de cigarettes dont les caisses de Milosevic bénéficiaient, puis après un commerce d’armes qui s’était greffé sur le réseau d’avions existants.
Un trafic qui bénéficie aux réseaux islamistes également, et qui enrichit surtout des… militaires roumains, et qui a gangréné jusqu’au plus haut de l’Etat. “Vasilescu, témoignait que seul quelques agences de renseignements roumains étaient concernées dans l’import-export et avaient été impliqués dans la contrebande de cigarettes sur l’aéroport de Bucarest et dans la zone de libre-échange d’Agigea, dans le port de Constanta, pour faire de l’argent destiné au soutien à la formation militaire d’ organisations islamiques. En fait, la gestion du réseau de ces entreprises de couverture appartenait au colonel George Dumitrescu, alors encore en service actif, un officier de haut rang de la brigade antiterroriste du SRI (the Romanian Homeland Intelligence Service) qui a coordonné les activités des citoyens arabes et de leurs frères musulmans en Roumanie. Son cousin, le chef du personnel de l’Intelligence Academy dans les années 1990, a été nommé colonel et procureur du Comité militaire de la Cour Suprême. Toutes les opérations de cigarettes de ce réseau ont été soutenues par un général et le chef de l’Economic Counter Intelligence Division du SRI. Le personnel de la SIE (Foreign Intelligence Agency of Roumania), basé dans les ambassades roumaines, a été chargée de préparer les faux les documents nécessaires pour ces opérations de contrebande d’armes. Les avions de Bout ont opéré non seulement en Roumanie, mais aussi dans les pays voisins de la République de Moldavie, selon Dastych”.
Vasilescu récupérera bien une cassette des enregistrements des 58 caméras disposées sur l’aéroport, mais elle aura été effacée avant ; selon sa déposition ; surtout la bande de la N°38 qui donnait sur l’avion car étant en haut de la tour et l’avion s’étant arrêté à 950 m de là. L’enquête avait tenté de montrer qu’il avait touché un peu plus de 2000 dollars pour fermer les yeux sur l’arrivée de l’avion. En fait, il avait perçu la taxe d’atterrissage prévue pour un avion de ce tonnage. Comme dans d’autres cas, l’avion d’Air Sofia qui avait atterri là avait prétexté des problèmes mécaniques pour s’y poser. Les sanctions du tribunal seront lourdes pour des…lampistes, une façon de couvrir le pouvoir et une pratique habituelle donc. Le commandant de l’Otopeni AFB, la base militaire de l’aéroport sera condamné à 15 ans, le colonel Trutulescu Georghe, surnommé “Rambo” à 7 ans et Valentin à 7 ans, comme directeur de l’aéroport. Le broker de Quick Aero, Dimitri Popesco le sera pour 15 ans, Catalin Tanase, aide de Trutulesco pour 5 et deux officiers des forces spéciales de l’armée roumaine Eftimie Dimitrie et Liviu Lazar à 6 ans. Chahin Nazar, un syrien en fuite sera également condamné. Valentin sera libéré le 15 août 1998 sur décision d’une cour militaire de Bucarest. Le 15 avril 1998, à la même époque, un Ill-76 marqué UCA décollera d’Ostende, contenant des armes pour Sandline Int, une compagnie de…. mercenaires, dirigée par Tim Spicer, très active en Sierra Leone, destination Mombasa, au Kenya : le 16 il était de retour à vide à Bucarest Otopeni. Il avait été photographié deux jours avant seulement. Spicer quittera Sandline pour Aegis, et utilisera le DC-9, enregistré 5Y-AXF, anciennement 9L-LDG pour ses transferts : un avion de Victor Bout, siglé African Express Airways.
Cet avion servira à autre chose : “l’affaire qui remonte à janvier 2007, avait à l’époque émut la communauté internationale. Dans les grandes lignes, en voici le résumé. Le 27 janvier 2007 au soir, notre DC9 immatriculé 5Y-AXF, dans le cadre des vols “charters” proposés par African Express Airways s’apprête à décoller en direction de la Somalie avec à son bord une trentaine de passagers seulement, y compris des femmes et des enfants. Ce ne sont pourtant pas des touristes ordinaires car sur leur siège, en dehors de toutes les consignes de sécurité en usage dans le monde entier, ils ont les yeux bandés et les mains liées dans le dos. Tous ont été arrêtés par la police du Kenya et sont soupçonnés d’être liés aux terroristes d’Al Quaïda. Ils sont en train d’être expulsés sans aucun jugement vers l’Ethiopie, via la Somalie, pour être interrogé par les services secrets américains dans une sorte de camp secret, un Guantanamo africain.””L’affaire a été révélée par l’une des prisonnière, Kamilya Mohammedi Tuweni, une traductrice arabe/swahili qui disposait d’un passeport des Emirats Arabe Unis, relâchée à Addis Abeba le 24 mars 2007, soit après 2 mois et demi d’emprisonnement sans aucun motif, après avoir entamé une grève de la faim” (*) … on comprend mieux il vaudrait mieux que Bout ne parle pas dans son procès….
Le DC-9 d’African Express n’était pas le seul. “Le 5Y-AXE, quant à lui, provient d’une obscure organisation appelée HA Airlines en Jordanie, qui a acheté trois 727 en 2001 d’ex-Iberia mais seulement terminé l’accord sur l’un d’eux. HA a été rebaptisée Star Air en 2004, et déplacé son siège soit Damas, soit à Bahreïn. Qui donc, est Star Air ? Vous ne serez pas surpris d’entendre que c’est Paddy McKay, qui a fondé Air Leone et Equatorial Guinea après avoir refoulé de Freetown en Septembre 2004. La Sierra Leone avait porté plainte sur le dépôt de nom, et la Jordanie a emboîté le pas en Janvier 2005, forçant à modifier le nom et à se déplacer”.
En Roumanie, la vente d’armes est une vieille histoire qui perdure, hélas. La Romthenica roumaine fabricante d’armes avait commencé dès 1995 à avoir recours aux avions de Viktor Bout. La réputation de la firme n’est plus à faire. Ici, en France, sur le “forum des AK” (qui a bien pu inventer pareil forum ?) on vante les matériels roumains : “ma première roumaine” annonce un… Corse… Un autre annonce avoir acheté la sienne aux USA, via Avtomats-in-action, firme texane pour 375 dollars (254 euros !). Pour Bout cela commence par un Boeing tout d’abord, une vieux 707 déjà décrit ici, puis un MacDonnell DC-10 enregistré chez Avcom International Aviation (AIA), ancien Martinair (hollandais) et MASkargo (loué à World Airways), sous le numéro UN-10-200. Un appareil loué à CIT Leasing Corp qui sera racheté par Challenge Air, autre société belge signée V.Bout qui tentera de prendre le registre OO-HVA qui lui sera refusé par les autorités belges (le OO étant l’indicatif de la Belgique), l’avion reprenant son RA-10-200, russe donc. Il sera photographié à Schipol-Amsterdam le 16 mai 1995.L’appareil sera loué ensuite par la compagnie Roumaine Tarom, afin en même temps de déjouer les douanes. En 1999 le DC-10 deviendra NSW New Southways, puis Cielos del Peru ; compagnie de cargo dans laquelle il volait encore en 2007. Un document du 5 mars 2002 extrait du journal roumain “Evenimentul Zilei” expliquait finement les liens entre Tarom et les trafiquants d’armes. En commençant par la “Flying Dolphin Romania Company”, appartenant au Sheikh Abdullah Saqr al Nayhan et à Viktor Bout. C’est l’Aerofina (la société publique roumaine chargée des équipements militaires du ministère de l’Industrie) qui avait obtenu sa certification. Selon le journal, Flying Dolphin appartenait bien à Viktor Bout, via le Sheikh Abdullah Saqr al Nayhan, les frères Timur and Alican Mutaliev, deux tchétchènes, et le moldave “Renan’” de la compagnie Iris. Un autre Mutaliev, Tamerlan Mutaliev, faisait le lien avec les roumains via la société Valeologia, de Chisinau, en Moldavie, qui sera prise dans un scandale en 1994 celui de Lake Villa, portant sur le vol de matières radioactives. Les deux firmes partageaient les mêmes bureaux à Bucarest , ceux de “Balcombe Investments”. Les deux Il-18 de Tarom rachetés par Bout devenant les YR-IME et YR-IMDd’Air Cess Liberia. Les appareils emportaient 13 500 kg. Le premier devenant ensuite le Santa-Cruz EL-AHO (numéro de série 183006205). Le second acheté à Tarom devint aussi “Air Cess Liberia” puis “Santa Cruz Imperial,”sous le code EL-ADY, puis “Star Airlines” à Sharjah, sous le numéro EX-7504 et ER-ICM (Moldave donc). Un autre Ilyushin Il-18D, EX-75466 (du Kyrgyzstan) appartenait à Phoenix Airlines,société de Richard Chichakli et Viktor Bout.
Bout, visiblement, selon ces renseignements, avait deux intermédiaires en Roumanie : Shimon Naor, l’israélien déjà décrit ici précédemment, ami de l’ancien président Emil Constantinescu (il le fut de 1996 à 2000), et très certainement aussi le Colonel Gigel Bratiloveanu, qui tavaillait comme conseiller économique à l’ambassade roumaine de Moscou. Selon notre “nouveau correspondant roumain”, c’est Bratiloveanu qui aurait fourni à V.Bout la clé USB avec les propriétés des missiles roumains destinés aux Farcs, lors de son arrestation en Thaïlande (voir plus loin dans notre enquête).. Difficile d’imaginer ce contact sans la présence pas loin du FSB : Viktor Bout, mangeait donc à tous les rateliers : en alimentant d’un coté les coups tordus de la CIA, de l’autre celui du FSB… Un épisode va montrer que ces liens sont très étroits : “…en Février 2008, le gouvernement roumain interceptait un appel téléphonique entre Viktor Bout et individu non répertorié (surnommé CC-2) qui exploitait une compagnie aérienne en Roumanie. Bout demandait à CC-2 de l’aider à acquérir un visa roumain ; CC-2 décourageant Bout de venir le chercher en Roumanie, disant qu’il serait difficile d’obtenir un visa pour lui. En décembre 2007, un bulletin de journal télévisé en Roumanie avait fait référence à une relation d’affaires entre Bout et CC-2. La plainte déposée ne donnait aucune information quant à la personne se cachant sous le pseudo de CC-2. Pourrait-il avoir été le colonel Bratiloveanu ?” nous dit l’excellent site Romania Revealed.
Dans cette affaire, Naor, est celui qui avait fabriqué les faux documents indispensables d’exportation à Viktor Bout, comme le rappelle le site du gouvernement français : “il a falsifié plusieurs documents de transport” obtenant “une licence d’exportation d’armement et de munition dans des pays soumis à un embargo”. Bratiloveanu travaillait directement pour la Romtechnica. Un avion de Vikor Bout, l’Ill-22 immatriculé ER-75929 effectuera 73 vols vers l’Afrique à partir d’Otopeni-Bucharest sous le couvert du nom “d’Air Acvila”, une division du département de la défense roumaine. Chez Bout, il était enregistré sous le nom d’Aerom. Le même avion, un ancien poste de commande avancée de l’arméesoviétique, ramènera les réfugiés du Kosovo en Allemagne ! L’avion a fini sa vie à…Chisinau, en Moldavie. Si vous regardez bien les photos de son état en 2006, vous retrouverez dessous la livrée de la fameuse Acvila Air Romanian Carrier, dont le nom ressort sous la simple couche de blanc apposée dessus par les employés de Viktor Bout ! Ici photographié en 1995 à Larnaca, à Chypre, autre endroit clé de la carrière de Bout. Au temps de sa splendeur, en 1999, il transportait l’équipe nationale de foot de Moldavie !
En 1995, le 7 octobre, la Romtehnica, sur les ordres du Colonel Anton Toma, chargeait un Boeing 707 ghanéen, le 9G-ADS, posé à l’aéroport de Bucarest-Otopeni. Or l’avion avait été déjà vu à Chypre sous l’appellation 5B-DAZ. C’était le 4K-BEK enregistré en 1996 en….Azerbaïdjan sous le numéro 9G-ROX…. et c’était déjà bien un avion de Viktor Bout… Le 10 avril 1997 “Acvila Air” (“AIR AIGLE”) louait un énorme AN-124 de chez Antonov Design Bureau (libellé “Antonov Airtrack International Cargo Airlines”) et son équipage ukrainien. L’avion qui portait le serial 82066 obtient la permission de se poser au Rwanda de John Ntaganda Semafara, le directeur des opérations aériennes de l’aéroport de Kigali. Il peut emporter 96 tonnes. Le trajet indiqué sur son plan de vol initial est Kiev-Bucarest-Karthoum. Le document qu’il fournit l’occasion porte le numéro 160601/381, répondant au formulaire N° 100900 fournit par “Acvila Air”. Dans un document révélé par notre nouvel ami du net, le paiement de la location de l’avion sera effectué à la “Percombank” de Kiev (en fait la “JSCB Personal Computer Bank” devenue depuis Rodovid) via son son compte du Crédit Lyonnais de New-York, sur le numéro 01.23846.0001.00 ! Le détail du chargement indique la provenance de Romtehnica pur 50 mitrailleuses de 12,7, faisant 3 tonnes au total, pluqs de 22 tonnes de cartouches de 12,7 et 20 de 14,5 mm, des chargeurs et 150 Kalachnikovs : au total l’avion emporte pour 56,104 tonnes d’armement !
La demande de Kigali portait sur 56 tonnes d’armements, essentiellement des mitrailleuses de 12.7 mm, des AKM (la version la moins chère des Kalachnikov appelée AIM/PM-63 ou AIMS/PM-65 en Roumanie, le même modèle donné aux Contras du Nicaragua !)) de 7.62 mm et une importante quantité de chargeurs. Derrière le transfert on trouve Shimon Naor comme auteur des faux documents d’envoi. L’homme a comme contact Ivan Grigorevici Busuioc, alias Ion Busuioc, celui à la tête de la mafia Moldovane, un ancien du KGB. L’organisation qui se cache derrière est d’une incroyable complexité : Busuioc se présente comme le représentant d’une société pétrolière “Loratel”, installée à Chypre, à Limassol exactement (ou des cargos bourrés d’armes ou de poudre noire à destination de l’Iran ont été saisis), et il est aussi l’agent de la société moscovite “Kanaker Inestment and Commerce Corp” dirigée par Valeriy Shevelev. Son autre contact est Stanojevic Milutinovic Dragan, l’agent roumain des sociétés “Hastock Ltd” et “Loratel Trading Ltd.” L(’homme travaille avec son fils, Stanojevic Alecsandar surnommé Sasha. Busuioc est aussi membre “d’Armitech Company Inc” située au Panama, “d’ Armimpex Hightech Ltd.” et de “Saltech Ltd.” isntallées à Chypre (la firme a aussi une adresse en Suisse). Le dirigeant d’”Armitech Company Inc” est Ivan Turcanu, un citoyen russe. Si Bout ne possédait pas d’Antonov 124, ses Ill-76 feront le transfert à partir de cet appareil ou d’autres plus petits comme les Antonov-28.
Armitech avait été sermonné dans un rapport du 18 avril 2001 du Conseil de sécurite de l’ONU signé Richard Ryan en termes virulents. “Armitech avait joué le rôle d’intermédiaire pour les ventes d’armes entre ARSENALUL ARMATEI Romania et le Burkina Faso. Les autorités panaméennes ont également été priées de communiquer des informations sur le rôle de cette so- ciété dans la transaction susmentionnée. On attend toujours une réponse”. “Les autorités chypriotes ont informé l’Instance de surveillance, à sa demande, qu’aucune société répondant au nom d’Armitech n’est enregistrée à Chypre. En revanche, les renseignements fournis par télécopie par l’Instance de surveillance le rapportent à Arminpex Hightec Ltd., société commerciale internationale enregis-trée à Chypre, qui se livre au commerce de matériel militaire. On ne sait pas à ce stade s’il existe un rapport entre Armitech et Arminpex. De 1997 à 2000, le Directeur de cette dernière société était Ivan Tsourkan, ressortissant russe qui en estaussi le principal actionnaire. Il serait actuellement domicilié à Kosmodamian Skay str 46.50, room 24, Moscou”.
Un site roumain plus curieux que les autres a fait le tour du problème en détail : “en 2008, est paru dans les centres de presse de nombreux rapports du Département top secret du Contre-espionnage militaire et de sécurité (D Gest SB) sur l’industrie de la défense roumaine et les liens entre les chefs Roumains et les officiers étrangers soupçonnés dl’espionnage. Ont été publiés les noms du général Aurel Cazacu Mason, l’ancien directeur de Romtehnica et de Romarm, le colonel Cetinoiu Constantin, et le colonel Costica Lapteş Giara, l’ancien directeur. La liste se poursuit avec Nemţeanu George, Eugen Nicolaescu, Norica Niculai, et aux Etats-Unis avec les agents Ira Quinn, Irvin Ray Dyer III, Heinrich von Habsburg-Lothringen Maximilien, Maximilien von Habsburg. Tous avaient un dénominateur commun la production d’armements et sa commercialisation”.
C’est bien une organisation gouvernementale roumaine qui se charge de vendre les armes. “Ainsi, les rapports en question, nous constatons que que le Directeur Général de la Défense (DCSM)et l’ambassade US ont surveillé tous les liens d’Aurel Cazacu, de Romarm, avec la et ceux de la société Medrom avec Romtehnica – une société détenue par le ministère de la Défense. Les journalistes ont découvert étrangement que, de 2002 à 2004, Medrom Medical Systems Ltd, qui louait ses bâtiments à Medrom IFN SA (ses filiales roumaines) a reçu des dizaines de millions de commandes de l’Etat. La Direction générale du renseignement de défense (DGIA) a pris la décision de surveiller Aurel Cazacu avec ses relations avec les officiers du renseignement russe dans la région de production et du trafic d’armes”. Cazacu, directeur général de l’Industrie de défense roumaine, sera obligé de démissionner en 2009 comme le reporte en août de la même année le site de l’ambassade de France en Roumanie,pour avoir mouillé le frère du président roumain dans une affaire d’armement :”Les services de renseignement ont-ils dupé Basescu ? s’interroge Romania Libera selon lequel “l’implication du frère du Président dans une société qui s’occupe d’ l’armement et son association avec des personnes liées à ce secteur portent atteinte et vulnérabilisent le chef de l’Etat “. Pour l’éditorialiste du quotidien, ” l’élimination de Traian Basescu de la course présidentielle par tout moyen et à l’aide de la propagande médiatique semble être l’objectif du « système », formé « d’hommes politiques qui font des affaires profitables indifféremment du gouvernement, de hauts fonctionnaires habitués avec le trafic d’informations, des généraux en réserve qui font des affaires avec l’Etat, des officiers qui ont privatisé la Securitate et qui vivent du trafic d’informations” et qui “semblent gouverner les priorités du pays”. A son avis, Traian Basescu qui provient du système “pourrait en devenir une victime pour avoir violé ses règles”. Les “propriétés du pays” étant les rentrées d’argent et les principales entreprises étant Romtehnica et de Romarm…
Et comme d’habitude dans ce genre d’affaires, on retombe sur de l’enrichissement personnel. “Peut-être que la relation avec les agent de sécurité militaire a commencé quand le directeur de Romtehnica était Virgil Stanescu (aujourd’hui chef de la sécurité de Romavia). Aurel Cazacu travaillait avec Medtehnica, cabinet lié à un Hôpital Militaire. En fait, Romtehnica avait crée comme façade une petite société, Romtehnicii, pour des achats en ligne de matériel et d’appareils médicaux. Les agents du contre-espionnage a déclaré que chez Medtehnica participait activement le commandant Thomas, ancien directeur de Romtehnica. Aurel Cazacu avait pris l’habitude de manger dans un restaurant de larégion de Tanase avec Dragnea Razoare l’agent de la compagnie Romtehnica. Le business entre les deux, passait par le Général Major Nicolas Tabarca récemment nommé directeur de l’état-major de l’armée, ancien leader d ’une brigade de missiles à Chitila (il dirigeait 60 lanceursmobiles KUB et une vingtaine d’ OSA-AKM et une centaine de S-75M Volkhov). Le Général Tabarca est le frère de Mircea Mina, maire de la commune de Chiajna. Mina fait partie de l’entourage de l’ancien ministre de la DéfenseTeodor Melescanu, Mina et a été membre de l’APR. Il a donné des terres à Tabarca, ou le général a érigé une maison construite par sa brigage de 500 000 dollars sur trois niveaux, et a obtenu un 4×4 de luxe. Cazacu avait comme contacts d’anciens officiers du KGB et du GRU, tels qu’ Ivan Basil Grigorev, Ivan et Siminiuc Turcan Vladimir, Vladimir Mihailovici Mazin, et l’ukrainien Vladimir Basil Gondi. Cazacu avait aussi comme lien l’ancien général du KGB Andreyevich Anatol Coman (ex- responsable d’une grande loge maçonnique de la République de Moldova)”
Des armes ont été livrées en Afrique mais aussi au Sri Lanka. “De Bucarest à Moscou, en passant par le Sri Lanka le Tribunal militaire de Bucarest a révélé un fichier sensible et complexe, mettant en cause l’ex-ministre de la Défense de la République de Moldavie. Il portait sur la contrebande d’avions MIG 29, de réservoirs ou de visas Schengen, mais pas sur d’autres armements. Les grands médias ont cité à ce ce sujet le nom de Cazacu dans deux entreprises de premier plan portant sur les transactions d’armes. Notammment la Société de conseil de Rosoboronexport (important opérateur de matériel militaire à Moscou et des MIgs 29). Ainsi, Cazacu pouvait être amené à mener “une action l’espionnage économique au profit d’une entreprise russe typique Rosoboronexport” ont écrit les journalistes. Pour les transactions effectuées sur des exportations d’armes anciennes, Cazacu contactait en fait George Gorincioi et Ivan Turcan, deux agents du KGB, aidés par un diplomate roumain au Sri Lanka”.
Busuioc fera transférer 20 000 obus de 122mm de Tchéquie en Roumanie pour y être réexportés, sous la férule de “Deliza Ltd”, une société chypriote appartenant à l’ukrainien Vladimir Mihailovici Mazin, dont le représentant à Bucarest s’appelle… Busuioc. Les obus de 122 mm étaient destinés au Yémen, et devaient y être exportés par une société appelée “LR Avionics,” dont le représentant est ….Shimon Naor. Pour y arriver, Naor avait fabriqué un faux papier d’exportation pour le Nigeria. L’affaire ne se fera pas, l’arrestation de Naor en Roumanie scellant le contrat passé. Mazin dirigeait “Ukrspetsexport” à Kievet, “Kolnet Ltd” et “Deliza.” Comme autre personnage de l’organisation on a Vladimir Siminiuc, un moldave devenu roumain, ancien officier en Moldavie, dirigeant de “Willing” une société russe où l’on trouve aussi Alexandr Lebed, l’ancien commandant de la 14th Armée russe installée en Transdniestrie. Il est aussi au conseil d’administration d’”Armimpex Hightech Ltd.”et de “Saltech Ltd.”
Un autre homme, en Roumanie, va jouer un rôle important ; celui décrit dans le livre de l’ex-procureur Ciprian Nastasiu “La prédation de la Roumanie” . Selon lui, un troisième homme faisait partie du réseau roumain de Shimon Naor et de Victor Bout : un terroriste d`origine syrienne vivant alors depuis 10 ans a Bucarest, Omar Hayssam. Comme Naor, Hayssam est celui qui obtient les fameux “end-user certificate”, ces contrats d’exportation d’armes qui se monnaient parfois des milliers de dollars. Lui, sa spécialité sera de les obtenir d’Abdul Malik al Seyani, le ministre de la Défense du Yemen de 1994 à 2004, très lié au business man local Muhammad Ali al-Rweishan. Pour cela il disposait d’appui et non des moindres, comme ceux d’Emil Constantinescu et même de Ion Iliescu, deux anciens présidents roumains. Selon l’ambassade de France toujours, “Selon Gândul, dans le livre « le pillage de la roumanie » lancé hier par Victor Gaetan, écrivain roumano-américan, et Ciprian Nastasiu, ancien procureur de la Diicot, d’une part, et le troisième enregistrement d’une conversation entre le journaliste Bogdan Chirieac et le chef de l’Ani Cătălin Macovei de l’autre, seraient des tentatives pour imposer l’idée que les candidats Traian Băsescu et Mircea Geonă seraient impliqués dans des affaires « louches ». Le livre mentionné accuse le président Băsescu d’avoir été impliqué dans l’affaire Omar Hayssam, et plusieurs politiciens d’avoir favorisé certains groupes d’intérêts économiques. de l’autre côté, selon l’enregistrement de la conversation de Bogdan Chirieac avec Cătălin Macovei, le candidat PSD aux présidentielles aurait détourné des sommes importantes destinées à sa campagne électorale”…. on le voit, en Roumanie comme ailleurs, le trafic d’armes a des répercussions politiques. Et le pillage du pays dénoncé des aspects parfois cocasses.
En 2007, la collusion d’Hayssam avec les services secrets roumains éclate au grand jour : l’homme s’est échappé ! “Arrêté début avril 2005, il avait été remis en liberté conditionnelle il y a trois mois pour « raisons médicales », puis ne s’était pas présenté à plusieurs audiences de son procès. Omar Hayssam a disparu. Le ministre de l’Intérieur a laissé entendre que le Syrien avait déjà quitté la Roumanie. Le scandale est tel qu’il vient d’entraîner la démission du chef des services secrets (SRI), du responsable du Service d’informations extérieures (SIE), du directeur du renseignement du ministère de l’Intérieur et du procureur général” nous dit le Figaro. Et là, en effet, dans un scénario à la Charles Pasquaavec les faux terroristes algériens, on apprend en effet que sa “libération” était le résultat d’un deal sordide : Hayssam avait manipulé un groupe terrorriste en liaison avec les services secrets roumains voulant faire oubler l’ancienne Securitate : pour cela, il avait fait enlever trois journalistes roumains en Irak (Marie Jeanne Ion, de Prima TV ; Sorin Dumitru Miscoci et Ovidiu Ohanesian), précise le Figaro. “L’enlèvement des trois journalistes roumains aurait été organisé par Hayssam avec le concours des services roumains. L’objectif – redorer le blason d’un SRI accusé de n’avoir jamais pris ses distances avec l’ex-Securitate, l’ancienne police politique de Ceausescu – avait été atteint au-delà de toute espérance. L’opération avait permis la libération, le 22 mai, des trois otages roumains et, trois semaines plus tard, grâce à une « étroite collaboration » avec les services français, celle de Florence Aubenas. La contrepartie de ce « deal » aurait été la libération discrète d’Omar Hayssam”.Son double jeu découvert, les rumeurs de participation des services secrets roumains aux vols de nuit de Viktor Bout peuvent reprendre de plus belle… mais grâce à l`avocat des espions du Mossad, Motty Tzivin et à l’intervention directe dans le dossier du secrétaire d’État a ministère des Affaires étrangères roumains,Teodor Baconschi (un ex-ambassadeur), Hayssam s’en était sorti…. “évaporé” depuis dans la nature, dans la plus pure tradition de l’espionnage. Les kidnappeurs, eux étant tous arrêtés après avoir retenu 55 jours leurs otage : tout le monde n’a pas la même chance dans ce bas monde. Les cinq avaient été condamnés à mort en octobre 2005 et leur sentence “modifiée” en 2008 par un tribunal irakien. Parmi eux, le propre frère de Mohammad Munaf, le guide irakien des trois journalistes, payé par Hayssam pour réaliser l’enlèvement !
Bref, la Roumanie, on ne peut que le constater, a bien été une plaque tournante du trafic d’armes (et l’est toujours) et il est donc logique que les avions de Viktor Bout y aient fait de nombreux séjours. Il n’y a pas que dans ce pays qu’ils ont été vus.
Pas de nourriture, dormir à même le sol, entassée avec 22 autres femmes et enfants dans une petite cellule, etc… Des conditions qui n’ont rien à envier à la prison de Moroni. En comparaison, le CRA de Mayotte pourrait presque passer pour un 3 étoiles…” en lmage, la pièce jointe des passagers du vol immonde.
Sous la protection des emirs
Il est impossible d’imaginer la longue carrière de Viktor Bout sans que ce dernier n’ait pu bénéficier de soutiens importants. Nous avons vu qu’il avait travaillé en accord avec la CIA à plusieurs reprises. Mais un autre soutien important est venu lorsqu’il a décidé de recentrer son activité d’Ostende à Sharjah, où il a bénéficié de protections supplémentaires et d’une plateforme sans égale pour trafiquer. L’aéroport est en effet hors-normes en tout : le droit qui s’y exerce n’a aucune mesure avec ce qui se passe ailleurs dans le monde. En résumé, une fois la taxe d’aéroport payé, vous y avez le droit de tout y faire et aucun contrôle ne s’y exerce. Et de cela, tout le monde en a profité. Les américains surtout, et l’OTAN, qui en ont fait une pièce essentielle de leur déploiement au Moyen-Orient. L’invasion de l’Irak décidée dans l’urgence manquait de tout ; d’aéroports de relais et d’avions. La base de Sharjah de Viktor bout allait leur offrir les deux.
Victor Bout, dont les avions ont amené la majeure partie de ces engins de mort était donc déjà repérés depuis longtemps, bien avant même 2001. Mais on l’avait utilisé, alors on a du faire avec la découverte de ses autres trafics, sur lesquels ont a fermé les yeux. C’est devenu très vite hypocrite : “Au Conseil de Sécurité National, Gayle Smith, une voix officielle, fera plus tard un commentaire : « Vous voulez parler de menaces transnationales ? Nous avons eu l’Afrique de l’Est ( avec le bombardement d’al-Qaïda), le réchauffement climatique, et Victor Bout. ” Pas un seul marchand d’armes organise des opérations de la taille de Bout, et ses liens avec les talibans et Al-Qaida sont préoccupantes. Mais Bout n’a pas d’entreprise aux États-Unis et ne brise donc pas les lois des États-Unis, alors l’équipe ne peut pas recueillir suffisamment de preuves pour émettre un mandat d’arrêt contre lui”. Quel aveu : on sait qu’il fournit les armes aux talibans, mais on ne fait rien ? Le parcours de la dame, qui est toujours aujourd’hui à ce poste, est capable d’expliquer son faible empressement envers Victor Bout : “pendant l’administration Clinton, Mme Smith a été l’assistante du spécial du Président et le Directeur principal pour les Affaires africaines au NSC, en qualité d’administrateur principal et de chef d’état-major de l’Agence américaine pour le Développement international (l’USAID !)”. Autrement dit quelqu’un qui n’a cessé elle-même d’avoir recours aux avions de Victor Bout !
Ce que disait Gayle, en prime était faux : Bout avait bien des actifs sur le territoire US, via une énième société écran”. “Phoenix Aviation ausi connue sous le nom Phoenix Avia. Là encore un société à risques :”basée à Sharjah, Phoenix Avia aurait été « réorganisée en 2002 comme filiale de Phoenix Avia Gulf Ltd., proposant des services de location aux compagnies africaines (…) Elle dispose de cinq avions. Jusqu’au 28 mars 2006, elle en disposait de six. Quelques minutes après son décollage de Téhéran, son Antonov 12BK (EK-46741) tente un atterrissage d’urgence, et s’embrase. Pas moins de trois de ses moteurs étaient tombés en panne”. Phoenix Avia, ou Aviation, rebaptisée sous le nom d’Aero Asia et ses avions numérotés 22632 et 21960, connus sous les intitulés EX-632 et EX-006″. Tout a déjà été écrit à ce sujet, comme l’a si bien raconté Arnaud Labrousse : “Phoenix Aviation, elle, est le Phoenix toujours taxé de Bout pur jus. Elle aurait importé de la cocaïne et de l’héroïne en Angleterre en 1993, et envoyé armes et munitions aux rebelles yéménites et angolais en 1994. Depuis lors, ses gros-porteurs ont été loués à la KAM Air du seigneur de la guerre afghan Abdul Rashid Dostum. Ils ont également fait surface dans la flotte de Santa Cruz Imperial, écran de fumée que Bout gérait avec un des chouchous des milices du bois libérien Sanjivan Ruprah. En août 2003, un trafic d’armes Téhéran-Taylor est assuré par un Boeing utilisant le code ICAO d’une petite affaire, Astral Aviation, qui par hasard compte un appareil Phoenix dans son hangar.” Phoenix Aviation, société américaine, appartenait à Victor Bout et à un associé américain. Il y en avait assez pour l’arrêter : on ne l’a pas fait.
Malgré tout cela, on ne l’arrêtera pas, en effet. La raison est simple : on a besoin de ces avions pour l’offensive de 2003 en Irak et l’approvisionnement les mois suivants, et l’arrêter signifie la crainte qu’il révèle la livraison des Stingers, et l’imbroglio qui a suivi. Le “tsar” de la lutte contre le terrorisme, Richard Clarke Lutte estimait qu’il fallait se saisir de Bout, ce qui était une pratique très rare avant 9 / 11 (en raison de la loi Church de 1976). “Mais quand l’administration Bush prend le pouvoir au début de 2001, Bout est considéré comme une priorité moins importante, et, finalement, aucune mesure efficace sera prise contre lui avant le 11 septembre”. Autrement dit, on va minimiser son rôle, car si on veut faire la guerre, il faut transporter énormément de matériel, et le transport aérien de l’Air Force ne suffit pas : entre les Galaxy en réparation constante, aile à changer, et les C-17 trop gros pour de petits trajets ou trop courts pour traverser l’Atantique, le panel offert sur place par les avions de Bout est idéal. Et beaucoup plus.. discret. A partir de 2001, donc, Bout n’est plus autant recherché… même plus du tout (ou tout autant que Ben Laden, si l’on peut dire !) : ces avions croisent à Bagdad ceux de l’Air Force, et parfois même, les militaires présents pour les charger ou les décharger se trompent d’appareil !
Une vidéo en date de 2004 montre l’arrivée à Bagdad d’un Ill-76 en provenance de Sharjah, avec à bord “45 tonnes de vivres et d’équipements militaires pour le camp Victory” nous dit un bloggeur. On s’arrange pour couper la vidéo avant de voir son numéro, censure oblige. L’engin, qui possède la particularité d’avoir son moteur gauche extérieur blanc ou gris clair est vite cerné : c’est celui de Coyne Airways. Une société qui se targue de délivrer “Baghdad, Erbil, Sulaimaniyah et Balad, avec Bassorah, Mosoul et Kirkouk sur demande” , qui possède toujours des Antonov 12. A Dubaï, la firme est dirigée par Darrin Quern, qui vient de TNT. Lors de sa nomination la firme se flatte de son CV : “Son expérience de l’armée et du gouvernement seront particulièrement bénéfique pour aider à étendre nos activités à travers le monde via Dubaï en Irak et en Afghanistan”. Les américains ont besoin de Victor Bout, et quand les avions manquent, se retrouvent à diriger à distance d’autres sociétés de livraison, via d’anciens militaires reconvertis.
En 2006, 2007, 2009 et 2010, les rapports de spotters du groupe de Maastricht sur la base de Geilenkirchen énumère les vols de l’ISAF. IL est affligeant pour l’Otan : le 24 février 2006, par exemple, de cette base militaire a décollé le Reem Air EX-066 connu pour être répertorié chez Viktor Bout. Le modèle EX-039 sera vu à Orebro – Boforsen Suède, direction la Georgie le 7 avril 2005, avec un chargement nocturne. A Sharjah, à Dubaï, Le modèle EX-054 le 5 avril il était lui à Eindehoven pour charger pour les forces hollandaises. Dans les registres pointilleux des spotters, on tombe sur Gomelavia (Biélorusse), ou Silk Way Airlines, Volare Aircompany(Ukrainienne), Aviacon Zitotrans, Trans Avia Export entre autres, et même un Antonov 12 UR-CGV de Meridian le 28 novembre 2009. Trans Avia Export est répertoriée depuis longtemps comme étant une société de Victor Bout, l’émanation directe de son trust de son Trans Aviation Network Group d’Ostende. Ce sont ses avions de la TransAvia Export Cargo Cie, qui avaient permis l’acheminement sur le terrain d’humanitaires de l’ONU en Somalie en 1993 mais aussi les soldats français au Rwanda en 1994. Questionné en 2005, Bout avait avoué des vols pour le MOD anglais, en rappelant même les dates, ce qu’avait noté Griffin. Là encore, c’est affligeant : le ministère de la défense anglais, bien que sachant pertinemment qui était Victor Bout, lui a confié des missions répétitives, faute d’avoir les avions transporteurs suffisants dans son parc : le dernier Belfast a été utilisé …. par une autre firme douteuse. Liée à Viktor Bout !
Ne pas l’arrêter, donc, car les ramifications de ses entreprises intègrent des gens gênants, tel le Cheikh Abdullah Bin Zayed al Saqr al Nahyan, ancien ambassadeur aux USA, nommé dans un rapport”associé en affaire avec Victor Bout”, sans doute, selon le détective Bill Warner. “Dolphin Air est une compagnie aérienne charter basée à Dubaï, Emirats Arabes Unis. Elle exploite des services d’affrètement dans le Moyen-Orient et le Pakistan. Sa base principale est l’aéroport international de Dubaï. La “nouvelle” entreprise de transport aérien, Air Dolphin, a commencé ses opérations en 2002. Elle était auparavant connu sous le nom Flying Dolphin Airlines et de Santa Cruz Imperial Airlines, et appartient à Cheikh Abdullah Bin Zayed. Elle a été réorganisée par Arabian Trading Devt qui a repris les actifs de Santa Cruz Imperial, détenue par le cheikh Abdullah Bin Zayed. Santa Cruz Imperial a été identifié par des sources diverses comme étant détenues ou contrôlées par Viktor Bout, Cheikh Abdullah Bin Zayed et / ou Sanjivan Ruprah (également déjà cité par le Comité sur les sanctions à infliger au Libéria). Cependant, il ya eu un certain désaccord quant à savoir si Viktor Bout avait de fait la propriété véritable de cette société. Néanmoins, les avions de Santa Cruz ont fonctionné de manière interchangeable avec les avion du réseau de Victor Bout. Par exemple, Viktor Bout a utilisé des avions Santa Cruz pour vendre des armes à l’UNITA en Angola et pour vendre des avions aux talibans en Afghanistan. En conséquence, Bout a au moins indirectement le contrôle de Santa Cruz”.
Les noms cités se résument parfois à un seul appareil, tant les avions de Bout sont des avions caméléons : “Juste pour finir, l’A6-ZYB de Dolphin Air a été acheté à une société appelée Trans Air Congo au Kinshasa. Où avons-nous entendu parler d’eux avant ? Eh bien, vous souvenez peut-être une photo d’un Antonov 12, enregistré 9L-LEC, s / n 4341803, sur le terrain de Bagdad en Janvier 2004 portant le nom de « Skylink ». Ce qu’un autre site corrobore : “Un Antonov 12BP (9L-LEC) de Skylink aurait été utilisé pour acheminer des munitions aux GIs, avant d’être redéployé au Congo démocratique début 2004, sous les couleurs de Trans Air Congo. L’épave semble avoir été louée à Jetline – jumelle de la boîte de Bout chassée de Moldavie, Aérocom. Dans un passé plus lointain, elle aurait servi « un opérateur privé » en Sierre Leone. Un autre Antonov Skylink (RA-11114) aurait fait des missions pour les Space Cargo et GST Aero de Bout.”. Le 9L-Lec ayant été utilisé par des mercenaires. “Plus tard, l’information a démontré qu’il avait servi à apporter la nouvelle monnaie irakienne – un emploi, il me semble me rappeler, son l’agence de Tim Spicer, Aegis Defence Services, s’était chargé. Cet aéronef de Trans Air Congo a été photographié à Kinshasa, avant d’être détruit dans un accident quelque part dans l’est de la RDC. Et d’où TAC a obtenu un autre An-12, n °de série. 4342404, provenant de où je vous le demande ? De Santa Cruz Imperial à Dubaï. Et comment et où a-t-il fini Quelque chose appelé « Inter Transavia » enregistré au Kirghizistan”. Il finira en fait par s’écraser entre Goma et Kindu sous le numéro 9Q-CVG et sous le nom de Victoria Air… il travaillait alors pour Maniema Union, un club de football congolais ! Victoria Air était une société créé en Ouganda par le Lt-General Saleh et le Major-General Kazini, la femme de Saleh et… Viktor Bout ! Quant à l’Antonov 9L-LEC, il emplafonnera,et découpera en tranches, tous freins cassés un Boeing 727de Teebah Airlines à Pointe-Noire le 25 janvier 2008. Les deux appareils étant déclarés détruits “written off”).
Il est évident que ces soutiens, et l’intelligence d’avoir déplacé sa base à Sharjah, l’ont énormément aidé et ont fortement freiné les velléités de vouloir le jeter en prison : “le fait est que ces marchands d’armes ne sont que la façade du commerce qui est tenu sous le contrôle d’instances bien plus hautes. Ce n’est pas un hasard si l’associé de Victor Bout dans la compagnie Flying Dolphin (qui trafiquait directement avec Ben Laden et avait un siège légal à Sharjha et à Bucarest) est le cheik Abdullah bin Zayed bin Saqr al Nayan, membre de la famille régnante, qui, par ailleurs a été ambassadeur des Emirats arabes unis aux Etats-Unis. Un autre protecteur de Bout était le sultan Hamad Said al Suwaidi, conseiller du sultan du Sharhja. Mais après le 11 septembre, malgré tous ces appuis, les Emirats durent concéder l’extradition, en 2002, et la femme de Bout, ferma la boutique de mode qu’elle y gérait”.
Au total, pas plus Bout que Chichakli, qui se prétend neveu de l’ex-président de la Syrie et fils d’un ancien sous-secrétaire à la défense syrien, ne seront donc inquiétés avant 2005, où tout à coup on se réveille et on découvre subitement leurs malversations ! “Toutefois, aucune mesure ne sera prise contre lui jusqu’au 26 avril 2005, lorsque le Trésor américain et les agents du FBI effectuent un raid dans son domicile et son bureau au Texas. Ils saisiront son ordinateur, des documents, et plus de 1 million de dollars d’actifs dans le cadre d’une enquête sur l’empire financier de Victor Bout, mais ils ne l’arrêteront pas pour autant. Chichakli ne sera pas non plus arrêté quand il quittera quelques jours plus tard les États-Unis Il se rend alors en Syrie, où il plus tard on soupçonnera Viktor Bout d’approvisionner le Hezbollah en armes”. Bout et Chichakli utilisent Sharjah pour livrer Bagdad, où on se bouscule pour livrer : “A Bagdad, à l’aéroport d’Al-Muthanna, celui utilisé par l’armée américaine et la coalition, on pouvait voir régulièrement les vieux 727 d’African Express. Les 5Y-AXB, N° de série 19565, et le 5Y-AXE, N° de série 21611. Ce dernier loué à Ishtar Airlines, qui louait aussi le 737, A6-ZYC, N° série 22679 (Ishtar possède deux autres 737, achetés à Phoenix Aviation). Le 5Y-AXE était d’origine espagnole (Ibéria) et avait été décoré d’un étrange logo jordanien d’HA Airlines, devenu Star Air en 2004, société dont le siège est à Damas et Bahrain. Son dirigeant n’est pas une surprise : c’est Paddy McKay, le fondateur d’Air Leone, firme de Guinée Equatoriale après avoir été installée à Freetown, pour y être interdite fin 2004”. Viktor Bout, on le sait n’est pas seul au sein de la nébuleuse des vendeurs d’armes dans le monde, où on se refile des coups de main entre personnes du même “métier”.
Une seule journée à Sharjah, et on peut se rendre compte du trafic intense des avions de Viktor Bout : A compulser les arrivées et les départs du 18 mars 2009, note le site spécialisé, on note des opérations de vols de Click Airways, Gomel Avia, Eastern Express Air Company, South Airlines, Asia Continental et Sakavia Services. Toutes des firmes lui appartenant ! La dernière avec son 4L-GLR, notamment, qui sera photographié lors de sa maintenance le 11 mars 2010 encore (ou son démantèlement ?). Sakavia, enregistrée comme une firme… Georgienne ! Créé en 1998, et disposant de deux Antonov An-12BK (4L-GN L et 4L-GLT, un Illiioushine 76T, IL-76T (4L-GLM) ; et quatre Ill-76 modèle TD : IL-7(4L-GNI, 4L-GLL, 4L-GLK, 4L-GLR). Le 4L-GNi de Sakavia deviendra “Sky Georgia” et sera photographié sous ce nom en janvier 2010 à Sharjah. Or le 11 décembre 2009, un Ill-76 de Sky Georgia, déjà rebaptisée East Wings, se rendait célèbre sous le numéro 4L-AWA à Bangkok, arrêté après s’être posé bourré d’armes à bord. Des missiles, appelés sur le bon d’exportation “Equipement pour forage pétrolier”, la même excuse que pour l’envoi le 22 novembre 1985 des 18 missiles Hawk et de leurs pièces détachées des Etats-Unis vers l’Iran, via Israël et le vieux 707 J6-SLF de Santa Lucia. Il y assez peu d’imagination chez les vendeurs de mort. Sky Georgia venait juste en novembre de louer à la société ukrainienne SP Transport Limited (dont le siège est au Vanuatu !), un appareil GST Aero enregistré UN-76007, croisé à Vatry. L’avion avait ravitaillé en essence à Gostomel en Ukraine le 8 décembre, et était parti de… Sharjah. Sous le nom de Buraq Transport, en septembre 2009, il était parti de Zurich apporter de l’aide humanitaire aux victimes du Tsunami ! GST Aero étant bien entendu une société… Viktor Bout !
L’Azerbaïdjan, autre clé du problème (et l’héritier de Wella)
Le pouvoir se cache à bord des avions de Viktor Bout, cela on s’en doute. Américains, Saoudiens, Russes, pays africains, on se doute bien que les sommes réalisées dans le trafic d’armes et de drogue qui lui est associé concernent des gens haut placés. Parmi ceux-ci, ceux d’un pays un peu oublié : l’Azerbaïdjan, mis en coupe réglé par son dictateur et sa famille. A la tête d’une des entreprises écran de Viktor Bout, en effet, Arzu Aliyeva, la fille âgée de 21 ans du président Aliyev, à la tête d’un gigantesque Holding regroupant une bonne dizaine de firmes d’aviation, des banques et des sociétés immobilières. Arzu Aliyeva ne vous est pas totalement inconnue : c’est bien elle qu’on avait aperçue à l’inauguration chez Tussaud de la statue de… son père. Derrière l’étrange Chambre de Commerce se cachent bien des secrets….nous ne sommes pas loin du fonctionnement de la Transnitrie, à vrai dire. A part que là, ce sont les USA qui font ce qu’ils veulent.
Dans le dépliant publicitaire d’un quasi publi-reportage de cinq pages du magazine Airliners d’avril 2007, on apprend ce que fait Silk Way (littéralement “la route de la soie !”) ; entre autres, ravitailler les troupes US et canadiennes en Afghanistan. “Un regard sur le programme hebdomadaire de Silk Way montre une sélection de lieux qui peut être appelé exotiques : Kaboul (KBL), Kandahar (KDH) et Mazar-el-Sharif (MZR) en Afghanistan, à Bagdad (BGW) en Irak, et Urumqi (URC) en Chine pour ne citer que quelques-uns. Tous les appareils de Silk Way Airlines sont basés au Heydar Aliyev International de Bakou, la capitale du riche pays en pétrole, lAzerbaïdjan, et fonctionnent à partir de là, la plupart d’entre eux se consacrant à des itinéraires particuliers. L’itinéraire typique qui est souvent utilisé par les avions plusieurs fois par semaine part de Hahn (HHN), près de Francfort en Allemagne BAK, continue à KBL. En règle générale, un équipage part de Bakou jusque Hahn, en Allemagne en début de soirée et de retour à Bakou, arrivant à la maison tôt le matin. Ces vols amènent de l’équipement en Afghanistan, opérant pour le compte des troupes allemandes qui y sont stationnées. Les vols aller-retour emportent généralement moins. Un grand pourcentage des marchandises qui s’envolent vers l’Allemagne le fait que parce l’Allemagne a très strictes lois environnementales, ce qui oblige de nombreux éléments à être recyclés correctement. Un autre IL-76 trajet principalement entre BAK, Bichkek, le Kirghizistan (FRU) et URC. Les autres destinations fréquentes comprennent Trenton Airbase (YTR), près de Toronto, où un vol hebdomadaire est utilisé au nom de des troupes canadiennes, Chateauroux (CHR) en France, Istanbul Sabiha Gökcen (SAW) ainsi que MZR et le KDH. En plus, l’IL-76 pour aller où il y a une cargaison à prendre, bien souvent en dehors de l’UE. Après les tremblements de terre au Pakistan ou le tsunami en Asie du Sud, Silk Way Airlines a été fortement impliqué dans le transport de marchandises humanitaires dans les régions touchées. ” Bagdad est nommément cité dès avril 2007 : or le gag, c’est que la presse nous apprend le 8 décembre 2009 seulement que Silk Way vient d’obtenir l’autorisation de faire des vols cargos dans le pays ! La même chose qu’Iraqui Airways déclare-t-on ! A croire que les vols précédents… étaient clandestins ! Si Urumqui est cité, on le sait également grâce à un crash survenu à un des avions de Silk Way en Chine. Que faisait-il aussi loin ??? Dans la ville où est situé un des principaux arsenaux chinois ? Y aurait-il une filière chinoise d’exportation illicite ? Sans nul doute, dirons nous !
La société Silk Way Airlines a été fondée le 6 octobre 2001 par Mr Shamsaddin Mirsalayev, le directeur actuel de la société, qui avait fondé auparavant Azal Avia Cargo basée à Bakou : Silk Way n’en est que le nouveau nom. Selon un rapport du RFE/RL’s Azerbaijani Service, Silk Way Holding — et sa douzaine d’avions d’Azerbaidjan – appartient aujourd’hui en partie à Arzu Aliyeva, la fille âgée de 21 ans seulement du président Aliyev, voilà qui est plutôt surprenant. Ses vols relient le Moyen Orient à l’Europe, dont notamment le Luxembourg, et les aéroports visités s’appellent Kaboul et Kandahar mais aussi Hahn, ancienne base US en Allemagne devenue aéroport civil en 1993. La partie militaire laissée depuis à l’abandon. Sa base originelle est à Bakou, à l’Heydar Aliyev Baku International Airport. Sa flotte actuelle comprend 3 Antonov An-12, 1 Ilyushin Il-76MD et 7 Ilyushin Il-76TD. Il faut lui ajouter un gros porteur Boeing 747 de Cargolux qui vole actuellement pour Silk Way Airlines.
Le plus étonnant, c’est que lorsqu’on annonce que la société dessert Bagdad, cela fait 5 ans déjà que Silkway est interdit de vol dans de nombreux pays d’Europe (mais pas l’Allemagne !). La Suisse, par exemple ; l’a banni depuis 2004 avec Flash Airlines (Egypte Jr Executive (Liban/USA) Premium Air Shuttle (Nigeria) et Dniproavia (de l’Ukraine). Ce qui n’empêche en rien cette dernière de se poser sur l’aéroport Ben Gourion le 1er novembre 2009 encore… l’avion est plus que suspicieux ; le 21 octobre 2008, on le trouvait à Shannon, sortant de du hangar à peinture de Air Atlanta Aero Engineering avec de nouvelles couleurs et un nouvel enregistrement, avec un G-THOJ collé au dessus d’UR-DNJ. G-THOJ étant son ancien numéro. le gag, c’est que le premier appareil de Silkay, le vieux DC-8… d’Ostende, l’ 4K-AZ25 (cn 45920/319) âgé de plus de 40 ans provenait de Swissair (en 1968 !), et a été bloqué depuis 2003, en raison du bannissement de tous les avions “9G” dès cette date. 9G, l’indicatif du….Ghana ! Un avion du parc de Viktor Bout comme premier appareil ! On le verra sucessivement porter la livrée blanche de Cargo Lion, avec l’indicatif LX-TLC (ancien Nationair, canadien) puis le logo Silk Way sur la queue : un changement de customisation typique des pratiques de Viktor Bout qui fait tout à l’économie : le design général premier n’est jamais remis en cause, on ajoute une ligne le long du fuselage ou un seul logo sur des avions uniforéments blancs, ou on peint les réacteurs seulement…. En Afghanistan, Silk Way Airlines et ses Il-76 côtoie tous les jours ou presque TransAvia Export (de Biélorussie) aussi avec ses Il-76, comme Gomel Avia. Or les deux dernières sont des sociétés répertoriés chez Viktor Bout. Bref, Silkway, a bien des égards est un des énièmes paravents du vendeur d’armes. Le vieil ACS Boeing 707 EL-ACP sera vu en train d’atterrir à Genève en attente d’un vol humanitaire pour la Croix-Rouge. Des Silk Way, ce n’est pas ce qui manque. On en voit à Ostende, où est leur base originelle, en approche à Ostende, à Presttwick, puis au dépôt en attendant d’être scrappé pour le 4K-AZ25 (cn 45920/319) . Un Antonov Sill Way sera vu aussi à Ostende, le 17 février 2003, deux Silkway et l’ancien Aviast. On prendra aussi en photo le K-AZ21 (cn 8345609) à côté de l’Aviast RA-11962… probablement plutôt le 4K-AZ21 mal peint ou siglé à la va-vite… intentionnellement ou pas, on ne sait.
Et une fois encore, l’historique des appareils de Cargo Lion démontre ce qu’il en est exactement. Le DC-8 d’Ostende appartenait à la firme “Cargo Lion” qui a été créé par le suisse Bertram Pohl, qui avait localisé sa firme dans le paradis financier de Guersey et a commencé à Ostende à fonctionner avec la licence du Ghanéen Southern Aviation, émanation, on le sait, du réseau de Viktor Bout. En 1995, Cargo faisait voler deux “Cargo Lion” (ça devait s’appeler “Swiss Cargo” mais ça n’a pas pu se faire car la marque était déjà déposée). Après deux ans de service les appareils ont été revendus l’un à Silwkay, l’autre à Johnsons… on retombe bien sur la même boucle infernale des contacts douteux ! Bertam Pohl, “associé chez PwC Luxembourg, en charge de la R&D, du Marketing et de la Communication” et créateur philanthropique de la fondation du même nom qui ” a pour objet le soutien et la promotion de la jeunesse dans le domaine musical ainsi que la prévention des problèmes concernant la pédophilie, la drogue et l’usage internet, la mise en place d‘un encadrement pour musiciens talentueux, sélectionnés sur base de leurs qualités artistiques et personnelles, le tout aux moyens de formations diverses et variées, de bourses de perfectionnement et de la création d‘un environnement de travail dénué de toute pression commerciale”. Etrange fondation : comment un personnage aussi obscur à pu se payer cinq avions, dont deux DC-10 ?…Grâce à une fortune personnelle immense ! Les cinq avions de Pohl, dont les deux DC-10, devenus Translux, ne passeront pas pourtant la crise des transports de 97-98 en réalité. En 1992 les vols privilégiés étaient Ostende-Accra-Ostende. A quel jeu a voulu jouer le “philanthrope” déclaré ? A-t-il tenté de s’insinuer dans la livraison d’armes, lui aussi ? Comme un simple investissement juteux ? En tout cas, ça s’est terminé par un flop ! Mais comment donc ce personnage est-il arrivé dans ce jeu de quilles ?
Pohl, ce n’est en effet que le fils d’Erika Pohl, détentrice de 23% du groupe Wella et de son gigantesque empire de cosmétique, revendu à Procter&Gamble. Du Bétancourt bis en quelque sorte ! Le propre frère de Bertram, Reinald, détenait 49% des actions de Lion mise en liquidation finale en 2003. En suisse, on se bat encore pour ce qui reste de l’empire Wella, créé par Erhardt Ströher décédé en 1977 en Corse et dont le corps avait été exhumé en 2004 à Praroman-le-Mouret pour de sombres vérifications sur les circonstance de sa mort, sa veuve étant l’objet d’une campagne d’accusations. Lors du rachat par Procter le groupe avait culminé à 6,5 milliards de dollars ! Depuis c’est un peu Dallas, car cela a attisé bien des convoitises !
Le DC-8 d’Ostende a appartenu également à Capitol Air : rien que cette société donne une idée aussi de comment tout le trafic a pu démarrer. Capitol a été créée par trois anciens pilote de l’Army Air Corps, Jesse Stallings, Richmond McGinnis, et Francis Roach, à Smyrne, dans le Tennessee. Leurs avions avaient déjà comme point d’attache européen…. Bruxelles, mais aussi Porto Rico, alors haut lieu du trafic de drogue en Amérique Centrale ! Les vieux routiers du Viet-Nam perpétuaient la tradition… d’Air America !!! Ce sont les crashs, qui, comme d’habitude, démontrent ce que faisaient réellement ses avions. Le premier est en date du 7 novembre 2002 et se produit à Djamena, localisation que ne vante pas le dépliant de la firme. Un Antonov 12 4K-AZ21 (à l’immatriculation mal peinte, donc !). L’avion venait d’….Ostende (ici à côté d’un Cargolux) où il était un visiteur attitré. Atterrissage raté sur le bout de piste en latérite…. L’avion, train gauche affaissé, et arraché sera relevé mais sera déclaré irréparable !
Bout fournit donc les Etats-Unis et leurs alliés, et c’est indéniable en Afghanistan et en Irak. Le 6 août 2007, c’est un autre incident qui se produit au Canada qui le révèle… un des 9 Ill-76 de Silk Way, englué dans un brouillard dense va rater l’entrée de la base de Trenton en Ontario, et faucher une bonne paire de lampes et de grillage en se posant nettement trop court. L’avion transportait du matériel militaire canadien. En fait, il avait carrément touché le sol 130 mètres avant la piste avant de remettre les gaz, les roues principales entourées de fil barbelé : après avoir fait des cercles pendant une heure, il décidait de se poser à Ottawa….avec ses barbelés. L’appareil, l’AZQ4992 (immatriculé 4K-AZ41, vu ici en Bulgarie et là à Kandahar), était bien sous contrat du Department of National Defence du Canada. L’avion sera également photographié à Geilenkirchen sur la base de l’OTAN, celle des Awacs européens. A Burgas le 24 août 2010, c’est l’exemplaire 4K-AZ55 (ici à Bourgas) que l’on trouve. Dans un site, un observateur note les visiteurs en Afghanistan, outre les C-17 de l’armée US : l’Antonov 124 de Volga-Dnepr du SALIS, affrété également par la France, mais aussi SilkWay Airlines (Azerbaijan), avec des Il-76, TransAviaExport (Biélorusse), avec des Il-76, Gomel Avia (Biélorusse), avec des Il-76 et Blackwater (USA), avec son petit CASA-212…
Et comme tout s’imbrique et tout se perpétue, on retrouve les mêmes chez Obama, lors des nominations d’ambassadeurs ou d’envoyés spéciaux où Azerbaijan va occuper une place de choix. Et qui dit place de choix dit “pointure” comme responsable en place… “Ce mois-ci, a atterri dans les pages éditoriales de deux journaux, à Washington du carburant à ajouter à la controverse qui a débuté en mai, lorsque la nomination de Matthew Bryza a d’abord été annoncé. Bryza a été l’un des responsables américains les plus visibles dans le Caucase région au cours de l’administration de l’ancien président George W. Bush, siégeant en tant que secrétaire d’Etat adjoint pour l’Europe et l’Eurasie. Il a aussi été aux Etats-Unis co-président du Groupe de Minsk, qui vise à parvenir à un règlement au différend entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur la région séparatiste du Nagorno-Karabakh. L’ancien sénateur est un conseiller principal de la Société Gage, un cabinet de lobbying basé à Washington. Le chef de la direction de Gage, Leo Giacometto, est un ancien conseiller politique de Burns. En plus d’être chef de la direction de Gage, Giacometto siège au conseil d’une société appelée Silk Way Holding”. La “fameuse” Chambre de Commerce a encore frappé ! Et Silkway fait bien partie du ring infernal !
Critique acerbe, aussitôt, de Sibel Edmonds : “Bryza a également promis de ne pas laisser sa vie personnelle influer sur son travail. Son femme, Zeyno Baran, est d’origine turque, que certains critiques arménienne disent conduire à une politique anti arménienne. Baran, qui était présente à l’audience, a également été citée comme une source de conflit potentiel de l’intérêt pour Bryza en termes de politique énergétique. Elle travaille pour le Hudson Institute, un, think-tank qui reçoit des fonds d’ Exxon Mobile et d’autres sociétés d’énergie basée à Washington. L’Azerbaïdjan est une pays-clé du “Corridor sud” pour les augmentations prévues dans l’expédition de gaz de la région de la Caspienne vers l’Europe”. On ne peut être plus clair !
L’homme cité, le mentor du nominé, est en effet un pilier de la politique américaine dans la région.”De Morningstar, souvent cité dans des fiches de pedigree, nous savons que lui et Bryza sont diplômés de l’Université de Stanford, qui a conduit plus tard à leur relation mentor-protégé. En 1997 Bryza est devenu conseiller spécial de l’ambassadeur Richard Morningstar, à la coordination du gouvernement américain des programmes d’assistance sur la réforme économique dans le Caucase et en Asie centrale en 1997-1998. En creusant un peu plus : on découvre qu’en 1998, M. Bryza a été lieutenant de Morningstar dans la gestion américaine des intérêts énergétiques de la mer Caspienne comme adjoint au conseiller spécial auprès du Président et secrétaire d’État sur la diplomatie de l’énergie du bassin de la Caspienne, où il resta jusqu’en Mars 2001, et il où a travaillé sur le développement de ces régions. Les plans sont désormais de contourner la Russie et l’Iran, et pour les Etats-Unis et de l’Ouest d’atteindre une position dominante sur la prestation de l’approvisionnement énergétique en Europe”. C’était bien un pion indispensable que cet ambassadeur. Et cette firme d’aviation. Sans oublier la Chambre de Commerce US !
Et le portrait à charge continue : “le statut de Morningstar comme l’un des grands néocons a été longuement tenue discrète. Durant les années 90 il a travaillé avec et au service des principaux acteurs néocons comme Elliott Abrams, Dick Cheney, Frank Gaffney, Paul Wolfowitz … Les gens ont tendance à accorder une attention seulement au Top 25 des signataires et les contributeurs du projet pour la New American Century PNAC. Dans cette infâme liste “brille l’étoile pour l’Asie centrale et le Caucase de M. Richard L. Morningstar”. comme le dit l’article Counterpunch de Conn Halinan en 2004 qui met en évidence avec justesse le fait important à propos d’Haliburtons, Perles et Wumsers et leur projet pour le nouveau siècle américain (PNAC) en ce qui concerne l’Asie centrale : La récente décision des compagnies pétrolières et l’armée américaine en Asie centrale en est un bon exemple. C’est le président Bill Clinton, et non pas George W. Bush, qui a conçu cette stratégie. Ce n’était pas les républicains qui ont apporté Halliburton et Cheney dans la région de la Caspienne, mais le conseiller de Clinton Richard Morningstar, aujourd’hui un des pivots de John Kerry.” Ce que ce monde est petit, et quelle continuité de la politique US dans la région : il n’y a aucune différence entre un Bush père, un Clinton, puis un Bush fils et aujourd’hui un Barack Obama !
Et on retrouve tout dont on vient de parler, à savoir l’Azerbaïdjan comme enjeu crucial de la politique américaine, comme la Colombie a pu l’être et l’est encore pour l’Amérique du Sud. “Dans ce contexte, la nomination de Matthew Bryza génère des craintes. Cela fait partie de l’aide américaine fournie à Bakou. Le gel de la Section 907 du ‘Freedom Support Act’, qui interdit les aides directes, Washington cherche néanmoins des “solutions” pour livrer des équipements techniques et des technologies à l’Azerbaïdjan en cas de guerre. L’expression courante que personne ne bénéficiera d’une nouvelle guerre dans la région, est au-dessous de toute critique. Seuls les États-Unis et la Russie auraient besoin de cette guerre, ce qui leur donnerait la possibilité de livrer des équipements militaires dans la région, déjà suréquipée avec les armes les plus modernes et qui seront tôt ou tard utilisées. En l’occurrence, il n’est pas difficile d’imaginer ce qui restera de l’ensemble Sud-Caucase”.
Outre les vols vers Kandahar, plus inquiétant des vols de Silkway qui annonce sur son site voler jusque Shangaï est celui qui s’est terminé par le crash d’Urumqi, le 18 mai 2004. Le circuit officiel annoncé est soit vers Biskek, soit vers Bakou, puis vers Tbilissi, le Koweit, Dubai, Kandahar, donc, mais aussi Kaboul. Rien vraiment pour nous rassurer… le 27 juin 2007 Silk Way Airlines avait obtenu l’autorisation de faire des vols de passagers vers les USA avec des Ilyushin Il-76 mis aux normes américaines de bruit. Sur la carte du site de la firme Aberzaidjane, le trajet n’existe pas encore. A Chateauroux, déjà, le son caractéristique des Il-76 est entendu depuis longtemps déjà…
Le neveu embarrassant et le transport de drogue
Dans toute la saga du marchand d’armes un événement fortuit apparaît soudain au début des années 90. C’est celle d’un crash, le 10 juin 1991 exactement en Angola, encore une fois, lié au marchand d’armes : celui d’un C-130 utilisant les mêmes méthodes de camouflage discret de Viktor Bout. Il provient de Santa Lucia, et effectue alors ce qu’il est communément appelé une “opération grise”, du nom de la couleur de revêtement de l’appareil qui vole sans aucun marquage. En Indonésie, en 1958, des Invaders, des Mustang et des C-46 volaient de la même façon : les B-26B Invaders voalnt entièrement peints de noir, eux (pour les “black operations” comme celle de l’Haik !) : c’étaient des avions de la CIA, luttant alors contre la guérilla communiste (*). Notre avion très spécial, lui, avait été affrêté par une société où Viktor Bout avait des intérêts, mais contenait un directeur de mines de diamants et… le neveu d’un sénateur américain, Curt Weldon, qui, depuis, n’a eu de cesse de s’en prendre… à la CIA, responsable, selon lui du décès d’un membre de sa famille. Un Weldon en contact avec Manucher Ghorbanifar, vendeur d’armes connu, et Fereidoun Mahdavi, ancien proche du Shah, et un Weldon ayant participé à l’opération grotesque des chars soviétiques repeints refourgués aux irakiens… après bakchich (tout cela avec l’approbation de Petraeus…).
Roumanie, Moldavie mais aussi Slovaquie. Parfois, les avions de Bout font le relais des autres : en janvier 1999, le Sunday Times de Londres a également indiqué que Sky Air Cargo, de Londres, et la Airlines Occidental, d’Ostende appartenant à un commerçant belge d’armes, Ronald Rossignol, (associé de Viktor Bout), ont utilisé de vieux Boeing 707 chargés de fusils d’assaut AK47 et des mortiers portatifs de 60 mm vers Bratislava, la capitale slovaque. Soi-disant destinés à l’Ouganda, les armes, à raison de 40 tonnes à la fois, sont allées au Libéria et vers la Gambie, où elles ont été ensuite transférées sur les vols à partir d’un aérodrome de brousse à Kenema en Sierra Leone, par les services de Victor Bout. Finalement, les armes ont été apportées à des rebelles dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). La RDC et le Rwanda, où l’on trouve l’armée française.. qui a le même problème qu’auront plus tard les USA en Irak : la logistique ne suit pas, les Transall ne suffisent pas…. Sky Air et Air Atlantic Cargo, propriété de l’irano-américain Farhad Azima, magnat de l’aviation et trafiquant d’armes, exploitaient en effet le Boeing 707 J6-SLF (ici en 1982 et là repeint en 1986) appartenant à Santa Lucia, surnommée l’Oliver North Airways Company, en partenariat avec la société Heavy Lift où apparaissait Viktor Bout.
Des armes d’Europe Centrale à bord d’avions américains ? Oui, et ça se passe en Afrique, en Angola notamment, via la fameuse Santa Lucia. Où des sénateurs ou ces congressistes US s’agitent en coulisse pour armer des factions rivales, et avec qui Viktor Bout a des contacts. Ces liens entre Victor Bout et les USA deviennent une évidence lors d’un crash inopiné. L’affaire sera promptement étouffée, de peur de révéler ses liaisons dangereuses dans le grand public US. Le crash d’un C-130 aux couleurs de TAAG, au décollage de Luanda en Angola, en juin 1991 qui avait fait 9 morts, dont quatre ressortissants étrangers. Un italien et trois américains. A bord, pas d’armes, mais “des cigarettes et du whisky” selon la version officielle. L’avion étant en partance pour Cafunfo, la région des mines de diamants. Une agence de presse angolaise révèle très vite le nom des trois américains : le commandant Robert Snellgrave, le mécanicien Robert Weldon et le load master Chuck Henrichs (au départ, on cite Pharies ’Bud’ Petty, le patron de Tepper comme pilote). Catastrophe ! Ça n’aurait pas dû filtrer ! Aux USA, c’est l’affolement et on fait tout pour que le fax ne parvienne pas aux agences de presse. L’avion appartient à Roy Reagan, de Santa Lucia Airways, en relation avec Victor Bout. Mais ce n’est pas cela que la presse retient : non, c’est que le mécanicien décédé à bord n’est autre que le neveu du sénateur Curt Weldon, qui à partir de là va développer une haine assez phénoménale envers la CIA, qu’il va accuser d’être responsable de la mort de son neveu : il n’a pas tort en fait, l’opération prévue par le C-130 était bien une opération secrète comme on va le découvrir. Une opération qui est le fruit d’un vaste montage en équipements : les avions sont bien des avions civils américains, mais détournés de leur rôle principal. Or Weldon, on le sait, est très mouillé dans les affaires d’armement, et sa famille (sa fille) a des liens très particuliers avec des amis de Milosevic.
L’avion du neveu appartenait à Santa Lucia et était en pleine opération “grise” lorsqu’il s’est crashé, ou plus exactement travaillait loin de l’endroit où ils auraient dû le faire. En fait, c’est un peu l’équivalent de la Sécurité Civile qui servait de couverture à ces opérations : c’étaient des avions des Services des Forêts US, en train de faire une “étude” du “milieu” selon les explications offcielles : encore une énième “dénégation plausible” !. “Le problème entre Curt Weldon et la CIA se pose en raison des liens entre Roy Reagan et Santa-Luciea Airlines. Il semble que le neveu de Curt volait, comme mécanicien, en Angola sur les missions secrètes de la CIA utilisant des aéronefs ayant appartenu à (ou devraient avoir appartenu à) aux Service des forêts des États-Unis. Les avions américains du service des forêts avaient interdiction par la loi d’opérer en dehors des États-Unis. Weldon, à juste titre, a donc voulu comprendre la nature du voyage de son neveu, mais la CIA l’a fait tourner en rond. Weldon, lors d’une séance du Congrès, l’a pris comme un insulte personnelle”. Voilà comment un pro-interventionniste, lui-même mouillé jusqu’au cou dans des ventes d’armes secrètes (rappelez-vous l’histoire des T-72 inutiles de l’armée irakienne !) va se retrouver à la tête d’une contre-enquête pour des raisons familiales…
D’où venait le C-130 ? oh, de loin : d’Australie, en passant par la Mena (on y revient !) : “au moins un de ces C-130 ex-australiens a été impliqué à la Mena, Arkansas, dans des opérations de transports d’armes de la CIA et de drogues. Un autre, ayant sur la queue le numéro N69P, était exploité par Roy Reagan via un contrat de l’ U.S. military’s Nuclear Defense Agency. Ce même avion sera un jour saisi par la DEA à Miami, en Floride, lors d’une mission sur la contrebande de cocaïne”. Les avions étaient peints intégralement en gris sans aucune marque distinctive, ce qui leur a valu leur surnom : “l’avion-cargo d’exploitation forestière qui le mènera en Angola a été l’un des « Ghosts Gray,« ainsi nommé pour sa peinture ardoise” il portait le N° N9205T. Officiellement loué à Tepper Aviation, de Floride. L’avion crashé appartenait en fait à Detrich Reinhardt et Peter Turkelson. Deux membres connus de la CIA : les propriétaires de Santa Lucia (avec Viktor Bout). Ou comment un avion enregistré dans les Barbades, loué à une société de Floride, travaille au nom de l’ONF US en plein milieu de l’Afrique !
Et comme le monde est tout petit, dans celui des trafiquants, les deux hommes nous ramènent en Floride sur un terrain d’aviation très connu : “Nous avons découvert que l’une des sociétés active de Reinhardt à Charlotte County Airport, Caribe Air, avait eu à faire des affaires avec Rudi Dekkers d’Huffman Aviation. Air Caribe appartient en particulier à la CIA, dont défaut notoirement connu est d’avoir eu tous ses avions saisis à la Mena, Arkansas, après que les procureurs du gouvernement aient accusé l’entreprise d’utiliser ses avions pour le transport de cocaïne d’une valeur de plusieurs milliards de dollars aux États-Unis. Dekkers avait signé un contrat de maintenance “A” avec l’entreprise Reinhardt . C’est sans doute juste une autre coïncidence…”
Le crash embarrasse sérieusement le Congrès pour une autre raison : alors qu’il a accepté de fermer les yeux sur les livraisons d’armes à l’UNITA, il apprend que cette fois c’était l’autre côté qui était fourni par la CIA…”L’avion était en mission pour le gouvernement angolais, il a été découvert, chargé d’une cargaison de whisky et de cigarettes. Des observateurs de l’époque avait noté avec ironie que, tandis que la CIA avait pendant des années été secrètement appuyé l’autre côté dans le conflit angolais, à savoir les rebelles de l’UNITA de Jonas Savimbi, il semblait maintenant jouer des deux côtés”. De 1970 à 1980, l’UNITA de Savimbi avait reçu plus d’un milliard de dollars d’aides par les USA. Mais les doutes en vont pas demeurer longtemps.”Bien que le Congrès n’ait pas été amusé par la mort du neveu, la question a été rapidement abandonnée. Curieusement, Caribe Air est aujourd’hui contrôlé par un banque offshore située sur l’île des Caraïbes de la Dominique, Banc Caribe, une banque privée qui est l’objet d’une enquête actuellement par les autorités dans les noms impliqués dans les partenariats offshore secrets, d’Enron, dont beaucoup ont le nom de “Caribe” dans leur titre. Quand quatre banquiers offshore ont été arrêtés aux États-Unis pour blanchiment d’argent Banc Caribe Ltd, de la Dominique a été nommé dans l’un des les plaintes déposées”. Décidément, on touche à chaque fois haut placé : Enron, maintenant !
Dans l’avion, décède également donc Charles ” Chuck” Hendricks, originaire d’Acorn, dans l’Arkansas : lorsque ses parents l’apprennent, ils sont éberlués : pour eux, leur fils leur avait dit qu’il travaillait pour “une mission humanitaire apportant des vivres contre la famine en Afrique”. Or Acorn est à à peine “6 miles” de … la Mena (9,6 km !). Leur fils y travaillait, donc ! Selon les parents toujours, leur fils travaillait pour une firme appelée “Unitrans International”. Un autre décédé, Robert Snellgrove, travaillait lui pour “Majus Aviation”. Les deux firmes avaient leur siège à Lakewood, Colorado, et à Punta Gorda, en Floride. Le C-130 avait été fourni par CZX Production, qui le louait à TAAG. Pour leurs parents, Hendriclks était censé travailler à Francfort, en Allemage, et pour Snellgrove à Lindz, en Autriche : apprendre leur décès en Angola avait constitué un choc certain. Selon les familles, les deux hommes ne semblaient pas savoir que leur mission était illégale. Or, une constatation s’imposait : les patrons de “Caribe Air Transport” et “Unitrans International” n’étaient autre que Detrich Reinhardt et Peter Turkelson. Tout le montage tortueux était l’œuvre de la CIA. Les familles souhaitaient une enquête, car selon eux l’avion avait explosé juste après le décollage, ce qui aurait pût être l’effet d’une bombe à bord. A l’intérieur de l’avion, il y avait aussi Mjose Simao Neto, le propriétaire Angolais d’une mine de diamants, sa femme et leur enfant : la femme, très gravement blessée, aurait survécu au crash.
Tepper Aviation, épinglé en 2009 par le Parlement Européensur les vols de redditions pour Guantanamo :”Tepper Aviation est une société contrôlée par ou liée d’une manière ou d’une autre à la CIA. Selon le rapport d’Amnesty International, Tepper Aviation serait impliqué dans des opérations de remise par le biais d’un ou plusieurs de ses avions. La société opère à partir de l’aéroport de Bob Sikes, en Floride. La base européenne est Rhein-Main, en Allemagne. Tepper utilise trois avions appartenant à la société-écran Rapid Air Trans : le Lockheed N2189M, le N4557Cle N8183J” (photographié ici à Glasgow).Trois C-130 capable en une seule journée de redevenir… gris. Floride-Allemagne : la voie royale pour écouler la drogue en provenance de Colombie…
Rapid Air Trans, société civile trahi par ses notes de carburant facturées à l’armée, comme l’avait indiqué Amnesty dans son rapport :”Selon l’article publié par AP, des permis d’atterrissage et d’achat de carburant sur les bases américaines du monde entier ont été délivrés aux 10 compagnies sous contrat avec le NELO (c’est le Navy Engineering Logistics Bureau ou NELO, le Bureau logistique de la marine US ! )entre 2001 et 2004. Les contrats pour 2004, 2005 et 2006 examinés par Amnesty International indiquent que 12 compagnies sont actuellement autorisées à atterrir sur des bases américaines dans le monde entier, mais que des permis avaient été accordés précédemment à 38 autres, parmi lesquelles figuraient Aviation Specialties, Devon Holding & Leasing, Path Corporation, Rapid Air Trans, Richmor Aviation, Stevens Express Leasing et Tepper Aviation ; toutes ces sociétés auraient joué un rôle dans des « restitutions » par l’utilisation d’un ou de plusieurs de leurs avions. Nombre d’entre elles figurent également sur des listes de conventions commerciales d’achat de carburant dans le cadre des contrats du Centre d’assistance énergétique du ministère de la Défense.”
L’histoire du C-130 crashé en Angola est en effet un superbe sac de nœuds qui fait remonter à la surface en 1991 toute l’histoire des contras. Le patron de T&G, d’abord, est en effet une vieille connaissance de l’espionnage : Jack Chisum , patron déjà d’ Evergreen et de Southern Air Transport (deux sociétés où la CIA est présente) était aussi vice-président de T & G, installé à Chandler, en Arizona. Il est accusé par un enquêteur d’avoir été poussé par les autorités de faire avec Evergreen et Southern Air Transport des opérations destinées à “muscler l’usage des actions de C-130 au Moyen-Orient.” C’est Jack qui a défini le contour de la mission de ses C-130 au Koweït, où le contrat de T & G et du Service des Forêts ont imposé des missions de C-130 au Koweït à la fin de la guerre du Golfe. T & G aurait été transporteur de l’équipement pétrolier clandestin de Bechtel Corporation, et Evergreen et Southern Air auraient aussi servi à faire entrer illégalement du whisky dans le monde arabe. Quelle que soit sa cargaison, T & G a été sous contrat pour Bechtel à travers une société appelée Martech. Les avions destinés à la mission au Koweït ont été finalement rappelé aux États-Unis, et ont été transportés au complexe d’Evergreen à Marana, en Arizona”. Chisum mourra un jour écrasé par une voiture alors qu’il marchait le long de la route. Pour certains on l’avait réduit au silence. “En Février 1998, une femme d’un pilote de Tepper Aviation a témoigné en face d’un jury en Alabama, Etats-Unis, sur sa connaissance concernant les activités de trafic de drogue des hommes d’affaires locaux : un peu plus tard, elle a trouvé un serpent Sidewinder dans sa boîte aux lettres” … on est bien dans un milieu où on préférait des carpes à des perroquets. Quitte à se séparer des beaux parleurs de façon musclée.
Le montage de l’opération est en effet très complexe, et visiblement fait pour brouiller les pistes. “L’un des C-130 obtenus par Reagan avait été revendu à l’un des entrepreneurs de lutte contre les incendies, Hemet Valley Aviation, en Californie. Or un document fédéral de 1983 l’avait identifiée comme étant la société qui avait inspecté le C-123 cargo qui a ensuite été abattu lors d’une mission d’approvisionnement au Nicaragua, pour les pour rebelles Contras soutenus par la CIA. L’inspecteur s’appelait James P. Ross. Eugène Hasenfus survécu à ce crash et avait désigné les agents de la CIA, avec qui il avait travaillé, détruisant ainsi la thèse du gouvernement comme quoi il n’aidait pas les Contras. De même ce C-123 avait également été utilisé par le pilote de la CIA Barry Seal dans ses vols de trafic de cocaïne”. Les C-130 d’Hemet Valley Aviation seront revendus à Michael Zincka Leasing en 1989… puis à la sécurité Civile Française, qui les utilisera deux ans… sans qu’en sache rien en France. On ne sait pas si les premiers épandages d’eau ont révélé des traces de cocaïne à la place de retardant…
Des avions qui ne transportent pas que des armes en effet : quand ils traversent l’Atlantique, c’est plein de drogue. “Dans la fin des années 1970 et au début des années 80, l’ex-militaire et membre de la CIA Gary Eitel, également plus tard avocat, a révélé que la CIA avait l’intention de déplacer un certain nombre C-130 d’Australie vers le secteur privé et de les transférer vers Bogota en Colombie. Ils devaient être utilisés pour de la drogue de contrebande,” a déclaré Eitel. Le procureur chargé du transfert était un homme du nom de John Ford, qui, plus tard, représentera Pacificorp (…) Plusieurs des C-130 australiens ont été utilisés pour le commerce de la drogue et ont été déménagés dans des installations en Arizona et à Mena, dans l’Arkansas, sur leur chemin du trafic de cocaïne…” Les armes et la drogue, par les hauts revenus qu’ils génèrent, sont très souvent liés. Et comme base, on retrouve nos deux points favoris d’atterrissage des avions de la CIA…
Gary Eitel est en fait un excellent témoignage du procédé tordu mis en place : “en avril-mai 1989, pendant que je travaillais chez Evergreen International Airlines, on m’a dit que, dans un avenir proche, je pourrais être appelé à voler pour le gouvernement américain sur lses C-130 d’Evergreen. Les avions étaient basés à Evergreen’s Marana, une base en Arizona exploitée par le Service des Forêts (une base de “haute sécurité”). Toutefois, les avions ont été utilisés par Evergreen non pas à des fins de lutte contre les incendies, mais plutôt au transport de marchandises.” A la Mena, on a décidément tout fait… “prendre connaissance du fait que le gouvernement a couvert les activités des C-130 provient été de la base aérienne d’Evergreen Marana sous le couvert du Service des Forêts me préoccupe, parce qu’on ne pourrait les utiliser, dans la lutte contre les incendies. J’ai signalé cela au un ministère de l’agent de la Défense que je connaissais depuis un certain nombre d’années, Tom Miller. J’ai joint la déclaration de Tom Miller (….)” M. Miller est connu depuis plus de 20 ans.Ç’est un agent du ministère de la Défense, puis du gouvernement sous couvert de la FAA, aussi longtemps que je l’ai connu”, déclare Eitel : combien de massifs ont brûlé faute de C-130 à eau indisponibles car effectuant des opérations spéciales, on ne le sait. Mais on connait au moins le nombre de morts que la pénurie d’avions a fabriqué : “en 1994, après la mort tragique de 14 sapeurs-pompiers dans un feu de forêt du Colorado, le propriétaire des appareils appelés pour circonscrire le sinistre, Cal Butler, a écrit au gouverneur du Colorado une lettre inquiétante. Butler, a été l’un des pionniers des techniques de la lutte contre les incendies de forêt avec des avons, a déclaré au gouverneur Roy Romer que la perte de vies aurait pu être évitée si davantage de bombardiers d’eau avaient à sa disposition pour étendre du retardant.” Mais les opérations spéciales en Afrique ne pouvaient pas attendre, sans doute !
Marana, ainsi décrite en blog : “En fait, Marana est à environ 20-30 miles au nord de Tucson (peut-être plus, je ne me souviens pas exactement). Quand j’y étais pour leur amener “Sweet Judy” (l’avion de tests de Raytheon) il y a plusieurs années de ça, ils avait environ 100 différents types d’ avions en stock. Et beaucoup (peut-être 15) d’ aéronefs à diverses étapes de l’entretien, dont deux 707 pour le programme J-Stars. L’équipage m’a dit qu’il y avait plusieurs zones interdites dans le complexe qui sont utilisées à des fins de formation par divers organismes gouvernementaux. Comme certains d’entre vous se souviennent un peu, cette installation a aussi été dans le siège d’Intermountain Aiation, le paravent de Pacific Corporation et Air America.” On comptera 204 appareils en 2009 à Marana comme le note le reportage de CBS sur les pilotes au chômage…
Et cela ne s’arrête décidément jamais : “le 8 Janvier 2003, l’armée de l’air autrichienne a même envoyé des deux avions de combat vérifier un vol suspect d’Hercules sous le numéro d’enregistrement N8183J (ici au décollage ce jour-là même !). Une enquête a révélé plus tard que l’avion avait décollé de la Rhein-Main Airbase, la base aérienne de Francfort et était exploité par Tepper Aviation, qui est considérée comme une société écran de la CIA.” dit le Der Spiegel. Les enquêtes de journalistes autrichiens sur la destination de l’Hercules intercepté le 21 Janvier 2003 ont révélé que l’avion était en vol vers Bakou, en Azerbaïdjan. Les chefs de guerre locaux sont connus pour trafic de drogue : pas moins mais 3 699 kg de drogues ont été« exportées » en Haut-Karabakh à partir de la seule année 2002, et il est probable que l’avion était en cours pour prendre le prochain “envoi” …
L’Azerbaïdjan, un autre endroit clé du trafic de Viktor Bout, en effet… ce que nous allons vérifier très bientôt… dans la suite de cette enquête.
(*) avec notamment celui du mercenaire Allen Pope, qui se fera descendre et se fera arrêter le 18 mai 1958 à bord de son B-26 du Civil Air Transport (pré Air-America). Pope a été décoré de la légion d’honneur en 2005 par Jean-David Levitte, le proche conseiller de N.Sarkozy, pour services rendus à Dien Bien Phu en 1954…
Les USA traînent des pieds
En 2002 déjà, la Belgique émettait un avis de recherche sur Interpol à l’encontre de Viktor Bout en lui réclamant une somme de trois cent vingt-cinq millions de dollars pour blanchiment d’argent. Il y a huit ans aujourd’hui que l’homme aurait dû être arrêté. Seulement voilà : les américains envahissent l’Irak l’année suivante, et s’aperçoivent qu’ils n’ont rien de prêt en intendance. Rien n’a été prévu, rien n’a été anticipé. Ils font appel à la meilleure offre privée sur le marché : la flotte de transporteurs lourds stationnée à Sharjah, endroit relais idéal : celle de Viktor Bout, dont l’avis de recherche est purement et simplement enterré. Ils finiront par avouer, via la voix de leur pire représentant, John Bolton, faucon au QI bien limité, que Viktor Bout avait un double avantage, dont celui,s’il se faisait prendre avec leurs chargements illicites, tels ceux du jeune revendeur Diveroii, de pouvoir nier de leur part toute implication de la Maison Blanche dans des opérations douteuses. Celles consistant à armer des “combattants de la liberté”, chers à Bolton comme au bon vieux temps des contras. Viktor Bout a été entre leurs mains l’homme fort utile d’un vieux relent de théorie des dominos. Bout était devenu l’outil d’une politique dépassée à la Oliver North. Le transporteur privilégié de post-reaganiens, tel Wolfowitz, qui fera tout pour ralentir les enquêtes sur le “maître de guerre”. De peur de s’y retrouver étroitement mêlé.
Le gouvernement américain va donc trainer des pieds, au regard de l’enquête de l’ONU de Perelman sur la circulation des armes légères qui s’avère accablant pour V.Bout. “À partir de 2002 et une plainte déposée par la Belgique pour le blanchiment de 325 millions de dollars, Viktor Bout est recherché par Interpol. Lors du dépôt d’une demande de sanction au conseil de sécurité des Nations unies contre les trafiquants d’armes, la France le mentionne nommément, mais les États-Unis le font retirer ; il en est de même en 2004 lors d’une résolution française contre Charles Taylor. Ce n’est qu’en avril 2005 que le Trésor américain gèle ses comptes aux États-Unis” résume fort bien Wikipedia. “Alors que le Congrès est chargé de superviser la mise en œuvre de la liste de l’OFAC, ses efforts d’application ont été rares. Le sénateur démocrate du Wisconsin Russell Feingold va d’abord soulever la question des contrats militaires de la coalition le 18 mai 2004, dans une audience du Senate Foreign Relations Committee. Feingold va alors demander au secrétaire adjoint à la Défense, Paul Wolfowitz, puis au secrétaire d’Etat adjoint Richard Armitage quels sont les liens entre les militaires américains et les entreprises de Bout. Wolfowitz prendra huit mois pour lui répondre. Dans une lettre du 31 janvier 2005, Wolfowitz a reconnu que “l’armée de terre des États-Unis” et “l’autorité provisoire de coalition” (en Irak) “a fait affaire avec des entreprises qui, à leur tour, ont sous-traité du travail à un deuxième rang des fournisseurs qui ont loué des avions appartenant à des sociétés liées à Viktor Bout …. Même si nous sommes conscients des quelques entreprises qui sont connectées à M. Bout, notamment Air Bas et Jetline, nous soupçonnons que M. Bout possède d’autres des sociétés ou des entreprises inconnues du gouvernement. ” En fait, selon le Los Angeles Times, dans un article révélé la première fois en 2004, les avions de V.Bout ont été constamment en mouvement en Irak après l’invasion. Une seul entreprise de Bout, Irbis, a volé plus de 140 fois vers l’Irak pour les militaires des États-Unis et ses sous-traitants jusque la fin de 2004″. Bref, on noie le poisson !
A vrai dire aussi, à la décharge de Wolfowitz, traquer les engins n’est pas chose aisée avec les avions caméléons fréquemment repeints et ré-enregistrés de Bout. “Les entreprises de Bout sont difficiles à suivre parce qu’il déplace constamment ses avions et leurs enregistrements ; et les sociétés qui en sont propriétaires. Par exemple, en Afrique, il a d’abord enregistré un avion au Libéria et ensuite l’a enregistré auprès de la République centrafricaine, la Guinée équatoriale,la Moldavie, et d’autres pays qui sont loin des hubs principaux de l’aviation. Mais l’opération de l’ONU en RDC a montré que le suivi des avions de Bout était possible. Les avions et les équipages ont des documents – tels que la navigabilité certificats, documents d’assurance, et les journaux de bord – qui sont difficiles à falsifier et qui peuvent être demandés à l’inspection chaque fois qu’un aéronef atterrit. Les trous ou des incohérences dans ces registres sont relativement faciles à détecter, et ils ont aidé à identifier en RDC les appareils de Bout et ses opérations au Libéria”. En 2003, par exemple, le Yorkshire Ranter note : “un Antonov 12 de la British Gulfl’enregistré EX-161, portant le numéro de série 5343305 a été photographié à Kaboul le 16 Juillet, 2003. Un ferme examen de la photo donne l’impression que l’enregistrement et les numéros ont été récemment ajoutés. La signification au nom de l’avion, “Fatima” (écrit sur le nez) a est actuellement inconnue”.
L’armée américaine sait-elle toujours à qui elle à affaire ? Oui, mais elle ne veut pas le voir et ne pas le savoir : c’est bien là une réaction de militaires ! Les 3/4 du temps, les avions que Bout lui propose ont une histoire derrière eux qui est connue et répertoriée, qui devrait susciter la suspicion. Le 24 janvier 2008 encore, par exemple, sur la base de Sather, un visiteur amène des véhicules de type MRAP neufs. C’est toujours via un Il-76, immatriculé EW-78843, clairement lisible. Le type de véhicule qui a coûté une fortune n’est pas encore la panacée pour autant… (!) l’appareil est pourtant bien connu : c’est un “Transavia Export” déjà croisé lui aussi à Vatry (ici en juin 2005), ayant comme base… Sharjah. Un peu trop connu peut-être : il a été fraîchement repeint et a abandonné ses marquages Transavia depuis, comme on peut le constater ici en janvier 2010 (en Suisse !). L’armée US vante pourtant les mérites de l’efficacité de l’appareil en bonne place sur son site internet ! Or Transavia est également une créature du réseau de Viktor Bout.
Ce qu’il y a de fort amusant de constater, c’est que sur un très long document du département du trésor US en date du 26 avril 2005, le nom Transavia est cité un nombre incalculable de fois comme appartenant à Viktor Bout, et en tant que tel, doit être boycotté ! la “Transavia Travel Agency” de Bout était également la boîte postale de ses sociétés Centrafrican Airlines (nommée aussi Central African Air ; ou Central African Air Lines ; ou Central African Airways !), mais sa socitété Transavia Express existait bien : “son influence en Afrique était telle que par le biais de l’une de ces compagnies, la TransAvia Export Cargo Cie, il a permis l’acheminement sur le terrain d’humanitaires et d’agents de l’ONU en Somalie en 1993 ou encore de soldats français au Rwanda en 1994. Selon le journaliste Jean-Michel Vernochet, Viktor Bout a encore acheminé les négociateurs aux Philippines pour la libération des otages du groupe Abou Sayyaf en 2000 et participé aux transports de l’aide humanitaire au Sri Lanka après le Tsunami” raconteYannick Vely de Paris-Match. Ce sont les Transavia qui ramenaient les diamants de Taylor comme paiement des armes fournies. “En 1995, il (Viktor Bout) a fondé une nouvelle compagnie aérienne, Air Cess, dont Charles Taylor devint président”. Il était devenu roi d’Afrique, ou livreur de diamants…
En 2004 donc, écrit Arnaud Labrousse, on”découvre les livraisons de Bout au Pentagone, pour ravitailler l’Irak : cela fait un an que ça dure, pourtant ; “Au moment des faits, l’heureuse contractante, “Air Bas”, est basée à Sharjah, dans les Emirats arabes unis, pavillon préféré du système Bout, mais dirigée depuis l’Etat rebelle du Texas. Au moins jusqu’à l’été 2004, elle est sous contrat avec la filiale d’Halliburton chargée de reconstruire le secteur pétrolier irakien. En mars 2005, une autre excroissance de Bout, Aérocom, aurait été utilisée par Aegis Defence Services, le groupe du célèbre mercenaire Tim Spicer (Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sierra Leone) auquel les Américains de la zone verte ont cru bon de confier, pour 293 millions de dollars, un coquet contrat de protection et de renseignement (« situational awareness »), le projet « Matrix ». Or le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne semble pas très regardant en 2004 sur la provenance des contractants pour l’Irak : “le recrutement d’Aérocom intervient un peu moins d’un an après que celle-ci ait été invitée à quitter la Moldavie. Les autorités avaient flairé chez elle un trafic de cocaïne”.
L’armée sait très bien à qui elle a affaire. Mais elle utilise les avions de Bout car le chargement qu’elle lui fait transporter, lui-même, est discutable. Durant les sept mois où les avions ont ravitaillé tous les jours l’Irak, ils ont eux-aussi ravitaillé cinq fois par semaine sur les bases US, ce qui a été enregistré quelque part. On a donc le registre de leur utilisation par le Pentagone. Or ces registres démontrent avant tout une chose : la totale incompétence du Pentagone et son absence de prévisions : rien n’avait été préparé pour une invasion de cette taille, où la logistique serait le nœud de la guerre. “Voici une théorie. Quand d’ai commencé à creuser dans cette dernière histoire d’été, des documents que j’ai trouvé avec l’aide d’Harrowell indiquaient qu’une entreprise liée à Bout était à l’origine de la fourniture de carburant de l’armée de terre, notamment le 10 Mars 2004, et un autre le 5 avril 2004. Cela coïncide à peu près avec le début de l’insurrection en Irak, au cours de laquelle les forces de coalition en Irak du temps se sont retrouvés dans un resserrement massif de la logistique, et où il était de plus en plus difficile et dangereux de convoyer les fournitures et les munitions sur les routes. Une source personnelle, travaillant pour un entrepreneur actif en Irak, a rappelé que le Pentagone a commencé à louer les capacités de transport aérien à n’importe qui, tout en externalisant un grand nombre de droits à des convois faits par des entreprises privées de sécurité pour limiter l’exposition des troupes américaines. Donc il se peut que les entreprises liées à Bout ont effectué une course folle pour se trouver une capacité de transport aérien qu’elles n’avaient pas . Compte tenu de tous les moyens connus de Bout pour masquer ses liens avec ces sociétés, KBR peut très bien ne pas avoir su à qui ils étaient finalement confrontés. Mais c’est encore un autre coup de poing dans le ventre des responsables du Pentagone. Parce qu’ils n’avaient rien prévu pour une occupation délicate, ils ont fini par désespoir sur leurs propres capacités de transport aérien à recourir à des sociétés de location liées à l’un des passeurs d’armes et de diamants dans le monde parmi les plus notoires, qui a également fourni des armes de contrebande aux talibans ! Plutôt mauvais ! ” Bout, en définitive, a largement bénéficié de l’incompétence crasse du Pentagone à gérer une guerre !
Le 8 aout 2004 on photographie au Congo-Kinshasa un Antonov 12 passablement défraichi de chez Trans Air Congo, avec à peine visible son numéro 9L-LEC. Skylink, autre société de Victor Bout : “immatriculée aux Emirats, celle-ci est basée à Bagdad, Bassora et au Koweït. Logique : c’est une filiale du géant canadien du même nom, dont la branche américaine gère depuis 2003 Bagdad International Airport. Un Antonov 12 BP (9L-LEC) de Skylink aurait été utilisé pour acheminer des munitions aux GIs, avant d’être redéployé au Congo démocratique début 2004, sous les couleurs de Trans Air Congo. L’épave semble avoir été louée à Jetline – jumelle de la boîte de Bout chassée de Moldavie, Aérocom-. Dans un passé plus lointain, elle aurait servi « un opérateur privé » en Sierre Leone. Un autre Antonov Skylink (RA-11114)aurait fait des missions pour les Space Cargo et GST Aero de Bout.” Le Ra-11114 était encore décoré en 1994 aux couleurs de l’Aeroflot !
Parfois, Bout se place sous le parapluie d’une société qui le commandite. C’est ainsi qu’il va se faire le livreur de KBR, via une société qui loue des avions bien connue… sans qu’elle le sache obligatoirement. Car cela ne va pas s’arrêter de si tôt, et quand les avions de Bout vont commencer à sentir mauvais, pas grave, on va les échanger… contre d’autres de Viktor Bout, moins “repérés” ! “Chapman Freebourne va sous-traiter ses services aériens de passagers pour KBR à AeroCom d’août 2004 à Novembre 2004. KBR a été informé de cette situation en novembre 2004 et en une semaine, AeroCom a été remplacé par Jet Line. Les deux sociétés ont exactement les mêmes adresses, numéros de téléphone et fax. Les signes extérieurs des aéronefs utilisé par Jet Line sont exactement les mêmes que les avions d’AeroCom. Autant que nous pouvons dire, les lignes Jet Line (la nomenclature KBR pour ce service de vol est Air Mero) étaient toujours en service pour KBR en janvier 2005”. C’est à ces petits jeux de chaises musicales que l’on s’aperçoit que tout le monde est au courant…. et que tout le monde se tait.
Le 8 mars 2009, encore, un Ilyushin 76 immatriculé S9-SAB, en route pour la Somalie et Moadiscio au départ d’Entebbe International Airport, lourdement chargé rate son décollage, s’enflamme et plonge direct dans le lac Victoria Il y a 11 morts. Des corps sont éparpillés sur Gerenge près de Garuga, près du site d’atterrissage et prè des îles Kalangala. Il y a parmi les victimes un général du Burundi et deux de ses collègues, deux ougandais un sud-africain, un indien et les membres d’équipage, ukrainiens et russes. Deux bateaux de pêche se trouvant dans l’eau lorsque l’avion a chuté ont été détruits. Quatre pêcheurs ont survécu. On apprend qu”il était siglé Aerolift, une société sud-africaine enregistrée à Sao Tome et Principe et avait été affrété par Dyncorp, société de mercenaires : le résumé complet de ce qui a été fait en Irak comme en Afrique ! A bord des tentes et un équipement de purification d’eau, paraît-il, au nom de “l’Amisom – African Union Peace keeping Mission”. C’est la force de paix de l’Union Africaine en Somalie, (Amisom), qui est composée de militaires burundais et ougandais.
Or la société de mercenaires avait déjà été épinglée à de multiples reprises, note SoudanWatch. ” Un rapport de la SIPRI cite Dyncorp, une société qui fournit des services de sécurité pour le gouvernement américain, comme ayant contracté Aerolift, une entreprise accusée en 2006 par la Conseil de Sécurité d’être impliquée dans le trafic d’armes, et l’approvisionnement à une milice islamiste qui contrôle la majeure partie du sud de la Somalie. Le groupe de militants, Al-Shabab, a été ajouté par le gouvernement américain à ses listes d’ organisations terroristes en Mars 2008, et accusé en plus de liens présumés avec Al-Qaïda. Le rapport du SIPRI a ajouté que les transporteurs aériens impliqués dans les opérations d’aide et de maintien de la paix ont également été utilisés pour le transport “sensible aux conflits » de marchandises telles que la cocaïne, les diamants et d’autres matières précieuses.”
Malgré les interdictions et les bonnes résolutions officielles, il ne sera pourtant pas vraiment inquiété, pas plus que son collègue texan Chichakli, (qui vient sur You Tube tout nier !) contrairement à ce que dit Stephen Smith :”mais il en savait tellement que, à la fois les Russes, les Américains et d’autres le protégeaient. Les Américains ont d’ailleurs plusieurs fois retiré son nom de projets de résolution notamment des projets français de résolution jusqu’au jour où évidemment, il n’était plus protégé après les attaques terroristes sur le sol américain. ” Cela ne se produit que bien après 2003, quand éclate surtout le scandale du dépôt de Gerdec, en 2008, pas avant. Là, on risque trop de remonter à la source, avec un ambassadeur américain qui fera tout pour ne pas faire arrêter un gamin de 17 ans, Efraïm Diveroli (voir ici et là), devenu on ne sait comment le vendeur principal d’armes légères et de munitions au Pentagone ! Gerdec, c’est l”apocalypse de tout le système ! Celui d’une guerre que l’on nourrit, que l’on entretient, et qui, pour cela, nécessite de fermer les yeux sur certaines activités douteuses.
Gerdec, c’est toute une filière, jonchée de morts… Les intermédiaires, tous sacrifiés. A partir de là, tout s’est effondré. Même en supprimant à la pelle les intermédiaires, même quand certains ont fui en Israël pour éviter les poursuites. Gerdec marque un tournant : il est l’événement qui fait met en lumière (quelle explosion !) les magouilles remontant au conflit des Balkans, ou tout avait commencé, avec la dilapidation des stocks colossaux de l’ex-armée soviétique. Des stocks pillés et revendus une bouchée de pain. Gerdec a très certainement sauté sur ordre : les enquêtes menées sur le trafic de poudre noire et d’armes légères pointaient toutes sur cet immense dépôt. La découverte de contrats faramineux octroyés à un gamin de 17 ans n’ayant jamais fait d’études et sorti des jupes de son oncle marchand d’armes a été un des événements déterminants, marqué par la trop forte présence sur le sujet de l’ambassadeur américain en Albanie, qui, sans s’en rendre compte, montrait l’extrême sensibilité du sujet. Bout n’a été qu’un vecteur de plus de cette chaîne de l’horreur consistant à vider un immense dépôt, avec même de l’argent octroyé par les Etats-Unis et même l’ONU pour le “démilitariser” et à le détourner au profit de quelques uns, dont un bon nombre de personnes très haut placées. En Irak, l’attitude d’un Petraeus face à ses divers scandales ou à ces mutiples détournements a toujours été d’étouffer les affaires le plus possible ; des gens ont été assassinés au sortir de son bureau alors qu’ils menaçaient de révéler un énorme scandale (celui des chars T-72). C’est symptomatique d’un état de fait. Bout a servi ces gens là, a été utilisé pour qu’ils fassent fortune de manière scandaleuse. C’était le transporteur idéal pour eux. Les USA, dès 2004, avaient déjà établi l’organigramme complet du réseau de Viktor Bout.. il est assez fourni pourtant (voir document fourni).
Car à défaut d’arrêter Viktor Bout, on aurait pu arrêter son associé américain. “En 2000, les enquêteurs américains apprennent que Chichakli vit au Texas et qu’il travaille en étroite collaboration avec Bout “(lu dans Farah et Braun, 2007, p. 53)” Cependant, aucune mesure ne sera prise contre lui jusqu’au 26 avril 2005, lorsque les agents du Trésor américain et le FBI effectueront un raid à son domicile et à son bureau d’affaires au Texas. Ils saisiront son ordinateur, des documents, et 1 million de dollars d’actifs dans le cadre d’une enquête dans l’empire financier de Bout, mais ils l’arrêterons pas. Chichakli ne sera pas arrêté non plus quand il quittera les États-Unis plusieurs jours plus tard. Il se déplacera vers la Syrie, où il on soupçonne que Bout et lui d’approvisionnaient en armes le Hezbollah (toujours dans Farah et Braun, 2007, p. 247-248).”
Tout avait été dit de façon sidérante par le sinistre bas de plafond John Bolton, faucon parmi les faucons, interviewé lors de la sortie de son livre (regarder ici en bas de l’article), qui affirmait que les Etats-Unis ont toujours agi de même, en fournissant des armes à ce qu’ils appellent des “Combattants de la Liberté”, et ce, au nom du premier amendement américain…sur le port d’arme ! On a, avec lui, l’explication de ce à quoi a servi toutes ces années Viktor Bout : à passer entre les filets tendus par les législations anti-armes des Etats devenues de plus en plus réstrictives. Bolton, candidement, naïvement et bêtement, va en effet conclure par un “aujourd’hui c’est en effet devenu plus difficile de faire “des actions sous couverture ”(“ covert actions ”) en matière de ventes d’armes”. En ce sens, il absout complètement Viktor Bout, et reconnaît que le principal distributeur dans le monde d’armes légères sont bien les Etats-Unis !
Viktor Bout n’est pas le seul à se manger le gâteau. Le 30 juin 2008, un Ilyushin 76 s’écrase au décollage à Khartoum, en partance pour le port de Juba. Il appartient à Ababeel Aviation, soupçonnée elle aussi de trafic d’armes : au moment de l’accident, l’Iliouchine 76 était exploité par Ababeel Aviation. Un rapport des Nations Unies de 2008 du Conseil de sécurité a appelé les États membres à interdire Ababeel Aviation pour les violations e l’embargo sur le Darfour, et sur les armes au Soudan. Avant Ababeel, l’avion avait été exploité par Tomislav Damnjanovic, nommé à l’ONU et dans le New York Times comme trafiquant d’armes notoire. Ababeel, installé elle aussi à … Sharjah ! On retrouvera le Damnjanovic dans l’affaire de l’Ill-76 atterri à Bangkok en décembre 2009 avec à bord des missiles. Or Damnjanovic a été associé avec Viktor Bout… et l’avion de Bangkok est un ancien appareil de Viktor Bout ! Le système marche avec des relais !
“Placée sous le haut patronage du criminel de guerre inculpé Slobodan Milosevic et sa police secrète, dans les années 1990, Damnjanovic et son partenaire “Misko” Djordjevic ont été au centre des opérations aéroportées contre l’embargo de l’ex-Yougoslavie . Des dizaines de vols en avion-cargo Iliouchine dans et hors de la région ont été effectués, tous porteurs de biens de consommation onéreux et de contrebande cigarettes, de kalachnikovs et de lance-missiles, souvent transportés sous couvert d’aide humanitaire. Selon d’anciens collègues, Damnjanovic a commencé sa carrière après avoir travaillé quelque temps dans les Emirats arabes unis (EAU) pour la compagniea aérienne yougoslave (JAT). En 1992, en raison des sanctions de l’ONU, de nombreux vols JAT ont été interdits, la compagnie a fermé ses bureaux et Damnjanovic s’est cherché un autre travail. Ayant développé un goût pour la la vie sur l’offre de Dubaï avec ses hôtels de luxe et des boîtes de nuit, il promis de ne pas retourner au gris du temps de guerre de Belgrade, de son hyper-inflation et des rayons des magasins vides. Il avait décidé de devenir une organisation international d’affaires et de capitaliser sur l’émergence des émirats et leur statut de centre mondial d’avions de fret aérien. Damnjanovic est allé travailler pour un homme nommé Igor Avdeev. Avdeev et son groupe de partenaires russes étaient d’anciens officiers de haut rang dans le service de sécurité et de renseignement russes, le KGB, rebaptisé le FSB. Comme Victor Bout, avec qui il a travaillé, Avdeev et ses partenaires avaient migré vers les Emirats Arabes Unis parce que le pays était devenu un haut lieu des hommes d’affaires russes et des prostituées, désireux d’exploiter le fait de ne pas poser de questions, des zones industrielles en franchise d’impôt et le climat chaud” nous dit le rapport du Seesac de Griffiths. Accablant !
En mars 2009 David Henderson prend une série de clichés d”un chargement d’ll-76 à Sharjah : c’est le ST-BDN. Or il appartient à Badr Airlines. Le même photographe avait pris le 28 octobre 2008 une Humvee en partance pour l’Irak. Badr, c’est l’ancienne Sarit Airlines, basée à Khartoum. Badr, dont les pilotes sont… russes. On s’en aperçoit le 31 août 2009 quand on en libère trois retenus en otage à Nyala. Badr est interdit de séjour en Europedepuis 2004 pour des questions de sécurité. Or Badr est cité comme faisant partie de la sphère de Viktor Bout : “L’un des expertsdans ce type d’affaires n’est autre que Viktor Bout, le trafiquant d’armes russe dont l’histoire a, en grande partie, inspiré le film Lord of War, avec Nicolas Cage. Selon des experts de l’Union européenne, 80 % des trafics d’armes légères sont effectués par voie aérienne, par des compagnies liées à des gouvernements africains, comme Badr Airlines au Soudan et dans les Emirats, à des mouvements rebelles en Afrique, à des fabricants d’armes ou des ministères de la défense d’Europe orientale, ou encore à des groupes criminels”. Mieux encore ici : “Badr Airlines, entreprise basée aux Emirats Arabes Unis et au Soudan, représente un exemple emblématique du comportement schizophrène des Nations-Unies : dénoncée par le Conseil de Sécurité pour ses activités récurrentes de vente d’armes vers le Darfour – photographies à l’appui -, la compagnie a continué de contractualiser avec l’organisation internationale pour des opérations de maintien de la paix au Soudan, alors même que le Conseil de sécurité réclamait de la bannir et de fermer tous ses bureaux”. Badr a ses bureaux au même endroit qu’Azza Airlines, pris en flagrant délit de déchargement d’armes en 2007 en RDC… des armes à bord de son ST-APS, un autre Il-76. Un exemple criant cité dans le rapport implacable de la SIPRI signé Hughes Griffiths. Une photo saisissante de l’aéroport de Khartoum montre le ST-APS au milieu des avions de l’armée soudanaise.
Le rapport de l’ONU est accablant pour Sadr Airlines : “Un exemple de ce type est Airlines Badr, basée aux Emirats Arabes Unis et au Soudan. Depuis 2006, les enquêtes et de rapports du Comité des Nations unies des sanctions du Conseil de sécurité ont documenté des violations répétées des sanctions de l’ONU sur la région soudanaise du Darfour par Badr Airlines. Un rapport du Conseil de sécurité de l’ONU du rapport du 3 Novembre 2006 contient une photographie d’un Ilyushin 76 de Badr Airlines avec un Toyota pick-up équipé de mitrailleuses que l’avion avait débarqué à l’aéroport d’El Fasher au Darfour le 31 Juillet 2006. Le groupe spécial de l’ONU a noté que ce transfert en plein jour de personnel militaire et des équipements utilisant des sociétés commerciales de fret aérien sont des violations flagrantes de l’embargo sur les armes. Au cours de l’Embargo sur les armes de l’ONU, Badr Airlines a effectué 21 vols à l’aide des indicatifs d’appel radios des militaire soudanais au cours de la période du 1er novembre 2006 au 13 avril 2007. En Octobre 2007, l’ONU a recommandé qu’un interdiction complète devait être mis sur les opérations de Badr et que tous ses bureaux devaient être fermés pour s violations répétées de l’embargo”.
Le RA-76445 (russe, donc) est chargé le 20 mars 2009 sur la base d’Ali direction Elmendorf AFB, Alaska. Il appartient à Gazpromavia. Rien à voir avec Bout. Mais le 30 mars 2009 encore, 18 mois après l’interdiction recommandée par le rapport de l’ONU, un Ill-76 est chargé par le même 407th Expeditionary Logistics Readiness Squadron de la base d’Ali … on y met des Humvees et d’autres matériaux. Son immatriculation peut surprendre : c’estle RDPL-34157 (un laotien donc !) : or c’est un avion de Skylink. L’avion sera photographié à Chypre le 21 mai 2009. Il est bien d’origine Moldave. L’avion est enregistré Imtrec Avn, au Laos (?) et loué à Skylink.Imtrec, visé par le Yorkshire Ranter comme étant bien un paravent de Bout : ses liens avec la Thaïlande en proviennent. L’Antonov-12 N°8345607 par exemple venait d’Imtrec, pour devenir Daallo Airlines à Djibouti, et finir sa carrière chez Click Airways aux Emirats Arabes Unis. Or Skylink n’est autre que ce qui reste de Mega Airlines, immatriculée au Kazakhstan, émanation elle-même de Trans Aviation Global Group et d’ Air Bas, deux anciennes compagnies de Bout, appelée aussi parfois aussi Irbis, qui détient un vieil Antonov 12 qui a pas mal sillonné le monde pour un avion cargo. Cet appareil, au nom cette fois de Trans Air Congo s’est crashé à Kinshasa. Il provenait de Dolphin, encore une autre société écran de Viktor Bout. Immatriculé A6-ZYB, il est devenu ensuite 9L-LEC chez une firme nommée Skylink/Aerolink… on l’a vu en Irak également, avant qu’il ne se crashe au Congo…
Skylink est bien une des sociétés de la longue pelote étirée de Viktor Bout : les Humvees de l’armée américaine sont amenées en Irak par les avions du vendeur d’armes le plus recherché au monde au moment où elles montent dans son avion : de qui se moque-t-on là ? Viktor Bout est à l’image d’un… Ben Laden. “Schizophrène”, disait un commentateur. Sciemment pensé et réalisé je dirais, et Bolton, dans son insondable bêtise ; en a expliqué toutes les arcanes.
L’avion abattu, la trahison et l’accusation
Et puis malgré Bolton et malgré Wolfowitz, et sur les incessantes pressions des groupes comme HumanWatch ou après plusieurs rapports consécutifs de l’ONU sur la circulation des armes légères et la mise en procès de Charles Taylor (arrêté en mars 2006 alors qu’il tentait de s’enfuir au Cameroun), l’idée à fait son chemin d’arrêter le marchand d’armes, tant les preuves s’étaeint accumulées de ses divers trafics. Bout est devenu trop encombrant pour l’administration US qui le protégeait depuis 2002. On décide donc de le lâcher. La disparition de plus de 200 000 armes à bord de ses avions une des gouttes qui fera déborder le vase. Mais c’est un autre évènement fortuit et resté méconnu qui va tout déclencher : un des avions de Viktor Bout va se faire abattre en Irak par une batterie de missiles automatisée. Les américains tentent d’étouffer maladroitement l’affaire : ils avaient t déclaré l’homme indésirable, via le Congrès, depuis trois ans déjà. Le gouvernement turc, dont des citoyens sont morts à bord, ne va pas lâcher sa demande d’explication de l’accident et va même menacer de révéler le trafic d’armes illicite entretenu à partir d’Europe de l’Est pour obtenir gain de cause. Condamnant ainsi les américains à révéler soit leur méprise, soit les accords passés avec Viktor Bout. Le crash se produit début 2007, en mars de l’année suivante Gerdec saute, effaçant en grande partie les preuves de ce gigantesque trafic. Viktor Bout est à partir de là totalement lâché par les américains, qui ne se passeront pas pour autant tout de suite de ses avions. Un de ceux qui les a le plus aidés est devenu le pestiféré. La dure loi de ceux qui ont trop fricoté avec la CIA.
L’ineffable Bolton a donné la solution : Viktor Bout est à sa façon un autre mercenaire qui se charge de la logistique des basses œuvres américaines. “Son aide à l’administration Bush en Irak est immense, cependant. Un spécialiste dans le commerce des armes, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a dit de ses équipages et des avions, “qu’ils sont habitués à aller partout dans des zone de guerre sans faire de problèmes. Et si un de leurs avions est abattu là-bas, il n’y a pas de risque que des organismes traînent ses pilotes comme on a traîné des pilotes américains dans les rues”. La voilà la raison pour laquelle les USA fermaient les yeux ! Mogadiscio les a vraiment traumatisés ! Car dès 2001, il est évident que les USA savent à qui s’en tenir, et vont même le protéger des sanctions de l’ONU car ils en ont besoin : “bien après le 11 septembre, l’administration Bush a soupçonné V.Bout de fournir des armes à Al-Qaïda, selon une source des services secrets belges, mais les Américains ont néanmoins continué à utiliser V.Bout pour transporter et livrer des armes à l’Alliance du Nord pour ses opérations contre les talibans. En 2004, l’administration Bush a commencé à faire pression pour que les sanctions de l’ONU soient levées envers Bout, en dépit des efforts français à l’ONU en mars 2004, et demandé d’arrêter de geler ses avoirs et de délivrer un mandat d’Interpol pour son arrestation”.
Ce qui n’échappe pas à d’autres pays, dont la Belgique (depuis 2002 !) qui souhaitaient eux aussi coincer Viktor Bout : “un haut diplomate occidental au courant des questions a déclaré : “nous sommes révoltés que Bout ne soit pas sur la liste, car il est le bras principal de ceux qui livrent les armes dans la région. Si nous voulons la paix dans cette région, il semble évident qu’il devrait être sur cette liste. L’administration Bush a fait pression sur le gouvernement Blair pour retirer Bout de sa liste préliminaire de personnes à bannir, ce qui a été dûment constaté. Selon la logique de Washington ; Bout devait être l’objet de mesures distinctes à l’ONU, spécifiquement avec d’autres marchands d’armes.” Les pressions sur Blair, car en 2004, la majeure partie des contrats de Bout sont signés avec le DOD anglais, qui a encore moins d’avions de transport que les USA… tout s’explique !
Bout, ou un autre, car c’est l’économie de guerre constante qui fabrique ce genre de personnage. Le gouvernement US en a besoin. Et s’il n’en a pas sous la main, il les fabrique. Avec l’aide de banques. “Depuis 1990, AIG est propriétaire d’une compagnie de leasing d’avions qui est la deuxième plus grande société du genre au monde. C’est International Lease Finance Corporation (ILFC), une entreprise qui loue des avions à réaction aux compagnies aériennes (American, Continental, Delta, KLM, Air France et Aer Lingus, et ce n’est qu’une liste restreinte) et les classes aisées, y compris des personnalités de Hollywood, en charter”. Jusqu’à présent, c’était donc l’activité normale d’une société de leasing ILFC, mais aussi depuis des avions loués à Evergreen International Airlines, une compagnie basée en Oregon et en Arizona dont on prétend qu’elle organise des missions de vols spéciaux pour la CIA. Dans une enquête des années 1980, le journal l’Oregonian s’est penché sur la question de la relation d’Evergreen avec la CIA et a laissé entendre qu’à sa tête, Delford Smith, avait « un accord en vertu duquel il« devait ournir [s] des emplois occasionnels et la couverture aux ressortissants étrangers de la CIA venus d’autres pays. En 1980, un avion d’ Evergreen a emmené le Shah d’’Iran, qui était en phase terminale, de Panama à l’Egypte. Le rapport de l’Oregonian comprenait une déclaration de Hans Kindermann, qui a travaillé pour Evergreen en tant que pilote au Salvador, indiquant qu’il avait emmené le Président salvadorien José Napoleon Duarte à des réunions avec des insurgés et a utilisé son avion pour faire visiter le pays aux politiciens des États-Unis, ainsi que des techniciens de vol pour la réparation de lignes électriques soufflées par les saboteurs”. Les fameux “avions gris” d’Angola ne sont donc pas génération spontanée. C’est une vieille pratique américaine, en réalité.
Résultat : Viktor Bout, c’est lui qui a les clés, pas le service des transports et d’intendance américain, qui manque lui aussi d’appareils pour approvisionner l’Irak et l’Afghanistan. “En dernière analyse, Bout est en mesure d’agir librement pour de simples raisons : il fournit un service discret, à travers son exploitation de nombreuses sociétés écrans. En effet Bout fuit la publicité, une seule photo publique de lui existe. Un enquêteur belge, s’exprimant au sous couvert d’anonymat, résume parfaitement Bout, en notant : “Le problème avec Viktor est toujours le même. C’est un homme utile, et il peut donc compter sur des appuis importants.” Utile, mais qui devient trop compromettant. Surtout le 9 janvier 2007. Ce jour-là c’est un Antonov 26B-100, moldave, immatriculé ER-26068 qui s’écrase à 200 m de la base de Balad, en Irak (et non 80 km comme on a pu l’écrire !). L’avion venait d’Adana en Turquie, et était affrété par une compagnie, Aeriantur-M, basée à Chisinau, ce qui laisse déjà entendre une forte suspicion. L’avion est en mille morceaux. Les débris éparpillés su plusieurs centaines de mètres font penser à une explosion en l’air plutôt qu’au moment de l’atterrissage. On songe tout d’abord à une manipulation ratée à bord d’explosifs, ou d’un chargement de 1 289 kg de fret qui aurait bougé durant la phase d’atterrissage. Mais des langues se délient quelques semaines après. Un témoin retrouvé annonce toute autre chose : “Mais j’ai d’autres informations sur le crash, j’étais à Balad AB quelques semaines après le crash et j’ai parlé avec beaucoup de gens là-bas, qui ont vu l’accident par leurs propres yeux ! Il y avait de nombreux témoins. Ils m’ont dit, et à d’autres fonctionnaires turcs, que l’avion a été touché par un missile, et que ce missile a été tiré de la base aérienne de Balad Hospital, où est installé le système de défense aérienne. L’ avion a survolé l’hôpital sous l’altitude fixée et a été abattu, parce que ce système fonctionne automatiquement “.
Incroyable méprise ! Il y 34 victimes, des travailleurs étrangers (en, majorité turcs) venus construire un nouvel hangar sur la base. Et un américain à bord, autre source d’ennuis pour Washington. La scène du crash sera nettoyée en quatre jours, par l’armée, pendant lesquels personne ne sera autorisé à circuler sur les lieux du crash. La Turquie, qui n’est pas autorisée à se rendre sur les lieux de l’accident malgré ses victimes commence à renâcler… “Malgré avoir perdu le plus de victimes dans l’incident, les experts turcs n’ont pas été autorisés à rejoindre un groupe d’experts américaine, de professionnels irakiens et moldaves pour décrypter les enregistreurs de vol” indique la presse… turque, visiblement excédée. Le silence américains sur les enregistreurs de vol, pourtant facilement retrouvés, s’explique aisément. Ce n’est pas seulement le fait que l’avion a été descendu par mégarde. C’est que c’est aussi un avion de Viktor Bout, alors banni soi-disant des vols du Pentagone….
Le porte-parole pour le ministère, des transports irakien, Ahmed al-Moussaoui, à la solde on le sait des USA, affirme dès le lendemain de l’accident “qu’Il doit avoir eu une défaillance technique ou un manque d’expérience en aviation (de l’équipage ).” Il y avait certes un peu de brouillard ce jour-là, mais pas tant que ça. Mais ce n’est pas du tout l’avis du ministère turc : “Une déclaration préalable d’Yıldırım (le ministre turc des transports) avait éveillé des soupçons sur la raison de l’accident quand il avait affirmé que les troupes américaines avaient enlevé l’épave de l’aéroport de Balad. Abdulkadir Akyüz, le seul passager à survivre l’accident d’avion et hospitalisé à Ankara n’a pas encore totalement récupéré, a déclaré Yildirim, et a ajouté qu’il effectuera une visite à Akyüz bientôt. Les troupes américaines auraient augmenté de plus en plus les vols suspects de l’afflux constant d’avions cargos moldaves vers l’Irak, portant un flux continu d’armes qui ont alimenté l’insurrection islamique”. L’accusation est très grave : pour les turcs, les américains aident les talibans à s’armer, c’est clair et net ! Le ministre turc, à qui on refuse l’accès aux enregistreurs est furieux. Selon le Tiraspol Times, il n’y avait aucun doute possible : “Un véritable pipeline d’armes en provenance de Bosnie et la Moldavie a circulé régulièrement pour alimenter le Jihad en Irak et d’autres parties du Moyen-Orient pendant au moins cinq ans, avec des avions moldaves Antonov 26 au centre du réseau de ce trafic”. La Turquie, alliée des américains, menace donc en janvier 2007 de révéler ce qu’elle a découvert : à savoir que les avions de Viktor Bout approvisionnent les talibans, et que ça se fait même directement sur les bases américaines elles-mêmes ! Scandale assuré ! Les avions d ’Aeriantur-M, volent en effet souvent, et sont mêmes filmés… comme ici en 2005 (et ici au décollage de Bagdad).
En 2007, on cherche toujours soi-disant les 200 000 armes disparues promises aux policiers irakiens…. depuis une année, les doutes se sont installés. “The Guardian, dans un morceau d’anthologie de journalisme d’enquête publié le 12 mai 2006, a montré comment ces armes “ont disparu” en Irak. Deux analystes du renseignement canadiens croient que, derrière le commerce des armes étaient de puissants intérêts islamiques, liée à la Bosnie et au gouvernement moldave, et que les 200 000 fusils d’assaut Kalashnikov ont toujours été destinés aux insurgés en Irak “… Des armes transportées par Viktor Bout, mais vendues par qui ? Le cas Stoffel évoqué à plusieurs reprises ici est représentatif d’une implication au plus haut niveau, comme la piste des suicides successifs qui ont tous tourné les regards vers…le général Petraeus.
Reste donc à savoir pourquoi et comment aujourd’hui vouloir extrader et juger aussi tardivement Viktor Bout. Certains, c’est sûr auraient tout intérêt à mouiller les responsables inamovibles du Pentagone (Petraeus, évincé par McCrystal, mais déjà revenu). L’accident du 9 janvier 2007 et le scandale qu’il aurait pu déclencher a dû avoir une imortance, c’est sûr mais il faut trouver une autre excuse. Pour ce qui est de celui qui est à l’origine de l’avoir fait tomber, on peut citer en premier son ancien associé Sanjivan Ruprah. Celui par qui en fait tout avait commencé en 2004 ! En 2007, le journaliste Steven Braun, du Los Angeles Times, co-auteur d’un livre sur le marchand d’armes Victor Bout, affirme en effet que “nous savons maintenant que l’un des amis de Bout a approché un agent de renseignement américain peu après le 11 septembre en suggèrant que les États-Unis devraient utiliser son exprérience dans l’armement de l’Alliance du Nord contre les talibans et d’Al-Qaïda. Nous ne savons pas si les États-Unis ont accepté, mais les responsables du renseignement européen croient qu’une relation s’est nouée. Dans les deux ans qui ont suivi, Bout volait pour nous, pas seulement en Irak, mais aussi en Afghanistan.” L’accident de l’Antonov 28 ne masquait plus ce trafic, tout simplement !
L’homme qui avait fait le lien, c’est Ruprah, arrêté en Belgique dès le 17 février 2002. Or celui-ci présente le profil de celui travaillant depuis toujours sur les deux tableaux (et donc aussi pour le FBI !) : “Ruprah volera deux fois aux États-Unis pour des entretiens secrets avec le FBI au sujet de cet accord, alors qu’il est recherché et figure sur une liste de l’ONU, d’interdiction de voyager. Ces contacts sont maintenus secrets par les responsables américains qui tenter d’arrêter Bout. Ruprah sera arrêté en Belgique en Février 2002, et les documents trouvés en sa possession sont les seuls connus relatant ses entretiens secrets avec le FBI. Deux mois plus tard, il est libéré sous caution et immédiatement s’échappe du pays. Il est bientôt arrêté en Italie, puis curieusement libéré et mis en liberté sous caution, puis s’échappe de nouveau. Il n’a pas été arrêté de depuis” concluent amèrement Farah et Brown.” Capturé puis relâché, puis recapruté…. cela fait beaucoup sans un soutien essentiel comme celui du… FBI. Installé en Belgique depuis 2000, Sanjivan Ruprah (parfois appelé Samir N. Nasr) un kényan d’origine indienne, est celui qui a organisé avec Bout le trafic d’armes au Libéria. Personnage complexe, il très lié aux redoutables mercenaires d’Executive Outcomes et à un de leurs anciens cadres, Roelf van Heerden (**), et c’est aussi un proche de Charles Taylor. Selon un rapport de Global Witness, un versement de 500 000 dollars a été effectué le 20 août 2002 sur le compte de Sanjivan Ruprah dans une banque belge à Genève. Très certainement une commission sur vente d’armes émanant de Taylor.
Ruprah, peut-être bien mais surtout Andrew Smulian, autre associé. L’homme qui a été utilisé est Andrew Smulian, représentant des Farcs, piégé par un téléphone cellulaire mis sur écoute, selon le témoignage du FBI retenu par le juge Théodore H. Kat. Or le cas de l’arrestation même de Smulian défie l’entendement : “selon l’histoire officielle, Andrew Smulian, un présumé complice du marchand de mort Victor Bout, se serait échappé d’une pièce fermée à clé et surveillée par 12 agents de la DEA aurait ensuite réussi à prendre un taxi jusqu’à l’ l’aéroport, menottes aux poignets, sans argent et à acheter un billet sans passeport pour le seul endroit au monde où, s’il est reconnu coupable, il aurait été reconnu coupable et à devoir passer 300 ans en taule”, explique un journaliste fort dubitatif. On ne le serait à moins. C’est trop gros pour qu’on puisse croire cette version !
En dehors des acrobaties de Smulian, la méthode pour coincer Viktor Bout a été somme toute classique une fois décidé de le compromettre : le FBI s’est fait passer auprès de lui pour des gens des Farcs, à qui il devait vendre des armes, et pas n’importe lesquelles.”Entre janvier et février (en 2008), à Bout confirmé son accord pour l’opération – et 100 missiles sol-air Igla, des lance-roquettes anti-blindage qui, selon le plan prévu, devaient être largués par parachute par l’équipage de Bout sur des lieux d’atterrissage désignés en Colombie. Bout a été persuadé qu’il avait eu affaire à des dirigeants importants des Farcs, invités en Thaïlande par un homme se faisant appeler “El Comandante” explique The Guardian le 9 mars de l’année, qui rappelle que Bout, en proposant de travailler avec le Hezbollah et le Hamas s’était mis définitivement à dos les Etats-Unis. Mais le journal pointe aussi sur un fait étonnant : ayant peur de possibles soutiens en haut lieu, et même jusque chez eux, les dirigeants du FBI n’ont pas tenu au courant leurs propres employés de l’opération pour le prendre en flagrant délit. Pourquoi donc une telle méfiance, sinon envers les “anciens” de la CIA qui l’avaient amené sur les fonds baptismaux en dans les années 90 en Serbie ???
N’oublions pas une chose : l’actuel directeur du FBI n’a pas changé depuis… 2001, et c’est lui qui conduit avec le succès que l’on sait la traque au Ben Laden… c’est un des faucons cachés du systéme. Un de ceux qui tire les ficelles. L’usage d’une équipe restreinte pour la capture de Bout mène obligatoirement à lui, et presqu’à lui seul, tant il n’est pas aussi évident que le déballage des activités de Bout sous Clinton, notamment, soit de bonne augure pour les démocrates : sous Bush on n’a rien fait mais on a trouvé la bonne “excuse plausible” : c’était un sous-sous contractant. Or, sous Clinton, on n’a pas grand chose comme explications…. de 1993 à 2001, Bout a énormément servi ses intérêts : en Bosnie, avec Al-Quaida, avec Massoud. Le scandale des Stingers risque de peser lourd si les américains l’apprennent en détail. Il y a là comme une vengeance en cours, entre services et entre hommes politiques, car Bout a été le protégé de Clinton, certes, mais bien davantage de celui de Bush, pense-t-on au départ. Assiste-t-on à un règlement de comptes ? C’est possible, car si le procès est public, ou si Bout n’accepte pas de plaider coupable (pour réduire sa peine) on risque fort d’avoir un beau déballage avec le fiasco des Stingers, dont le grand public, aujourd’hui, ignore totalement le réglement final de leur livraison catastrophique et du cirque grotesque de leur coûteuse récupération.
A bien étudier le cas, on s’aperçoit que rien ne tient debout dans ce montage. Lorsque le procureur US va envoyer des documents “prouvant” l’implication de Bout dans le contact avec de Farcs, rien ne correspond à la thèse émise dans un premier temps, et les documents eux-mêmes sont de bien piètre qualité : un bout de papier griffonné à la hâte qui serait le bon de commande signé de la main de Viktor Bout, et des photocopies floues de missiles qui ne sont en rien des Iglas. Les missiles décrits sont de l’ordre du ridicule pour être destinés aux Farcs ce sont des Spigot autrement dit des missiles anti-chars. C’est bien connu, la Colombie, pour attaquer les Farcs, utilise des chars ! Or l’armée colombienne n’en a… aucun ! La première fois qu’on a entendu le pays réclamer ce genre d’engins c’était en le 29 juin 2009, avec une demande pour 10 engins indiens de type MBT Arjun plutôt massif, la Colombie ayant des vues sur les Leclercq français (en occasion) ou les habituels MIAI Abrams (USA), les Sabra d’ Israel ou les KI AI de Corée : le but étant de se renforcer face à l’Equateur et en aucun cas de viser avec en pleine jungle les Farcs.
La version de la réunion donnée par Bout éclaire sur la méthode employée : “Andrew Smulian m’avait dit qu’il avait un client qui veut acheter deux de mes avions-cargos’’, a déclaré Bout. ’’A chaque fois qu il m’a appelé on a toujours discuté de la vente d’avions. C’est pourquoi je suis venu à Bangkok. Mais une fois nous étions à l’intérieur du centre d’affaires de l’hôtel Sofitel … il m’a présenté à ces deux fous qui ont commencé à parler de conneries, de choses à gauche et à droite, ceci et cela. Ils ont agi comme des clowns et la réunion n’allait nulle part.’’ On est bien dans un schéma comme pour l’avion d’Entebbe au départ : l’achat d’un des Ilyuchin et non l’achat de missiles. Le FBI va charger encore Viktor Bout, en affirmant qu’il a aussi donné d’autres éléments tout aussi surprenants… “Bout a également déclaré qu’il pourrait organiser un largage des armes aux Farcs, en Colombie, et a dessiné un schéma aux deux des sources confidentielles (les deux agents du FBI) pour expliquer l’itinéraire de livraison, selon les accusations. Il a également produit une carte d’Amérique du Sud et leur a demandé d’identifier les emplacements radar américains en Colombie.’’ Or ces emplacements étaient connus de tous, et le système de largage n’a jamais été employé par Bout, dont les Antonov 12 avaient bien un jour bombardé par la porte arrière, mais sans larguer de parachutes. Selon les accusations, Bout aurait aussi vendu deux avions aux Farcs, ce qui ne tient pas plus debout : on voit mal ses clandestins acheter même un Antonov 32 pour aller le cacher dans la jungle ou le laisser dans un aéroport sous un prête-nom ! L’accusation est cousue de fil blanc !
L’incendie de tout le système a démarré à Gerdec, et depuis la CIA et les Etats-Unis ne cessent de se transformer en porteurs d’eau pour en éteindre les effets désastreux. Aujourd’hui, pour noyer le cas Victor Bout, dont les flammes pourraient noircir l’image de marque de deux présidents au moins. L’image que l’on retient de cette intense activité depuis, c’est donc plutôt celle de Mickey dans Fantasia : plus ils en jettent, de l’eau, comme notre ancien responsable du terrorisme ces phrases pour éteindre les braises des révélations qui couvent, et plus d’autres arrivent, les seaux pleins des aventures de Viktor Bout, et de ses liens avec le terrorisme mais aussi avec les agences censées le combattre. Et des seaux d’eau, il faudra encore en jeter : au sommet de l’édifice, il y a le pouvoir… mais aussi les banques. Et cela, pour les USA, c’est désastreux.
PS : Reste encore une facette à ne pas oublier, qui concerne… celle de la France.”C’était l’homme qui pouvait livrer tout à tout moment et je pense que lui, il a réussi avec un jeu de bonneteau ou si vous voulez de poupées russes, à avoir différentes sociétés et pouvoir à tout moment décoller de n’importe quel endroit de la planète et, souvent avec des plans de vol fictifs, transporter des biens. D’ailleurs il l’a fait dans un cadre officiel pour l’ONU, comme je le disais, mais il aussi transporté des troupes françaises pour l’opération turquoise, en 1994 au Rwanda. Donc il avait une face visibl et une face cachée, la face cachée portait sur des trafics d’armes et de diamants”. Il n’y a pas que Naomi Campbell. Il y aussi un gouvernement français, bien impliqué au Rwanda…
(**) Extrait du rapport de “Le réarmement de la Sierra Leone, un an après l’accord de paix de lomé
par Eric g. Berman : “Un ressortissant kényen, Sanjivan Ruprah, joue un rôle de premier plan en ce qui concerne le registre libérien de l’aviation et le commerce des armes. Avant d’intervenir au Libéria, Sanjivan Ruprah avait des inté- rêts dans des mines au Kenya et était associé à l’entreprise Branch Energy (Kenya). Branch Energy
(***) “possède des droits sur des mines de diamants en Sierra Leone et a présenté Executive Outcomes, une entre- prise militaire privée, au Gouvernement sierra-léonais en 1995. Ruprah est également un marchand d’armes connu. Il a travaillé en Afrique du Sud avec Roelf van Heerden, qui avait été son collègue à Executive Outcomes, et ils ont fait des affaires ensemble, notamment au Rwanda et en RDC. Ruprah a à un moment dirigé une compagnie aérienne au Kenya, Simba Airlines, jusqu’à ce qu’une enquête sur des irrégularités financières ait imposé la fermeture de la compagnie”.
(***) B ranch Energy est une filiale d’Energem Resources connu auparavant sous le nom de DiamondWorks.
Les contrats du Pentagone et de l’Otan
La question que tout le monde se pose depuis longtemps est bien celle-ci”Viktor Bout a-t-il oui ou non travaillé pour l’armée américaine ?”Oui, assurément, via ses filiales, employées par le DOD anglais ou l’Otan : les Etats-Unis ont bien pris garde de ne pas le faire apparaître directement dans les faramineux contrats du Pentagone. Faramineux, oui : le dernier en date, signé avec la société Kalitta Charters pour ramener les dépouilles seulement des soldats US morts en Afghanistan ou en Irak, ou dans d’autres parties du monde, a été signé ce mois de novembre, pour un montant total de….11 millions de dollars ! Jusque le 30 septembre 2011 seulement ! Signé avec une entreprise dont la fiabilité à été mise en cause à de nombreuses reprises, et dont les avions crashés en Colombiedégageaient de bien étranges effluves… Les avions de Viktor Bout seront photographiés à maintes reprises en Allemagne, à Shannon ou sur les grandes bases US. Et la preuve de leur passage existe formellement : ce sont les récépissés de remplissage de leurs réservoirs… par l’armée US ! Mieux encore : l’entreprise VIAL, sise au Delaware, n’est autre que celle de Viktor Bout qui s’est chargée de laver l’argent sale de ses trafics, via des banques… américaines, comme nous allons le voir en détail un peu plus loin encore.
En septembre 2008 toujours, un autre contrat signé avec l’UPS Contractor Team de Louisville, dans le Kentucky se voyait attribuer 189,3 millions de dollars à répartir entre l’United Parcel Service Company de Louisville, mais aussi avec ABX Air, Inc., de Wilmington, dans l’Ohio, et Kalitta Air LLC d’Ypsilanti, dans le Michigan (et ses avions qui se crashent), National Air Cargo Group, Inc., via Murray Air, près d’Ypsilanti également, Ryan International Airlines, Inc. de Rockford, dans l’Illinois, et Southern Air, Inc., de Norwalk, dans le Connecticut. LA firme liée à la CIA depuis des lustres (comme nous le verrons un peu plus loin dans cette enquête). De tous, c’est bien Kalitta qui est le moins qualifié, avec ses crashs à répétition et sa gamme vétuste de 747 à l’entretien aléatoire (un jour un particulier du Michigan va trouver un réacteur DE DC-10 dans son jardin : celui perdu par un Boeing de Kalitta, fixé avec deux boulons au lieu de quatre). A quoi on doit ajouter Lynden Air Cargo LLC d’Anchorage, dans l’Alaska, qui a reçu en 2008 également 77,7 millions, pour l’approvisionnement de palettes transportées à bord de ses L-382, la version civile du C-130H Hercules. Lynden Air, soupçonné d’être un paravent de la CIA. Sans oublier, enfin d’arroser les amis de la famille Bush, avec une firme de Floride, Miami Air International, Inc., pour 34,3 millions de contrats. Pour les contrats de 2009, deux autres firmes de Floride apparaissent : Arrow Air, Inc (rendue célèbre pour un crash mémorable ayant tué 248 militaires en 1985 au Canada, nous y reviendrons). et Astar Air Cargo, Inc, ainsi qu’une société… jamaïcaine (? ??), North American Airlines, Inc. Gangz Airlines ? On note aussi parallèlement des bateaux, comme TransAtlantic Lines LLC, de Greenwich, dans le Connecticut pour 15 078 334 dollars de contrats (pour 2 options) entre les USA et le terminal de Praia da Vitoria dans les Açores, par exemple ! Via le cargo MV Baffin Strait ou le MV Geysir, le premier ravitaillant au départ de Diego Garcia dans l’Océan Indien. On notera que dans le lot figure UPS… mis en cause récemment dans l’histoire abracadabrantesque des imprimantes piégées : travaillant pour l’armée, la CIA y entre comme dans un moulin ! Southern Air est depuis toujours, avec Evergreen, deux sociétés appointées par la CIA : c’est sous ce nom de Southern Air qu’un avion Fairchild C-123K rempli d’armes se crachera au Nicaraga, le 5 octobre 1986, révélant l’affaire des contrats !
Et dans l’avion de Barry Seal et de ses collègues, dont Tosh Plumlee,…. de la coke. “Pendant ce temps, Barry Seal devait encore s’activer pour aller chercher la charge de cocaïne de Carlos Lehder. Seal a déclaré à la DEA qu’il avait besoin d’un gros aéronef de transport militaire. Le Cartel lui demandait en effet de transporter 18 000 livres de pâte de coca (8,1 tonnes !), une fois par semaine en provenance du Pérou, à trois laboratoires de traitement au Nicaragua, et de là, ensuite à un ranch de 40 000 hectares dans la péninsule du Yucatan au Mexique. Je trouvais cette histoire impossible à croire. Il n’y avait aucune raison valable pour fabriquer de la pâte de coca au Nicaragua. C’était beaucoup trop volumineux pour être transporté sur de longues distances. La phase de traitement est plutôt effectuée dans le cours supérieur de l’Amazone, à proximité de champs de coca dans les contreforts de Ceja Selva dans les Andes boliviennes et péruviennes”.
Des avions de Viktor Bout dans ces contrats de l’Otan ? En tout cas, il sont bien visibles sur les bases de l’Otan ! En 2006, 2007, 2009 et 2010, les rapports de spotters du groupe de Maastricht sur la base de Geilenkirchen énumère les vols de l’ISAF. IL est affligeant pour l’Otan : le 24 février 2006, par exemple, de cette base militaire a décollé le Reem Air EX-066 connu pour être répertorié chez Viktor Bout. Le modèle EX-039 sera vu à Orebro – Bofors en Suède, direction la Georgie le 7 avril 2005, avec un chargement nocturne, toujours davantage suspect. A Sharjah, à Dubaï, Le modèle EX-054 le 5 avril il était lui à Eindehoven pour charger pour les forces hollandaises. Dans les registres pointilleux des spotters, on tombe invariablement sur Gomelavia (Biélorusse), ou Silk Way Airlines (voir notre épisode 18) ou Volare Aircompany (Ukrainienne), Aviacon Zitotrans, Trans Avia Export entre autres, et même un Antonov 12 UR-CGV tout bleu de Meridian (*) le 28 novembre 2009. Trans Avia Export est répertoriée depuis longtemps comme étant une société de Victor Bout, l’émanation directe de son trust de son “Trans Aviation Network Group” d’Ostende. Ce sont ses avions de la Trans Avia Export Cargo Cie, qui avaient permis l’acheminement sur le terrain d’humanitaires de l’ONU en Somalie en 1993 mais aussi les soldats français au Rwanda en 1994. Questionné en 2005, Bout avait avoué des vols pour le MOD anglais, en rappelant même les dates, ce qu’avait noté Griffin. Là encore, c’est affligeant : le ministère de la défense anglais, bien que sachant pertinemment qui était Victor Bout, lui a confié des missions répétitives, faute d’avoir les avions transporteurs suffisants dans son parc : le dernier gros porteur Short Belfast a été utilisé …. par une autre firme douteuse. Liée à Viktor Bout (voir l’épisode 6) !
Un auteur, Griffin, va se voir répondre à ses questions en 2010 sur l’implication du MOD anglais dans les livraisons de Viktor Bout. “Vous avez bien demandé combien de fois au cours des cinq dernières années le Ministère de la Défense ou des courtiers de compagnies agissant en son nom, ont utilisé les services de Trans Avia, Jet Line et d’autres entreprises liées à M. Bout, telles que celles désignées par le Trésor américain ?…. Il y a eu sept vols au total : deux vols les 7 et 9 mars 05 exploités par un aéronef Jet Line International (Reg : ER-IBE, ici à Ostende) ; trois autres vols ont été menés par Bright Aviation au les 6, 7 et 9 mars à l’aide d’un autre aéronef loué (Reg ER-IBV, ici à Ostende) de Jet Line International.. Enfin deux vols ont été opérés par Volga Dnepr, les 5, et 7 mars à l’aide d’un aéronef loué (Reg : EW-76734, ici au Congo pour l’ONU) chez Trans Avia Export Cargo Airlines. Tous les vols d’Ill-76 ont été contractés par la MOD par deux courtiers dans le secteur commercial de l’industrie du transport aérien.” Quel était le but, le point de départ et de destination de ces vols ?”Le transport de camions militaires des bases de la RAF de Brize Norton et de Lyneham vers Pristina dans le cadre de l’appui de la Spearhead Land Element qui a été déployée au Kosovo pour des raisons humanitaires”. Le MOD n’a pas fait le contrat directement avec Jet Line International, Bright Aviation ou Trans Cargo Export Avia Airlines. “Le Defence Supply Chain Operations and Movements utilise des courtiers principaux qui font des contrats d’appareil à appareil chez qui le paiement a été effectué en totalité”. Aerocom partage en fait plein de choses avec JetLine : bureaux, adresses, etc…
Même sans chercher les contrats de transport, un autre phénomène démontre la duplicité de l’Otan, des anglais ou des américains dans l’exploitation des avions de Viktor Bout. C’est leurs ravitaillements en kérosène… sur les bases américaines en Irak ou en Afghanistan ; et ce, même au moment où Bout est déjà recherché. On ne sait si c’est de la gabegie ou de l’incompétence, mais aucun avion de Viktor Bout n’aura jamais de problèmes pour faire de l’essence ! “Le Los Angeles Times a une histoire impressionnante à ce sujet et donne beaucoup de détails sur l’enquête. Apparemment, bien que les contrats par “Le Los Angeles Times a une histoire impressionnante à ce sujet et donne beaucoup de détails sur l’enquête. Apparemment, bien que les contrats par Falcon Expressavaient été chargés en août, un Iliouchine 18 appartenant à Irbis Air Co. a tourné au dessus de Balad Air Base aussi récemment que ce 22 Octobre (2004). Igor Zhuravylov, le directeur de la British Golf Industry Association (BGIA) des opérations aériennes de la base , a été interviewé et a donné un aperçu ci-après des “vérifications strictes” appliquées aux comptes de carburant du Defence Energy Support Centre. “En Décembre 2003, at-il dit, il lie conversation avec un opérateur de camion-citerne militaire des États-Unis à l’aérodrome de Balad. Zhuravylov raconte que le soldat lui a donné un papier gouvernemental en blanc, lui demandant de le remplir et de le poster aux responsables militaires. En avril, “à ma grande surprise, j’ai reçu une carte en plastique pour chacun de nos avions qui nous a permis d’obtenir du carburant militaire », raconte Zhuravylov. Les entreprises britanniques du Golfe allaient augmenter leurs bénéfices ! « C’était vraiment si facile », a déclaré Zhuravylov. “Tout par mail. Pas d’inspecteurs, rien de tout cela. Ecrire une lettre, remplir un formulaire, obtenir une carte. ” Eh bien, j’ai vraiment rigolé avec ça”. Il est également intéressant de noter que bien que Viktor Bout ait été lui-même sur la liste noire depuis le 22 Juillet, aucune de ses entreprises ou des avions étaient. Ont-ils pensé qu’il accompagnait chaque vol en personne ?” Une gabegie, et une incompétence en tout cas : “des dossiers de la “Defense Logistics Agency ” montrent que les avions Irbis ont acheté du carburant 142 fois dans les stocks militaires à Bagdad – pour un coût de 534 383 de dollars. Un responsable de FedEx dans les Emirats a déclaré qu’Irbis a été payé 22 000 dollars pour chacun de ses vols aller-retour…” En Angola, Bout louait ses avions 1 200 dollars de l’heure et ses pilotes étaient payés entre 5 000 et 10 000 dollars par mois. Un cliché sera révélateur (en bas de cet article) : celui de l’Antonov 9L-LEC, visiblement en train de faire le plein via un camion et des militaires US, le même appareil finissant abandonné à Kinshasa. Selon notre fidèle A. Labrousse, “Un Antonov 12BP (9L-LEC) de Skylink aurait été utilisé pour acheminer des munitions aux GIs, avant d’être redéployé au Congo démocratique début 2004, sous les couleurs de Trans Air Congo. L’épave semble avoir été louée à Jetline – jumelle de la boîte de Bout chassée de Moldavie, Aérocom. Dans un passé plus lointain, elle aurait servi « un opérateur privé » en Sierre Leone”… d’autres clichés d’Il-76 sur la base Ali confirmeront, comme ici avec le RA-76445 de Gazpromavia : ce genre d’appareil était le bienvenu sur les bases US, et Bout en a largement profité avec ses sociétés-écrans.
Cet avion a lui seul est une preuve indubitable des liaisons évidentes entre Bout et le Pentagone. “Juste pour finir”, note le remarquable Ruudleeuw, “l’A6-ZYB de Dolphin Air a été acheté à une entreprise appelée Congo Air Trans à Kinshasa. Où avons-nous entendu parler d’eux avant ? Eh bien, vous souvenez peut-être d’une photo d’un Antonov 12, immatriculé 9L-LEC, s / n 4341803, sur le terrain à Bagdad en Janvier 2004 portant le nom de « Skylink ». Plus tard, l’information a révélé qu’il avait été celui qui avait livré la nouvelle monnaie irakienne – un emploi, je me souviens bien, dans lequel Tim Spicer d’ Aegis avait eu quelque chose à voir. Cet avion a ensuite été photographié avec le logo TAC, à Kinshasa, avant d’être détruit dans un accident quelque part dans l’est de la RDC. Et d’où TAC avait donc obtenu un autre An-12, au numéro de série 4342404, je vous le demande ? De Santa Cruz Imperial de Dubaï. Et où à-t-il fini ? Quelque chose comme « Inter Transavia”, une société enregistrée au Kirghizstan. ” Pour mémoire, la majeure partie du stock de devises irakiennes sera… volé, et Spicer était un mercenaire anglais à la réputation bien connue. Celle d’un forban véritable. Des avions de Bout ont bien sillonné les bases US en Irak. Voici un autre appareil de Skylink, sous son numéro UP-AN203, pris en photo à Tikrit, l’ancien fief de Saddam Hussein. Le 18 janvier 2004, le 9L-LEC paradait en plein aéroport de Bagdad. Et l’Antonov 12 4342404, se crashera le 25 mai 2005 à Walungu, sous le numéro 9Q-CVG, de chez Victoria Air, société congolaise bien connue : “Le mercredi 24 septembre 2003, la FIDH et le Groupe Lotus signalent qu’une cargaison de 57 caisses d’armes a débarqué à l’Aéroport Bangboka de Kisangani en date du 4 septembre 2003 par un avion de la compagnie aérienne Victoria Air en provenance de Goma (le journal Le Potentiel n° 2924)”. Le même avion !
A l’époque le rapport de l’Observatoire Gouvernance-Transparence avait été très clair sur le sujet, mettant en cause, entre autres, “Patrick Mazimpaka, ancien Ministre à la Présidence, actuel Vice-Président de l’Union Africaine, c’est lui qui était chargé de la coordination de toutes les activités économiques et commerciales liées à l’exploitation des richesses naturelles et minières de la RDC.A ce titre, il a collaboré avec les opérateurs économiques du réseau maffieux dont Victor Bout (pourvoyeur d’armes et munitions et propriétaire de la Compagnie aérienne Victoria), Sanjivan Ruprah (principal collaborateur de ce dernier), Madame Gulamali, Thibert Rujugiro, Modeste Makabuza et certains groupes libanais liés à au secteur du diamant comme le Groupe Héritier”…Victor Bout, sujet russe, ex-Colonel de K.G.B., livre les armes et met en location ses avions de type Iliouchine 76 et Antonov 12, 24, 32, etc. C’est le partenaire de longue date de Monsieur Sanjivan Ruprah et de l’A.P.R. pendant la guerre du Rwanda. Il est le pourvoyeur de la quasi totalité des avions et armes en provenance de l’Ukraine (ex-U.R.S.S.) au service de la majorité des compagnies d’aviation installées dans la Région des Grands Lacs. Sanjivan Ruprah, il est l’un des acteurs principaux du réseau maffieux d’exploitation des ressources naturelles et autres richesse de la République Démocratique du Congo. Il est spécialisé dans la vente d’armes, l’achat et la vente des drogues, la fabrication de la fausse monnaie, le blanchiment des narco-dollars, l’extraction et l’exportation d’or et de diamant. Dans le domaine des armes, il collabore avec Victor Bout. Il est associé à James Kabarebe et au Président Paul Kagame dans Little Rock Mining spécialisée dans l’achat, l’exploitation et la vente de diamant, de l’or et du coltan.” Ce rapport implacable “fait à Kinshasa, le 27 septembre 2003” était une condamnation sans appel des activités de Victor Bout, et demandait au “Gouvernement de Transition, la la MONUC et le Conseil de Sécurité de sécurité” de prendre des dispositions à équivalence de son contenu.
Le mandat d’Interpol 2002 décrivait déjà le pouvoir des avocats de Viktor Bout sur les procurations des comptes bancaires de l’entreprise Vial, inscrite au Delaware. Des comptes qu’il a utilisés pour blanchir le trafic d’armes produit. Vial, mis en place par Bout pour ses opérations en Afrique dans le début des années 1990, était un acronyme des deux premiers lettres des noms des fondateurs, Viktor Bout et Aleksandr Kibkalo, qui a fondé l’entreprise après avoir travaillé pour une entreprise en Angola après la sortie de Bout de l’armée, selon les Izvestia. La première plainte du 18 février 2002 était effectivement belge, et portait sur les 32,5 millions de dollars blanchis en Belgique, selon le témoignage de Sanjivan Rupriah au FBI. Au même moment, les russes avaient eux aussi émis des doutes sur le personnage : “le ministère de l’Intérieur russe (MVD) a également commencé à enquêter sur Bout pour l’envoi éventuel d’armes à Al-Qaida. Le MVD et sa Information and Regional Communications Division alors dirigée par le sous-ministre de l’Intérieur Nicolas Boborovskii à enquêté sur l’affaire quand il a appris que Air Cess avait des avions affrétés par Aerostan une entreprise de transport enregistrée à Kazan en Russie centrale”, avait rapporté Interfax. Or il semble que l’invasion de l’Irak va stopper net toutes ces investigations : on a trop besoin de Bout pour songer à l’arrêter… seule une plainte des Nations Unies du 30 novembre 2005 va raviver l’interdiction, via son associé Chichakli, dont tous les biens sont “gelés”. Dans la liste, par exemple, Trans Avia Export, qui se verra remplir ses réservoirs sur les bases de l’Otan de 2006 (au moins) à 2008. En août 2007, n’importe qui pouvait encore s’offrir une balade en Il-76 Transavia….via Airevents (Merlintour) une société Biélorusse, à partir du Danemark. Et croiser au bout des Il-76 angolaisQuant à Air Cess, ses avions s’occupaient pendant ce temps de transporter autre chose : du minerai. Bien spécial, ce que nous verrons demain si vous le voulez bien, pour y retrouver les “acteurs principaux du réseau maffieux d’exploitation des ressources naturelles et autres richesse de la République Démocratique du Congo”…
PS : Le rapport de l’OBSERVATOIRE GOUVERNANCE-TRANSPARENCE est lisible ici : c’est un violent réquisitoire contre Viktor Bout mais aussi et surtout contre ses soutiens politiques au Rwanda comme au Congo.
LE RWANDA PLANTE LE DECOR D’UNE NOUVELLE GUERRE D’AGRESSION A L …
(*) il aura une fin assez horrible pour trois de ses membres d’équipage le 5 avril 2010. Il portait le numéro de série 402001 et était devenu “Interisland Airlines” des Philippines, N°UP-AN216, qui travaillait pour…UPS.
Viktor et la tentation du tantale
Viktor Bout a mangé à tous les râteliers, maintenant on le sait. Il a aussi profité de toutes les occasions qui s’offraient à lui pour s’enrichir davantage. Après le minerai de cuivre transporté par C-130 (à Ndola en Zambie), puis le fuel pour moteurs de Dumpers de mines transporté par B-727, des marchés sur lequel il n’avait pas su répondre présent, il a su saisir l’emballement des années 2000 pour le minerai indispensable à la fabrication des condensateurs, présents dans les téléphones portables ou les consoles de jeux. Le tantale, ou coltan (pour Colombo-Tantale), devenu minerai fort prisé en quelques années. Et comme à son habitude, Bout va répondre présent, en offrant toute sa gamme de porteurs, notamment ses Antonov 24 ou 32, largement suffisants pour transporter le métal devenu très prisé.
Viktor Bout n’a pas transporté que des armes. Il a aussi transporté un minerai bien spécial, en effet : “Dans le coltan, ce qui est recherché, c’est le tantale. Le pentoxide de tantale est reconnu pour sa dureté et sa résistance extrême à la chaleur et à la corrosion. Il sert à fabriquer des pièces d’avions, de fusées, d’outils de précision, mais surtout des condensateurs pour les téléphones cellulaires (portables), et les ordinateurs.” Le coltan va provoquer une furie commerciale pour une raison simple, son coût qui va grimper de façon phénoménale : “Entre mars et décembre 2000, la valeur marchande de la tantalite, un minerai présent dans le « coltan », est passée de 60 $ US le kilo à plus de 1000 $ US sur les marchés mondiaux. On assista alors en RDC à une véritable ruée vers le « coltan » dont les impacts humains, sociopolitiques et environnementaux ont suscité d’importants questionnements et soulevé d’importants enjeux dans cette région stratégique et riche en tantalite. En fait, depuis l’année 2000, les impacts négatifs de son exploitation, tels le prolongement des confl its et la violation des droits de la personne, sont dénoncés par plusieurs acteurs de la scène mondiale sans toutefois parvenir à éliminer toute trace de « coltan » obtenu indûment par les industriels occidentaux et asiatiques (M).”
La furie du tantale à l’arrivée du nouveau siècle. “Fin 2000, la demande mondiale croissante tout d’un coup de tantale pour condensateurs pour les téléphones mobiles, ordinateurs portables, caméras vidéo, des produits de consommation et de l’électronique automobile ont provoqué une montée en flèche des prix du coltan (tantale) cette année-là pour passer de 30-40 dollars par livre à plus de 300 dollars en décembre. Comme les prix du coltan ont monté en flèche, les avions de Bout ont transporté du coltan de la RDC à l’Ouganda, en Tanzanie et au Kenya, selon le magazine El Pais.” Là, cette fois, Bout n’a pas raté l’occasion de faire de l’argent facile !
“Un rapport de l’ONU de 2002 montre que 70% du Coltan exporté de RDC était fait sous le contrôle de l’armée rwandaise, et que ce sont les avions de Bout qui étaient utilisés”, note André Verloy, du Centre for Public Integrity”. C’est avec le tantale que les activités de Bout révèle la duplicité des états qui l’emploient : au moment de la fièvre pour le métal, cela fait plusieurs années déjà que l’on sait qui est le personnage. Mais on fait cependant appel à lui. “L’enquête sur les activités du groupe allemand Masingiro GmbH révèle trois transactions commerciales conclues de juin à septembre 2001 et couvrant l’exportation de 75 tonnes de coltan. Les quantités en jeu font penser que le coltan exporté par la société allemande provient de stocks accumulés par le monopole du RCD (la SOMIGL). Ce coltan a été acheminé vers l’Allemagne via l’aéroport d’Ostende et le port d’Anvers par les sociétés de transport TMK (RDC), A.B.A.C et NV Steinweg (Belgique). Le coltan était sans doute destiné à l’usine de traitement de tantale opérée par H.C. Starck, filiale de Bayer et leader mondial en la matière”. Ne serait-ce que le fief d’Ostende aurait dû mettre la puce à l’oreille aux sociétés commanditaires. Mais elles ont elles-mêmes profité du statut “à part” de Bout, car elles n’étaient pas désireuses obligatoirement d’apparaître comme étant justement les demandeuses : le territoire où se trouvaient les principales mines leur était interdit de vol. L’exportation du minerai, nécessairement, serait frauduleuse, et une compagnie aérienne répertoriée se serait vue bloquer son chargement à l’arrivée.
Le trafic est donc apparu de lui-même, en raison en effet d’un embargo créé de toutes pièces : “En effet, à cause d’un embargo moral organisé contre le coltan du Congo, officiellement, les deux plus grands raffineurs de tantale, l’américaine Cabot et Starck, la filiale de la multinationale allemande Bayer, refusent d’acheter le coltan du Congo. Dans les faits, les intermédiaires se multiplient pour camoufler la vraie source, mais le coltan du Congo finit toujours par s’y rendre. Il transite parfois par le Rwanda et la Tanzanie vers l’Europe (la Belgique surtout), le Kazakhstan ou encore l’Asie (Thaïlande, Japon). De là, le coltan est renvoyé vers les raffineurs occidentaux.” Les deux plus grands exploiteurs du système étant donc allemand et américain : la duplicité étatique, ou celle des entreprises privées est manifeste. Dans un tableau, l’auteur du mémoire résume parfaitement le problème “Ce tableau nous permet de constater trois choses. D’abord, on remarque que la RDC constitue le plus important exportateur africain aux États-Unis durant la période 1991-2002. On peut aussi remarquer que, durant les périodes les plus rudes des conflits, la RDC a été un exportateur relativement actif. Il en a été de même pour le Rwanda. On remarque qu’entre 1992 et 200l, 16% des importations américaines provenaient de la RDC, du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda.”
Tout a été décrit en détail, en particulier le rôle d’un homme d’affaires bien connu : “L’homme d’affaires suisse Chris Huber semble jouer un rôle majeur dans le financement de l’effort de guerre du Rwanda. L’enquête démontre que ses sociétés “off shore” Finmining et Raremet achètent le coltan auprès de Rwanda Metals, une société agissant pour le compte de l’APR, et le revendent à l’usine de transformation Ulba au Kazakhstan. Vu les transactions supposées entre Finmining et la société de fret kazakhe Ulba Aviakompania/Irtysh Avia pour l’expédition de coltan de Kigali au Kazakhstan, Chris Huber pourrait être lié à Victor Bout, un traficant d’armes notoire fournisseur de différents groupes rebelles et armées en Afrique”. Ce n’est plus une supposition à cette heure. Les avions de Bout ont bien été vus à Kigali à maintes reprises, cela on le sait. “Voici le premier Antonov 24 qui vient à l’esprit de tout fan de la forêt congolaise : “Immatriculé en Moldavie (ER-AZM), cet avion poubelle d’Aéro-Service Congo se trouve sur la piste de la Congolaise industrielle des bois (CIB) à Pokola. Daté du 5 mai 2006, le cliché n’a rien de confidentiel. Il figure dans le beau bouquet de cartes postales que propose le Tropical Forest Trust (TFT) sur son site web depuis l’annonce de l’octroi à la Congolaise d’un écolabel FSC le 25 mai” raconte Arnaud Labrousse. Qui continue : “Certes, Aéro-Service ER-AZM pourrait être un zinc en très bon état. Son cousin Aéro-Service ER-AZX (un “Skylink”) pourrait ne pas l’être – c’est lui aussi un Antonov 24RV, lui aussi loué auprès de cette même compagnie moldave peu connue qu’est Pecotox Air, à laquelle nous reviendrons. Sa queue décorée d’un tigre au lieu d’un lion, l’AZX est aujourd’hui hors service, selon l’AeroTransport Data Bank, référence en la matière. Explication : « Damaged Pokola ?”
“A Kigali, où converge la très grande majorité des pillages du minerai à destination de l’Europe, ce sont exclusivement des compagnies européennes, parfois connues comme proches du pouvoir, qui assurent le transport du coltan vers le vieux continent. Une répartition policée des tâches qui laisse suspecter l’influence de la « main invisible des puissances » (Christian Harbulot) : à Brussel Airlines (Belgique) et Martinair (Pays-Bas) la voie aérienne jusqu’à Ostende ou Anvers, à SDV Transintra (Groupe Bolloré, France) la route jusqu’au port de Dar-es-Salam en Tanzanie, à Safmarine (Danemark) la liaison maritime jusqu’à Anvers ou Ostende”. Bateaux ou avions, beaucoup de monde, y compris le groupe Bolloré, s’est impllqué dans ce minerai devenu de l’or en barres !
Arnaud Labrousse l’a bien constatée, cette omniprésence des avions de Viktor Bout : “Quelqu’un a dit Congo-Brazzaville ? Il est vrai que tout ce que gère Aéro-Service Congo n’est pas moldave, à l’instar de notre Lion des airs. Nous avons repéré un Antonov 12 BP par exemple (EK-11007, msn 5343506) qu’elle loue auprès de l’arménienne « Phoenix Avia ». Celle-ci, créée en 2000, pourrait bien être de la galaxie Bout, ou la côtoyer. Basée à Sharjah, Phoenix Avia aurait été « réorganisée en 2002 comme filiale de Phoenix Avia Gulf Ltd., proposant des services de location aux compagnies africaines […] » Elle dispose de cinq avions. Jusqu’au 28 mars 2006, elle en disposait de six. Quelques minutes après son décollage de Téhéran, son Antonov 12BK (EK-46741) tente un atterrissage d’urgence, et s’embrase. Pas moins de trois de ses moteurs étaient tombés en panne. Difficile de dire ce qui motive Aéro-Service pour louer chez Phoenix Avia. Ses bonnes références peut-être : Phoenix sait satisfaire des clients comme Air Libya Tibesti (EK-46630) et surtout comme la société soudanaise – basée à Sharjah – Trans-Attico (EK-13399). On retrouve cette dernière dans une note en bas de page dans l’œuvre récente d’Amnesty International, « République démocratique du Congo : Les flux d’armes à destination de l’est ». Le 9 décembre 2003, un Ilyushin 76-TD (ST-AQY) effectuant un vol non autorisé Johannesburg-Kigali pour « Volga Atlantic Airlines » transportait du matériel dont les autorités sud-africaines n’ont pas pu établir l’identité exacte. L’oiseau aurait été de la volée Trans Attico. Il était aussi apparu dans celle de GST Aero, de Victor Bout”.
Au moins c’est clair aussi, pour notre chercheur canadien : “La plus grande partie de la colombotantalite exportée de l’est de la République démocratique du Congo (pas moins de 60 à 70 %), est extraite sous la surveillance directe des superviseurs de l’APR préposés aux activités minières et évacuée directement vers Kigali ou Cyangugu par avion, à partir des aérodromes proches des mines. Aucune taxe n’est versée. Des avions militaires rwandais, des avions de Victor Bout et de petites compagnies aériennes sont utilisés pour transporter le coltan. L’APR maintient son contrôle sur la plupart des mines de colombotantalite où les gisements sont importants, où la teneur en tantale est élevée et où les aérodromes locaux sont accessibles. Dans les sites d’extraction qui sont gérés par les superviseurs de l’APR, divers régimes de travail forcé coexistent, pour J’extraction, pour le transport et pour les tâches domestiques. Selon de nombreuses sources, il serait largement fait appel à des prisonniers importés du Rwanda, qui travaillent comme main-d’œuvre sous contrat” (M)”
Un rapport précis décrit ici un des tous premiers vols : “La première livraison, en arrivant en Allemagne le 12 Juin 2001, est particulièrement bien documentée. Cette cargaison est partie de Bukavu à Goma par bateau le 9 Juin 2001 par les services d’un certain M. Mihigo de la société d’expédition Congolaise Trafca. Trafca a contracté la société belge A.B.A.C pour amener le coltan de Goma à l’aéroport d’Ostende en Belgique. A.B.A.C. a pris en sous-traitance Air Memphis, qui a loué un avion appartenant à Tristar Air. Les deux sociétés, Memphis et Tristar Air sont basés à Héliopolis (Egypte). Le cargo est arrivé à Ostende le 12 Juin, avec le numéro de vol 200 et le code d’enregistrement SU-AVZ. De là, il a été transporté par camion à Masingiro en Allemagne par la société expédition belge NV Steinweg. A partir de là, il sans doute allé chez H.C. Starck, qui est était le plus important consommateur de Masingiro (**)”. La liste des avions Air Cess est ici. Et Air Memphis possédait bien le Boeing 707 SU-AVZ, vu ici à….Ostende. Plus vraiment tout jeune, il finira par se crasher au Caire le 2 avril 2004 en quittant la piste, endommageant son train droit et ses deux réacteurs droits. Il arrivait directement… d’Ostende.
Le 26 mai 2008 encore, un Antonov 32 se crashait au décollage à Goma. Enregistré sous le nom de Compagnie Aérienne des Grands Lacs (CAGL), ou Great Lake Business Company (GLBC). Un autre avion siglé 9Q-CGQ, un Antonov 12 s’était aussi présenté sous le nom de Great Lake Business Company. L’avion, démuni de toute marque de reconnaissance à part son numéro de registre, s’était montré “très actif” à Goma. On retrouvait deux adresses liées à cet appareil : la boîte postale P.O. Box 315, Goma, et Ilex Ventures Ltd, dont l’adresse se situait au Cassandra Centre, Offices 201 & 202, 2nd floor, 29 Theklas Lyssioti Street, P.O. Box 58184, 371 Limassol, Cyprus… Limassol, à Chypre, un des autres fiefs de Bout. Le directeur d’Ilex Ventures , Petros Livanios niait avoir toute relation avec GLBC, pour finir par avouer qu’il lui fournissait des “pièces détachées”. Le 9Q-CGQ était apparu dans tous les rapports d’Amnesty ou de l’ONU (dont celui du 12 décembre 2008) comme ayant livré des armes à Goma (R). Bout avait enregistré deux Antonov 12 chez GLBC : le second, le 9Q-CGO portait le numéro du Boeing 707-321F, ancien 9Q-CJW et N2276X, laissé à à l’abandon à Kisangani (à côté d’autres appareils) !
Et là encore, les liens avec les banques ou le pouvoir en place sont patents, comme pour la société EWR où c’est véritablement flagrant. “Eagle Wings Resources (EWR) est une “joint venture” entre l’américaine Trinitech et la néerlandaise Chemie Pharmacie Holland. Le représentant local de EWR à Kigali est Alfred Rwigema, le beau-frère du Président Kagame. Le président rwandais est accusé par le rapport des Nations Unies de jouer un rôle-pivot dans l’exploitation des ressources naturelles de la RDC. La direction de EWR affirme avoir écarté des propositions commerciales de Grands Lacs Metals, une autre société de coltan contrôlée par l’APR. Toutefois, elle n’a pu désigner les comptoirs auprès desquels son représentant local achète le coltan exporté par EWR”. Kagame, et ses liens particuliers, disons : “Après son mariage, Kagame fut envoyé, en juin 1990, aux États-Unis pour un stage de commandement militaire (Command Staff) à Fort Leaven Worth au Kansas.”
De la RDC, on file donc directement au … Kazakhstan, comme par hasard autre pays raffineur de coltan (c’est fou ce que j’ai appris comme choses à suivre les tribulations de Bout !). “Comme nous l’avons mentionné, il n’y a pas de tantalite sur le territoire kazakh. La firme Ulba Metallurgical (NAC Kazatomprom) dépend totalement de l’impoltation du minerai (Sénat de Belgique, 2003, 23), et elle est l’une des cinq firmes qui possèdent la technologie pour produire de la poudre de tantale destinée aux condensateurs. Récemment, Ulba Metallurgical a créé un joint venture avec des intérêts chinois (Ulba-China Co). Elle a été accusée par le panel d’enfreindre les principes directeurs de l’OCDE et, dans son dernier rapport, elle figure à la catégorie des cas en suspend avec les gouvernements (M).” Ulba est une émanation du groupe Kazatomprom, groupe nucléaire, qui a produit en 2006 3 010 tonnes des 5 279 tonnes d’uranium produites par le pays.
Le Kazakhstan “où une enquête démontre cette fois les liens commerciaux entre l’usine métallurgique Ulba et des sociétés impliquées dans le commerce du coltan dans la région des Grands Lacs, telles que Finmining. Les firmes Ulba Aviakompania et Irtysh Avia ont transporté du coltan depuis la région des Grands Lacs, or ses firmes sont bien liées à Viktor Bout et au trafic d’armes”. Le Kazakhstan… et Viktor Bout, ça semble une évidence avec ce qu’on sait de ces débuts en aviation : “En outre, il existe des informations crédibles que les expéditions de Finmining au Kazakhstan sont traitées par Ulba Aviakompania (ULB) / Irtysh Avia (IRT), une compagnie de fret aérien gérée par l’usine de traitement Ulba – ayant son siège à l’aéroport de Ust-Kamenogorsk. Selon World Airline Fleets, une publication de renom, Ulba et Irtysh ont fusionné en 2000, suite à la privatisation d’Air Kazakhstan. Aujourd’hui la société commune exploite 16 avions de l’ex-Union soviétique Yakovlev et des Ilyushin 18 avions de la compagnie Air Cess CESS-AVIA (CSS) pour le fret et les vols de passagers, en cas de besoin. Ceci suggère que Chris Huber et son entreprise de coltan peut être lié à l’une des principaux trafiquants d’armes de l’Afrique”. L’enquête nous fait retomber sur une des filiales les plus connues de Bout : “Air Cess a été géré jusqu’à récemment par Viktor Vasilevich Butt, alias Viktor Bout. Sous enquête menée par Interpol et un certain nombre de pays de l’ouest, il est souvent désigné comme Victor B parce qu’il utilise au moins cinq des alias et des différentes versions de son nom. Aujourd’hui, Bout supervise un réseau complexe de plus de 50 avions, plusieurs compagnies aériennes, compagnies de charters de fret et de marchandises-entreprises de transport, dont beaucoup sont impliqués dans le transport illicite de fret”. Parmi les personnes mêlées au trafic, en RDC, Khulsum Aziza Gulamali , interviewée par les reporters canadiens dans un très bon reportage (*), qui niera évidemment faire partie de trafics, notamment de cigarettes. Se sont ces fils qui ont repris l’entreprise depuis. La dame n’hésite pas à demander un droit de réponse, dès qu’on aborde le sujet. Mais heureusement, Richard Labévière y veillait pour lui rappeler les faits, dénoncés par le rapport d’experts de l’ONU. A Pointe-Noire, c’est surtout le S9-DAJ que l’on verra, un Antonov 8 (bimoteur), ex-Mandala Air Cargo vu en piteux état en 2004.
La même dame avait été décrite de façon peu flatteuse par notre chercheur : “Gulamali a participé à des transactions d’or, de colombotantalite et de cassitérite dans les territoires contrôlés par les Rwandais. Elle se livrait auparavant à un trafic d’armes pour le compte des Hutus burundais et était également impliquée dans un trafic d’or et d’ivoire. Son nom a par ailleurs été mentionné à propos d’une contrebande de cigarettes. Selon des sources très fiables consultées par le Groupe d’experts, elle utilisait son usine de fabrication de cigarettes actuellement en faillite – comme façade pour dissimuler ses activités illégales. Dans le commerce de la colombotantalite, elle compte parmi ses clients Starck, la Cogecom et la Sogem ; la Banque Bruxelles Lambert assure la gestion de certains de ses comptes. Le Groupe d’experts a demandé plusieurs fois au RCD de Goma s’il pouvait rencontrer Mme Gulamali et a également contacté ses collaborateurs, mais elle ne lui a jamais accordé d’entretien. Le RCD de Goma l’a nommée dernièrement directrice générale de la Société Minière des Grands Lacs (SOMIGL), conglomérat formé par quatre associés qui ont obtenu le monopole de la commercialisation et l’exportation de la colombo-tantalite. Ce monopole a renforcé sa position prédominante dans le commerce de la colombotantalite dans la région. Cherchant à caractériser cette association, le RCD de Goma a déclaré que Mme Gulamali était très efficace et rapportait chaque mois un million de dollars au RCD. Selon certaines sources consultées par le Groupe d’experts, son réseau de relations est impressionnant, et elle tient quasiment tous les responsables du RCD de Goma sous sa dépendance. Elle se livrerait également avec sa fille Djamila à un trafic de fausse monnaie. Elle est connue pour avoir falsifié des déclarations en douane, notamment pour les produits qu’elle exporte. Interrogée récemment à propos d’une fausse déclaration, dans laquelle la colombotantalite était présentée comme étant de la cassitérite, elle a répondu que tout le monde faisait la même chose avec ce produit. Pour le Groupe d’experts, sa déclaration montrait bien à quel point la fraude était répandue parmi les sociétés qui exportent de la colombotantalite » (CS, 2001 b, 20). La SOMIGL regroupait en fait quatre actionnaires : le Belge Africom, le Rwandais Promeco, le Sud africain Cogecom et le RCD qui détenaient 75 % des actions (De Failly, 2001).” Belgique, Afrique du Sud, Rwanda, RDC…. quatre états sont impliqués dans ce trafic. Voilà pourquoi Viktor Bout ne pouvait passer qu’à travers d’Interpol… Bout est bien trop impliqué dans des commerces sordides bénis par les Etats pour qu’on puisse en faire un simple malfrat.
Dans le rapport de l’ OBSERVATOIRE GOUVERNANCE-TRANSPARENCE (O.G.T.) déjà cité, l’organisation financière du système avait été évoquée en détail, elle conduisait à l’achat d’armes : “une partie importante de l’argent tiré de la vente des minerais est utilisée par le Rwanda pour s’approvisionner en armes et munitions en provenance de l’Afrique du Sud et de l’Ukraine. Encore une fois avec Sanjivan Ruprah, Victor Bout, Thibert Rujugiro et James Kabarebe, Madame Aziza Kulsum Gulamali s’implique dans ce trafic autour de 2 sociétés : Executive Outcome, une société sud-africaine de recrutement des mercenaires et de vente d’armes, ainsi que la Branch Energy de Sanjivan associée à Rujugiro et à quelques officiers de l’Armée Patriotique Rwandaise. L’homme qui assure la liaison entre Madame Aziza Kulsum Gulamali et la Société Executive Outcome, c’est Mimi Gulamali”. Les “fameux” mercenaires d’Executive Outcome que Bout avait déjà rencontré ailleurs.. chez les Papous !
Les avions de Bout d’Air Cess incriminés étaient les UN-75002 (ici à Sharjah), UN-75003, UN-75004, UN-75005, tous des ILL-18D et un Antonov 12B, le UN-11007. Le 31 juillet 2002, l’il-18 d’Air Cess était photographié démonté à Kalemie, au Katanga (RDC), c’était le 3D-SBZ. Car les avions avaient évidemment échangé leurs numéros : le LZ-AZC était devenu le 3D-SBC puis le 3C-KKJ pour devenir l’UN-75003, le L-AKQ modifié en 3D-SBQ puis en 3C-KKL pour finir en UN-75005 et le SP-FNW repeint en 3D-SBW et en 3C-KKK pour afficher UN-75004, le SP-FNZ devenir 3D-SBZ et le 3C-KKR se transformer en UN-75002 ! En RDC, Bout avait fait comme ailleurs ! Sur la photo de Kalemie, on avait pris soin d’effacer le “Cess” d’Air Cess”… l’avion avait selon le photographe “était attaqué par des rebelles”. Il avait très certainement plutôt eu de sérieux problèmes mécaniques, et avait été abandonné sur place ; seuls ses turbopropulseurs ayant été démontés et sauvegardés. L’Ilyushin Il-18V 3C-KKR avait été racheté à Santa Cruz en 1999 : Santa Cruz, émanation directe de la sphère Bout. L’Antonov 12 UN-11007 aura moins de chance que les autres : il s’écrasera à al-Riyan, au Yemen, soi-disant “plein de poisson”. Il avait porté successivement les couleurs d’Air Bas, d’Irbis Air, d’Air Cess et de GST Aerocompany : toutes compagnies Viktor Bout. Les 7 tonnes de poisson à bord étaient trop lourdes : il avait dépassé la piste de 400 mètres : il tentait de rejoindre Dubaï. Personne n’a su dire s’il n’y avait que du poisson à bord.
Notre chercheur canadien, lui, ayant trouvé un responsable à la situation, et ce n’était pas vraiment notre Viktor : “On peut donc conclure que la filière tantalite profite à quelques autorités économiques, surtout américaines, et à quelques autorités politiques, surtout les États-Unis. Leurs motivations est un arrangement d’intérêts sécuritaires et économiques organisés autour du double objectif de quête de puissance et de richesse. Au totale, l’examen de l’histoire et des sphères d’autorités qui caractérisent cette économie politique nous a révélé le pouvoir déterminant des États-Unis. Toutefois, les États-Unis ont perdu en autorité au bénéfice des acteurs non étatiques qui exercent un pouvoir équivalent ou supérieur dans beaucoup de domaines”. Viktor Bout, aujourd’hui arrêté par les autorités américaines (et extradé depuis) après avoir autant aidé à établir cette mainmise sur le tantale, dix années auparavant ? N’était-ce pas plutôt le moyen de faire taire celui qui a tant à dire ?
La Côte d’Ivoire (encore) et la mafia russe
agoravox.fr Viktor Bout pas impliqué en Côte d’Ivoire ? Réflexion et vérification faites, il a bien participé au réarmement du pays, avant même l’arrivée au pouvoir de Laurent Bgagbo। Présent en Afrique du Sud dès le début des années 90, Viktor Bout va en effet progressivement étendre son emprise sur la Centrafrique, haut-lieu des combats récurrents sur le continent : le plus grand marché ouvert d’armes légères et à portée de ses avions, et il ne va pas rater l’occasion d’y offrir ses services। Une portée qui sera même réduite avec le déménagement de ses bureaux à Sharjah : adieu Ostende, vive les émirats et leur duplicité fondamentale : Sharjah est manifestement, on l’a déjà écrit ici-même, la plaque tournante de divers trafics, et l’endroit où les avions circulent en changeant régulièrement de look et d’enregistrement sans que nul ne s’en préoccupe। La Côte d’Ivoire, pour y revenir, en 1999 avait en fait traité avec un mafieux russe… qui nous ramène en effet à nouveau à Sharjah.
La Côte d’Ivoire, en effet, juste avant l’an 2000, avait déjà acheté des armes à un trafiquant notoire, Léon Minin, alias Wulf Breslav, Igor Osols (et bien d’autres pseudonymes encore : il se faisait aussi appeler Blavstein, Blyuvshtein, Blyafshtein, Bluvshtein, Blyufshtein, ou bien Vladimir Abramovich Kerler, Vladimir Abramovich Popiloveski, Vladimir Abramovich Popela, Vladimir Abramovich Popelo, etc),. L’homme est lié à la pire mafia russe et ukrainienne, et il sera capturé de façon rocambolesque en Italie, le 4 août 2000, à Cinisello Balsamo, dans l’hôtel Europa, entouré de prostituées. Détenteur sur lui de diamants non taillés d’un valeur de 500 000 dollars. L’homme cumulait déjà trafic d’armes, de diamants et de drogue. “Leonid (Efimovich) Minin, né le 14 décembre 1947 à Odessa (Ukraine), domicilié à Tel-Aviv (il a émigré en Israël en 1970), possède à la fois les nationalités ukrainienne et israélienne, mais dispose également de passeports allemand et colombien (et grec, L’Express l’a oublié). De quoi faciliter les déplacements de ce drôle de citoyen du monde, impliqué, au plus haut niveau, dans de nombreux trafic internationaux”, nous explique L’Express. Effectivement, Minin semble bien avoir profité de ces cinq passeports, et jusqu’en 2001 espérait bien en vivre royalement, sur son yacht d’Antibes, notamment” avais-je déjà dit à son propos. L’homme se promenait tranquillement en France, donc. Sans être inquiété. De quoi tisser des liens.
“À la fin de 1998, les autorités Italiennes considéraient que Minin était à la tête d’un groupe criminel d’origine ukrainienne, proche de l’organisation criminelle Solnstevo [sic] et spécialisée, entre autres, dans le trafic international d’armes et de stupéfiants, le blanchiment d’argent et l’extorsion. En Ukraine, Minin entretenait des relations étroites avec Alexandre Angert (surnommé “L’Ange”…), la tête pensante de la criminalité organisée à Odessa.” L’organisation citée était en fait la célèbre “Neftjemafija”, qui avait comme chefs Alexandre Angert, et Nicholay Fomichev, alias “Kolija”. Mais aussi Léonid Zamiatine, qui sera arrêté en juin 2001 en Italie également. Et également l’oligarque Alexeï Boultov, un proche de….Mikhaïl Gorbatchev, surnommé “le tsar d’Odessa”, qui a laissé “filé” des stocks de l’armée russe la bagatelle de 802 conteneurs, pour un poids total de 12 000 tonnes au total ! 32 milliards d’armes et d’ équipments militaires seront ainsi volés dans les dépôts ukrainiens en l’espace de seulement six années, de 1992 à 1998.
Une mafia (aux tombes bien étranges, comme au cimetière Vagankovskoye de Moscou), qui faisait de l’argent avec tout, et aussi fortune avec… du trafic de poulets congelés, fabriqués en Afrique du Sud et revendu en Europe via la Moldavie ou la Transnitrie, sans avoir à payer de taxes d’entrée… les poulets mis frauduleusement dans les camions étaient estampillés “sucre” : or ces camions étaient réfrigérés (du moins quand ils ne tombaient pas en panne !) ! En Afrique du Sud, un homme avait prévu le développement de ce trafic et édifié à ses frais une énorme usine de congélation de poulets : c’était justement Viktor Bout ! Une des parties de sa fortune, celle qui lui permettra d’acheter ses premiers Ill-18 en particulier, vient de là ! un Viktor Bout, qui, pour se faire, travaillait obligatoirement donc avec cette mafia ! (PS : j’avais expliqué la méthode en mai 2008 dans “Cargos de nuit (vague n° 5).”).
La base du trafic étant alors l’aéroport de Lanseria, en Afrique du Sud, un aéroport au laxisme évident, qui regorge toujours aujourd’hui d’appareils rares : un Gulfstram I, à turbopropulseurs Dart, entièrement blanc, de King Air Charter, par exemple, ou l’un des vieux B-737 de la Lufthansa ex D-ABHP photographié sous le registre ZS-OMG, en fort mauvais état en 2006 et volant à nouveau dès le mois suivant…. sous le label Nationwide Airlines. Le 7 novembre de l’année suivante, son sistership, le ZS-OEZ perdait en vol son réacteur droit, en décollant de Cape Town. A Lanseria, il y avait de bien drôles d’avions. Le commandant de bord du 737, Daniel Perry, sauvera tout le monde ce jour-là en le ramenant au sol sur le seul valide : bel exploit ! Les 13 B-737 cloués au sol avec ses 3 B-727, la firme devait arrêter ses vols en 2008. Sur le même aéroport, un autre avion bien connu maintenant était régulièrement vu : c’est le fameux Gulfstream de David Tokoph… devenu l’avion de campagne électorale d’Alassane Ouattara ! Lanseria, la base attitrée également d’Andrew Smulian, associé direct lui aussi de Viktor Bout (et celui qui le trahira plus tard…), ainsi que l’aéroport de Polokwane… ses 727, et pas très loin ses usines de poulets congelés…telle la “Far north frozen foods.”
Une mafia russe, donc, qui possèdait bien sur des relais en Europe, bien sûr, comme en Belgique avec le député Philippe Rozenberg, du Front National, que le président du tribunal qui le jugera taxera le 5 mai 2000 “d’escroc sans scrupules”. Un avis qu’il n’entendra pas : il avait déjà fui le pays et s’était réfugié à Pataya, en Thaïlande… comme le noteront Frédéric Loore et Jean-Yves Tystaert dans “Belgique en sous-sol”. Rozenberg, un cas, euh… particulier : “La Belgique a aussi connu ses Juifs d’extrême droite quand un certain Philippe Rozenberg fut élu député sur les listes du Front national, “note avec surprise Résistance.be. Les mafieux russes, eux, hantant désormais les pistes de ski l’hiver, à Courchevel (et son hôtel avec des nuits à 35.000 euros !), et la Côte d’Azur l’été, comme Minin avec son yacht. Pour ce qui est de Courchevel, la station a été en émoi ces jours-ci : un “ukrainien” à décidé d’y dépenser une fortune pour y fêter ses cinquante ans, et tout le monde sur place était ravi (ou presque). On verra bien qui est cet “incognito”… ce disait-on alors. “Ces gens-là” dit de lui le maire ! En fait c’était Viktor Pintchouk, le roi du tuyau à pétrole (avec ” Interpipe”)… et lui aussi taxé il y a quelque temps encore de faire partie du monde “opaque” : “Il était l’un des ces milliardaires post-soviétiques à la fortune d’origine opaque” dit de lui Romandie News… “En 2004, Viktor Pintchouk achète avec un partenaire la première aciérie ukrainienne Krivorijstal pour 800 millions de dollars, une transaction devenue un symbole de la corruption du régime de son beau-père. Cette opération a été annulée par la justice après la Révolution orange, un soulèvement populaire de fin 2004, qui a porté au pouvoir l’opposition pro-occidentale. L’aciérie a été revendue aux enchères six fois plus cher” poursuit le journal suisse…
En juillet 2000, juste avant l’arrestation du mafieux Minin, l’Etat ivoirien, alors sous la férule de général Robert Guei avait déjà fait appel à la société Air Foyle pour une importante livraison d’armes : la société (anglaise) louait alors par obligation des Antonov 124 à l’Antonov Design Bureau pour ce genre de transport. Air Foyle était en fait déjà liée à Viktor Bout. En juin 1996 Air Cess avait en effet signé un contrat avec la société d’Afrique du Sud Norse Air, une association de circonstance sous le nom de “Pietersberg Aviation Services Systems (Pty) Ltd”, qui utilisera comme nom de compagnie Air Pass. Comme directeurs, figurent Viktor Bout, avec 90% des parts, et Deirdre Ward, le propriétaire de Norse Air, qui n’est autre que l’agent d’Air Foyle depuis des années et dont la femme détient les 10% restants.
Un Antonov 124 est requis, donc, car il y en a pour 113 tonnes d’armements divers, pour cette première livraison, avec notamment les hélicoptères d’attaque déjà cités dans l’épisode précédent et ceux de transport. Ce que seul ce type d’avion gigantesque pouvait emporter. Des armes achetées officiellement à la société d’Etat ukrainienne Spetstehnoexport (“Special Technical Export”), mais avec un faux certificat d’exportation, la grande spécialité de Minin. C’est le Libéria de Charles Taylor qui avait servi de pays intermédiaire de réception. Le 26 mai 1999, Guei avait déjà auparavant signé un premier contrat avec le dénommé Valery Cherny, représentant Aviatrend, pour 5 millions de munitions, des balles de 7,6 mm (2x39mm), 50 type Dragunov Zastava M93, des lanceurs de grenades de 30 mm, 10 000 grenades, et 20 lunettes binoculaires à image thermique, Visiblement, Guei craignait fort que la rébellion des partisans musulmans, notamment d’Alassane Ouattara, ancien Premier ministre de 1990 à 1993 d’Félix Houphouët-Boigny, devenu principal opposant au régime, ne dégénère. La candidature à la présidence de celui-ci, sera en fait invalidée quelque temps plus tard par la Cour suprême du pays (déjà !), au grand “ouf” du président par intérim qu’avait choisi alors Guei : c’était bien sûr Laurent Bgagbo ! Bref, le différent actuel ne date pas d’hier et remonte à un temps où beaucoup d’armes ont circulé. Et beaucoup d’argent.
Le second Antonov 124, sera donc affrété par Aviatrend, d’Azerbaijan, via une société écran, “Chartered Engineering and Technical Company, Ltd”, enregistrée à Gibraltar avec comme pilote émérite de livraison Italii Horovienko. Un pilote talentueux et recordman, le 11 novembre 2003, d’un vol avec charge sur Antonov 70 : 55 063 kg emportés à 7 355 m d’altitude ! Les armes étant acheminées ensuite de Moronvia par des Ilyushin 18, des “West African Air Services” (alias West Cargo), gérée par Sanjivan Ruprah, l’associé direct de Viktor Bout, ou par un Illyushin 76, loué également et volant sous des registres d’emprunt : la technique préférée de Viktor Bout, justement. Ce dernier n’était donc pas effectivement responsable de la première partie de l’acheminement, pour la Côte d’Ivoire, mais bel et bien de la seconde. En prime, Léon Minin emprisonné en Italie dès le mois d’août 2000, il avait bien fallu continuer les livraisons… et s’accorder avec ses anciens “amis”. Or ça, seul Viktor pouvait s’en charger ! Via ses multiples sociétés, dont notamment Air Cess, et ses six déclinaisons, enregistrées au nom de son associé américano-syrien, Richard Chichakli, le directeur de Phoenix Aviation, installé au Texas, rappellons-le.
A part ça, les USA ne sont pas impliqués en Côte d’Ivoire, certains diront encore, avec la présence des autres associés directs de Viktor Bout, les fameux frères Tokoph ! Air Cess, ou Dolphin Air, démarrée en 2002, anciennement Flying Dolphin Airlines et Santa Cruz Imperial Airlines, toutes deux appartenant au Sheikh Abdullah Bin Zayed (ainsi qu’à Sanjivan Ruprah et Viktor Bout !). Fin 2000 début 2001, un Boeing 727 de Flying Dolphin emportait les Talibans chaque semaine à leur quartier général de Kandahar, en Afghanistan, en plus de ceux d’Ariana “empruntés” par Ben Laden, dont les Boeing étaient préparés par Dodson International Parts Inc… à la Mena, en Arkansas ! Les vols que Julie Sirrs avait dénoncé à l’administration US sans être entendue.
Des avions à tout faire que ceux d’Air Cess. “Un Iliouchine 76, immatriculé au Libéria en 1996, au nom d’Air Cess Liberia , a ensuite été enregistrés au Swaziland. Il a été ensuite retiré du registre du Swaziland par l’Autorité de l’aviation civile en raison d’irrégularités. L’avion est alors déplacé vers le registre de la République Centrafricaine, où il a obtenu la désignation TL-ACU au nom de la compagnie aérienne “Centrafricain Airlines “. L’avion portait aussi parfois l’enregistrement du gouvernement du Congo (Brazzaville). Comme Bout d’autres aéronefs, l’avion était basé à Sharjah, aux Emirats Arabes Unis. Cet avion a été utilisé en Juillet et Août 2000 pour les livraisons d’armes en provenance d’Europe vers le Libéria. Cet avion et un autre, un Antonov, ont effectué quatre livraisons au Libéria, trois fois en juillet et une fois en août 2000. Le fret comprenait notamment des hélicoptères d’attaque, des rotors de rechange, des munitions anti-chars et de systèmes anti-aériens, des missiles, des véhicules blindés, des mitrailleuses et de près d’un million de munitions.” On ne peut faire plus clair. Un site recensé les allées et venues d’Air Cess de 1998 à 2000 c’est plus qu’évocateur. Les Ill-18 aux bouts d’hélices bleues seront vus successivement à Khartoum, au Soudan ; à Harare, au Zimbabwe ; à Polokwane, et à Lanseria, en Afrique du Sud, mais aussi à Luanda, en Angola ; à Shimkent, au Kazakhstan ; à Salalah, dans l’Etat d’Oman ; à Mukalla, au Yemen ; puis feront un détour à Usiminas, Brésil (c’est la plus grande aciérie du pays) mais aussi à Bourgas, en Bulgarie, haut lieu des chargements d’armes et juste après à Bangui, en République Centrafricaine, puis à Dubai, aux Emirats, avec un détour vers l’Indira Gandhi International, de New Delhi (en Inde) ; puis à Bishkek, au Kyrgyzstan ; à Sofia, à nouveau en Bulgarie, ou encore à Gheshm, en Iran ; et à Istanbul, en Turquie (le 4 octobre 2000) ; à Jeddah, en Arabie Saoudite, le 7 octobre 2000, et à Nikolaev, en Ukraine ; puis encore à Sharjah, (aux Emirats) et à Mikkeli, en Finlande avec l’Antonov 32 immatriculé 3D-RTD venu d’ Ras al Khaima, le 9 juin, 1998) ; ou encore à Sana’a, au Yémen ; et à Ekaterinburg, en Russie et à Kigali, au Rwanda ; à Aden, au Yemen ; et à Tashkent, en Uzbekistan pour revenir à Entebbe, en Ouganda ; et enfin à Athènes, en Grèce. Parfois les Ill-18 sont loués, notamment à Damal Airlines ; dont le siège est à Sharjah et qui dessert… la Somalie. Au départ, en 1993, la société n’a que deux avions loués : un Antonov-24 et un modèle-32.
C’est donc Leon Minin et non Viktor Bout qui avait démarché la Côte d’Ivoire, via l’intercession du français Robert Montoya, l’ancien gendarme défroqué devenu marchand d’armes, mais c’est donc bien Viktor Bout qui s’est chargé de la dernière étape. Minin, lui, étant rattrapé entre temps par la justice italienne. “Le 20 Juin 2001, il est accusé de trafic d’armes, et d’avoir fourni une centaine de tonnes d’armes, de pièces de rechange, de munitions et d’explosifs pour le Front Révolutionnaire Uni de Sierra Leone ( le RUF, soutenu ouvertement par Charles Taylor, du Libéria voisin). Minin a été accusé d’avoir utilisé de faux certificats d’utilisateur final, pour fournir 68 tonnes d’armes provenant d’Europe et soi-disant destinés pour le Burkina Faso, et 113 tonnes pour la Côte d’Ivoire, via le Libéria et la Sierra Leone”. L’ONU s’en était aperçu dès décembre 2000. “Un groupe d’experts des Nations Unies a déterminé qu’il y avait “une preuve concluante de lignes d’acheminement au Libéria par le Burkina Faso. Les armes fournies au Burkina Faso par des gouvernements ou des marchands d’armes privés ont été systématiquement détournées en vue du conflit en Sierra Leone. Par exemple, une cargaison de 68 tonnes d’armes est arrivée à Ouagadougou [au Burkina Faso], le 13 Mars 1999. Elle a été temporairement déchargée à Ouagadougou et certains ont été transportés par camion à Bobo-Dioulasso [au Burkina Faso]. La majeure partie d’entre elle a ensuite été transbordée en quelques jours au Libéria. La plupart ont été transportés à bord d’un BAC-111 appartenant à un homme d’affaires israélien d’origine ukrainienne, Leonid Minin.” Les photos de l’appareil étaient assez éloquentes en effet… elles figurent dans cet épisode de mes “Cargos”. C’est une des photos que j’avais retrouvé dès 2008 déjà, et qui est visible en bas de ce texte. Impressionnant cliché d’une cargaison savamment disposée pour équilibrer l’avion correctement, les caisses de Kalachnikovs à la place des passagers ! Visiblement, le pilote avait un “loadmaster” de talent avec lui… le Bac-111 LE-ALD (ex YA-GAG et G-DBAF) de Balkh Airlines, opérant de Mazar-e-Sharif (où Viktor Bout avait un rôle majeur) était aussi destiné au transport “particulier” (et de son opium) d’un des chefs de guerre afghans, Abdul Rashid Dostum, le leader des Ouzbeks, qui a combattu avec les soviétiques avant de passer mudjahidine en 1992. Aujourd’hui à nouveau à la tête de l’armée de Karzaï, après en avoir été exclu ! Comme par hasard, on retrouvera le BAC-111 sous le registre des Rwanda Airlines, sous l’indicatif 9XR-RA. Il a fini ses jours à….Lanseria ! En juillet 2004, on, scrapera à Ostende un Boeing 707 de Balkh Airlines, le YA-GAF. Il avait auparavant sévi sous le registre d’Uganda Airlines sous le numéro 5X-UC, et avait surtout servi à transporter des armes en Yougoslavie… comme le confirme Ruudleeuw.
En Côte d’Ivoire, pendant ce tremps, et aujourd’hui encore, l’ affligeante actualité continue : l’avion de l’opposant à Bgagbo, et donc l’élu du pays, après avoir fait toute la campagne sous son numéro d’origine, N436JW, est désormais affublé d’un numéro de registre en N1B assez sidérant. Un détour rapide par les enregistrements mondiaux nous redonnent pourtant bien comme numéros antérieurs N436JW, 7P-TCB, 3D-TCB et N436JW, et comme propriétaire bel et bien toujours David Tokoph. Que cherche-t-on à faire en agissant ainsi ? N’est-ce pas là un procédé de… mafieux ? Celui d’un Viktor Bout ? Un bloggueur ivoirien fait remarquer intelligemment : “on ne repeint pas les appareils quand on les loue. Il y a une liste noire de compagnies qui ne peuvent pas se poser ni prendre de passagers en Europe ou en Amérique entre autres parce que leurs appareils ne reçoivent pas l’entretien réglementé par l’IATA”. Et il ajoute, non sans justesse et sans malice : “on sait aussi que des personnalités louent également des avions pour des déplacements personnels mais ils ne les repeignent pas non plus sauf rarissimes exceptions et surtout ne changent leur identification. Rares sont celles qui possèdent leur propre avion ou flotte privée. Parmi elles, on connait des narco-traficants, des mafieux, des vendeurs d’armes…” D’autant plus que le lettrage fait à la va-vite ressemble comme deux gouttes d’eau au déguisement des petits bimoteurs qui sont tombés comme sauterelles sur la côte ouest de l’Afrique ces deux dernières années !
Ce même David Tokoph, qui, le 10 septembre dernier, à Nairobi, faisait un exposé sur “le déclin de l’aviation en Afrique” !! ! Juste après avoir vu la démission du patron de l’aviation nigériane, Nick Fadugba ! Ce même Topokh, que l’on retrouvait au… Mali, pour une mission humanitaire, paraît-il, à un endroit où s’était posé un 727 bourré de coke, ! Le Mali, un pays muni de 13 aéroports principaux, mais aussi de de 12 secondaires et de 5 pistes privées, sans compter les clandestines dont a profité un 727 très “spécial” ! Topokh, et son Boeing 727 immaculé immatriculé au Lesotho, pris en photo à faire la navette entre Malte et la Libye… Aux dernières nouvelles, Laurent Bgagbo négocierait un départ vers… l’Afrique du Sud ! Direction… Lanseria : Thabo Mbeki n’est pas venu que pour jouer les intermédiaires, mais bien pour lui offrir une solution de repli. Pour ce qui est de ses Gulfstream il a déjà eu moins de chance : le 16 juin 2009 l’un des deux Gulfstream III gouvernementaux était percuté à Libreville par un avion de DHL ! Quand à son Fokker 100, (TU-VAA) c’est autre chose : percé par une attaque au sol au RPG, le 29 juin 2007 il avait de la cervelle éparpillée dedans, le ministre Guillaume Soro ayant échappé de peu à la mort ce jour-là… Bgagbo a retouvé depuis un Gulfstream IV (en TU-VAD ; non pas comme les deux Gulfstream III restants en TU-VAF ; dont cet exemplaire, visiteur régulier de… Lanseria, encore cet aéroport, le N°464, dernier produit de la série). C’est l’ex N1758, ex-N810GA, N860PM, N800PM, N631SC et N90CP, le N°224 de la liste de construction de Grumman, il date de 32 ans (1978). Un journal local peut titrer “Côte d’ivoire la campagne bat son plein : Gbagbo atterrit avec le Grumman 4/ Ado sort son propre avion à Korhogo : La guerre des avions” fait rage “… c’est bien le cas en effet !
Lors de l’arrestation de Minin, les policiers italiens découvrent surtout des documents falsifiés intéressants. “D’autres documents ont confirmé la supercherie. Un autre fax spécifiait : “Conditions de livraison : l’aéroport de Bourgas, délai de livraison :. à 30 jours à partir du paiement et après l’obtention de l’accord sur l’ EUC [le certificat d’utilisateur final]. “Les armes devaient être expédiées à travers la Bulgarie, et leur prix, selon les notes diverses sur les fax, variait entre 910 500 et 1 071 350 dollars. Le procureur italien a également réussi à obtenir la preuve d’un virement bancaire de Minin. Le 7 Juin, Minin avait ordonné à son contact à la Banco di Lugano, Pessina M., de payer 850 000 dollars à l’Alpha Bank Ltd, de Nicosie, à Chypre, au nom d’Aviatrend Limited. Le transfert été libellé pour l’achat “de matériel d’ingénierie pour l’industrie du bois. “La livraison de ces armes a finalement eu lieu dans le milieu de Juillet 2000, selon les fax envoyés par Aviatrend au ministère de la défense de Côte d’Ivoire. Des copies des fax arrivés jusqu’ à Minin, qui, à ce moment-là, était descendu dans la salle 204 de l’Hôtel “Atlantic”, à Sofia. Par fax, Minin a reçu le compte rendu point par point de la transaction d’armes”. La société de commerce de bois de Minin s’appelait “Exotic Tropical Timber Enterprise”, et son système de paravents était très au point. Transferts d’argent à Chypre, intermédiaires bancaires italiens, liens avec la mafia russe ou ukrainienne, trafic de drogue et de diamants venus du Libéria en même temps que trafic d’armes : tout ce que reprendra à son compte Viktor Bout. Même le décollage initial du chargement à partir de Bourgas, plaque tournante du trafic comme nous avons déjà pu le voir ! L’arrestation de Sanjivan Ruprah le 25 février 2002 confirmant la chose.
Au final, on a un lien évident de continuité entre Minin et Bout. La mafia russe existe, et le pouvoir actuel de Poutine (véritable dirigeant du pays comme l’a confirmé Wikileaks) ferme les yeux sur ses activités illicites. L’histoire de Vyacheslav Ivankov, alias “Yaponchik”, “le « Pape » de la mafia russe” et “Le petit Japonais”, arrêté en 1995 par le FBI, condamné à 9 ans et 7 mois de prison, puis extradé en Russie en 2004 pour y être acquitté aussitôt, le prouve déjà par l’exemple. C’était le leader de “l’Organizatsiya”. Cette mafia, qui est toujours plutôt florissante pour deux raisons. Les “Vori v Zakone” (voleurs dans la loi), comme on les surnomme, comme ceux du gang du Solntsevskaya, agissent en toute impunité sur deux fronts essentiellement, et l’Europe sur lequel ils ont jeté leur dévolu leur sert avant tout à laver leur argent sale. Le premier front est le trafic d’armes, issu des incroyables stocks soviétiques, dont l’abondance même a permis des profits immédiats. “Le trafic d’armes a contribué aussi largement à enrichir la mafia Russe. Suite à la chute du communisme, l’État n’a pas été capable de contrôler et surveiller les stocks de l’Armée rouge. Beaucoup d’armes ont été retrouvées sur le marché noir. Vendues par des militaires nécessiteux ou avides, elles devinrent un objet de la violence quotidienne en Russie et plus spécialement dans les grandes villes comme Moscou. La vente d’armes ne s’est pas limitée au pays mais a très rapidement été l’objet d’un vaste trafic international et très lucratif” précise Wikipédia ; qui ajoute la naissance d’un deuxième marché tout aussi lucratif. Pour rester discrets en Europe, les mafieux russes on investi dans l’immobilier, et dans les services de loisirs locaux. Et là, le blanchiment est bien plus difficile à prouver que pour le trafic de drogue, nous dit ce très bon reportage télévisé sur l’enterrement de Vyacheslav Ivankov . Viktor Bout a bénéficié de cette sorte d’impunité de la même manière, en multipliant ses sociétés et en les éparpillant à Chypre ou en Afrique, afin de brouiller les pistes des brigades financières incapables de s’échanger les dossiers. Ivankov étant lui abattu le 24 janvier de cette année au sortir d’un restaurant Thaï de Moscou : le leader d’une vraie mafia, qui a toujours les mêmes traditions et les mêmes rivalités semble-t-il !
La deuxième source de profit étant la drogue, bien sûr. L’ampleur de ses dégâts, en russie, est immense. “Les mafias russes tireraient aussi chaque année des profits considérables, chiffrés en milliards de dollars, du trafic de stupéfiants. La Russie est devenue un consommateur colossal des drogues. Selon les statistiques officielles, près de 269 000 toxicomanes seraient enregistrés aujourd’hui mais les chiffres réels sont probablement largement en deçà. D’après les estimations des Nations unies, les bénéfices tirés du marché intérieur sont évalués à environ sept milliards de dollars. La structure du marché change. On voit se développer les drogues de haute concentration comme l’héroïne afghane. La production des stupéfiants dans le pays augmente y compris des drogues synthétiques bon marché aboutissant à une dépendance immédiate. Le nombre de narco-laboratoires en Russie s’est accru, ces dernières années, d’une façon considérable”. Viktor Bout a beaucoup fait dans le premier, nous l’avons vu, nous irons voir bientôt plus précisément s’il a aussi tâté du second, avant d’aller visiter la mafia russe qu’il a pu côtoyer.
A voir absolument sur le sujet :
Armes, trafic et raison d’Etat, documentaire de Paul Moreira sur Arte, en date du 20/08/2008.
Et les rappels liés :
le site international de la campagne d’Arte : http://www.controlarms.org/en.
Viktor et la mafia russe
Dans tout ce qui a pu être dit sur Viktor Bout, une chose a constamment été oubliée. Le côté russe de l’affaire, même si lui ne l’est pas à l’origine. Il est en effet né au Tadjikistan, rappelons-le. Les dépôts de munitions qu’il a pillé pour remplir ses avions et les envoyer en Afrique provenaient néanmoins tous de l’ancien empire soviétique effondré. Pour ce faire, il a été aidé. Par une véritable mafia russe, mais pas n’importe laquelle : celle qui a transporté de 1991 à 2003 près de 300 tonnes d’héroïne (?) vers l’Europe. Car le volet drogue des allers et retours de Viktor Bout est souvent mis au second plan derrière celui des Kalachnikovs. Or, il y a aussi participé, et la mafia russe qu’il l’a aidé à une particularité fort intéressante : elle s’est alliée avec les Etats-Unis et les neo-cons, et des sociétés privées, qui ont vu en eux une énième façon de déstabiliser le pouvoir Russe. C’est l’une des découvertes majeures de cette enquête, et elle s’appelle étrangement… Far West !
Pour comprendre l’immunité dont a bénéficié des deux côtés Bout, il faut bien trouver aussi un point d’ancrage russophile. Or, ces contacts sont fort particuliers. Ils ne sont pas nécessairement gouvernementaux. Bout, en homme très intelligent, à constamment joué sur tous les tableaux. “Viktor Bout a travaillé avec quelques entreprises de conseil en sécurité américaine depuis 1994 et a contribué à placer la mafia russe dans les relations de travail avec certains d’entre eux. Dans le Caucase, qui a eu une histoire d’implication dans le trafic de drogue, il a collaboré avec Far West, Ltd. Il a ajouté que Far West collabore indirectement avec le gouvernement des États-Unis et ses liens à Far West, Ltd au cours des dernières années semblent avoir eu l’approbation apparente de la CIA”.
Far West, émanation de la CIA pour déstabiliser Poutine sur son propre territoire, représentait un allié rêvé pour lui en effet. “Far West est une organisation importante de la mafia russe qui fourni du conseil en sécurité et des services de transport. Elle transporte aussi également des armes et de la drogue. De 1991 à 2003, Far West dit avoir transféré 300 tonnes d’héroïne en Europe occidentale. Vladimir Filin, le chef de l’organisation Far West, a déclaré à un intervieweur Russe que son entreprise a été co-fondée par une importante société américaine. Il a ajouté que Far West indirectement coopère avec le gouvernement des États-Unis”. La drogue, volet oublié de la chasse au Viktor Bout revient frapper à la porte avec force. Il faut bien écouler l’héroïne afghane, en effet, et il faudrait ne pas l’oublier, tant sa production est devenue colossale ! Pour cela rien de tel qu’un contact russe branché directement sur des société américaines. “Nous coopérons avec la partie américaine dans le domaine de transport commercial non sur la base de contrats commerciaux directs entre notre agence [Far West, Ltd] et le gouvernement des États-Unis, mais par l’intermédiaire de sociétés co-fondées par l’agence et une entreprise privée des États-Unis, qui à son tour interagit également avec le gouvernement des États-Unis”. Pour cela il faut des hommes, et ceux que l’on cite du côté US sont Peter Goss et Kyle Foggo : les pires individus ayant sévi à la CIA ! Kyle Foggo, ancien troisième de la hiérarchie de l’organisation et aujourd’hui en prison pour détournements de fonds publics ! L’un des pires profiteurs de guerre ayant existé !
Evidemment, tout le monde pense également à la même entreprise. “Il est difficile de déchiffrer ce que cela signifie, mais le nom d’Halliburton vient à l’esprit. En 2005, lui et deux autres co-fondateurs, Anton Sourikov (décédé en 2009, il serait mort empoisonné) et Alexei Likhvintsev, ont rendu visite au président Bush à la Maison Blanche. Par la suite, lui et ses partenaires ont déplacé leurs bureaux à Dubaï et en Europe pour échapper à une arrestation possible. Sourikov est considéré comme un officier à la retraite du GRU russe, ainsi que comme un politologue qui s’oppose à Boris Eltsine et Vladimir Poutine. Il admet une connexion avec l’agent de la CIA Fritz Ermarth (de la Rand Corp), qui a siégé au Conseil national de sécurité à deux reprises et a pris sa retraite en 1998. Lors d’une conférence de 2003 à Genève, Sourikov a été accusé d’être un homme de la CIA”. Ouh là, avec Fritz Ermath, on tombe tout de suite dans du lourd, comme on va le voir : mais d’abord étudions le fonctionnement global de Far West, en rappelant au passage ce qu’à fait Sourikov. En 1999, il avait réussi à faire contacter un leader tchétchène et Alexandre Voloshin, un des conseillers de Poutine. L’intermédiaire avait été Adnan Khashoggi, le marchand d’armes saoudien. Selon certains, la rencontre avait été chapeautée par les services secrets français, et réalisée dans une villa du sud de la France. L’homme avait donc un poids certain, devenu entre temps expert de “l’Institut des problèmes de la mondialisation”… en 2001, coup de tonnerre : il accuse le régime de Poutine de faire collusion avec la mafia de la drogue !
Et il n’y va pas avec des gants. “Dans une interview publiée la semaine dernière (en date du 29 mai 2001) de l’hebdomadaire « Les Nouvelles de Moscou” (“Moskovskie Novosti”) l’ancien militaire russe et officier du renseignement Anton Sourikov a affirmé qu’une partie importante de la drogue produite en Afghanistan avaient été expédiée directement à partir de la frontière tadjike de la capitale Douchanbe,à bord des avions militaires, des hélicoptères, et des trains russes. Sourikov a ajouté : « Vous pouvez être sûr d’un accord avec les fonctionnaires des douanes afin que la recherche des militaires dans les avions de transport reste purement formelle. C’est la même chose pour les convois de trains transportant une cargaison militaire de la Russie auTadjikistan]. “L’armée russe trafiquerait ? Voilà qui est passionnant ! Mais voilà qui n’est pas très surprenant, car elle n’est pas la seule. “En face” ils font la même chose !
Voilà qui n’est pas commun et qui explique peut-être pourquoi ce homme est mort à 48 ans seulement… car il expliquait la même chose pour les russes que pour les américains, ce que les mafieux russes ne se privent pas d’expliquer non plus. Déjà, en 1996, voilà comment il avait résumé Eltsine, qui se méfiait de son armée : “un des principaux problèmes de l’armée est que son commandant en chef, B. Eltsine, considère les forces armées non pas comme un moyen de défense du pays, mais comme le sien. Puisqu’il considère que l’armée ne lui est pas loyale, une grande partie du budget va au Ministère de l’Intérieur”. Remarquez, le 21 septembre1993 ; des militaires avaient tenté de renverser le président russe.
“Récemment Filin a donné quelques détails sur Pravda.info sur comment travaille Far West, et a révélé que l’entreprise avait été co-fondée par “une sous-division d’une société américaine bien connue. “Il a dit que nouveau contrat de la société est lié au transport sécurisé d’expéditions commerciales en provenance de l’Afghanistan, où Far West à un bureau, via des ports sur la mer Noire. En Afghanistan il affirme bien connaître la base aérienne américaine de Bagram. Elle est reliée par un pont aérien avec un certain nombre d’autres bases aériennes des États-Unis. Ou par exemple, avec la plus grande base de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, avec un atterrissage intermédiaire à Chkalovsk, dans la région de Moscou. Mais la route la plus commercialement attractive semble être celle de Bagram vers les États-Unis et via la base aérienne de Magas, au Kirghizistan. Soit dit en passant, c’est tout à fait près de la base aérienne russe de Kant. Un flux important d’expéditions passe par Manas, il y a un créneau pour des expéditions commerciales de plus. Ceci est très rentable. Il est beaucoup plus rentable que l’acheminement des expéditions commerciales de l’Afghanistan par leTadjikistan. Par conséquent, l’année dernière Nous avons complètement retiré toute forme de navigation par leTadjikistan et fermé notre bureau dans ce pays”. C’est avec ce genre de localisation qu’on retrouve le rôle vital de l’Azebaïdjan, ou ici de Manas au Kirghizistan, et son “Transit Center”…. Une base dont le premier nom déjà résume le problème : elle s’intitulait Ganci, du nom du New York Fire Department Chief Peter J. Ganci, Jr, pompier tué dans les attentats du WTC : un problème juridique a fait que ce nom de civil n’a pas pu être collé au fronton d’une base militaire qui est donc devenue Manas, ouverte dès le 16 décembre 2001 (et donc dédiée au soutien aux approvisionnements de l”Afghanistan. Devenue une “Galaxy gaz station”, la base ravitaille en essence les gros porteurs US.
Evidemment, chez Far West on ne travaille pas directement avec l’armée mais avec des intermédiaires. “Filin et Likhvintsev font des affaires avec l’étranger via des compagnies militaires privées (PMC) : – Meteoritic Tactical Solutions (Afrique du Sud) – en Angola ; – Kellogg « , Brown & Root » (KBR Halliburton) – en Colombie, en Afghanistan, au Kosovo, en Géorgie, et en Irak.- « » (Diligence LLC, contrôlé par le koweïtien Mohammed Al-Sagar, – en Irak). La coopération avec ces entreprises a commencé à la fin de 1994 en Angola à l’initiative de Victor Bout, qui a été impliqué dans les livraisons d’armes de fabrication soviétique au groupe antigouvernemental UNITA en échange de diamants bruts. Apparemment, Bout s’est intéressé aux contacts avec Likhvintsev (Likhvintsev a travaillé en Angola en 1986-87)”. Et voilà comment à a commencé : dans le commerce des armes, l’extrême droite est prédominante : logique de trouver en Russie des interlocuteurs du même tonneau.
Et parmi les contacts, comme par hasard des “sous-produits” civils de la CIA : les paravents habituels. “Diligence LLC, une société militaire privée (SMP), pourrait être décrit comme un “spin-off” (un dérivé) de la CIA : Diligence a été fondée par William Webster, le seul homme à avoir été à la fois à la tête de la Central Intelligence Agency (CIA) et du Federal Bureau of Investigation (FBI). Mike Baker, son directeur général, a passé 14 ans à la CIA comme agent spécialisé dans la lutte antiterroriste, pour des opérations sur le terrain et les opérations anti-insurrectionnelles. Bruner Whitley, son chef d’ exploitation à Bagdad, a été à un moment responsable de la CIA en Irak.” On ne peut faire plus clair : l’ancien dirigeant de la CIA en Irak est devenu le dirigeant d’une société privée… dont on se doute qu’elle a gardé des liens privilégiés avec l”ancien employeur de notre homme. En fait, Diligence LLC est un repère de néocons et de bushistes. C’est l’ancien dirigeant de la CIA à, Bagdad, Whitley Bruner, par exemple, qui dirige les opérations de Diligence en Irak.
Evidemment aussi, tout le système bénéficie de soutiens politiques qui ne peuvent être démocrates. “Son partenaire chez Diligence Middle East (DME) est New Bridge Strategies, dont l’impact politique a été décrit ainsi par le Financial Times : New Bridge a été créée en mai (2003) et s’est attiré l’attention du public en raison des poids lourds républicains de son conseil d’administration – plus ou moins liés à l’une ou l’autre de l’administration Bush, ou à la famille elle-même. Notamment Joe Allbaugh, le directeur de campagne de George W. Bush pour la présidentielle, Ed Rogers et Lanny Griffith, l’ancien aide de camp de George H.W. Bush. Joe Allbaugh, le co-président de la société, a également été chef de la Federal Emergency Management Agency (FEMA), le jour du 9 / 11 septembre, et même jusqu’à Mars 2003, le mois où les Etats-Unis ont envahi l’Irak”. On croirait lire la liste-bis des membres de la Chambre de Commerce de l’Azerbaïdjan….
Viktor et la coke
Un volet important, pour l’instant a échappé à notre enquête. Celui du transport de drogue, entrevu seulement lors de l’évocation du transport de tilapias : les poissons frais africains étaient très pratiques pour leurrer les chiens de détection, au retour des avions vers l’Europe. Viktor Bout a effectivement transporté des armes, c’est une évidence, du tentale, c’en est une autre, des fleurs, revendues à un prix d’or dans les émirats, on le sait, des poulets congelés (via sa filière Sud-Africaine et via son fidèle alter-ego Richard Chichakli)mais aussi de la drogue, qui rapporte tout autant que les livraisons d’armes, sinon davantage (que les poulets). La tentation de le faire est venue naturellement, par transport de la drogue locale, en Afrique, notamment du haschich, mais aussi par accord passé avec des cartels bien connus. De la cocaïne, celle qui arrose en ce moment la côte Ouest de l’Afrique, originaire de la Colombie. Et la preuve, nous l’avons retrouvée, sous la forme d’un avion abandonné. Celui qui condamne Viktor Bout, qui a toujours nié avoir tâté de ce genre de transport. L’origine de ce volet drogue au sein de la longue saga repose sur les déclarations récentes, lors d’une arrestation par la DEA et les autorités locales d’un pilote russe, survenue à Moronvia, au Liberia. L’homme est tout simplement le chaînon manquant de la longue saga de Viktor Bout, et c’est aussi le plus compromettant ! Tous les journaux russes lui on consacré des reportages. Ici, on ignore toujours son nom (c’est à désespérer de la presse française également !). L’occasion de découvrir qui il était, donc. Un acteur majeur, dans l’étrange circuit actuel de la cocaïne en Afrique.
Le chaînon manquant, car l’arrestation récente de Konstantin Yaroshenko, c’est son nom, au delà de provoquer la polémique en russie, relie tous les domaines visités sur le sujet entre eux : à savoir la saga de Viktor Bout ; mais aussi celle sur la cocaïne en Afrique de l’Ouest débutée iciavec cet incroyable crash en plein désert. Son histoire personnelle commence par son arrestation le 28 mai 2010, à Moronvia, par des agents de la DEA américaine et les autorités locales, auxquels s’est joint le FBI : cela fait deux ans alors qu’ils pistaient le groupe de dealers et de transporteurs, notamment en Espagne, groupe dont faisait partie Yaroshenko. L’homme qui les accuse détient des preuves enregistrées confondantes. C’est Fombah Sirleaf, le propre fils de la présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, un gradé de l’ U.S. Military Academy de West Point devenu agent de la Republic of Liberia National Security Agency (“RLNSA”). Bardé de micros, il s’est fait passer pour un des dealers pendant deux années d’enquête, et a suivi les nombreuses réunions préparatoires à l’expédition d’au moins 4,5 tonnes de drogue en provenance d’Amérique du Sud, à savoir du Vénézuela, sur la route de la coke colombienne, vers Monrovia, puis l’acheminement dans un autre avion vers le Ghana. Un dossier en béton, que toute cette histoire, qui met à nu tout un système.
Monrovia, en 2003, est l’objet d’un autre trafic connu, cher au dictateur du pays : “aéroport de Monrovia, vendredi 2 mai 2003, 11 h 50 TU. Un quadriréacteur Iliouchine 76, un de plus, se pose sur l’aéroport de la capitale libérienne et stationne en bout de piste, à l’abri des regards indiscrets. Aussitôt, une flottille de petits camions et une vingtaine de militaires s’approchent. Commence alors une noria qui durera deux bonnes heures entre les soutes de l’appareil et le camp voisin qui héberge une unité d’élite des forces du président Charles Taylor. Des dizaines de caisses de munitions, d’armes, d’obus de tous calibres, de missiles et de treillis sont ainsi transférées, prêtes à alimenter la guerre civile qui ravage le pays depuis quinze ans. À 16 heures, l’avion redécolle. Caché dans un coin de l’aéroport, un témoin note ses références précises, EP-TQJ, ainsi que le nom de la compagnie : Queshm Airways. Une enquête complémentaire permettra de savoir qu’il s’agit là d’une compagnie iranienne et que ce vol, qui vient de violer l’embargo international sur les armes à destination du Liberia provient de Téhéran, via Mombasa au Kenya”. Pour une fois, la vente et le transport ont échappé à Viktor. Qui semble s’être trouvé un autre dérivatif. En réalité, il s’est fait doubler, là, par un libanais plus adroit, résidant lui aussi à Monrovia. “l’Iliouchine 76 Téhéran-Monrovia que l’on a vu se poser le 2 mai dernier sur l’aéroport de la capitale libérienne est à ce sujet un cas d’école. Il a été affrété par la Kleilat Group Corporation, une société dirigée par un homme d’affaires d’une trentaine d’années, Ali Kleilat. Ce Libanais résidant à Monrovia, propriétaire d’un jet privé, détenteur de plusieurs passeports ordinaires (néerlandais, britannique, vénézuélien…) et diplomatiques (libérien et ivoirien), manifestement fortuné, est à la fois consul honoraire du Liberia au Brésil et conseiller auprès du ministre de la Défense de… Côte d’Ivoire.” Ali Keilat, suivi un peu partout semble-t-il…. (idem en 2010).
L’acte d’accusation de la justice de Moronvia est édifiant, en effet, envers les trafiquants arrêtés : selon lui, Chigbo Umeh, 42 ans, un Nigerian, est bien, depuis des années, le courtier organisateur du transport de nombreuses tonnes de cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Afrique de l’Ouest, d’où la cocaïne était transportée après vers l’Europe ou ailleurs en Afrique, ou même vers les Etat-Unis où elle pouvait aussi repartir ! Mais on insiste surtout dans ce document sur “Salazar Castano, 44 ans, qui est de Colombie, un fournisseur de cocaïne basée en Colombie et en Espagne, et qui, de concert avec ses co-conspirateurs, a envoyé des gros aéronefs commerciaux contenant la cocaïne d’Amérique du Sud en Afrique de l’Ouest, ainsi que de petits avions privés qui partaient des pistes d’atterrissage clandestines au Vénézuela. Yaroshenko, 41 ans, qui est de la Russie, est un pilote d’avion, un expert du transport aérien qui a transporté des milliers de kilogrammes de cocaïne d’Amérique du Sud, vers l’Afrique et l’Europe. Nathaniel French (alias “Frenchman” ou “The Expert”), 51 ans, qui est originaire du Ghana, a aidé les fournisseurs de drogues en fournissant un soutien logistique et la coordination pour les expéditions maritimes de cocaïne à travers l’océan Atlantique. Mawuko, 57 ans, également en provenance du Ghana, a aidé les fournisseurs de drogues par sa connaissance approfondie de la navigation maritime, y compris le développement des routes maritimes qui pourrait se soustraire à l’application de l’action des radars.”Pour ses deux missions, Yaroshenko aurait reçu 4,5 millions de dollars, plus 1,2 million pour acheminer la drogue du Liberia au Ghana, dans un autre appareil : étant donné le prix au kilo de la cocaïne, ce n’est qu’une infime partie de la somme générée par sa vente. Ce qui laisse tout de suite aussi entrevoir Yaroshenko comme pilote éventuel de notre fameux Boeing 727 brûlé en plein désert, les juges libériens affirmant qu’il a déjà effectué plusieurs transports de drogue… Le fameux Boeing, ou l’un des petits bimoteurs qui n’ont cessé de débouler sur la côte africaine comme expliqué sur cette autre saga. L’homme, en effet, a aussi été pilote sur 737 à la KLM, à en croire un des clichés montrés à la TV russe, et avoue avoir “travaillé en Nouvelle-Guinée” essentiellement, comme pilote d’Antonov 32 : bref, il a plusieurs talents à son arc, et semble bien savoir tout piloter : il a commencé sa formation comme pilote d’hélicoptère Kamov !
Ce sont les photos montrées complaisamment à la TV russe qui vont en fait le compromettre. A trop vouloir le défendre… car sur une des deux photos fournies par la presse russe, notre pilote pose avec un libérien arborant une chemise aux couleurs du drapeau du pays, devant un appareil d’une compagnie qui s’avère être après de longues recherches un appareil d’AirMark,une bien étrange entreprise. Elle ne dispose que d’avions anciens, des Antonov 32 et des Antonov 12, quelques vieux 737 et même d’antiques 727, voilà qui semble bien corroborer notre enquête. Elle utilise aussi des petits Casa en Indonésie. Car, surprise, l’entreprise est effectivement… indonésienne, son siège et à Singapour, alors que ses appareils sont tous enregistrés en Moldavie (il sont en ER) ou au Kazakhstan (en UN), et qu’ils sillonnent l’Afrique depuis des années ! Etonnantes apparitions ! On va de surprise en surprise avec ce dossier !
D’autant plus que la firme semble appliquer une méthode connue avec ses changements de numéros d’appareils. Au Kazhakstan, la firme a acheté par exemple l’Antonov 12 UN-11650, qui en avril 2005 arborait les couleurs d’ Almaty Aviation Cargo, et en juin 2006 déjà celles de Bismallah Airlines (une société du Bengladesh, si réputée pour ses avions poubelles) ! Elle détiendra aussi un temps l’Antonov An-12B UR-CGV à la si belle livrée bleu foncé, vu partout, y compris à Vatry, et qui aura la fin terrible déjà expliquée à l’épisode 21 de notre saga. La société se fournissait à Chisinau, en Moldavie, et comme intermédiaire pour acheter ses appareils, il y avait Mango Mat Aviation, qui a fourni des appareils à Airmark, derrière lequel se cachait l’homme de main de Viktor Bout, Dimitri Popov, et ses appareils également enregistrés sous des noms “évocateurs” pour l’Afrique tel que Volga Atlantic Airlines (une firme enregistrée au Swaziland !) tel l’9U-BHR, un Antonov 26 vu au Burundi ; en même temps qu’un petit Let Let 410 congolais enregistré sous 9Q-CEU. Les deux étant au nom d’Aigle Aviation, ou d’Eagle Wings, connue comme lié à Viktor Bout (avec “Bukavu Aviation Transport”, “Business Air Services”, basées en RDC, et “Okapi Air”, dont le siège était en Ouganda). L’appareil, soupçonné de trafic d’armes, était arrivé au Bénin à partir de l’Ukraine via Khartoum, le 28 août 2004, et sera vu au Congo sous cette fausse appellation, vite transformée en 9Q-CAW : le numéro d’un Boeing 727 cargo et d’un autre Antonov 26 de Mango Mat, qui se crashera au Congo le 29 mai 2005 ! La signature de la méthode Bout, pourrait-on dire, avec cette valse des enregistrements. Officiellement, Volga Atlantic Airlines appartenait à l’ukrainien Yuri Sidorov et à Fred Rutter. Deux de ses appareils, le 9U-BHO (une immatriculation du Burundi !) et le 9U-BHN avaient dépassé depuis plusieurs mois les dates d’inspections de leurs moteurs alors qu’ils volaient encore. Selon le bureau d’Antonov, aucun des deux appareils n’avait été correctement entretenu. Un Antonov de ce type se crashera logiquement sur ennuis moteurs le 7 juillet 2006 entre Goma et Kisangani. Il portait alors le numéro 9Q-CVT : à bord il y avait 4 russes et 2 congolais. C’était aussi l’immatriculation d’un DC-9 de Bravo Air Congo, la compagnie jumelle de Bravo Airlines SA !
Ceux-là, ou les fameux Skylink Arabia, autre avions notoirement dévolus à la sphère de Viktor Bout et dont un bon nombre sera photographié le 4 avril 2009 par un spottteur doué de bons réflexesà… Chisinau, encore cet endroit, dans le fief moldave du “maître de guerre”. L’Antonov 26 de Sky Link Arabia ER-AVB, l’Antonov 24 d’Air Moldova, ER-46417, l’Antonov 26 d’Air Moldova ER-26046, l’Antonov 24 de Sky Link Arabia ER-AZX, loué à une société moldave, Pecotox Air… une firme signée… Victor Bout. On y voit même les vieux Ill-18 aux hélices bleues si prisés par AirCess et Air Pass, devenus Grixona, l’ER-ICB notamment (devenu vieux machin pourVIPs en ml de finances ?- les photos sont à hurler, à voir le degré zéro des finitions- !). La bonne vieille mule de transport du système Bout ! Sans oublier l’ Antonov 24 de Tandem Aero ER-46508, et encore et surtout l’Antonov 32 d’El Magal Aviation, matricule ST-NSP, qui ressemble comme deux gouttes d’eau avec son dessous de fuselage noir à celui de….Yaroshenko. Nous reviendrons plus tard sur ce qu’il en est advenu depuis.
Tout conduit donc à relier Yaroshenko à la sphère de Viktor Bout. Rappelons que c’est là aussi justement, à Monrovia, que Viktor Bout avait créé en 1996, avant Sharjah son deuxième bureau, voire troisième après le Kazakstan, avec Almaty (et sa société aux Ill-18, Irbis), et la Belgique avec Ostende. C’est à Moronvia également qu’il avait créé Air Cess, une société inscrite au Swaziland (?), et qui opèrera de fait à partir de l’aéroport de Pietersburg, en Afrique du Sud. Les circuits de Viktor n’ont jamais été simples, exprès, pour éviter les poursuites trop évidentes. Etait apparu aussi deux ans après, en 1998, Cessavia, une compagnie enregistrée elle… en Guinée Equatoriale. La vie de Yaroshenko croise trop les endroits où sévissait Viktor Bout pour qu’il n’ait pu ne pas faire partie de son équipe de pilotes… russes. Bout possèdait bien des Antonov 32, dont un, le 9XR-SN, qui ira se crasher le 1er juin 2004 à Kigali lors de son atterrissage, son train s’étant replié sous lui. A ce moment-là, l’appareil était loué par San Air (et non Sonair comme indiqué ici). L’avion avait été détenu l’année précédente par les autorités de Goma pour avoir transporté des armes : ses pilotes et son personnel étaient là encore tous russes : Konstantin en était-il déjà, c’est impossible à prouver pour l’instant, l’enquête à son propos le dira peut-être. Le 29 juin 2005, rebelote : c’est un An-26 qui voit à nouveau son train se replier à Goma cette fois. L’appareil appartenait à Mango Mat, toujours la même entrepise, et était loué à San Air, encore un paravent de notre vendeur d’armes, très présent sur la région.. on le sait, avec les armes, et le coltan. De fortes présomptions donc subsistent sur un Yaroshenko lié aux appareils de Viktor Bout : à voir la furie déclenchée à son égard par les autorités russes pour éviter son extradition aux USA, on comprend vite qu’il est partie prenante de la sphère Bout. C’est l’ancien RA-48109, qui présent lui aussi des similitudes avec les photos où Yaroshenko posait.
Cette fois-ci, en effet, c’est plutôt un Antonov 26 qui nous intéresse, et qui relie les deux sagas en cours actuellement. Celui que l’on retrouve le 29 août 2003, posé sur une piste de fortune, dans l’Orange Walk District de l’Etat de Belize, état voisin du Mexique, avec à bord de la drogue, selon la police locale qui le retrouvera pourtant vide. On a tenté de l’incendier. L’avion, resté figé dans la boue, n’avait visiblement pas réussi à redécoller de la piste de fortune où il s’était posé. Or, avant d’atterrir étrangement là, il figurait sous le registre d’Aerocom,sous le numéro ER-AFH et avait même été “spotté” au Portugal sous cette livrée l’année précédente. Visiblement, l’engin savait donc traverser l’Atlantique. Or il n’en a pas l’autonomie. Un Antonov 26 emporte certes 7 tonnes de kérosène mais ne vole que sur 2200 km maximum. Il a donc été modifié sur la circonstance, ou est venu cette fois d’un pays tiers, on songe bien sûr aux pistes vénézueliennes habituelles. L’avion englué sur place affichait bien un numéro d’enregistrement moldave en tout cas. Or Viktor Bout, au même moment, possédait alors sous le nom de JetLine/Aerocom plusieurs An-26B, L’ER-AFE étant bien un An-26B selon les registres moldaves : c’était un UR-26505 auparavant et même l’ex-CCCP-26505 d’Aeroflot. Or ce qu’il y a de très étrange, c’est que cet appareil avait déjà été déclaré “endommagé au-delà de réparations” le 23 décembre 1981 dans un accident survenu à Eniseysk, et ayant coûté la vie aux deux membres de son équipage ! Tout cela conduit à une seule conclusion : Viktor a très certainement tâté dans le secteur du transport de drogue, avec cet exemplaire si proche de ses immatriculations favorites. Il lui suffit en effet de changer une seule lettre pour cet appareil ! A Mikkeli, en Finlande, le le 9 juin, 1998 l’Antonov 32 immatriculé 3D-RTD venu d’ Ras al Khaima, est celui enregistré au nom d’Air Cess, société de Viktor Bout.
En prime, Aerocom avait déjà été pris dans des livraisons illégales d’armes au Liberia de Charles Taylor, faites par l’exemplaire ER-AWN, vu régulièrement a Kinshasa depuis septembre 2003. Le 6 août 2004 les autorités avaient retiré la licence de vol à Arerocom, qui devient alors l’obscure Asterias Commercial, basée en…Ukraine ! Son Antonov ER-AZD est aujourd’hui à vendre !Bout a toujours joué avec les numérotations de ses appareils, on le sait : en juillet 2004, un avion portant le registre EL-WVA a été vu à l’aéroport de Kongolo au Congo, transportant armes et munitions : or en juillet 2002 un Antonov An-8 avait été vu à Kalemie au Katanga portant exactement le même numéro ! Quel est donc cette immatriculation fantaisiste ER-AFE, mystère… mais tout laisse entendre qu’il a bien appartenu à Viktor Bout. Or au même moment, justement, ce dernier a été recruté par les américains pour effectuer des norias pour approvisionner l’Irak, envahie le 20 mars 2003. Le 9 janvier 2007, un Antonov moldave ER-26068 s’écrasait sur la piste de Balad, avec 29 turcs à bord et 1 américain, très certainement abattu par un tir de missile automatisé. Il était d’Aeriantur-M Airlines, encore un autre paravent de Viktor Bout. Yaroshenko, pilote russe d’Antonov 24, 26 et 32 était donc bien le pilote idéal pour poser cet engin sur une piste détrempée !
A la télévision russe, on ne lésinera pas pour tenter de le défendre, mais en en faisant un peu trop. En particulier, on montrera des schémas, figurant le trajet du Vénézuela au Libéria, qu’aurait dû effectuer l’ILL-76 qu’avait sélectionné Yaroshenko pour son voyage. Pour l’étape suivante, il avait pris un Antonov 12, selon l’enquête menée. Or ces choix laissent perplexes. Des Antonov 12 savent traverser, en passant par Cap Verde ou les îles Canaries. On en la preuve photographique avec cette photo de quadrimoteur atterrissant à la Martinique prise par… un gendarme français… l’appareil avait été “affrété par le Conseil Général de la Martinique” nous dit la presse, “transportant 12 tonnes de canalisation pour l’Unité de Production d’Eau Potable de la Capot” et était arrivé ” à l’aéroport Aimé CESAIRE le jeudi 14 Mai 2009 à 8h 15″. L’avion, immatriculé UR-CAH, avait été vu le 11 juillet 2010 au Luxembourg, et déjà de retour au Brésil, à Récife, le 2 août de la même année, juste à côté du “fameux” UR-CGV bleuté ! Le 21 août, on le retrouvait aux Canaries, à Las Palmas, son relais obligatoire (avant la Mauritanie ?). L’appareil, de Meridian, voyage semble-t-il énormément : le 8 juin, il était en Israël… Or Meridian, alias Meridian Airways est une société ghanéenne créée à Ostende : difficile de ne pas en faire une firme liée à Viktor Bout ! Selon Wikipedia, Meridian, qui a absorbé ACE (Air Charter Express, autre satellite de Bout) travaille aussi “pour le ministère anglais de la défense, sur la base de Lyneham” Effectivement : on trouve aisément de beaux clichés du vieux DC-8 de Meridian sur cette base militaire anglaise. L’avion est bien basé à Ostende. En mai 2010, il était encore à Manston, terrain de la RAF, à y étaler la suie de ses anciens réacteurs. A Ostende, on pouvait aussi voir régulièrement l’Antonov 12 UR-CAG, le petit frère du CAH, enregistré chez Meridian. On le croisera partout en Europe, et aussi à Palma de Majorque, son relais vers… l’Afrique. En janvier 2010, un des Meridian était filmé atterrissant à Vatry : c’était l’UR-CGW, vu aussi bien à Liège qu’à Récife.
L’Antonov traversant l’Atlantique, je l’avais déjà repéré en effet : “Et ce n’est pas fini, car ça continue, les livraisons discrètes : le 18 juin dernier encore un bon vieil Antonov 12 immatriculé UR-CAK est saisi à Kano, au Nigéria. Appartenant à Meridian Aviation of Poltava, anciennement Jet Line International et Aerocom… deux firmes signées Viktor Bout, qui ont participé activement à trafic d’armes vers la Sierra Leone en 2004. Il devait rejoindre la Guinée-Bissau, en venant d’Ukraine. A bord, un chargement d’armes. Quatre jours auparavant, il avait été photographié en Slovénie. Et le 29 mai qui précédait, au décollage de Frankfort. Un gendarme curieux et enjoué qui se prend pour Mermoz (et surnommé “Dieu” par ses collègues !) l’avait photographié en … Martinique quinze jours avant, le 14 mai 2009. En provenance du Cap-Vert (vous savez, là où se promènera… l’Artic Sea, au mois d’août !). En ignorant à quoi il servirait un mois à peine après…. revenu depuis en métropole, notre gendarme “Mermoz” le pistera de plus près, on espère…”
En effet, si les Antonov 12 savent traverser avec plus de 20 tonnes à bord, ce n’est donc pas le poids qui a fait privilégier l’Ill-76 à notre pilote russe, mais bien “l’allonge” (son rayon d’action). L’Antonov fait entre 3 600 et 5 700 km selon la charge, et l’ILL-76 franchit davantage en version MD : 6 100km avec un charge utile de 10 tonnes encore, et davantage donc avec 5 tonnes seulement. Yarsohenko ne l’avait pas sélectionné pour sa capacité d’emport (on imagine mal 20 tonnes de coke, à produire déjà c’est assez faramineux !) mais bien pour son rayon d’action. Envisageait-il un trajet Vénézuela-Liberia direct : très certainement : de la frontière de la Colombie à Moronvia il y a en effet 6700 km en ligne droite ! L’endroit idéal de départ se situant au Mayor Buenaventura Vivas Airport, près d’Uribante. Yaroshenko essayait un coup direct, ce qui signifiait aussi que le Boeing 727 incendié avait nécessairement fait un relais au Cap Vert… ce que l’enquête a démontré désormais. Le Cap Vert, où se dirigeait étrangement un cargo qui a défrayé la chronique il n’y a pas si longtemps : personne n’avait pensé que l’Artic Sea aurait pu aussi servir de transport de drogue : c’est assez étonnant : ses flancs creux de double coque s’y prêtent à merveille, là où les dealers cachent habituellement leur drogue ! Dans les containers, sur le pont, c’est désormais trop… visible.
Le projet intercepté à Monrovia était bien de transporter je dirais à nouveau plus de 4,5 tonnes de cocaïne d’un coup d’aile, entre la frontière colombienne et l’Afrique de l’Ouest. Et un des pilotes lié à la sphère de Viktor Bout était dans le coup. Et Viktor Bout également : dans l’acte d’inculpation américain le concernant, on relève cette étrange manipulation financière, au sein de deux banques US, l’une à New York et l’autre à Salt Lake City, via des comptes approvisionnés au Kazakhstan, à Chypre et en Russie pour un total en dépôt de 1,7 million de dollars, pour acheter… un 727 et un 737, en plusieurs versements, au même prix que celui évoqué par les barons de la drogue lors de leur déposition de Monrovia. Acheté à deux firmes de Floride. Deux sociétés américaines. A 275 000 dollars environ, le prix moyen à ce jour d’un quadriréacteur ou d’un triréacteur de cinquante ans en état de vol… ou un biréacteur un peu plus récent, quitte à ne s’en servir que pour un seul voyage : nous revoilà au tout début d’une autre histoire, débutée, je vous le rappelle en plein désert du Mali. Avec un antique 727, sacrifié sur place faute d’avoir réussi à redécoller. Yaroshenko en était-il le pilote ? Beaucoup d’indices concordants peuvent le laisser croire : qu’on ne s’étonne donc pas de la vivacité avec laquelle la justice US lui est tombé dessus. Dans le réquisitoire qui attend Viktor Bout, son aveu pourrait être déterminant.
Les mafias entre elles
Nous avons vu dans un épisode précédent que parmi les amis de Viktor Bout se cachaient une drôle d’engeance, notamment les gens de Diligence LLC, formé par d’anciens de la CIA et du MI5 anglais, et reconvertis dans les activités plutôt douteuses, mais lucratives. Or dans la grande communauté des espions, leurs collègues de l’ex KGB, ou des transfuges du FSB les ont rejoints. Depuis Le cas de Kyle Foggo, on sait en effet que peu de choses désormais sépare les espions des escrocs véritables. Le troisième personnage de la CIA, qui dort aujourd’hui en prison est là pour nous montrer l’état de déliquescence auquel est arrivé ce genre d’organisme, dans lequel l’attrait de l’argent a pris le pas sur les motivations patriotiques. La CIA a toujours pratiqué le commerce de la drogue, ne serait-ce que pour bénéficier de crédits que des élus plus moraux lui auraient refusés. Au FSB, idem : là aussi le côté mafieux a pris le dessus sur le patriotisme : voilà donc le terrain de jeux idéal des deux côtés pour celui qui est à la fois marchand d’armes et de drogue. Dans ces deux services en perdition, Viktor Bout ne pouvait que se sentir comme un poisson dans l’eau. C’est ce qu’il a fait.
Les soutiens de Diligence Middle East se recrutent aussi dans les vestiges de l’ancien KGB. Dans leur ouvrage, “La Nouvelle Aristocratie”, Andreï Soldatov et Irina Borogan expliquent clairement le cheminement suivi par les anciens du KGB devenus membres ou non du FSB. Comme la CIA, le FSB, en se séparant du contrôle de l’Etat par son parlement, est devenu une hydre capable de tout “Avec le FSB, il n’y a plus de contrôle du parti et il n’y a pas de contrôle parlementaire (…) nous avons désormais des services secrets qui échappent à tout contrôle”, a-t-il ajouté. “Cette absence de responsabilité et les méthodes de plus en plus brutales qu’ils utilisent font que les services russes ressemblent davantage aux moukhabarat, les polices spéciales du monde arabe, qu’aux anciennes agences soviétiques, ajoute Irina Borogan.” Les russes doivent donc aussi avoir leurs Kyle Foggo dans ce schéma ! Comme aux USA, leur but n’est plus d’être au service de l’Etat, mais bien de s’en mettre plein les poches : “pour les auteurs, l’actuelle classe dirigeante du FSB ressemble à bien des égards à l’aristocratie russe de l’époque tsariste. Les gradés du FSB mènent un train de vie somptueux financé par des revenus tirés de leur position privilégiée, ce qui contraste vivement avec l’austérité des responsables des services secrets soviétiques, dont les avantages disparaissaient dès qu’ils quittaient leurs fonctions. “Les membres des nouveaux services de sécurité russes sont bien plus que de simples serviteurs de l’Etat”, écrivent, amers, les deux journalistes. “Ce sont des propriétaires fonciers et des acteurs influents.”
Des gens devenus riches, grâce au commerce des armes, sur lequel Surikov avait aussi une opinion, en particulier sur une affaire qui avait défrayé la chronique….”Selon Anton Sourikov, un expert en sécurité de Russie et un ex- officier du renseignement militaire, les progrès de la théorie selon laquelle les contrebandiers, avec le soutien d’éléments des services de sécurité russes, peuvent avoir vendu des munitions et des roquettes ou des missiles antichars à destination du Hezbollah au Liban, et quatre missiles de croisière Kh-55 destinés à être montés sur des bombardiers Sukhoi-24 pour l’Iran, sur le navire quand il a subi des réparations à Kaliningrad. M. Sourikov dit qu’il croit que, lorsque le navire sera arraisonné dans le milieu de la nuit du 24 juillet au large de la Suède, les attaquants ont trouvé la cache d’armes, il l’ont photographié comme éléments de preuve et sont repartis”. Voilà un point de vue qui se tient, au moins, sur l’affaire de l’Artic Sea. La visite express impromptue du premier ministre israélien à Moscou dans les jours qui vont suivre (le 11 septembre 2009) confirmant la donne… Pour la circonstance, ou par passer davantage inaperçu, Benjamin Netanyahu avait emprunté le jet privé du tycoon israélien Yossi Maiman.
Et comme activité, il leur reste donc, outre le commerce des armes, et celui de la drogue : la CIA ne va pas faillir à sa réputation ; et les anciens du KGB vont faire de même. Interrogé, un responsable de la CIA lâche facilement le morceau….”-Vladimir Ilitch, il est vrai que les Américains sont impliqués dans les affaires de drogue ? -Oui, ils sont en situation idéale pour cela. Ils contrôlent l’aérodrome de Bagram à partir de laquelle les les avions de transports de la Force aérienne volent vers une base militaire américaine en Allemagne. Dans les deux dernières années, cette base est devenue le plus grand hub de transit pour les déplacer l’héroïne afghane vers d’autres bases américaines et des installations en Europe. Une grande partie de celui-ci va au Kosovo dans l’ex-Yougoslavie. De là, via les mouvements mafieux albanais du Kosovo, l’héroïne vers l’Allemagne et les pays de l’UE.” Le Kosovo ? Cela semble une destination bien indirecte ! “-Pourquoi un tel arrangement complexe ? -Les trafiquants de drogues profitent d’une sécurité relative dans les bases militaires. Il n’existe aucun contrôle sérieux là-bas. La police allemande ne peut pas y travailler. Toutefois, en dehors des bases militaires allemandes, l’exécution de la loi est en vigueur. Certes, toute la police peut être achetée. Mais le niveau de corruption en Allemagne n’est pas aussi élevés, à vrai dire, qu’en Russie. C’est pourquoi il est plus commode pour les américains de créer des centres de distribution dans d’autres lieux. Je crois que, dans le temps, ces centres se déplacent vers leurs installations militaires à Poznan, en Pologne, et aussi en Roumanie et en Bulgarie. La Pologne est déjà membre de l’UE. la Roumanie et la Bulgarie devraient être en 2007. La corruption dans ces pays est presque aussi élevé que dans la Russie”. Ah, on comprend mieux : pour assurer un bon trafic, il faut c’est bien connu un gouvernement véreux à l’autre bout…. “-Quelle est l’ampleur du trafic de drogue en Amérique à l’Europe et qui est derrière elle ? -Environ 15-20 tonnes d’héroïne par an. Lorsque Poznan deviendra ouverte, je pense qu’il pourrait atteindre 50, voire 70 tonnes. Derrière cette entreprise se cachent la CIA et la DIA (Defense Intelligence Agency). En fait, c’est ce qu’ils ont fait déjà en Indochine dans les années 1960-années 70 et en Amérique centrale dans les années 1980″… des trafiquants qui tablent sur l’ouverture des barrières européennes pour vendre davantage ! Belle découverte !
Des trafiquants redoutables et prêts à tout pour garder leur empire comme le raconte ici Il Manifesto “Un exemple du niveau où évoluent ces trafiquants nous est donné en 2000 par le président ukrainien Leonid Kuchma, dont les conversations avaient été enregistrées par un de ses gardes du corps ( Mykola Melnychenko, ex-KGB) qui avaient mis des micros puces dans le bureau présidentiel. Les enregistrements indiquent que Kuchma approuva la vente de quatre systèmes radar perfectionnés à Saddam Hussein (alors sous embargo de l’ONU) pour 100 millions de dollars, et demanda à ses services secrets de « s’ occuper » d’un journaliste ukrainien qui enquêtait sur les contacts gouvernementaux dans le trafic d’armes. Le cadavre du journaliste fut retrouvé deux mois après dans un bois, sans tête, brûlé à l’acide. En tout, trois journalistes et cinq parlementaires sont morts en Ukraine ces derniers mois dans des circonstances suspectes”. Les bonnes vieilles méthodes, mixées avec des tendances mafieuses. Une des sociétés de Kuchma, E.C. Venture Capital S.A. se fera prendre dans le filet anti-corruption d’Interpol : elle était suisse. Son associé était Vladimir Kishenin, ancien dirigeant de Lanrusinvest et président du “Social Democratic Party of Russia”.
Le pouvoir de Poutine en est-il perturbé ? Pas vraiment, pour une raison simple : il est lui même accusé par les américains, notamment, d’être lié lui aussi à une autre mafia ! Au point que sa politique n’en est pas une, révèle WIkileaks, mais celle des mafieux de son entourage : “Les dirigeants russes (…) se focalisent sur un horizon à six mois, et sur leurs propres intérêts de business”, estime Damien Loras, membre de la « cellule » diplomatique de l’Elysée, en septembre 2009, devant le secrétaire d’Etat adjoint américain Philip Gordon, cité dans un mémo. Et lorsque le secrétaire à la Défense, Robert Gates, déclare, le 8 février 2010, que le gouvernement russe « est une oligarchie dirigée par les services de sécurité », son interlocuteur, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, ne le contredit guère, selon un autre télégramme”. Cela on s’en doutait, et l’association des USA avec une autre branche de mafia ex-soviétique est bien la meilleure façon de le gêner, en l’attaquant sur le même terrain !
Confirmation encore un peu plus loin dans d’autres “mémos” révélés par Wikileaks encore : “en Espagne, lors d’une réunion à Madrid du groupe de travail américano-espagnol sur le crime organisé, le procureur Jose “Pepe” Grinda Gonzales « considère la Biélorussie, la Tchétchénie et la Russie comme des quasi Etats mafieux » et dit que « l’Ukraine en deviendra un », relate l’ambassade américaine dans un mémo du 8 février 2010. Il pose la « question non résolue » de « l’étendue de l’implication du Premier ministre, Vladimir Poutine, dans la mafia russe”… Voilà ça a été dit et ça confirme ce qu’on pensait ! L’ex-KGB a sombré aux mains des faiseurs d’argent, et parmi ces faiseurs d’argent rapide, il y a avant tout les vendeurs de drogue et d’armes…. la dernière élection Biélorusse et surtout la répression sans pitié de l’opposition est un autre exemple encore de ce système inique. Alexandre Loukachenko est plus proche de la dictature que de la démocratie : “à Berlin, les autorités allemandes se sont dites alarmées par les irrégularités commises lors du scrutin et par la répression policière qui a suivi. “L’Allemagne est très préoccupée (…). Nombre d’aspects montrent que le scrutin ne répond pas aux normes internationales d’élections libres et honnêtes”, a dit à la presse le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert” pouvait-on lire au lendemain du scrutin. Chez Wikileaks, la Biélorussie est décrite comme un “état mafieux” par le juge espagnol Jose Grinda Gonzalez.
Une confirmation de ce désastre sociétal russe est apporté en effet par Wikileaks dans la semaine où est rédigé cet article, mais aussi d’une ONG qui révèle les résultats de son enquête. Le pays demeure bel et bien corrompu, au même titre que l’Afghanistan ou tout comme ; la preuve s’il en est que l’Etat est dépassé et que la loi n’arrive pas à se faire respecter. L’éclatement de l’URSS a projeté en avant les réseaux mafieux existants auparavant : habitués à être plus durement pourchassés à l’époque, ou déjà insérés dans le système soviétique détourné, la mafia russe est très organisée. La façade “propre” de Poutine se lézarde d’autant. ” La corruption continue d’être très répandue en Russie, près d’un quart des Russes (26%) admettant avoir payé des pots-de-vin cette année, selon une étude de l’ONG Transparency International diffusée jeudi. Si le niveau de corruption dans le pays n’a pas réellement évolué en 2010, il y a néanmoins eu un véritable changement dans la volonté des Russes de lutter contre celle-ci, a déclaré la directrice de l’antenne russe de l’ONG, Elena Panfilova, lors de la présentation de l’étude à la presse. Ainsi, 52% des personnes interrogées par l’ONG ont déclaré être prêtes à dénoncer un fait de corruption, alors qu’en 2009, seuls 7% des Russes se disaient prêts à porter plainte. Dans un classement allant des pays les moins corrompus aux plus corrompus, publié plus tôt dans l’année par Transparency International, la Russie occupe la 154e place sur 178, a égalité avec le Kenya et le Cambodge, mais loin derrière des pays tel l’Ethiopie (116e) ou la Colombie (78e). Selon l’étude publiée jeudi par l’ONG, près de 48% des Russes jugent que la corruption a augmenté dans le pays au cours des trois dernières années. De plus, 24,6% d’entre eux estiment que la lutte contre la corruption menée par le gouvernement n’est absolument pas efficace, contre 5,6% qui la jugent au contraire “très” effective. La corruption reste un mal endémique en Russie, malgré l’intention affichée par les autorités de faire de son éradication une priorité”. Une corruption qui cache bien d’autres cas de trafics d’armes, ce dont a bénéficié là encore Viktor Bout, qui a permis pendant des années d’écouler des stocks faramineux, dans lesquels sont venus se servir les USA eux-mêmes ; via la filière Diveroli, notamment, dont je vous ai déjà longuement parlé ici-même.
Chez le juge Gonzalez, Poutine, le véritable dirigeant de la Russie, entretien des relations très spéciales avec certains états “périphériques”. “Au cours de cette rencontre à Madrid du groupe de travail américano-espagnol sur le crime organisé d’Eurasie, “la franchise du procureur Jose “Pepe” Grinda Gonzalez stupéfait son auditoire”, raconte Le Monde. “Il explique que la stratégie de Moscou est d’utiliser« les groupes de crimes organisés pour faire tout ce que le gouvernement russe ne peut pas faire en tant que gouvernement ». Grinda Gonzalez considère aussi que la Biélorussie, la Tchétchénie et la Russie sont « des quasi Etats mafieux » et pronostique que « l’Ukraine en deviendra un » bientôt. « Pour chacun de ces Etats, on ne peut faire la différence entre les activités du gouvernement et ceux des groupes de la criminalité organisée », explique le procureur espagnol” ajoute Slate. Un juge qui sait de qui il parle, ajoute le magazine : “Grinda Gonzalez est l’une des figures majeures de la lutte espagnole anti-mafia. C’est lui qui, après dix ans de traque, a mis Zakhar Kalachov, un vor v zakone (« voleur dans la loi », soit le plus haut niveau de la hiérarchie mafieuse) derrière les barreaux lors de la fructueuse opération Avispa. Il a aussi pris part à l’opération Troïka en 2008-2009. Au total, ces deux coups de filet ont mené à l’arrestation de 60 suspects, dont quatre chefs mafieux russes qui se trouvaient en Espagne”.
Voilà qui nous ramène à Marbella par exemple… où l’on arrête le 7juin 2010 Zakhar Kniazevich Kalashov, le chef mafieux géorgien, coincé par l’ Organized Crime and Drugs Unit (l’UDYCO). Kalashov, pourtant déjà arrêté en 2006 à Dubaï… le 26 août 2007, le magazine de M6 avait fait un reportage édifiant sur Marbella et sa mafia russe. Le résumé de l’émission était édifiant :”Mais il y a d’autres raisons qui ne figurent pas dans les brochures touristiques pour expliquer le succès de Marbella. D’abord des autorités pas toujours regardantes sur les permis de construire, ce qui autorise la construction anarchique d’immeubles de luxe Mais il y a d’autres raisons qui ne figurent pas dans les brochures touristiques pour expliquer le succès de Marbella. D’abord des autorités pas toujours regardantes sur les permis de construire, ce qui autorise la construction anarchique d’immeubles de luxe”. La mafia russe gangrène l’Europe ! Et amène le trafic de drogue en Espagne, qui reste sous le contrôle d’autres personnes… “Malaga est toujours un “hot spot” pour la police, car le boom a attiré de nombreuses criminels pour venir y blanchir leur argent, bien avant qu’elle ne devienne une des portes principales de la drogue en Afrique.” conclut amèrement un journal espagnol, reliant les photos de Kalashov aux avions remplis de drogues saisis en Espagne, comme ceux de l’Afrique de L’Ouest ou du Mexique. On y revient !
La CIA et la coke, mais c’est une vieille histoire, confirme Peter Dale Scott, repris ici chez Cent Papiers : “l’implication de la CIA dans le trafic de drogue durant le conflit soviéto-afghan n’était pas une première. D’une certaine manière, la responsabilité de la CIA dans le rôle dominant que joue aujourd’hui l’Afghanistan dans le trafic mondial d’héroïne, est une réplique de ce qui arriva plus tôt en Birmanie, au Laos, et en Thaïlande entre la fin des années 1940 et les années 1970. Ces pays sont aussi devenus des acteurs majeurs du trafic de drogue grâce au soutien de la CIA (et des Français, dans le cas du Laos), sans quoi ils n’auraient été que des acteurs locaux”.Ce qui explique aussi les déboires afghans actuels, insondables… et insolubles tant que l’équipe Karzaï dirigera le pays : “de cette manière, les USA ont consciemment recréé en Afhanistan la situation qu’ils avaient créée précédemment au Vietnam. Au Vietnam aussi (comme Ahmed Wali Karzai un demi siècle après), le frère du président, Ngo Dinh Nhu, utilisait la drogue pour financer un réseau privé lui permettant de truquer les élections en faveur de Ngo Dinh Diem”. Voilà qui nous recentre clairement historiquement, et nous rappelle ce que nous avons déjà dit ici à plusieurs reprises à propos de Karzaï !Une CIA impliquée à un point qu’on n’imagine mal, à vrai dire. Or, des faits récents le démontrent… mêlant livraison d’armes et une historique remontant au cœur des Etats-Unis, via les paradis fiscaux du Pacifique ou des Caraïbes, un jour clairement dénoncés par un dénommé par un jeune sénateur nommé… Barack Obama.
Tout ça, en effet, sans oublier donc ces fameux transporteurs, d’armes, ou de drogue, voire des deux à la fois. En 2010, des vols sortent notamment du lot : ceux de Sky Georgia. Très intéressant également, en effet, Sky Georgia : Sky Georgia (anciennement connu sous le nom de Georgia National Airlines, et après que le transporteur d’origine ait été vendu au fonds d’investissement américain Sky Group), “est une compagnie aérienne qui a sa base à Tbilissi”, nous dit Wikipedia. Voilà qu’entre en scène la Georgie ! Son 4L-SKY, par exemple, a été racheté en octobre 2009 à Gomelavia. Il est ici vu en train de se poser le 1er septembre 2010 à Ferihegy-Budapest… or les avions de Sky Georgia n’en resteront pas là. En novembre 2009, Sky Goergia, société dirigée par un fond d’investissement américain, donc, ayant ses avions en Georgie, se rebaptise discrètement East Wings. Elle n’est censée n’avoir dans sa flotte que deux petits DC-9-50, et un seul Il-76, et décidait donc pour un transport “particulier” de louer un deuxième Il-76 a l’obscure société ukrainienne SP Transport Limited, dont le siège est étrangement au Vanuatu… L’avion qu’elle choisit alors est assez connu, ce n’est autre que l’ancien Air Pass/Air Cess du Swaziland, enregistré 3D-RTA, le Centrafricain Airlines siglé TL-ACY, ou le GST Aero enregistré UN-76007… un avion appartenant depuis toujours à Victor Bout, qui à ce moment-là est déjà en prison à Bangkok. L’avion ira faire de l’essence à Gostomel en Ukraine et le 8 décembre, il décollait de… sa base habituelle de Sharjah sous le numéro 4L-AWA (le “4L” étant l’indicatif de la Georgie). Le reste est désormais de l’histoire : il fera la une de tous les journaux en pleine période de fêtes, l’année dernière. Bourré au maximum d’armements, coincé à Bangkok. L’endroit même où était détenu Viktor Bout… nous reviendrons bientôt sur East Wings, car c’est tout simplement LA clé du système de Viktor Bout et surtout de ses soutiens réels… qui risquent d’en surprendre plus d’un d’entre vous.
Les vrais responsables, les banquiers du traffic
Le pire est à venir, vous disais-je hier, après la découverte de ce néo-zéandais fantasque, devenu roi des sociétés-écrans. Le pire est en effet financier. Pour pouvoir acheter ses tonnes d’armes, Viktor Bout a bien dû s’organiser. Pour en particulier trouver des machines à laver son argent sale. Plutôt situées dans les paradis fiscaux, tant qu’à faire. Les Seychelles (ça devrait vous rappeler une grande fortune française), le Vanuatu vont voir fleurir des établissements bancaires qui vont brasser des millions… dans un bureau pas plus grand qu’une cabine d’ascenseur la plupart du temps. Des banques filiales d’autres, dont une va se révéler le pilier du fonctionnement du système Viktor Bout : or c’est la même qui va se retrouver prise dans la tourment d’un des plus grands scandales bancaires américain de ses dernières années. Pour du blanchiment d’argent lié à la drogue : encore une fois les deux domaines se croisent. Viktor Bout n’est que l’émanation de tout un système véreux.
Le pire, c’est ce qu’avait découvert en 2008 un trader plus curieux que les autres. D’une espèce assez particulière : c’était en réalité le directeur de l’unité anti-blanchiment de sa banque, à Londres. L’histoire démarre cette fois avec Stella Port-Louis, 30 ans seulement, autre employée de GT Group aux Seychelles, avec le titre de directrice, entre autre, de Lotus Holding Company Limited . A cet endroit, GT Group dispose aussi de plusieurs adresses : 338 exactement, avec une seule et unique directrice : Stella. Echaudée par ce qui est arrivée à sa consœur, elle prend les devants… et révèle le principe mis en place aussi là-bas, où les adresses se perdent à nouveau au milieu de centaines d’autres. Ses sociétés s’appellent par exemple Petro Tex Ltd, El Mondo Ltd, London Group ou Nelson Trading Lt et sont toutes domiciliées au Level 5, 369 Queen St, Auckland. L’adresse de ST Trading : or ce bâtiment, autre particularité étonnante, appartient en fait à l’armée du salut ! A côté réside Danite Corporate, une autre société de prêtes-noms. La seule rivale possible de Stella étant une autre employée de GT Group, Nesita Manceau, de Port Vila (la capitale du Vanuatu), qui en dirige autant ou presque. C’est la directrice, elle, de SP Trading,la firme mise en cause dans le transert d’armes de Thaïlande, appartenant à Vicam (Auckland) Ltd. Bien entendu le nom de Nesita Manceau fait rebondir sur toutes les autres firmes virtuelles, telle ici BMI Consulting ltd. Son adresse étant alors 72 New Bond Street, Mayfair, London. La liste où elle figurecomme directrice est assez sidérante…. elle tient sur 13 pages consécutives….
Elle aussi, est donc “directrice” de plusieurs sociétés ! USA Today, le 23 février 2007, révèlait que la pratique était déjà courante depuis longtemps, mais au Nevada : “l’analyse de USA TODAY a révélé que plus de 1 000 sociétés au Nevada avaient comme seul dirigeant William Reed, un cadre de 56 ans identifié tel quel dans le procès de la Federal Trade Commission Protection Chaque société avait comme siège de l’entreprise la même adresse”. En 5 minutes et en réglant 95 dollars, vous en créez une, raconte le journal ! Pour Stella, même principe : tout est au rabais. Le site de Lotus Holding Company Limited est la copie conforme de celui de sa firme mère…
Les 115 îles des Seychelles, hébergent en effet un nombre incalculable d’adresses de sociétés fictives, au point de mettre en alerte deux sénateurs américains qui dénoncent bientôt ces paravents évidents : l’actif député démocrate du Wyoming (celui avec les lunettes au bout du nez), Carl Levin, et juste après lui Barack Obama, qui part en campagne électorale sur davantage d’éthique dans le commerce. Rejoints tous deux par le républicain Républicain Norm Coleman, ils tenteront de faire passer un projet de loi (Stop Tax Haven Abuse Act) qui avait pour objectif de mettre fin à la fraude fiscale aux USA (où le le Trésor américain perd, dit-on, 100 milliards par an). Aux Barbades, on s’en gausse. Dans la liste des pays suspicieux cité dans le projet (*) on trouve en 24 eme position… le Vanuatu…. (la Lituanie étant 20 eme). En 2008, le retour de bâton pour les Seychelles et leur laxisme avait été pire que pour l’Islande : l’Etat était passé à deux doigts de la faillite complète. C’est aussi aux Seychelles qu’est située l’île d’Arros rendue célèbre par un dénommé Woerth, en France… “Une centaine d’îles aux plages de sable fin, un tourisme de luxe, le revenu par an et par habitant le plus élevé d’Afrique (8 960 dollars)… Le rêve prend fin.Le gouvernement des Seychelles a dû solliciter le FMI pour faire face au service de sa faramineuse dette de 800 millions de dollars, représentant 165 % du PIB. Seul le Malawi (235 %) fait mieux sur le continent. Le FMI devait approuver, le 14 novembre, un premier financement de 26 millions de dollars destiné à appuyer une série de réformes structurelles…”expliquait Jeune Afrique le 1er décembre 2008. Les adresses d’entreprises fictives ne lui rapportaient rien en taxes, inexistantes…
Au même moment, à l’autre bout du monde, un jeune trader, Martin Woods, qui ne fait pas dans le Kerviel, lui, et qui travaille chez Wachovia U.K, la filiale anglaise du gigantesque groupe bancaire américain du même nom s’inquiète soudain du nombres de sollicitations de la filiale des Seychelles de GT Group, qui ne cesse d’envoyer des paiements à Wachovia UK, pour des sommes de plus en plus élevées. La plupart au nom de Vicam, et via des détours complexes. ” iI décrit notamment comment Wachovia avait reçu l’équivalent de 40 millions de dollars via des comptes bancaires lettons, émanant de de quatre toutes nouvelles sociétés néo-zélandaises, ayant toutes leur direction nommé aux Seychelles sous le nom de Stella Port-Louis, et dont l’actionnaire principal étatit Vicam du GTGroupe. Stella Port-Louis n’a jamais répondu à ses requêtes par e-mail. Au final, lassé, Woods à résilié son emploi chez Wachovia, qui n’a fait aucun commentaire. Aucune des opérations détectées n’ont entraîné des mesures de réglementation bancaires”. Sans le savoir, Martin Woods venait de lever un lièvre, un très gros lièvre. Car Wachovia, au même moment, est dans la tourmente. Ce n’est pas l’absence de réponses qui avait inquiété Woods, mais plutôt la passivité de sa direction qui, visiblement, laisser faire ce que lui avait déjà déterminé comme étant bel et bien du blanchiment d’argent. “En Juin 2008 et Mars 2009, Woods a envoyé des notes de service de dénonciation aux autorités de réglementation sur les transactions suspectes présentées par le GT Group”, précise l’article.. en juin 2009, on découvre enfin l’étendue des dégâts chez Wachovia, racheté depuis par… Wells Fargo. Avec une autorisation express accordée par le gouvernement US : celui de Barack Obama, désireux donc de tasser au plus vite l’affaire : ce qu’il enterre, c’est en fait une vraie bombe !
Dans la tourmente en effet, et le mot est faible : en mars 2010, Wachovia allait en effet signer un accord avec le gouvernement US pour le paiement de la plus lourde amende jamais adressée à une banque américaine : 160 millions de dollars, pour éviter les poursuites et un procès sur des liaisons évidentes avec les cartels de drogue colombiens. “Le 29 septembre 2008, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) a annoncé avoir facilité la vente par Wachovia de ses activités bancaires à Citigroup. D’après la FDIC, Wachovia “n’a pas fait faillite” et continuera d’opérer ses filiales Wachovia Securities, AG Edwards et Evergreen Investments en tant qu’entreprise privée, côtée. Mais en octobre de la même année, la Réserve Fédérale Américaine a donné son feu vert à une fusion de Wachovia avec la Wells Fargo Bank. Citigroup porte plainte mais après une courte bataille judiciaire, la retire et abandonne son projet de fusion avec Wachovia”. On notera la bien étrange sollicitude du gouvernement via la réserve fédérale pour l’absorption discrète par Wells Fargo, malgré son lourd passé financier. Celui du blanchiment d’argent ! “Wachovia aadmis qu’il n’a pas vérifié la provenance de fonds illicites dans le traitement de 378,4 milliards de dollars en monnaie d’échange mexicaine de 2004 à 2007. C’est la plus grande violation de la Bank Secrecy Act, une loi anti-blanchiment d’argent, aux États-Unis histoire – une somme égale à un tiers du le produit intérieur brut courant du Mexique…” nous dit le spécialiste Mike Shedlock. Faramineux !
Wachovia, installée à Charlotte, en Caroline du Nord, au moment où Martin Woods met le nez dans ses affaires est alors le quatrième plus important réseau bancaire aux USA. Et ses activités délictueuses, comme le soupçonnait fortement Woods sont patentes. En épluchant l’historique de la banque, il avait en effet découvert qu’elle avait absorbé une banque Mexicaine, “Casa de Cambio Puebla”, qui était loin de présenter l’assurance d’une gestion sans reproches. “Woods avait raison de soupçonner la Casas de Cambio mexicaine. En mai 2007, la US Drug Enforcement Agency avait saisi 11 millions de dollars que Wachovia détenait dans des comptes bancaires à Miami au nom de Casa de Cambio Puebla. L’agence avait déclaré que les fonds avaient été perdus dans une affaire pénale qui reste toujours complètement hermétiquement fermée près de trois ans plus tard. En Novembre 2007, les autorités mexicaines avaient fermé Puebla et arrêté son directeur, Pedro Alatorre Damy,comme étant le cerveau financier du cartel de Sinaloa au Mexique. Le gouvernement mexicain avait déclaré qu’Alatorre avait financé une force aérienne effective de transport de drogues, y compris un DC-9 capturé avec cinq tonnes de cocaïne à bord et un Gulfstream II qui s’était écrasé dans la péninsule du Yucatan, avec plus de trois tonnes de cocaïne à bord”. Voilà, on y est… la découverte du trader est primordiale : elle nous ramène à la fois à ça, et à la fois à ça aussi. Aux transferts de drogue marqués du sceau de la CIA, et au rôle trouble de l’état de Floride et de ses aéroports comme plaques tournantes. Une banque, gestionnaire de l’argent d’un des cartels de drogue ? On croît rêver, et pourtant !
Une banque qui prête de l’argent pour acheter des avions, toute une flotte, qui, le plus souvent ne servent qu’une seule fois ! Achetés notamment au Venezuela par un seul homme. Pedro Benavides Natera, 48 ans, un vénézuélien, celui qu’on retrouve derrière les achats d’appareils servant au trafic de drogue : il sera arrêté à Miami en février 2008. On recense en effet pas moins de 11 avions depuis 2003 achetés par ce seul individu, des avions servant de manière unique à transporter de la drogue, car le plus souvent abandonnés sur place, une fois la dogue transportée, des appareils obtenus chez seulement deux sociétés américaines : Skyway Aircraft Inc. de Clearwater, près de St. Petersburg, Floride, et Planes and Parts Enterprises LLC de Doral, en Floride également, près de Miami également… ce que ce monde est petit ! Naterra était inscrit à la banque dirigée par Pedro Alfonso Alatorre Damy, ancien employé de change à Miami devenu responsable de Casa de Cambio Puebla… je reviendrais bientôt en détail ici même (ou ailleurs) sur ces onze appareils qui ont tous servi à des transferts de drogue, une majeure partie vers… l’Afrique. Des avions, qui, comme au bon vieux temps des Contras et des livraisons à l’Irak ou à l’Iran s’activaient à la place des porte-containers, notamment ceux ancrés à Guantanamo… En janvier 2008, je vous avais expliqué la méthode employée. La même que celle pour le trafic d’armes. C’est en effet à Skyway Aircraft Inc qu’appartenait le DC-9 retrouvé à Mexico avec 4,5 tonnes de drogue à bord, portant des logos d’une administration américaine… aux dernières nouvelles, Parts Enterprises LLC essayait toujours de revendre son Beech E-90 N-1100M saisi par les douanes à Puerto Plata la Union en République Dominicaine, bourré de drogue… un des onze appareils de Pedro Benavides Natera. Tout le système a donc depuis été mis à jour. Des firmes américaines et des banques financent le trafic, et il est impossible que cela puisse échapper à la CIA, qui y est partie prenante.
Idem en effet pour les deux propriétaires du Gulfstream N987SA crashé et coupé en deux dans le Yucatan étaient Clyde O’Connor et Greg Smith, deux pilotes mercenaires de Floride. Ils avaient aussi acheté un autre jet, un Hawker 125 numéroté N230TS, qui lui aussi à servi aux renditions flights vers Guantanamo : difficile cette fois encore en ce cas de ne pas soupçonner d’ingérence de la CIA ! Dans l’avion coupé en deux, la drogue était dans 125 sacs militaires ! De 2001 à 2005, l’appareil avait changé cinq fois de regsitration : un coup Connors, un coup Smith sous les noms d’entreprise de Shewcon LLC de Miami, Foride ; Edax Investment Corp. de Nassau, aux Bahamas ; ou de Core Investments de Fort Lauderdale, Floride ! En juin 2005, le fameux Hawker revenait à… Dodson International Parts Inc. de Rantoul, Kansas…. déjà bien connue ici…celle qui avait repeint les 727 afghans d’Ariana ! On tourne en rond avec cette histoire ! Nous revoilà à l’époque de l’assassinat d’Enrique “Kiki” Camarena, un membre de la DEA sauvagement tué (il fut torturé à la perceuse !) par les narcos trafiquants en 1985, et devenu depuis héros de l’Amérique…
Comme le dit un site, ce qui sidère c’est l’inertie des gouvernements dans ces magouilles : “la chose la plus irritante est de savoir qu’un directeur de Wells Fargo avait signalé ce qui se passait et a été ignoré. Vingt millions de personnes aux États-Unis consomment régulièrement des drogues illégales, pour stimuler la criminalité de rue et les familles démolies. Les stupéfiants coûtent à l’économie des États-Unis 215 milliards de dollars par an – assez pour couvrir les soins de santé de 30,9 millions d’Américains – dans les tribunaux surchargés, les prisons et les hôpitaux et la perte de productivité, explique le ministère. « C’est le blanchiment de l’argent pour les banques les cartels qui finance la tragédie », affirme Martin Woods, directeur de l’unité de anti-blanchiment de Wachovia à Londres, du 2006 à 2009. Woods a raconté qu’il a quitté la banque avec dégoût après avoir constaté que ses dirigeants ignoraient les documents sur les trafiquants de drogue affirmant que l’argent circulait via le réseau de la Direction Générale de Wachovia. “Si vous ne voyez pas la corrélation entre le blanchiment d’argent par les banques et les 22 000 personnes qui ont été tuées au Mexique, vous manquez de jugeote”, condamne Woods. Wachovia et Wells Fargo s’en sont toutes deux tiré pour la raison d’être tout simplement trop grosses pour pouvoir faire faillite. A quoi tient l’économie américaine : Madoff, à côté, est l’arbre qui cache la forêt de magouilles !
Le pot aux roses du GT Group
Un homme discret mais excentrique de 67 ans, un néo-zélandais qui se prétend descendant de chevalier vieux de plus de 800 ans (il se dit “Lord of the Manor of Stubbington”, en fait un titre extrait d’un conte pour enfants de 1943 !) en ayant obtenu son titre ronflant d’un vieux territoire australien inconnu, qui affiche dans son bureau un diplôme, obtenu dans l’Université qu’il a achetée et dont il est le président, ou qui possède un passeport pour la Principauté de Hutt River, ce faux état australien ridicule, voilà sur quoi on tombe à la suite d’une longue enquête qui finit par relier tous les points ensemble, à savoir, les armes, la drogue et la banque… voilà pour qui aussi des gens meurent, c’est bien ce qui est désolant, tant on sombre dans le grotesque avec un tel personnage. Car la grande surprise, au final, c’est de constater que tout cet argent manipulé, tous ses gigantesques profits se retrouvent bien quelque part et chez quelques-uns, et que ces personnes sont toutes liées également aux affaires d’énormes saisies de cocaïne découvertes ces dernières années…
Oh, certes, c’est bien profondément caché : l’homme dont je vais vous parler a créé en Nouvelle-Zélande pas moins de 2496 entreprises différentes, dont toutes présentent exactement la même adresse (*). De quoi noyer profondément le poisson, en effet. Pour mieux encore le maintenir sous l’eau, le siège de la majeure partie de ses entreprises est dans le Vanuatu, où le mot impôt n’existe même pas dans le langage de ces 83 îles paradisiaques… à la fin de l’histoire, nous sommes tombés sur le véritable chaînon manquant : celui du financement occulte de toutes ces opérations. Et ça, c’est la découverte fondamentale de cette longue enquête…
L’une de ces entreprises nous avait mis en fait la puce à l’oreille, en réalité, par sa localisation : elle a été créée en 1992, à Chisinau, la capitale de la… Moldavie. Officiellement pour exporter des tracteurs et des machines agricoles (**). Les deux firmes concernées (Tracom et ViCam) apparaissant en 2009 dans de petits contrats avec le ministère de l’agriculture US. On retombait avec elle directement à un endroit clé de tout le système des ventes d’armes en effet (le pays “contient” en effet la fameuse Transnitrie !), les deux premières compagnies aériennes de Viktor Bout, Aerocom et Jet Line, étant, rappelons-le, de Chisinau. Avec Geoffrey Taylor, l’homme découvert aujourd’hui, qui passe toujours aux travers des mailles de la justice, car à ce jour aucune charge n’a été retenue contre lui, on aboutit enfin à la clé du système, en effet. Celui qui relie tout. Celui d’une gigantesque machine à laver l’argent à la fois de la drogue et du trafic d’armement. On se doutait de la liaison, on en a aujourd’hui la preuve flagrante. L’avion à lui, après bien des péripéties à vrai dire. Nous venons de trouver le chaînon manquant de toutes les opérations délictueuses de ces dernières années, qui font remonter le tout à une banque bien connue des amateurs de Western : la Wells Fargo.
Tout d’abord, ce n’est pas l’absence de taxation du Vuanutu qui a été déterminant pour créer l’entreprise qui va se charger du transfert des armes vers la Thaïlande. C’est en premier comment noyer tout de suite les recherches en cas d’enquête. Pour cela, la Nouvelle-Zélande est le pays rêvé pour passer inaperçu. Le 14 janvier 2010, à la découverte de 2496 entreprises présentant une adresse unique, le premier ministre du pays, John Key, s’émeut quand même un peu et promet une enquête. On l’attend toujours, car là-bas c’est… chose courante.”En Nouvelle Zélande, où les lois laxistes d’inscription ne nécessitent pas de preuve d’identité ou même d’adresse résidentielle enregistrée, la tentattion de créer des sociétés écrans “prêtes à l’emploi” est grande, et sont souvent utilisées pour protéger l’anonymat”.Car ce qui compte, ce sont les papiers, ces fausses déclarations qu’avait si bien compris Reinhardt pendant la guerre Iran-irak : avec ses savants montages pour obtenir les faux bons de commandes ou les faux bons de destination pour les douanes. “Presque tous les courtiers en armes impliqués dans les transferts d’armes illicites sont des hommes d’affaires “légaux” à 98%” dit Griffiths de l’ISN Security Watch. Le monde souterrain (“underworld) de la drogue et des ventes d’armes à une façade classique en effet. Une façade bancaire. “En tant que tels, ils ont des entreprises et des comptes bancaires et utilisent les mêmes méthodes que celles employées par “l’upperworld” ou les entreprises licites dans le monde entier. La vraie différence se situe au niveau de la falsification de documents qu’ils peuvent avoir à fabriquer et le nombre de sous- traitants ou de sociétés écrans à travers lesquels ils travaillent. “En gros, plus c’est dilué et mieux ce sera en cas de pépin. Dans le cas de la saisir thaïlandaise, on est servi, en effet. Pour remonter jusque Geoffray Taylor, qui devant la presse locale fait obligatoirement l’étonné, il faut se lever tôt et éplucher les maigres documents fournis par la police. Dans ce sens, la saisie du 12 décembre est un véritable cas d’école.
Dès le premier jour de l’enquête, des journalistes avaient flairé le montage très complexe de l’opération, en remontant le donneur d’ordre de l’affrètement de l’avion. “À l’étranger Trading FZE, une société de leasing basée à Sharjah (Emirats Arabes Unis) et appartenant à Svetlana Zykova, a loué les Il- 76 à une société géorgienne, Air West, détenue par Levan Kakabadze. Air West, à son tour loué l’avion à SP Trading, une société qui a été créée par Yury Lunyov a été mise en service une semaine seulement avant la transaction . SP Trading a commandé l’avion à Union Top Management (UTM), -enregistré à Hong Kong . UTM a été également créé seulement un mois auparavant. Le fondateur d’UTM – Dario Cabreros Garmendia, un espagnol est inconnu, on ne sait pas où il se trouve, de même qu’on ne connaît pas l’entreprise de Corée du Nord d’où proviennent les armes”.
“Lunyov prétend qu’une autre société- d’Ukraine, Aerotrack – avait la responsabilité de chaperonner l’envoi de la Corée du Nord à l’Iran et qu’ Aerotrack avait à l’origine falsifié le contrat d’accord et liste de colisage pour suggérer que le fret était des pièces de rechange. Aucun Aerotrack n’a jamais existé à l’adresse indiquée et son contact principal Victoria Doneckaya donne comme numéro de téléphone celui d’une résidence privée qui n’a jamais entendu parler d’elle ou Aerotrack. En fait, toutes les propriétaires de sociétés (du moins, ceux qui qui ont pu être trouvées) Zykova, Kakabadze et Lunyov se refusent à re connaître ce que l’envoi a été réellement. Toutefois, ils partagent tous une connexion : Alexander Zykov, mari de Zykova associé connu de Lunyov. Zykov possède East Wind, une société de fret aérien au Kazakhstan. L’équipage arrêté lui appartient. Les entreprises et les aéronefs appartenant à Zykov sont connus pour avoir été impliqués dans le trafic d’armes en Afrique subsaharienne. Toutefois, Zykov affirme que l’équipage était en congé temporaire quand ils a été capturé”. La première déclarationniant les faits est faite par Zykov d’Almaty, le 21 janvier 2010, au Kazakhstan. Un Zykov assez excédé qui finissait l’entretien par un “allez chercher les gens qui ont ordonné ce vol”, a dit Zykov à un journaliste de l’AP et a raccroché le téléphone”.
L’homme n’avait pas totalement tort : propriétaire de l’avion, certes, mais rien de plus. La commande provenait de Nouvelle-Zélande. Un autre individu en effet clame aussi son innocence et c’est GeoffreyTaylor, alors que des documents mènent à lui. “Mais la Nouvelle-Zélande lui a montré des dossiers attestant qu’il est bien l’actionnaire qui contrôle Vicam Ltd au 8 septembre 2009. Un mois et demi après que le fils de Geoffroy, Michael, ait déclaré une société néo-zélandaise appelée SP Trading, en tant que filiale en propriété exclusive de Vicam. SP Trading est devenu connue le 12 décembre dernier, lorsque les agences de renseignements de la police thaïlandaise ont inspecté l’Ill-76, l’ avion qui s’est arrêté pour faire le plein de Bangkok en provenance de Pyongyang vers Téhéran. Le certificat de transport aérien a décrit les marchandises comme « du matériel pour champ de pétrole » mais à l’intérieur des 147 cartons ont été trouvé des explosifs, des grenades propulsées par fusée et des lanceurs de missiles informatisés. L’équipage était Kazakh et Biélorusse, et était dans l’ignorance du contenu de la cargaison. Comme le disait aussi le GT Group,jusqu’à ce que des documents ont révélé que l’avion avait été loué à la SP Trading”.
Evidement, Taylor, qui se présente lui-même sur ses sites comme un “innovateur au top du classement des gestionnaires de fonds de pensions” nie toute implication et rejette la faute sur d’autres. Après les enquêtes de journaux, GT Group a publié un déclaration du Vanuatu disant qu’il avait formé SP Trading à la demande d’un client “professionnel” situé au Royaume-Uni, et utilisant Vicam comme nom, en la personne d’ une femme nommée Zhang Lu, responsable d’une mise en scène, selon lui. SP Trading a déclaré qu’il ne savait rien pour les armes. S’exprimant au nom de ses employés, associés et ses sociétés, le groupe GT a dit qu’aucun n’avait aucune connaissance des activités de SP Trading, “et n’était en aucune façon impliqué dans le transfert d’éléments de toute genre, en tout lieu et par tous les moyens.”En poussant un peu plus loin leurs recherches, les journalistes découvraient entre temps d’autres liens intéressants. “L’actionnaire et membre de GT Goup, Vicam Ltd, est apparue comme étant la gagnante récemment d’une enchère portant sur des millions de barils de pétrole, octroyé par le gouvernement azerbaïdjanais. Il a remporté des contrats lucratifs de travaux publics en Roumanie et a créé un certain émoi quand les journaux ont suggéré que des membres du gouvernement recevaient des actions en échange, ce qu’ils ont effectivement nié”.
Le 3 septembre 2010, neuf mois après les faits, on découvre enfin qui se cachait derrière le nom de Lu Zhang, le directeur de SP Trading Ltd, la firme ayant conclu le contrat de livraison. Elle est âgé de 28 ans et c’est… une ancienne employée d’un Burger King d’Auckland ! Comme adresse personnelle, elle possèdait en effet la même que les 2496 entreprises citées ! L’histoire qu’elle raconte aujourd’hui est assez incroyable et dénote du cynisme et des pratiques de Geoffret Taylor et de son entourage : elle avait été recrutée en 2008 par Taylor et ses deux fils dans sa société Global Fin Net, pour y effectuer des tâches administratives seulement. “C’était un travail de base très administrative. Je venais déposer tous les documents, vérifier les e-mails et m’occuper de l’entretien quotidien du bureau.” La lampiste parfaite, visiblement, qui s’est fait piéger en beauté : “elle a déclaré que M. Taylor lui avait expliqué, à elle et à son mari Paul Gao, 27 ans, que son rôle dans l’affaire sera d’intégrer les entreprises avant les vendre à des personnes basées à l’étranger. “La première fois que Geoffrey nous a parlé de “direction” nous ne sentions pas sûrs de nous, parce que nous savions que l’administrateur de sociétés avait des responsabilité.” dit-elle… “Mais nous avons pensé que ça serait OK parce que pour nous, il suffisait d’ouvrir le compte et que cela n’avait rien à voir avec le fonctionnement de l’entreprise”. “Nous avons pensé que c’était peu de chose, ne voulant pas nuire à qui que ce soit. ”
Résultat, la signature de la pauvre employée se retrouvera au bas de feuilles de commandes pour 35 tonnes d’armes… pire encore : coincée par la juridiction néo-zélandaise conçue à l’américaine, qui veut que l’on hérite automatiquement d’un réduction de peine en se déclarant coupable, c’est ce qu’elle vient de décider de faire, elle et son mari ! Depuis tous deux sans emploi, car ayant démissionnés.. et coincés : “nous ne sommes rien, nous avons étudié, travaillé dur et en faisant cette petite erreur nous ne savions pas quel tort ça causerait”. “Mais je vais plaider coupable, parce que nous avons à payer l’hypothèque, payer les honoraires de l’avocat et nous ne voulons pas de causer plus de stress notre famille.” Un aveu désolant, affligeant, l’histoire du petit peuple se faisant berner par les riches marchands d’armes. Qui n’hésitent pas sur leur site à se présenter comme dirigeants “humanitaires”, donnant des emplois à des étrangers dans le besoin… affligeant cynisme du patron de GT Group, qui énonce dans son site que “l’ intérêt principal de ces journées est d’encourager les jeunes gens à atteindre le succès en particulier dans le difficile domaine de l’évolution du monde du droit international des affaires “. Ecœurant ! Le couple risque des dizaines d’années de prison avec ses 75 motifs d’accusation ! La “justice” tient ses deux coupables, et la famille Taylor restera certainement impunie, tout va bien dans le pire des mondes !
Mais ce n’est pas tout encore, le pire est à venir… on est encore loin du compte, ce qui va suivre est plus qu’étonnant en effet. Geoffrey Taylor a déjà été mouillé ailleurs, et dans des événements incroyables survenus en 2008. Mais ça, c’est ce que nous verrons demain si vous le voulez bien : attendez-vous à une énorme surprise. En forme, encore une fois, de crash d’avion comme point de départ…
Viktor et les banquiers de Wachovia
Wachovia, le plus gros scandale bancaire américain, étouffé avant qu’il ne remonte encore plus haut, à savoir au sommet de l’Etat, est donc bien le nœud du problème. Drogue et armes sont liées, et la CIA évolue dans ses eaux troubles depuis longtemps. Et Viktor Bout, qui a transporté les deux, a lui aussi passé par la case bancaire. Par deux banques essentiellement, pour financer l’achat d’appareils, toujours choisis dans la gamme d’avions anciens, et dont il fera tourner sans discontinuer les registres de leurs enregistrements. Les transferts d’argent suivant la même opacité, via des transferts par Chypre ou le Kazakstan : pour remonter l’écheveau du circuit d’argent, il faut se lever tôt. Mais la plupart du temps, qu’on suive les dollars ou les avions, on retombe sur un coin connu : la Floride, terre d’accueil de tous les flibustiers, c’est bien connu. L’épicentre de ce séisme à scandales étant l’aéroport de Venice, ou décidément beaucoup de choses se sont passées…
Et Viktor Bout dans tout ça ? Outre le fait qu’il était donc bien derrière le coup de l’Ill-76 (à moins qu’on ne lui ait organisé un bobard complet pour assurer l’extradition, ce qui est encore possible, car personne n’a su à ce jour si l’avion revenait bien de Corée du Nord !) notre marchand d’armes avait obligatoirement des comptes en banque. Et là, c’est sans surprise qu’on découvre lesquelles. Et ce sont les américains qui nous l’apprennent. “Le dernier acte d’accusation du procureur chercherait à saisir les comptes présumés de M. Bout chez Wachovia, l’International Bank of Commerce (une des plus grandes banques du Texas !), la Deutsche Bank, et à l’Israel Discount Bank of New York (installée aussi à Miami !), selon le New York Daily News. Les transferts d’argent ont forcé une interdiction des États-Unis s’opposant à faire des affaires avec M. Bout, qui aurait caché son nom derrière une société écran, Samar Airlines, lors de l’achat de deux Boeing”. Car il fallait bien trouver un lien avec les états-unis, et on a prétexté l’achat par Bout d’un Boeing 727-200 et d’un Boeing 737-200 pour cela au nom de Samar Airlines au Tajikistan, à l’été 2007. “La plus récente mise en accusation alléguée était que M. Bout et son partenaire syro-américain Richard Ammar Chichakli avaient demandé environ 1,7 millions de dollars à des banques aux États-Unis pour acheter deux avions Boeing en Amérique”. Bizarrement, l’accusation n”était pas arrivée en Thaïlande avant février 2010 ; comme pour forcer une dernière fois la main aux juges thaïlandais… c’est grâce aux bordereaux bancaires que Bout se fait pincer, en définitive : or depuis 1996 son trafic a toujours été le même : cela fait 14 ans qu’il possédait ces comptes bancaires.
“L’acte d’accusation allègue que les transferts d’argent pour Samar ont été faits à partir de comptes bancaires situés à Chypre et liés à Bout à travers une entité appelée Holdings Limited Wartrex et “une banque à New York”, ainsi que des fonds venant du Kazakhstan sur des comptes à Salt Lake City Utah pour Aviation Company en Floride. Les accusations de fraude listent 6 virements spécifiques en 2007 allant de 52.000 à 339,977 dollars”. Samar Air, au Tajikistan, est installé à l’aéroport de Khudzhand… rue Lénine et possède comme avion des B-727, Il-76, An-12 et des AN-26. y est aussi installé JSC Atlant-Soyuz Airlines, société qui a créé un Joint Venture avec Evergreen International Airlines … la société qui détient l’ex-base de la CIA, la Marana, en Arizona, haut lieu des maquillages d’avions. Ce sont les hélicoptères d’Evergreen qui ont jeté du défoliant en Colombie. C’est la compagnie aérienne qui a le plus bénéficié de la guerre en Irak. Son président, Delford M. Smith, n’a pas nié avoir participé aux renditions : “Je veux que ce soit parfaitement clair – je crois en leur cause, »a déclaré Smith. Je pense que l’Amérique en a besoin, et cela m’inquiète que nous sommes dans une période en pente.Et je pense que nous avons fait plus pour le monde que tout autre pays dans l’histoire de l’homme sur la Terre. Et je respecte ce qu’ils ont fait. Et nous ne savons pas quand nous les avons soutenus et quand nous ne l’avons pas fait- en qualité de transporteur. ” Au Tadjikistan, haut lieu du trafic de drogue dans le monde. Cent tonnes y transitent par an.
Ce qu’il y a d’étrange encore , c’est que les deux compagnies citées dans la plainte américaine sont “Aviation Company” et “Aircraft Services Company” toutes deux de Floride, selon la plainte. Or ce sont des noms génériques visiblement : il n’y a aucune société portant ces noms seuls en Floride ! la plainte n’est pas recevable telle quelle : les sociétés réelles ne sont pas nommées. Celles de Bout citées dans la plainte étant Centrafrican Airlines, San Air General Trading, Air Bas, Air Pass, Abidjan Freight, Air Zory, Bukavu Aviation Transport, Business Air Services, Gambia New Millennium Air Company, CET Aviation, Irbis Air company, Moldtransavia SRL, Odessa Air, Transavia Network, et Santa Cruz Imperial. Bizarrement encore, Air Cess, dont le président du Libéria Charles Taylor était directeur ne figure pas non plus sur la plainte ! Les USA auraient-il intérêt à ne pas l’inclure ? Oui quand on découvre que l’évangéliste Pat Robertson, grand soutien de G.W.Bush l’avait à plusieurs reprises défendu… or on apprenait en février 2010 qu’il y avait une raison à cela, comme venait de le découvrir le procureur Brenda Hollis : c’était en échange de la promesse d’une mine d’or dans le pays, sur laquelle en fait Taylor n’avait aucun droit réel ! Or, à bien chercher, on constate qu’il n’y a pas que l’absence d’Air Cess qui ne va pas dans l’acte d’accusation : les deux sociétés qui sont annoncées comme étant celles contactées par Bout aux Etats-Unis pour ses deux Boeing n’existent en effet pas telles quelles : visiblement, on a masqué les noms véritables : ceux de Skyway Aircraft Inc. de Clearwater, près de St. Petersburg, Floride, et de Planes and Parts Enterprises LLC de Doral, en Floride également. Les citer aurait redonné automatiquement le lien vers la CIA et le système bancaire mis en place ! Viktor Bout se fait inculper sur ce qui est, dans ce sens, un faux.
Dans l’acte d’accusation on cite en revanche la société Ilex Ventures,”que Viktor Bout possède” dit le procureur, et c’est cette firme qui aurait versé 252 000 dollars d’un compte russe le 30 juillet 2007 pour acheter un des deux Boeing, plus 244 200 le 1er août et le 13 août 204 000 dollars supplémentaires, le tout versé à “une banque de New-York” qui n’est évidement pas nommée. Or ces liens ne dataient pas d’hier : un rapport de sécurité de l’ONU l’indiquait déjà. “Le Groupe a obtenu des documents sur l’Antonov 12 immatriculé 9Q-CGQ, révélant que le 11 novembre 2004, l’appareil a été assuré à la fois au nom de la Great Lakes Business Company (à l’adresse P. O. Box 315, Goma) et Ilex Ventures Ltd (à l’adresse Cassandra Center, bureaux 201 et 202, 2e étage, 29 Theklas Lyssioti Street, P.O. Box 58184, 371 Limassol, Chypre). Le Groupe a appelé la société à Chypre, qui a indiqué qu’elle ne pouvait lui divulguer des informations avant de procéder à des vérifications auprès de ses représentants à Moscou (?). Le Groupe a ensuite reçu un fax du directeur de la compagnie à Chypre, Petros Livanios, expliquant qu’Ilex Ventures n’avait pas de projet commun avec la GLBC et n’exploitait aucun appareil conjointement avec elle, ni dans la région, ni ailleurs. Au contraire, M. Livanios a indiqué que les contacts entre Ilex Ventures et la GLBC « se limitaient à la fourniture de pièces détachées et d’articles d’aviation et [sic] à une seule transaction concernant la vente d’un appareil d’occasion ». Le Groupe continuera d’enquêter sur les activités connexes d’Ilex”.
Le rapport précisait qu’au moins trois avions de Great Lakes Business Company étaient illégaux :”Il y a eu trois cas où le Groupe s’est vu refuser des pièces. M. Mpano, directeur de la Great Lakes Business Company a refusé de produire les pièces concernant l’avion immatriculé 3C-QQT, immatriculation qui avait été suspendue par le Gouvernement de Guinée équatoriale en 2002. Les pilotes de l’avion d’Aigle Aviation immatriculé 9XR-KI (un An-28) ont refusé également de produire la documentation demandée, de même que l’équipage de l’avion de la Swala Aviation immatriculé ER-AJC (de Tep Avia -Moldavia,ex RA-28748)”. Depuis au moins cinq ans, les liens entre Viktor Bout et Chypre, elle même liée à l’Ukraine et la Russie étaient connus ! Le 14 janvier 2010, alors que Viktor Bout était en prison, la compagnie Centravis, de Chypre, nommait son nouveau conseil d’établissement : il comprenait Yuriy Atanasov (Ukraine), Vasiliy Atanasov, Sergey Atanasov (Ukraine) deux autres directeurs honoraires : Sergey Sokolov (Russie)… et Petros Livanios (Chypre). La spécialité de la société ? Les tubes d’acier. De forage ou pour pipe-line. En Thaîlande, en décembre 2009, quand on ouvre l’Ill-76 contenant des missiles, l’explication donnée par les pilotes sur le chargement est que ce sont selon eux des “tubes de forage pétrolier”….
A Goma, les avions de Great Lakes Business Company chargeaient essentiellement de la cassitérite. Le 26 août 2007, son Antonov 32 B immatriculé 9Q-CAC chargé de 9 tonnes de ce minerai rare s’écrasait avec 13 personnes à bord. De l’oxyde d’étain… mais aujourd’hui un métal fort recherché : “la cassitérite, oxyde d’étain, est aujourd’hui le minerai le plus recherché dans le monde. Sur les places boursières internationales, ce minerai prend peu à peu le relais du coltan, un minerai dont est extrait le tantale utilisé dans la téléphonie mobile. Ainsi, le prix de ce métal qu’est l’étain à doublé depuis le début de l’année 2002 sur le marché londonien des métaux (LME). Son cours avoisinait début juillet dernier 7 400 dollars la tonne (dans l’Antonov il y en avait donc pour 66 600 dolllars !). Comme la demande est toujours croissante, les prévisions à moyen terme sont favorables pour ce non ferreux recherché, de façon soutenue, dans les industries de fer.” Evidement encore, le prix a attisé les convoitises : “mais, une grande partie du minerai produit en RDC – 8 300 tonnes en RDC entre 2004 et 2004 – passe en contrebande au Rwanda, qui exporte, selon l’ONG britannique Global Witness, cinq fois plus de cassitérite qu’il n’en produit. L’an dernier, cette ONG britannique a relevé 1 800 tonnes d’excédent. Conséquence, aucune taxe officielle sur le commerce de cette matière première, évaluée à 46 millions de dollars américains, n’est prélevée par les douanes congolaises alors que les acheteurs agréés de ce minerai sont en Afrique australe et en Europe, notamment au Royaume-Uni.” En résumé, les fabriquants de téléphone achètent le minerai… en se doutant de sa provenance frauduleuse ! C’est bien toute une économie qui est derrière les avions de Bout ! les magouilles sont institutionnalisées ! Que ne ferait-on pas, n’est-ce-pas, pour la téléphonie mobile ! A partir de là, comment voulez-vous accuser Bout de trafic ? Son commanditaire, l’une des firmes mondiales de téléphonie, lui demande de faire voler du minerai dont tout le monde sait qu’il est de provenance illicite ! Baignant dans l’illicite, Viktor Bout a dû être fort amusé de voir ses compagnies faire de même, alors qu’elles avaient pignon sur rue et soutiens gouvernementaux (acquis à coups de bakchichs !)
Une économie, avec des états et des banques, qui savent. Mais ne font rien : “dans son dernier rapport, l’ONG international Global Witness accuse les anciens rebelles du CNDP d’être devenus les « nouveaux maîtres du trafic illicite des minerais ».(…) le rapport de Global Witness établit bel et bien que « des cargaisons de cassitérite et de tantale sortent toujours, principalement par le Rwanda voisin, sans que personne ne s’en offusque ». De deux choses, l’une. C’est que le Rwanda, à travers sa « Bourse de matières premières » vient d’officialiser le trafic illicite des matières premières en provenance de la RDC, soutenant ainsi ouvertement le CNDP, ou alors l’accord entre la RDC et le Rwanda est en train d’être violé.” On accuse Viktor Bout, pour ne pas parler de soi : “Bien plus grave, Globall Witness s’étonne de l’attitude de la communauté internationale. « Les gouvernements bailleurs de fonds occidentaux ont fait grand cas de leurs engagements visant à rétablir la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC. Mais ces belles sont en contradiction avec le fait qu’ils persistent à ne demander aucun compte aux entreprises de leur juridiction qui achètent des minerais du conflit », affirme cette ONG internationale”. Il a bon dos, Viktor…
Tout se met en place, à partir de là, dans un schéma bien rôdé : les avions bourrés de drogue sont les mêmes que ceux qui ont servi aux “renditions Flights”, la drogue circule de la Colombie via l’Europe par l’intermédiaire des gros porteurs censés approvisionnner les bases américaines, les transferts étaient opaques car reposant sur une toile tissée de sociétés fictives, ces avions servant à la fois de transport d’armes à l’aller et de drogue au retour, voire de transport de minerais rares, allant du diamant à la cassitérite, comme aux beaux temps de la Mena, et au bout une société ayant des liens étroits avec la Moldavie, ou le gouvernement US s’est beaucoup impliqué, via la CIA (voir mon article à ce sujet du 2 octobre 2009), pour destabiliser l’ancienne assise électorale soviétique, ou avec l’Azebaïdjan où le pouvoir corrompu offre la possibilité à cette même CIA d’exercer ses talents de transporteur, ou encore de la Roumanie, principal fournisseur ses dernières années. Et au milieu de tout ça, les avions caméléons de Viktor Bout, ou de son remplaçant lorsqu’il est emprisonné. Non, Viktor Bout n’a jamais agi seul. Des gouvernements et des banques l’ont aidé. Sans oublier le FSB et la CIA qui se l’ont visiblement partagé… avec des points cruciaux, comme Tempa Bay, en Florice l’aéroport-clé où toute la drogue passait et passe encore. Le même où l’on trouvait Huffman Aviation et un certain Atta. Tout est lié ! Une partie, en fait d’une, vieille histoire : celle du financement caché de la CIA.
Car au final le bilan est là : WallStreet et la banque ont bien lavé cet argent sale. “À une époque de grandes faillites bancaires, l’argent n’a pas d’odeur, et les banquiers semblent le croire. Les honnêtes citoyens, qui luttent à la même époque contre les difficultés économiques, se demandent pourquoi les produits de la criminalité se sont transformés en véritable goûts ostentatoire immobiliers, en voitures, en bateaux et en avions – n’ont pas été saisis. ” C’est simple : sans l’apport des revenus de la drogue, certains établissements auraient fermé : “fin 2009, le chef du bureau de l’ONU, Antonio Maria Costa, a déclaré à la presse que la plupart des prêts interbancaires à court-terme, les prêts de banques entre elles, étaient soutenus par l’argent de la drogue. Comme les marchés financiers ont gelé en 2007 et 2008, les banques se tournèrent vers les cartels de la drogue contre de l’argent. Sans cette argent de la drogue, de nombreuses grandes banques pourraient ne pas avoir survécues”. L’économie américaine est soutenue par la production industrielle d’armes et le trafic de drogues, les deux choses qui génèrent les plus hauts profits le plus rapidement. Dans ce schéma, Viktor Bout n’aura servi que de vecteur : tous le savaient, tous l’ont utilisé, et certains, aujourd’hui voudraient le faire taire. ll en a trop à raconter.
La coke de Viktor
Un volet important, pour l’instant a échappé à une autre enquête sur un autre personnage important : Viktor Bout. Une enquête démarrée ailleurs, à savoir ici. Celui du transport de drogue, entrevu seulement lors de l’évocation du transport de tilapias : les poissons frais africains étaient très pratiques pour leurrer les chiens de détection, au retour des avions vers l’Europe. Viktor Bout a effectivement transporté des armes, c’est une évidence, du tentale, c’en est une autre, des fleurs, revendues à un prix d’or dans les émirats, on le sait, des poulets congelés (via sa filière Sud-Africaine et via son fidèle alter-ego Richard Chichakli) mais aussi de la drogue, qui rapporte tout autant que les livraisons d’armes, sinon davantage (que les poulets). La tentation de le faire est venue naturellement, par transport de la drogue locale, en Afrique, notamment du haschich, mais aussi par accord passé avec des cartels bien connus. De la cocaïne, celle qui arrose en ce moment la côte Ouest de l’Afrique, originaire de la Colombie. Et la preuve, nous l’avons retrouvée, sous la forme d’un avion abandonné. Celui qui condamne Viktor Bout, qui a toujours nié avoir tâté de ce genre de transport. L’origine de ce volet drogue au sein de la longue saga repose sur les déclarations récentes, lors d’une arrestation par la DEA et les autorités locales d’un pilote russe, survenue à Moronvia, au Liberia. L’homme est tout simplement le chaînon manquant de la longue saga de Viktor Bout, et c’est aussi le plus compromettant ! Tous les journaux russes lui on consacré des reportages. Ici, on ignore toujours son nom (c’est à désespérer de la presse française également !). L’occasion de découvrir qui il était, donc. Un acteur majeur, dans l’étrange circuit actuel de la cocaïne en Afrique.
Le chaînon manquant, car l’arrestation récente de Konstantin Yaroshenko, c’est son nom, au delà de provoquer la polémique en russie, relie tous les domaines visités sur le sujet entre eux : à savoir la saga de Viktor Bout ; mais aussi celle sur la cocaïne en Afrique de l’Ouest débutée ici avec cet incroyable crash en plein désert. Son histoire personnelle commence par son arrestation le 28 mai 2010, à Monrovia, par des agents de la DEA américaine et les autorités locales, auxquels s’est joint le FBI : cela fait deux ans alors qu’ils pistaient le groupe de dealers et de transporteurs, notamment en Espagne, groupe dont faisait partie Yaroshenko. L’homme qui les accuse détient des preuves enregistrées confondantes. C’est Fombah Sirleaf, le propre fils de la présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, un gradé de l’ U.S. Military Academy de West Point devenu agent de la Republic of Liberia National Security Agency (« RLNSA »). Bardé de micros, il s’est fait passer pour un des dealers pendant deux années d’enquête, et a suivi les nombreuses réunions préparatoires à l’expédition d’au moins 4,5 tonnes de drogue en provenance d’Amérique du Sud, à savoir du Vénézuela, sur la route de la coke colombienne, vers Monrovia, puis l’acheminement dans un autre avion vers le Ghana. Un dossier en béton, que toute cette histoire, qui met à nu tout un système.
Monrovia, en 2003, est l’objet d’un autre trafic connu, cher au dictateur du pays : « aéroport de Monrovia, vendredi 2 mai 2003, 11 h 50 TU. Un quadriréacteur Iliouchine 76, un de plus, se pose sur l’aéroport de la capitale libérienne et stationne en bout de piste, à l’abri des regards indiscrets. Aussitôt, une flottille de petits camions et une vingtaine de militaires s’approchent. Commence alors une noria qui durera deux bonnes heures entre les soutes de l’appareil et le camp voisin qui héberge une unité d’élite des forces du président Charles Taylor. Des dizaines de caisses de munitions, d’armes, d’obus de tous calibres, de missiles et de treillis sont ainsi transférées, prêtes à alimenter la guerre civile qui ravage le pays depuis quinze ans. À 16 heures, l’avion redécolle. Caché dans un coin de l’aéroport, un témoin note ses références précises, EP-TQJ, ainsi que le nom de la compagnie : Queshm Airways. Une enquête complémentaire permettra de savoir qu’il s’agit là d’une compagnie iranienne et que ce vol, qui vient de violer l’embargo international sur les armes à destination du Liberia provient de Téhéran, via Mombasa au Kenya ». Pour une fois, la vente et le transport ont échappé à Viktor. Qui semble s’être trouvé un autre dérivatif. En réalité, il s’est fait doubler, là, par un libanais plus adroit, résidant lui aussi à Monrovia. « l’Iliouchine 76 Téhéran-Monrovia que l’on a vu se poser le 2 mai dernier sur l’aéroport de la capitale libérienne est à ce sujet un cas d’école. Il a été affrété par la Kleilat Group Corporation, une société dirigée par un homme d’affaires d’une trentaine d’années, Ali Kleilat. Ce Libanais résidant à Monrovia, propriétaire d’un jet privé, détenteur de plusieurs passeports ordinaires (néerlandais, britannique, vénézuélien…) et diplomatiques (libérien et ivoirien), manifestement fortuné, est à la fois consul honoraire du Liberia au Brésil et conseiller auprès du ministre de la Défense de… Côte d’Ivoire. » Ali Keilat, suivi un peu partout semble-t-il…. (idem en 2010).
L’acte d’accusation de la justice de Moronvia est édifiant, en effet, envers les trafiquants arrêtés : selon lui, Chigbo Umeh, 42 ans, un Nigerian, est bien, depuis des années, le courtier organisateur du transport de nombreuses tonnes de cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Afrique de l’Ouest, d’où la cocaïne était transportée après vers l’Europe ou ailleurs en Afrique, ou même vers les Etat-Unis où elle pouvait aussi repartir ! Mais on insiste surtout dans ce document sur « Salazar Castano, 44 ans, qui est de Colombie, un fournisseur de cocaïne basée en Colombie et en Espagne, et qui, de concert avec ses co-conspirateurs, a envoyé des gros aéronefs commerciaux contenant la cocaïne d’Amérique du Sud en Afrique de l’Ouest, ainsi que de petits avions privés qui partaient des pistes d’atterrissage clandestines au Vénézuela. Yaroshenko, 41 ans, qui est de la Russie, est un pilote d’avion, un expert du transport aérien qui a transporté des milliers de kilogrammes de cocaïne d’Amérique du Sud, vers l’Afrique et l’Europe. Nathaniel French (alias « Frenchman » ou « The Expert »), 51 ans, qui est originaire du Ghana, a aidé les fournisseurs de drogues en fournissant un soutien logistique et la coordination pour les expéditions maritimes de cocaïne à travers l’océan Atlantique. Mawuko, 57 ans, également en provenance du Ghana, a aidé les fournisseurs de drogues par sa connaissance approfondie de la navigation maritime, y compris le développement des routes maritimes qui pourrait se soustraire à l’application de l’action des radars. » Pour ses deux missions, Yaroshenko aurait reçu 4,5 millions de dollars, plus 1,2 million pour acheminer la drogue du Liberia au Ghana, dans un autre appareil : étant donné le prix au kilo de la cocaïne, ce n’est qu’une infime partie de la somme générée par sa vente. Ce qui laisse tout de suite aussi entrevoir Yaroshenko comme pilote éventuel de notre fameux Boeing 727 brûlé en plein désert, les juges libériens affirmant qu’il a déjà effectué plusieurs transports de drogue… Le fameux Boeing, ou l’un des petits bimoteurs qui n’ont cessé de débouler sur la côte africaine comme expliqué sur cette autre saga. L’homme, en effet, a aussi été pilote sur 737 à la KLM, à en croire un des clichés montrés à la TV russe, et avoue avoir « travaillé en Nouvelle-Guinée » essentiellement, comme pilote d’Antonov 32 : bref, il a plusieurs talents à son arc, et semble bien savoir tout piloter : il a commencé sa formation comme pilote d’hélicoptère Kamov !
Ce sont les photos montrées complaisamment à la TV russe qui vont en fait le compromettre. A trop vouloir le défendre… car sur une des deux photos fournies par la presse russe, notre pilote pose avec un libérien arborant une chemise aux couleurs du drapeau du pays, devant un appareil d’une compagnie qui s’avère être après de longues recherches un appareil d‘AirMark, une bien étrange entreprise. Elle ne dispose que d’avions anciens, des Antonov 32 et des Antonov 12, quelques vieux 737 et même d’antiques 727, voilà qui semble bien corroborer notre enquête. Elle utilise aussi des petits Casa en Indonésie. Car, surprise, l’entreprise est effectivement… indonésienne, son siège et à Singapour, alors que ses appareils sont tous enregistrés en Moldavie (il sont en ER) ou au Kazakhstan (en UN), et qu’ils sillonnent l’Afrique depuis des années ! Etonnantes apparitions ! On va de surprise en surprise avec ce dossier !
D’autant plus que la firme semble appliquer une méthode connue avec ses changements de numéros d’appareils. Au Kazhakstan, la firme a acheté par exemple l’Antonov 12 UN-11650, qui en avril 2005 arborait les couleurs d’ Almaty Aviation Cargo, et en juin 2006 déjà celles de Bismallah Airlines (une société du Bengladesh, si réputée pour ses avions poubelles) ! Elle détiendra aussi un temps l’Antonov An-12B UR-CGV à la si belle livrée bleu foncé, vu partout, y compris à Vatry, et qui aura la fin terrible déjà expliquée à l’épisode 21 de notre saga. La société se fournissait à Chisinau, en Moldavie, et comme intermédiaire pour acheter ses appareils, il y avait Mango Mat Aviation, qui a fourni des appareils à Airmark, derrière lequel se cachait l’homme de main de Viktor Bout, Dimitri Popov, et ses appareils également enregistrés sous des noms « évocateurs » pour l’Afrique tel que Volga Atlantic Airlines (une firme enregistrée au Swaziland !) tel l’9U-BHR, un Antonov 26 vu au Burundi ; en même temps qu’un petit Let Let 410 congolais enregistré sous 9Q-CEU. Les deux étant au nom d’Aigle Aviation, ou d’Eagle Wings, connue comme lié à Viktor Bout (avec « Bukavu Aviation Transport », « Business Air Services », basées en RDC, et « Okapi Air », dont le siège était en Ouganda). L’appareil, soupçonné de trafic d’armes, était arrivé au Bénin à partir de l’Ukraine via Khartoum, le 28 août 2004, et sera vu au Congo sous cette fausse appellation, vite transformée en 9Q-CAW : le numéro d’un Boeing 727 cargo et d’un autre Antonov 26 de Mango Mat, qui se crashera au Congo le 29 mai 2005 ! La signature de la méthode Bout, pourrait-on dire, avec cette valse des enregistrements. Officiellement, Volga Atlantic Airlines appartenait à l’ukrainien Yuri Sidorov et à Fred Rutter. Deux de ses appareils, le 9U-BHO (une immatriculation du Burundi !) et le 9U-BHN avaient dépassé depuis plusieurs mois les dates d’inspections de leurs moteurs alors qu’ils volaient encore. Selon le bureau d’Antonov, aucun des deux appareils n’avait été correctement entretenu. Un Antonov de ce type se crashera logiquement sur ennuis moteurs le 7 juillet 2006 entre Goma et Kisangani. Il portait alors le numéro 9Q-CVT : à bord il y avait 4 russes et 2 congolais. C’était aussi l’immatriculation d’un DC-9 de Bravo Air Congo, la compagnie jumelle de Bravo Airlines SA !
Ceux-là, ou les fameux Skylink Arabia, autre avions notoirement dévolus à la sphère de Viktor Bout et dont un bon nombre sera photographié le 4 avril 2009 par un spottteur doué de bons réflexes à… Chisinau, encore cet endroit, dans le fief moldave du « maître de guerre ». L’Antonov 26 de Sky Link Arabia ER-AVB, l’Antonov 24 d’Air Moldova, ER-46417, l’Antonov 26 d’Air Moldova ER-26046, l’Antonov 24 de Sky Link Arabia ER-AZX, loué à une société moldave, Pecotox Air… une firme signée… Victor Bout. On y voit même les vieux Ill-18 aux hélices bleues si prisés par AirCess et Air Pass, devenus Grixona, l’ER-ICB notamment (devenu vieux machin pour VIPs en ml de finances ?- les photos sont à hurler, à voir le degré zéro des finitions- !). La bonne vieille mule de transport du système Bout ! Sans oublier l’ Antonov 24 de Tandem Aero ER-46508, et encore et surtout l’Antonov 32 d’El Magal Aviation, matricule ST-NSP, qui ressemble comme deux gouttes d’eau avec son dessous de fuselage noir à celui de….Yaroshenko. Nous reviendrons plus tard sur ce qu’il en est advenu depuis.
Tout conduit donc à relier Yaroshenko à la sphère de Viktor Bout. Rappelons que c’est là aussi justement, à Monrovia, que Viktor Bout avait créé en 1996, avant Sharjah son deuxième bureau, voire troisième après le Kazakstan, avec Almaty (et sa société aux Ill-18, Irbis), et la Belgique avec Ostende. C’est à Moronvia également qu’il avait créé Air Cess, une société inscrite au Swaziland (?), et qui opèrera de fait à partir de l’aéroport de Pietersburg, en Afrique du Sud. Les circuits de Viktor n’ont jamais été simples, exprès, pour éviter les poursuites trop évidentes. Etait apparu aussi deux ans après, en 1998, Cessavia, une compagnie enregistrée elle… en Guinée Equatoriale. La vie de Yaroshenko croise trop les endroits où sévissait Viktor Bout pour qu’il n’ait pu ne pas faire partie de son équipe de pilotes… russes. Bout possèdait bien des Antonov 32, dont un, le 9XR-SN, qui ira se crasher le 1er juin 2004 à Kigali lors de son atterrissage, son train s’étant replié sous lui. A ce moment-là, l’appareil était loué par San Air (et non Sonair comme indiqué ici). L’avion avait été détenu l’année précédente par les autorités de Goma pour avoir transporté des armes : ses pilotes et son personnel étaient là encore tous russes : Konstantin en était-il déjà, c’est impossible à prouver pour l’instant, l’enquête à son propos le dira peut-être. Le 29 juin 2005, rebelote : c’est un An-26 qui voit à nouveau son train se replier à Goma cette fois. L’appareil appartenait à Mango Mat, toujours la même entrepise, et était loué à San Air, encore un paravent de notre vendeur d’armes, très présent sur la région.. on le sait, avec les armes, et le coltan. De fortes présomptions donc subsistent sur un Yaroshenko lié aux appareils de Viktor Bout : à voir la furie déclenchée à son égard par les autorités russes pour éviter son extradition aux USA, on comprend vite qu’il est partie prenante de la sphère Bout. C’est l’ancien RA-48109, qui présent lui aussi des similitudes avec les photos où Yaroshenko posait.
Cette fois-ci, en effet, c’est plutôt un Antonov 26 qui nous intéresse, et qui relie les deux sagas en cours actuellement. Celui que l’on retrouve le 29 août 2003, posé sur une piste de fortune, dans l’Orange Walk District de l’Etat de Belize, état voisin du Mexique, avec à bord de la drogue, selon la police locale qui le retrouvera pourtant vide. On a tenté de l’incendier. L’avion, resté figé dans la boue, n’avait visiblement pas réussi à redécoller de la piste de fortune où il s’était posé. Or, avant d’atterrir étrangement là, il figurait sous le registre d’Aerocom, sous le numéro ER-AFH et avait même été « spotté » au Portugal sous cette livrée l’année précédente. Visiblement, l’engin savait donc traverser l’Atlantique. Or il n’en a pas l’autonomie. Un Antonov 26 emporte certes 7 tonnes de kérosène mais ne vole que sur 2200 km maximum. Il a donc été modifié sur la circonstance, ou est venu cette fois d’un pays tiers, on songe bien sûr aux pistes vénézueliennes habituelles. L’avion englué sur place affichait bien un numéro d’enregistrement moldave en tout cas. Or Viktor Bout, au même moment, possédait alors sous le nom de JetLine/Aerocom plusieurs An-26B, L’ER-AFE étant bien un An-26B selon les registres moldaves : c’était un UR-26505 auparavant et même l’ex-CCCP-26505 d’Aeroflot.
Or ce qu’il y a de très étrange, c’est que cet appareil avait déjà été déclaré « endommagé au-delà de réparations » le 23 décembre 1981 dans un accident survenu à Eniseysk, et ayant coûté la vie aux deux membres de son équipage ! Tout cela conduit à une seule conclusion : Viktor a très certainement tâté dans le secteur du transport de drogue, avec cet exemplaire si proche de ses immatriculations favorites. Il lui suffit en effet de changer une seule lettre pour cet appareil ! A Mikkeli, en Finlande, le le 9 juin, 1998 l’Antonov 32 immatriculé 3D-RTD venu d’ Ras al Khaima, est celui enregistré au nom d’Air Cess, société de Viktor Bout. En prime, Aerocom avait déjà été pris dans des livraisons illégales d’armes au Liberia de Charles Taylor, faites par l’exemplaire ER-AWN, vu régulièrement a Kinshasa depuis septembre 2003. Le 6 août 2004 les autorités avaient retiré la licence de vol à Arerocom, qui devient alors l’obscure Asterias Commercial, basée en…Ukraine ! Son Antonov ER-AZD est aujourd’hui à vendre ! Bout a toujours joué avec les numérotations de ses appareils, on le sait : en juillet 2004, un avion portant le registre EL-WVA a été vu à l’aéroport de Kongolo au Congo, transportant armes et munitions : or en juillet 2002 un Antonov An-8 avait été vu à Kalemie au Katanga portant exactement le même numéro ! Quel est donc cette immatriculation fantaisiste ER-AFE, mystère… mais tout laisse entendre qu’il a bien appartenu à Viktor Bout. Or au même moment, justement, ce dernier a été recruté par les américains pour effectuer des norias pour approvisionner l’Irak, envahie le 20 mars 2003. Le 9 janvier 2007, un Antonov moldave ER-26068 s’écrasait sur la piste de Balad, avec 29 turcs à bord et 1 américain, très certainement abattu par un tir de missile automatisé. Il était d’Aeriantur-M Airlines, encore un autre paravent de Viktor Bout. Yaroshenko, pilote russe d’Antonov 24, 26 et 32 était donc bien le pilote idéal pour poser cet engin sur une piste détrempée !
A la télévision russe, on ne lésinera pas pour tenter de le défendre, mais en en faisant un peu trop. En particulier, on montrera des schémas, figurant le trajet du Vénézuela au Libéria, qu’aurait dû effectuer l’ILL-76 qu’avait sélectionné Yaroshenko pour son voyage. Pour l’étape suivante, il avait pris un Antonov 12, selon l’enquête menée. Or ces choix laissent perplexes. Des Antonov 12 savent traverser, en passant par le Cap Vert ou les îles Canaries. On en la preuve photographique avec cette photo de quadrimoteur atterrissant à la Martinique. L’avion, immatriculé UR-CAH (et décrit dans notre épisode XXI déjà), avait été vu le 11 juillet 2010 au Luxembourg, et déjà de retour au Brésil, à Récife, le 2 août de la même année, juste à côté du « fameux » UR-CGV bleuté ! Le 21 août, on le retrouvait aux Canaries, à Las Palmas, son relais obligatoire (avant la Mauritanie ?). L’appareil, de Meridian, voyage semble-t-il énormément : le 8 juin, il était en Israël… Or Meridian, alias Meridian Airways est une société ghanéenne créée à Ostende : difficile de ne pas en faire une firme liée à Viktor Bout ! Selon Wikipedia, Meridian, qui a absorbé ACE (Air Charter Express, autre satellite de Bout) travaille aussi « pour le ministère anglais de la défense, sur la base de Lyneham » Effectivement : on trouve aisément de beaux clichés du vieux DC-8 de Meridian sur cette base militaire anglaise. L’avion est bien basé à Ostende. En mai 2010, il était encore à Manston, terrain de la RAF, à y étaler la suie de ses anciens réacteurs. A Ostende, on pouvait aussi voir régulièrement l’Antonov 12 UR-CAG, le petit frère du CAH, enregistré chez Meridian. On le croisera partout en Europe, et aussi à Palma de Majorque, son relais vers… l’Afrique. En janvier 2010, un des Meridian était filmé atterrissant à Vatry : c’était l’UR-CGW, vu aussi bien à Liège qu’à Récife.
L’Antonov traversant l’Atlantique, je l’avais déjà repéré en effet : « Et ce n’est pas fini, car ça continue, les livraisons discrètes : le 18 juin dernier encore un bon vieil Antonov 12 immatriculé UR-CAK est saisi à Kano, au Nigéria. Appartenant à Meridian Aviation of Poltava, anciennement Jet Line International et Aerocom… deux firmes signées Viktor Bout, qui ont participé activement à trafic d’armes vers la Sierra Leone en 2004. Il devait rejoindre la Guinée-Bissau, en venant d’Ukraine. A bord, un chargement d’armes. Quatre jours auparavant, il avait été photographié en Slovénie. Et le 29 mai qui précédait, au décollage de Frankfort. Un gendarme curieux et enjoué qui se prend pour Mermoz (et surnommé « Dieu » par ses collègues !) l’avait photographié en … Martinique quinze jours avant, le 14 mai 2009. En provenance du Cap-Vert (vous savez, là où se promènera… l’Artic Sea, au mois d’août !). En ignorant à quoi il servirait un mois à peine après…. revenu depuis en métropole, notre gendarme « Mermoz » le pistera de plus près, on espère… » En effet, si les Antonov 12 savent traverser avec plus de 20 tonnes à bord, ce n’est donc pas le poids qui a fait privilégier l’Ill-76 à notre pilote russe, mais bien « l’allonge » (son rayon d’action). L’Antonov fait entre 3 600 et 5 700 km selon la charge, et l’ILL-76 franchit davantage en version MD : 6 100km avec un charge utile de 10 tonnes encore, et davantage donc avec 5 tonnes seulement. Yarsohenko ne l’avait pas sélectionné pour sa capacité d’emport (on imagine mal 20 tonnes de coke, à produire déjà c’est assez faramineux !) mais bien pour son rayon d’action.
Envisageait-il un trajet Vénézuela-Liberia direct : très certainement : de la frontière de la Colombie à Monrovia il y a en effet 6700 km en ligne droite ! L’endroit idéal de départ se situant au Mayor Buenaventura Vivas Airport, près d’Uribante. Yaroshenko essayait un coup direct, ce qui signifiait aussi que le Boeing 727 incendié avait nécessairement fait un relais au Cap Vert… ce que l’enquête a démontré désormais. Le Cap Vert, où se dirigeait étrangement un cargo qui a défrayé la chronique il n’y a pas si longtemps : personne n’avait pensé que l’Artic Sea aurait pu aussi servir de transport de drogue : c’est assez étonnant : ses flancs creux de double coque s‘y prêtent à merveille, là où les dealers cachent habituellement leur drogue ! Dans les containers, sur le pont, c’est désormais trop… visible. Le projet intercepté à Monrovia était bien de transporter je dirais à nouveau plus de 4,5 tonnes de cocaïne d’un coup d’aile, entre la frontière colombienne et l’Afrique de l’Ouest. Et un des pilotes lié à la sphère de Viktor Bout était dans le coup. Et Viktor Bout également : dans l’acte d’inculpation américain le concernant, on relève cette étrange manipulation financière, au sein de deux banques US, l’une à New York et l’autre à Salt Lake City, via des comptes approvisionnés au Kazakhstan, à Chypre et en Russie pour un total en dépôt de 1,7 million de dollars, pour acheter… un 727 et un 737, en plusieurs versements, au même prix que celui évoqué par les barons de la drogue lors de leur déposition de Monrovia. Acheté à deux firmes de Floride. Deux sociétés américaines, liées à des banques… américaines. A 275 000 dollars environ, le prix moyen à ce jour d’un quadriréacteur ou d’un triréacteur de cinquante ans en état de vol… ou un biréacteur un peu plus récent, quitte à ne s’en servir que pour un seul voyage : nous revoilà au tout début d’une autre histoire, débutée, je vous le rappelle en plein désert du Mali. Avec un antique 727, sacrifié sur place faute d’avoir réussi à redécoller. Yaroshenko en était-il le pilote ? Beaucoup d’indices concordants peuvent le laisser croire : qu’on ne s’étonne donc pas de la vivacité avec laquelle la justice US lui est tombé dessus. Dans le réquisitoire qui attend Viktor Bout, son aveu pourrait être déterminant.
(*) l’article est déjà paru, dans une autre saga, celle de Viktor Bout : mais pour la compréhension générale de l’enquête ; il convient de l’inclure à nouveau quasiment tel quel dans celle du trafic de cocaïne décrit, pour ceux qui lisent la saga au fur et à mesure.
Belize, l’Antonov de Viktor Bout et l’avion de l’autoroute
A Belize, également, la vague des transporteurs ailés de cocaïne a sévi également. On l’a vu, dans l’épisode précédent avec l’Antonov 26 resté collé dans la boue et très certainement lié à la nébuleuse de Viktor Bout, mais ce n’est pas le seul à s’être aventuré dans ce pays clé du passage de la drogue colombienne vers l’Etat du Mexique. Un autre appareil a fait une apparition remarquée en atterrissant un soir au milieu d’une autoroute du pays. Son atterrissage impromptu allait révéler l’ampleur de la corruption sévissant dans le pays, un bon nombre de policiers l’ayant attendu non pas pour en arrêter les trafiquants, mais pour faire monter à bord de leurs véhicules son chargement de drogue…
Historiquement, l’état de Belize en avait déjà vu passer des avions porteurs de drogue. Le 29 août 2003, c’est en effet un Antonov 26, pas moins, qui s’était posé sur une piste de fortune, près de Blue Creek dans l’Orange Walk District avec à bord de la drogue, selon la police locale qui le retrouvera pourtant vide. L’avion, resté collé dans la boue, n’avait pas réussi à redécoller. Avant de devenir avion de transport de drogue, il était enregistré chez Aerocom, sous le numéro ER-AFH et avait été vu au Portugal sous cette livrée l’année précédente. Or c’est une évidence qu’Aerocom a toujours été une compagnie de Viktor Bout, qui aurait donc déjà tâté dès 2003 de transports volumineux de drogue dans le secteur du Golfe du Mexique ! L’avion englué sur place affichait bien un numéro d’enregistrement moldave en tout cas. Bout possédait alors sous le nom de JetLine/Aerocom plusieurs An-26B, L’ER-AFE étant bien un An-26B selon les registres moldaves : c’était un UR-26505 auparavant et même l’ex-CCCP-26505 d’Aeroflot.
Or ce qu’il y a de très étrange, c’est que cet appareil avait été déclaré « endommagé au-delà de réparations » le 23 décembre 1981 dans un accident survenu à Eniseysk ayant coûté la vie aux deux membres de son équipage ! Tout cela conduit à une seule conclusion : Viktor a très certainement tâté dans le secteur du transport de drogue, avec cet exemplaire si proche de ses immatriculations favorites. Aerocom avait déjà été pris dans des livraisons illégales au Liberia de Charles Taylor, faites par l’exemplaire ER-AWN, vu régulièrement a Kinshasa depuis septembre 2003. Le 6 août 2004 les autorités retiraient la licence de vol à Arerocom, qui devient alors l’obscure Asterias Commercial, basée en…Ukraine ! Bout a toujours joué avec les numérotations de ses appareils, on le sait : en juillet 2004, un avion portant le registre EL-WVA a été vu à l’aéroport de Kongolo au Congo, transportant armes et munitions : or en juillet 2002 un Antonov An-8 avait été vu à Kalemie au Katanga portant exactement le même numéro ! Quel est donc ce ER-AFE, mystère… mais tout laisse entendre qu’il a bien appartenu à Viktor Bout. Or au même moment, ce dernier a été recruté par les américains pour effectuer des norias pour approvisionner l’Irak, envahie le 20 mars 2003. Le 9 janvier 2007, un antonov moldave ER-26068 s’écrasait sur la piste de Balad, avec 29 turcs à bord et 1 américain, très certainement abattu par un tir de missile automatisé. Il était d’Aeriantur-M Airlines, encore un autre paravent de Viktor Bout.
Le 5 septembre de la même année c’était cette fois un Beechcraft Queen Air près de la piste d’Hector Silva Airstrip à Belmopan. L’avion avait été « strippé », complètement vidé de ses sièges, portait un registre américain et avait endommagé son train lors de l’atterrissage. En 2002, l’armée anglaise avait apporté son soutien à l’agrandissement de la piste de Belmopan pour les plus gros porteurs… tels les C-130 ! Officiellement pour faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire en cas de besoin. L’inauguration avait eu lieu le 24 mai 2002. Les deux appareils saisis avaient mis en vente par l’Etat, mais sans succès pour l’Antonov, resté à rouiller au même endroit et encore visible là en 2009 encore.
Ça redémarre cette fois le 15 avril 2010, par un de ces « wet drops », les largages de cocaïne d’avion au dessus de lot, dans des fûts insubmersibles voire de simples sachets. Mais là, c’est un largage inattendu, l’avion retrouvé devant au départ se poser sur une étroite bande de sable en front de mer. C’est cette fois devant le récif de corail du Lighthouse à 24 miles à l’est de la capitale, Belize City. Mais ce soir-là, pour une raison indéterminée, l’opération se passe mal et l’avion plonge dans l’eau. Le lendemain, un des pêcheurs du coin envoie au port le message connu « Loto de mer découvert », ce qui signifie qu’il vient de tomber sur des sachets de plastique contenant de la coke. Sur les raisons du crash, le mystère subsiste : « la bande de sable était bien éclairée par les lampes solaires ou peut-être même alimentées et le ou le pilote a juste mal jugé sa hauteur et sa vitesse, pense-t-on. Il semblerait que ceux qui l’attendaient n’étaient pas préparés et mal équipés pour un accident marin, des opérations de sauvetage ou de récupération de nuit impliquant une plongée sous-marine et peuvent avoir abandonné leurs efforts avec la pointe du jour. Ou peut-être qu’ils ont été effrayés par le malheureux accident. De toute façon le corps d’un homme présumé être le pilote a été retrouvé par un pêcheur en vacances le vendredi, flottant à proximité du récif (…) Le pêcheur et son collègue n’avaient apparemment pas remarqué les débris et ont quitté les lieux à la recherche de la découverte d’autres corps, tandis que la police commençait son enquête. Quand ils sont revenus le lendemain dimanche, c’est alors seulement qu’ils ont découvert l’épave de l’appareil ».
Pour ce qui est du type d’avion, ce n’est pas un bimoteur mais plutôt un de ces Cessna 208 Caravan à caisson ventral, modèle habitué des pistes de Belize (comme ceux de Tropic Air – qui a lu aussi eu des déboires- ou de Maya Island Air) : « des témoins de la région qui ont vu l’avion pendant les trois jours où il est resté dans la mer a dit que c’était un petit avion blanc avec un seul moteur. Le moteur s’est détaché du fuselage, et a plongé dans les eaux profondes de près de 20 mètres. Les pêcheurs de passage de la zone autour de 10 heures de la nuit le mardi 6 avril, ont rapporté avoir vu les phares d’atterrissage de la piste éclairant la piste d’atterrissage privée sur l’île. Il semble que l’appareil a dépassé la piste et a atterri dans la mer où il s’est immergé, à la pointe sud de l’île. Peut-être aussi qu’il manquait de carburant, disent certains ». Le plus étonnant de l’histoire, c’est la découverte que vont faire les médecins légistes sur le corps récupéré : ce n’est visiblement pas celui du pilote : son autopsie révèle qu’il a été tué, et probablement torturé avant. Et qu’il était bien mort avant de plonger dans les eaux : ses poumons ne contiennent pas d’eau ! Belize est bien sur le chemin d’un mafia violente. Et comme telle, on cite déjà la « Fonseca Organization ». Et une surprise de taille avec la présence dedans d’un ancien ministre et même d’un ancien premier ministre du pays, Ralph Fonseca et de Robert Hertular, déjà extradé aux USA pour l’exportation de 6 tonnes de cocaïne ! La presse retrouve dans les jours qui suivent un bateau non enregistré qui était resté la nuit au bout du terrain d’atterrissage où s’était crashé l’avion. Le bateau appartient à un dénommé Damien Chamberlain, le directeur de Belize Engineering Co. Ltd. Le lendemain du crash, l’arrivée inopinée et filmée du directeur de la police, Doug Singh, discutant avec lui avant de repartir laissait aux quelques observateurs présents une drôle d’impression.
Et ce n’est pas encore fini. En 2010 toujours, on tombe dans l’incroyable fait divers : le 13 novembre de cette annnée, les habitants de Punta Gorda, dans l’Etat de Belize, entendent en pleine nuit un avion raser les toits de leurs maisons. Quelques minutes plus tard, l’appareil s’est posé, semble-t-il sans encombre, près du village de Bladden, à Sarteneja. Et comme il n’y a ni aéroport ni piste de terre, il ne s’est pas trop embarrassé : il s’est tout simplement posé sur l’une des autoroutes du pays ! Incroyable scène ! L’endroit bordé de plantes et de buissons divers, l’engin a gardé sur son aile gauche un beau souvenir des lieux : au bout de son aile, à l’emplacement du winglet, une bonne touffe d’herbes hautes est restée coincée. L’appareil est plutôt imposant : c’est un gros Beechcraft Super King Air 200 immatriculé grossièrement N786B avec des numéros auto-colllants mal découpés. Un avion ressemblant comme deux gouttes d’eau, aux couleurs près, à celui volé au Honduras le 7 novembre précédent sur la base aérienne militaire de Armando Escalon à San Pedro Sula, au Honduras. Un avion…. saisi aux trafiquants en 2008 ! Sur la base hondurienne, pas moins de 19 soldats avaient été impliqués dans le vol de l’avion ! L’appareil a subi le même sort que d’autres : il a été maquillé, son arrière a été peint en bleu, alors que les lignes sur le fuselages ont gardé leur élan initial : c’est bien un détournement de son graphisme initial ! Et c’est aussi le remake de l’opération faite au Nicaragua le le 26 novembre 2004. Un Beech 200, retrouvé vide, les bidons d’essence à l’extérieur… l’avion aurait contenu 1200 kg de cocaïne. A Punta Gorda, le comble, en prime, c’est qu’il y a bien un petit aéroport !
L’avion, à l’intérieur, a été complètement dénudé, et tout autour de lui ont été jeté des bidons vides, contenant certainement de l’essence : le schéma bien connu des trafiquants venant de loin. Les pilotes, dans le cockpit, marchaient au RedBull, dont on retrouve un bon nombre de canettes vides dans l’avion. Autour de la route, des balises alimentées par pile ont indiqué l’endroit de l’atterrissage. Mais ce n’est pas tout.
La police de Belize, prévenue par les habitants, et vite arrivée sur place. Elle va faire très rapidement des découvertes fondamentales. Elle intercepte tout d’abord un premier van, tout prêt de la zone d’atterrissage, au San Juan Bus Stop. Dedans, des… policiers, attachés à peu près tous à la lutte antidrogue ! Renel Grant, travaillant au service du traffic de Belize City ; Nelson Middleton, le chauffeur du Gouverneur Général, Lawrence Humes, de la Belmopan Police Station, Jacinto Roches, de l’ Internal Affairs Desk de Belmopan, et un pêcheur, Harold Usher, travaillant au Customs Department.
Un peu plus loin, seconde prise : un van blanc contenant trois bidons de plastique de 17 gallons (64 litres), trois de 500 gallons de kérosène (1892 litres !), tous vides, et trois pompes à essence. Elle retrouvera aussi jeté dans les fourrés un GPS Garmin, un téléphone satellite Iridium, 4 radios portables, deux flashs Rayovac, des lampes clignotantes Atlas, comme celles fixées sur une planchette en travers de la piste et une M4 Colt 223 appartenant à Harold Usher, plus un magasin supplémentaire de cartouches de 5,56 et des vestes de camouflage. Et même 12 cônes de chantier pour marquer l’interdiction d’utiliser l’autoroute : ils avaient décidément tout prévu ! Et également à bord de la seconde camionnette, 8 gros paquets de 30 kgs chacun plus 17 paquets de cocaïne, pour un total de 5704 livres, soit 2 604 kilos, la plus grande saisie jamais faite sur le territoire de Belize (or la cargaison de l’Antonov, qui s’était évaporée !) ! Toutes les plaquettes de coke sorties des paquets sont estampillées d’un scorpion, la marque d »un des cartels colombiens. Celui d’Henry Loaiza-Ceballo, du cartel de Cali, et son surnom « El Alacran », qui signifie… le scorpion ! Au bas mot, il y en a pour 57 millions de dollars de marchandise. Intrigue supplémentaire : ce soir-là, pour beaucoup de résidents, il n’y avait pas eu un seul d’avion entendu… mais deux ! Loaiza-Ceballo était le responsable du Massacre de Trujillo, dans la partie sud de la ville. De 1998 à 1994, on pense que plus de 300 personnes sont mortes et ont été torturées. La plus connue des exactions étant l’émasculation et la décapitation d’un prêtre, le père Tiberio Fernandez, un jésuite. Un massacre dû aux paramilitaires d’extrême droite, auxquels s’étaient mêlés un autre mafieux, Juan Carlos Ortiz Escobar, alias « The Knife. »
Le lendemain du crash, un étrange ballet allait apparaître au Philip Goldson International Airport. Un petit bimoteur immatriculé TG-MCA contenant 5 colombiens atterrissait. 4 jours plus tard il redécollait, sans ses passagers mais un deuxième appareil au registre TG-MOR le remplaçait, pour reprendre les 5 colombiens, direction… le Guatemala, où les avions étaient enregistrés ! Quelques jours avant, les autorités de Belize avaient arrêté à San Ignacio Ottoniel Turcios Marroquin, chef de cartel guatémaltèque, qui vivait tranquillement à Belize… La filière colombienne passe aussi par le Guatémala ! Le 3 mars 2010, la police guatémaltèque arrêtait deux responsables du trafic : le chef de la police locale, Baltazar Gomez et l’homme à la tête de la division anti-drogue, Nelly Bonilla… ils avaient revendu la cocaïne que leurs services avaient eux-mêmes saisis ! Turcios Marroquin étant leur donneur d’ordres. Le pays doit faire face à une violence endémique dont l’origine s’explique facilement : c’est le contre coup de la guerre des gangs mexicains. Au moment où Gomez et Bonill étaient arrêtés, l’ancien Président du pays en personne, Alfonso Portillo, mêlé à l’affaire, et surtout au blanchiment de l’argent, avait tenté de s’échapper… vers l’Etat de Belize ! Il avait été capturé de justesse en janvier 2010. « Alfonso Portillo, président de la république de 2000 à 2004, était a la tête d’un gouvernement considéré comme le plus corrompu de l’histoire du Guatemala. Il est accusé d’avoir transformé le bureau de la présidence en un guichet automatique personnel. » nous dit Patrice Gouy de RFI. L’argent, la drogue et les personnes politiques très haut placées : ceci à un bout des expéditions dirons-nous : logique de retrouver le même schéma en Afrique de l’Ouest, donc.